Interview faite par mail par Lisa

Un changement de chanteur et une sortie repoussée plus tard, le troisième album des Français de Yorblind intitulé "Blind… But Alive" nous parvient enfin, cinq années après la sortie de leur précédent disque "Reflexions", et autant dire que l’attente en valait la peine à l’écoute de cet opus jonglant avec inspiration et efficacité entre thrash et death. L’occasion donc d’en savoir un peu plus sur ce nouvel album et les projets de la formation.

Salut à vous, cinq années se sont écoulées depuis notre dernière interview avec vous pour French Metal, laps de temps identique entre la parution de votre précédent album "Reflexions" et votre nouvel opus, "Blind ... But Alive". J’imagine qu’un tel intervalle entre la sortie de ces deux disques n’était pas volontaire puisqu’à l’époque (en 2010) vous nous aviez encore confié qu’il s’écoulerait bien moins de cinq ans avant la parution de votre nouvel album. Pouvez-vous revenir, dans les grandes lignes, sur ce qu’il s’est passé pour Yorblind ces années passées ?

Mike (guitare) : Salut à toi et aux lecteurs de French Metal ! Effectivement, nous n'aurions jamais pensé sortir ce nouveau disque autant de temps après "Reflexions". Concrètement, nous avons dû faire face à de nouveaux changements de line-up, nous n'avions plus de label et avons du coup pris plus de temps que prévu à la composition de ce dernier opus. Au final, notre dernière prestation scénique remontait à Avril 2011 au M Fest en ouverture de The Arrs et nous sommes réapparus en Avril 2014 en jouant un titre inédit du futur album dans l'émission "Une Dose 2 Metal". Je peux concevoir que cinq années peuvent sembler très longues entre deux sorties mais de notre côté cela n'a représenté "que" trois années assez mouvementées mais productives. D'ailleurs, une première version du titre "The Scapegoat" était déjà disponible sur la compilation French Metal "L'odeur du souffre" en 2012.

Qu’est-ce qui vous a amenés à vous séparer de L. Chuck D, et comment votre choix s’est-il porté sur Rash Roberts pour le remplacer au chant ? Votre line-up semble aujourd’hui être enfin stable, considérez-vous qu’il soit optimal quant à l’évolution du groupe et à ses projets futurs ?
Il n'y a en fait jamais eu de séparation d'avec Chuck. Il était encore avec No Return au moment de l'enregistrement de "Blind... But Alive" et a accepté de nous dépanner pour l'enregistrement de celui-ci car nous n'avions pas encore trouvé notre nouveau chanteur à ce moment-là. Les choses étaient claires dès le départ, il n'avait pas le temps de gérer deux projets de front et nous l'avons naturellement compris. Mais nous avions conscience que le temps s'était déjà bien écoulé depuis "Reflexions" et il nous fallait enregistrer cet album au plus vite pour faire avancer le groupe. Rash est un ami de très longue date et n'est pas inconnu de la scène puisqu'il était le leader du groupe Horresco Referens avant de faire un détour par Agnosys. Je l'ai contacté et il s'avérait qu'il était tout à fait libre à cette période-là, donc les choses se sont faites le plus naturellement du monde... Il dispose de plus d'une large palette vocale, ce dont nous avions absolument besoin pour la bonne restitution des nouveaux titres en live ! Concernant ta dernière question, j'aimerais te répondre par la positive mais je crois avoir appris avec le temps qu'il ne fallait pas tirer des plans sur la comète ! Au final, on ne sait jamais comment les choses vont évoluer car beaucoup trop de facteurs entrent en jeu et l'on ne dispose d'aucun contrôle sur les personnes ou les événements.

Comment décririez-vous "Blind... But Alive" par rapport aux deux efforts précédents, "Reflexions" et "Melancholy Souls" ?
C'est sans doute l'album le plus varié et abouti des trois. Il a des aspects très mélodiques que nous n'aurions pas renié à l'époque de "Melancholy Souls" mais a aussi ce côté "in your face" que possède "Reflexions". Selon moi, ce qui fait la différence, c'est la diversité des titres que nous proposons dans "Blind... But Alive". On y trouve véritablement un patchwork de nombreux styles et sonorités qui fait que l'album s'écoute assez facilement du début à la fin pour tout amateur de metal au sens large...

Pourquoi avez-vous appelé votre album "Blind… But Alive" ? Peut-on y voir une métaphore derrière ce titre, par rapport au fait que vous manifestiez toujours bien votre existence sur la scène malgré le relativement long silence de ces cinq années précédentes ?
Nous n'y avions pas du tout songé avant ta question mais il est vrai que c'est une métaphore intéressante et qui pourrait se défendre. La vérité c'est qu'il y a un véritable concept développé autour des textes de "Blind... But Alive" et que ce titre résumait parfaitement l'image globale que nous voulions mettre en avant.

Il me semble que l’album avait été à l’origine annoncé en sortie chez Great Dane Records pour au final paraître quelque temps plus tard via Klonosphere / Season Of Mist, pourquoi ce changement ?
Cela n'est malheureusement pas de notre fait car nous nous réjouissions de travailler avec Great Dane Records. Il s'avère que beaucoup de labels souffrent financièrement de la baisse des ventes de CDs d'année en année et que Great Dane n'a pu assurer la sortie de notre disque le moment venu. Au final, les choses se passent très bien avec Klonosphere donc, même si la sortie physique de l'album aura pris du retard, nous sommes pleinement satisfaits de la tournure des événements...



L'album a été intégralement produit par Edgard Chevalier au Lower Tones Place Studio, pourquoi n’avez-vous pas choisi de réitérer votre collaboration avec Franck Hueso au mix et à la production et Tue Madsen au mastering comme pour votre précédent album "Reflexions" ? Maintenant que l’album est sorti, êtes-vous pleinement satisfaits de la qualité de production de ce disque, ou changeriez-vous quelque chose avec du recul ?
Il y a plusieurs raisons à cela. D'une part, pour des raisons financières et logistiques évidentes, il nous était bien plus simple de tout faire en région parisienne à ce moment-là. D'autre part, même si nous avions adoré bosser avec Franck, nous ressentions aussi l'envie de changement. Il y a des manières de travailler vraiment différentes d'une personne à l'autre et c'est aussi ce qui rend l'enregistrement de nouveaux titres intéressant. Et puis, pour finir, Edgard est un vieil ami puisqu'il avait déjà enregistré la toute première démo du groupe en 2003. Il a depuis monté un studio extraordinaire où se mêlent parfaitement ambiance "zen" et technologies de pointe et le fait de pouvoir de nouveau enregistrer chez lui était devenu une évidence. Avec du recul, on trouve réellement que les titres de "Blind... But Alive" ont la production parfaite, donc aucun regret !

Rien qu’en regardant la tracklist de l’album, on devine qu’un fil conducteur lie l’ensemble de l’œuvre, n’est-ce pas ? Aviez-vous en tête d’en faire un concept album ? Quels sont les thèmes abordés dans ce disque, et qui écrit les paroles au sein de Yorblind ?
C'est tout à fait ça ! Nous étions vraiment intéressés par le fait de faire un concept album dès le départ mais avons volontairement "désordonné" les chapitres de celui-ci afin d'en faire le disque le plus homogène possible musicalement parlant. Le concept a été développé à la manière d'un film dont le scénario a été influencé à la base par "l'expérience des rats" de Bernard Werber dont j'admire énormément les écrits. Nous avons également puisé notre inspiration à travers différents films comme "Cube" ou "The Experiment". Le fil conducteur reste l'être humain au sens large du terme : ses peurs, ses défaillances, ses aptitudes, son évolution, etc... Mais il y a une véritable histoire derrière donc nous invitons très régulièrement les auditeurs à se pencher sur les textes et à reconstituer le puzzle. Toutes les paroles ont été écrites par L. Chuck D. aidé de notre très bon ami Fabien Menemenlis pour les traductions.

Vos influences death mélo sont encore largement présentes sur cet album de mon point de vue, et me rappellent beaucoup Soilwork, Dark Tranquillity ou encore In Flames. En écoutant le titre "The Scapegoat" par exemple, je n’ai pas pu m’empêcher de penser au morceau "My Sweet Shadow" de In Flames ; que pensez-vous de ces comparaisons ? Est-ce que ces groupes vous ont effectivement influencés dans la composition de vos disques, ou simplement en tant que musiciens ?
Merci de me rappeler à quel point In Flames est une influence majeure pour moi, que je le veuille ou non, car je n'avais encore jamais fait le rapprochement avec "My Sweet Shadow" ! A dire vrai, j'ai plus pensé à une ancienne chanson de Threat Signal que j'adorais après la composition de cette fameuse mélodie de guitare sur le refrain. Nous sommes musiciens mais avant tout fan de musique, passionnés de groupes et de metal. Nous serons toujours influencés par nos "héros" musicaux et il en ressortira donc forcément quelques comparaisons obligatoires. Ce n'est pas du tout dérangeant mais à contrario très naturel. J'ai toujours adoré le death mélo mais je pense que les influences autour des compositions de "Blind... But Alive" vont bien au-delà de ça. Il suffit par exemple d'écouter des titres comme "The Self Centered" ou "The Exploited" qui sont, selon moi, beaucoup plus proches de la scène metal américaine...

Vous vous êtes une fois de plus entourés de nombreux guests sur différents titres de cet album, comment vous est venue l’idée de ces collaborations en particulier ?
Cela s'est fait au fur et à mesure des rencontres et des opportunités ! Nous avions clairement envie de nous faire plaisir et ne voulions pas spécialement nous mettre de barrières inutiles sur cet album. Nous avons été agréablement surpris par le fait que des personnes déjà très occupées par leurs projets respectifs acceptent de participer, de près ou de loin, à ce projet ! Cela nous a touchés et nous a motivés dans ce sens. De plus, il semblait tout à fait intéressant à l'écoute de la variété des nouveaux titres de pouvoir diversifier certaines voix pour en tirer le meilleur ! J'en profite d'ailleurs une fois de plus pour remercier toutes ces personnes qui ont aussi fait de "Blind... But Alive" ce qu'il en résulte aujourd'hui : Cyd (Magoa), Raf (T.A.N.K.), Julien (Monroe / ex-Lokurah), Krys (Nerv) et Mathieu (Gorod) Sans oublier L. Chuck D. (ghUSa) qui est la personne qui a donné (au sens propre) le plus de voix sur ce nouvel album puisqu'il en est l'acteur principal ainsi qu'Antoine Marais, qui n'est pas du tout issu de la scène metal mais dont le solo de guitare en toute fin d'album a vraiment son importance et mérite sa place...

Qui a eu l’idée du très bel artwork de "Blind… But Alive", signé Strychneen Studio si je ne me trompe? Est-elle venue du groupe ou de l’illustrateur ?
C'est effectivement l'œuvre d'Hicham Haddaji pour le Strychneen Studio. L'artwork provient directement de son imagination ! Nous avons uniquement soumis les textes ainsi qu'expliquer le concept de l'album à Hicham et il a réalisé tout ce superbe travail. Il ne lui a fallu que quelques essais pour arriver à ce résultat là et à comprendre l'image que nous souhaitions donner à notre musique. C'est notre troisième album et la troisième fois que nous travaillons ensemble, nous ne sommes jamais déçus ! C'est quelqu'un de très patient, professionnel et qui prend le temps de bien faire les choses. Quand on voit ces dernières réalisations (pour Klone ou Trepalium par exemple), on ne peut douter de ses talents et de sa créativité !



Votre nouvel opus est donc sorti il y a peu de temps, quels sont pour l’instant les retours quant à cet album, aussi bien de la part de la critique que de l’accueil des fans ?
Pour l'instant nous n'avons en aucun cas à nous plaindre ! Les critiques de la part des différents médias sont toutes extrêmement positives et l'accueil réservé par les fans plutôt chaleureux puisque nous n'avions encore jamais écoulé autant d'albums en si peu de temps. Pourvu que ça dure !

Projetez-vous de sortir un clip ?
C'est au programme oui ! Mais ce sera sans doute dans le cadre d'un titre totalement inédit. On pourra vous en confier plus très bientôt...

Que réserve l'avenir pour Yorblind ? Une tournée française, voire hors de l’Hexagone en prévision ?
Dans l'avenir proche, le premier clip du groupe sera l'un des projets importants en parallèle aux différentes dates de concert. Concernant une éventuelle tournée, nous y travaillons mais le fait de trouver un partenariat avec une agence de booking nous faciliterait grandement la tâche car c'est un travail à part entière et qui prend beaucoup de temps. Nous avons dû repousser en ce début d'année une tournée en Russie pour des raisons logistiques (l'album n'était pas encore disponible) mais devrions pouvoir cette fois la réaliser dans le courant du deuxième semestre... On ne va pas s'ennuyer cette année, d'autant plus que nous avons déjà commencé à avancer sur de nouvelles compositions en vue de la réalisation du prochain album.

Merci d’avoir répondu à nos questions, bonne continuation avec Yorblind ! Le mot de la fin est à vous !
Merci à toi pour cette interview ainsi qu'à French Metal qui nous a toujours suivi et soutenu depuis les débuts du groupe ! J'en profite pour inviter tous les lecteurs à visiter notre page Facebook (www.facebook.com/yorblind) ainsi qu'à se procurer nos albums ou notre merch via Bandcamp (www.yorblind.bandcamp.com) C'est grâce aux fans et aux passionnés que nous sommes encore là, merci à vous ! Rendez-vous à notre prochain concert parisien le 26 Avril prochain au Gibus Café en compagnie des excellents Fractal Gates et Except One ! Stay Metal !


Le site officiel : www.facebook.com/yorblind