Interview faite par mail par Danivempire

Tout d'abord, bonjour. Ou bonsoir, c'est selon... La grande question : Qui est Withdrawn ! Pouvez-vous nous présenter le groupe ?
Chris (chant / basse) : WITHDRAWN est né de notre premier groupe fondé en 2002 et nommé Dawn Chaos. En 2004 on a commencé WITHDRAWN avec un nouveau guitariste après que Julien se soit mis à la batterie car il était initialement guitariste. De fil en aiguille nous avons enregistré “This Is Not Therapy” en 2005 et “Tear V.2.0.” en 2006 qui nous ont permis d’avoir de bonnes chroniques, de poser un peu notre nom dans la scène et de partager quelques bonnes dates avec des groupes tels que Textures, Asmodée, Otargos, Gorod, Arkangel, Svart Crown, etc... Puis après moult péripéties nous nous sommes retrouvés mon frère et moi à la tête de WITHDRAWN et, étant les locomotives de ce groupe depuis le tout début, nous avons enregistré seuls tous les deux l’album “Skulls Of The Weak” durant l’été 2008 au Dome Studio. Thierry Castel, aka Jamyz, nous a rejoint pour assurer la guitare en concert, épaulé de Gropoil qui officie dans Offending. Le groupe est avant tout la concrétisation de la volonté des frères Helwin, mais nous n’hésitons pas à consulter nos guitaristes actuels sur pas mal de points.

Quels sont les groupes qui vous ont le plus influencés, voire donnés envie de faire de la musique ?
Chris : Personnellement, Fear Factory a été le déclencheur avec leur titre “Replica” que j’ai entendu par hasard dans l’enceinte de mon lycée. Mais c’est ensuite avec In Flames que j’ai décidé de me mettre sérieusement à la musique car ils mélangeaient idéalement sur un titre comme “Pinball Map” les mélodies et l’agressivité pour un rendu accrocheur. Behemoth et Morbid Angel ont été mes dernières plus grandes baffes pour l’aspect puissant et imparable.
Julien (batterie / guitare) : C'est à l'âge de 8 ans que jai découvert le metal à travers Dismember et le morceau "Pieces" qui se trouvait sur la compil "Masters Of Brutality 2". J'ai tout de suite accroché pour je ne sais quelle raison. Ont suivi tous les styles de groupe, de Immortal, Death, Behemoth en passant par Maiden et bien d'autres.

Que représente pour vous le nom Withdrawn ?
Chris : Littéralement cela signifie en Anglais “replié sur soi”. Cela représentait, et représente, et représentera peut-être encore pour un bon moment, notre volonté de créer de la musique isolés de tous et de tout. Il y a eu une période, pas si éloignée, où nous avons essayé de nombreux musiciens parfois mauvais, parfois menteurs, parfois irrespectueux avant de pouvoir constituer un groupe entier. Nous avions le sentiment de ne pas être pris au sérieux. Aujourd’hui encore on pourrait appliquer cela. Ce serait cette fois vis-à-vis de la scène metal qui ne répond pas toujours à nos attentes : nous pouvons dormir dans une tente après chaque concert ou dans un van ou manger des sandwichs tous les soirs mais nous ne supportons pas un concert mal organisé par des gens qui n’ont pas assuré de promo, qui ne tiennent pas leur engagement, et qui demandent en plus qu’on leur mâche la moitié du travail malgré les heures de route déjà dans nos jambes ; sans compter le retour. Bref, nous ne croisons que très rarement des gens aussi sérieux et impliqués que nous.
Julien : Sérieux, rigueur, volonté de toujours faire mieux, blast beat et death metal ! Les groupes Français seront pris au sérieux le jour où le sérieux de chacun sera du niveau des groupes étrangers. Le terme "pro" ne signifie rien d' autre qu'un investissement personnel énorme, il faut être prêt à tout sacrifier.

Quel est le thème global de votre nouvel album "Skulls Of The Weak" ?
Chris : Le Surhomme. L’explication et la desription des éléments qui permettent à chacun de trouver la volonté et l’énergie nécessaires en soi pour accomplir tous ses rêves. Une vision positive et conquérante de la vie. Une énergie insoupçonnée déployée pour mettre à jour les talents cachés de chacun. Quand vous découvrirez cela, la vision de la vie change et les autres, non éveillés à une telle conscience de leur propre vie, vous apparaitront petits.

Que représente les artworks et pochette, et qui s'en est chargé ?
Chris : JBC a pris la photo centrale et c’est David Cragné qui s’est chargé de la modifier et de réaliser avec brio tout le reste de l’artwork malgré son emploi du temps chargé et notre travail qui est venu se rajouter par dessus tout cela. La pochette représente une ville vers laquelle des masses humaines inconscientes se dirigent sans même se douter qu’elles vont être annihilées dans un processus d’existence débilisant et détruisant toute conscience d’une vraie vie. Est ce dû à la société et à sa pression ? Est ce dû à une léthargie collective qui joue l’hypocrisie en ne comprenant pas qu’il y a une vie au delà de ce qu’on voit ? Je ne sais pas. Je vois juste que le résultat est un nombre incalculable de gens qui se contentent d’exister sans même se douter qu’avec une ouverture d’esprit supplémentaire et un peu de bonne volonté leur vie pourrait basculer positivement.

2 membres du groupes sont frères, y a t-il parfois des rivalités (amicales évidemment, du moins je l'espère) ?
Chris : Oui cela arrive parfois. Nous ne sommes pas d’accords sur des riffs proposés. L’un va trouver que ça sonne comme un riff que l’on a déjà écrit dans un morceau précédent, l’autre trouve que tel riff est peu inspiré ou très mal arrangé, etc... Mais quand l’un de nous n’est pas d’accord avec ce que propose l’autre, il essaie surtout de poser des arguments clairs bien à plat pour expliquer pourquoi il ressent que son riff est bon. On essaie d’éviter le dialogue de sourds. Après aucun de nous deux ne se définit forcèment en leader, nous faisons avancer la machine ensemble, nous avons commencé ce groupe ensemble contre vents et marrées, nous avons beaucoup joué ensemble et connaissons les gimmicks et automatismes de l’autre.
Julien : Des rivalités existent et cela contribue à faire avancer le groupe encore plus ; nous nous renforçons mutuellement !

Est-ce que chaque membre participe à l'écriture des morceaux ou est-ce un effort individuel ?
Chris : Seuls mon frère et moi participons à l’écriture des morceaux . Souvent, l’un de nous deux arrive avec plusieurs riffs mis bout à bout et nous définissons ensemble ce qui serait le mieux pour un couplet ou un refrain, comment débuter le morceau, comme l’arranger pour le rendre efficace et explosif, etc... Nous avons complètement arrêté d’écrire un seul riff unique posé comme ça dans le vide sans même savoir si c’est un couplet, une intro, un break, etc... Certains morceaux comme “Dethrone” sont l’oeuvre unique de Julien car il est arrivé avec le morceau entièrement écrit et il s’est avéré qu’il plaisait comme cela. Il y a bien eu quelques arrangements et améliorations mais l’essentiel était là.
Julien : Nous écrivons les morceaux ensemble et cela contribue à les enrichir et les diversifier car chacun apporte sa touche, ses influences et le final n'en est que meilleur !

Sur votre site, votre style est indiqué en tant que death / black mélodique, pour ma part j'ai trouvé que le côté "mélodique" était un peu présent au niveau guitare, mais pas du tout au niveau chant et encore moins batterie. Quel est votre point de vue sur mon... euh... point de vue ?
Chris : Disons que la mélodie était bien plus présente sur nos démos mais elle s’est estompée. Ne reste que quelques passages comme le refrain de “Fragments Of The Crucial Step” par exemple. Mais nous créons aussi des mélodies noires, voire agressives, ce qui nous vaut peut-être d’être parfois taxés de “death old school”. Nos riffs, même agressifs demeurent chantants. Après chacun à sa définition du terme “mélodie”. Je sais que certains ne voyaient même pas en quoi notre groupe était mélodique malgré les guitares. Ils n’entendaient que des blast beats et cela leur suffisait pour nous cataloguer “black metal”. Quand on dit “Death/Black mélodique” on ne pense pas au dernier Soilwork ou aux premiers Dark Tranquillity. Pour moi, des albums comme “Symbolic” ou “Heartwork” malgré leur agressivité et leur death corrosif sont des purs albums de death mélodique. Peu de groupes de death peuvent se targuer d’avoir fait d’aussi bonnes chansons lorgnant parfois vers la mélodie, parfois vers l’agressif. Nous aimons beaucoup les blast-beats et ils nous servent à compenser l’aspect “mélodique” des guitares. C’est pour cela que j’invite régulièrement les gens à ne pas se fier aux étiquettes mais à plutôt venir nous voir en concert car sur scène il est juste question de metal extrême, mélodique ou pas.
Julien : Le principal est que chacun y trouve son compte, les mélodies sont toujours présentes mais plus subtiles et pour ma part je préfère aussi que chacun se fasse sa propre opinion en nous voyant en concert car c' est là que toute l'énergie est libérée.



En combien de temps s'est déroulé l'enregistrement et dans quelles conditions ?
Chris : L’enregistrement s’est déroulé de fin Juillet à fin Août si l’on compte la pré-production que nous avons fait. Mais bout à bout il doit y avoir douze jours de pur enregistrement au final. 4 jours de batterie immédiatement suivis de 3 jours de guitare, et une semaine plus tard, 1 journée de basse suivie de 2 jours de chant. Et après une ou deux semaines de dur retour à la réalité dans nos emplois respectifs, nous sommes retournés finir les prises chants sur 2 jours. Le plus dur a été de gérer tout ce qui n’est pas musique avec l’enregistrement : je pense à nos jobs, récemment trouvés, et à nos emplois du temps pas toujours simples à coordonner. Nous avons également dû traverser quelques épreuves difficiles peu de temps avant l’enregistrement et le fait de pouvoir se concentrer, seuls, sur ce projet nous a permis de visualiser correctement l’essentiel : il fallait créer un bon album qui arrache. Nous avons eu assez peu de rapport avec l’extérieur et nous nous sommes isolés assez loin de chez nous et des problèmes qui y étaient rattachés. Là bas, au Dome Studio, il n’y avait plus que la musique qui comptait et c’était tout ce dont nous avions besoin.
Julien : 4 jours de prise batterie intensifs enchainés avec 3 jours au Dome Studio, autant dire que je n' ai pas chômé mais c' est ce que j' aime dans un enregistrement : faire peu de prises et aller à l'essentiel ! J'avais énormément travaillé les parties de batterie et de guitare avant d'enregistrer, j'étais en confiance malgré certains passages qui ont été assez physiques mais au final tout s'est bien déroulé. Mon frère a enchaîné avec 2 sessions séparées pour enregistrer basse et chant. Mis à part les problèmes de chacun on peut dire que ce passage en studio s'est très bien déroulé avec nos collaborateurs David et Raphaël du Dome et Echoes studio. Nous avons beaucoup appris sur ce qu'il faut faire ou non et cela nous servira pour l'enregistrement du prochain album.

Vous avez choisi le studio du guitariste de Lyzanxia. Qu'est ce qui a motivé ce choix et a-t-il répondu à vos attentes ?
Chris : Je suis fan de Lyzanxia, surtout de leur album “Mindcrimes”. Nous les avions rencontré à plusieurs reprises et comme ils aimaient bien notre musique on en est venu à parler de bosser ensemble. Je savais que les productions de David étaient assez modernes et plutôt correctes et le tarif proposé attractif. Nous voulions travailler avec quelqu’un qui était plus dans le milieu que nous pour pouvoir profiter de son expérience en tant que studio professionnel mais aussi en tant que musicien. Il nous a conseillé sur les sons à adopter pour avoir un résultat optimal et nous a éclairé sur pas mal de détails à ne plus utiliser pour optimiser notre musique encore plus. Notre oreille s’est carrèment affinée dès le premier jour d’enregistrement avec lui. Et il a fait preuve d’une grande patience et de bons conseils ! Je suis satisfait du travail qu’il a effectué. Le son des guitares aurait dû être un peu plus clair mais là cela vient surtout de la guitare que nous avons utilisé qui n’était pas un modèle suffisamment abouti pour donner un son pro.
Julien : David a sû tirer le meilleur parti de chaque instrument et nous a permis d'optimiser le son de l'album. Ce fût un vrai régal que de travailler avec lui car c'est quelqu'un de très pro et qui sait mettre les gens à l'aise.

Combien de bières, pizzas et paquets de chips ont été nécessaires durant l'enregistrement de l'album ?
Chris : Mon frère et moi buvons peu. Même pas dix sur douze jours à nous deux je pense. Quelques pizzas et crevettes sauce tomate avec du riz et autres plats préparés par David qui sait très bien cuisiner. On profitait des pauses repas pour s’apprendre quelques recettes. Par contre, j’ai consommé pas mal de miel pour assurer la voix correctement avec les doublages à effectuer, etc...
Julien : Très peu de bières, ça ne me fait pas jouer mieux ! Nous évitons au maximum la "mal bouffe" donc nous avons pris le temps de bien nous restaurer, cependant lorsque je n' ai pas le choix je prends ce qu’il y a ! Grosse consommation de café à l’Echoes studio cependant ! Allez voir Raphaël, il est passé maître dans l'art de servir un excellent café !

A quoi ressemble la scène metal Borderlaise ?
Chris : Très dynamique et riche ! Beaucoup de groupes de tout style. Il y en a pas mal qui se bougent, je pense à Asmodée, Offending, Otargos, JenX, Gorod, Warattah, E-Breed, Imply In All et à d’autres mais c’est dommage que beaucoup se créent et splittent presqu’aussitôt. Sans compter que parmi les groupes cités au-desssus certains n’envisagent pas toujours la chose de façon professionnelle et se sabotent parfois. Niveau association il n’y en a plus beaucoup, il faut dire qu’il est très difficile de faire venir des gens à un concert metal à Bordeaux. Même des gros groupes US mainstream ne drainent pas vraiment beaucoup de public ici.
Julien : Très riche, beaucoup de petits concerts et de bons groupes mais peu d'associations parviennent à draîner le public Bordelais.

Comment voyez vous le futur du groupe ?
Chris : Plein d’embûches et de moments difficiles et de remises en question. Comme dans la vie quoi. Mais la voie empruntée est bonne et maintenant que notre niveau technique est correct et que notre matériel est à peu près bon nous allons pouvoir développer correctement notre personnalité et notre son. Je pense que nous allons encore beaucoup apprendre avec les prochains concerts qui seront des festivals aux côtés de groupes comme Trepalium et la maturité que nous allons gagner va améliorer encore notre musique. J’espère que ce premier album, fruit de plusieurs années de travail et de sacrifice, aura un minimum de succès pour que nous puissions en créer un deuxième qui ira bien plus loin.
Julien : La route est encore longue mais à force de persevérer je suis persuadé que nous réussirons à nous hisser au niveau des meilleurs !

Quel est votre meilleur souvenir sur scène, et le pire ?
Chris : Notre premier passage à Angoulême reste un très bon souvenir avec plus de 90 personnes déchaînées. Le concert avec Textures était excellent, surtout pour avoir pas mal discuté avec les gars de Textures, tous très sympa et pour l’ambiance particulière qu’il y avait ce soir là. Le pire reste le concert que nous avons fait près de Bergerac où l’organisation était vraiment pas au top, et surtout, où notre batteur a contracté une tendinite au bout du troisième titre joué, ce qui nous a contraint à stopper net notre prestation. Concert mémorable de par sa médiocrité.
Julien : Le concert à Barbey lors de la Gomorah où les blasts beats ont été particulièrement brutaux aux dires des personnes qui sont venues me voir ! Bon son, bonne prestation, bonne organisation, je ne demande qu' à recommencer . Mon pire souvenir fût aussi a Bergerac où je me suis retrouvé à coordonner les groupes durant les balances. S'en est suivi une blessure qui m'a contraint à écourter le set : médiocre de bout en bout !

Le grand sujet du moment dans l'industrie musicale et du coup dans le metal, est le téléchargement illégal, quelle est votre position sur le sujet ?
Chris : Utile pour découvrir de nouveaux groupes, plutôt que de se ruiner à acheter un CD pourri à 20€ pour le simple plaisir de découvrir une daube. Si le groupe plaît, je reste un collectionneur et le livret est très important à mes yeux pour y retrouver les paroles et quelques photos et ambiances propres à l’album qui me plaît. Et je préfère avoir l’objet original dans ma collection plutôt qu’une clé USB ou un disque dur externe plein de lettres. Où est l’aspect matériel de la musique là dedans ? Le livret ? L'artwork ? La galette ? C’est plus de la musique, c’est de la métaphore.
Julien : Je suis pour le téléchargement encore qu'avec MySpace de nos jours c'est encore plus facile de découvrir de nouveaux groupes, mais acheter un album comme "At The Heart Of Winter" en digipack ou encore le dernier Otargos avec un DVD de plus de 3 heures de concert pour 15 euros me paraît beaucoup plus intéressant que de faire la course aux clés USB de plusieurs gigas !

Voilà, ma première interview est finie, peut-être la plus mauvaise de votre carrière ?
Chris : Non ça va, j’ai bien apprécié tes questions sur le choix quant au studio de Lyzanxia et comment cela s’était passé. Sympa celle sur les pizzas aussi. En tout cas, merci pour ton temps et ton soutien avec cette interview.
Julien : Non, une interview intéressante et bien construite qui permettra aux gens d'en apprendre un peu plus sur qui nous sommes !

Un dernier mot pour nos lecteurs adorés ?
Chris : Nous sommes fiers d’avoir de la promotion sur un webzine comme French Metal. Que les lecteurs viennent nous voir quand nous passerons près de chez eux en Novembre prochain avec Warattah, ils découvriront un WITHDRAWN bien moins mélodique que sur CD encore car il faut ajouter sur scène l’énergie et la puissance des blasts.
Julien : LIKE BLAST BEAT ? ENJOY OUR SHIT ! Je trouve que cela résume bien ce pourquoi nous sommes là !


Le site officiel : www.myspace.com/withdrawn1