Interview faite par mail par Matthieu

Bonjour et merci à toi de nous accorder un peu de ton temps ! Comment décrirais-tu Witches à quelqu’un qui ne vous connaît pas encore ?
Sibylle Colin-Tocquaine (chant / guitare) : Salut Matthieu ! Pour nous décrire, je dirais : WITCHES est un groupe de thrash rapide, avec une pointe de death, et surtout sans concessions.

Le groupe fête cette année ses 34 ans de carrière, est-ce que tu as ressenti cette évolution, que ce soit dans la musique, ta façon de voir les choses ou même ta manière de composer ?
Il y a forcément effectivement une évolution, on ne voit pas les choses de la même manière en 34 ans. Les compositions des morceaux des débuts de WITCHES ne sont pas du tout les mêmes que celles de maintenant. Cela vient forcement de soi, puisqu’on mûrit, on devient un peu plus sérieux, on a envie de faire les choses mieux. Mais cela vient aussi des personnes avec qui on compose, ou tout simplement avec qui on joue. Ils apportent leur touche personnelle.

En parlant de composition, le groupe vient de sortir "The Fates", son troisième album. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur sa création ? L’idée directrice, le lien avec l’artwork… Comment sont les retours du public ?
Musicalement parlant notre ligne directrice c’est de faire du thrash. Mais du thrash dynamique et violent. On en y incorpore d’autres influences, comme par exemple : le death ou le black, mais à petite doses. Histoire d’avoir des sonorités et des ambiances différentes entre les morceaux. Au niveau de l’artwork, il représente les "Fates", les Parques, et image le morceau "We Are", elles sont trois sorcières représentant le passé, le présent et le futur, elles tissent le fil de la vie sur leur métier à tisser ensanglanté par les organes humains formant leur fil et elles utilisent une épée en guise de peigne. Elles sont maîtres de la vie et de la mort des hommes. Le reste des paroles reste dans cette même violence. Les retours du public que nous avons jusqu’à présent sont très très bons !

Le titre "Damned Skin Is Mine" figure sur la nouvelle compilation de French Metal, pourquoi avoir choisi celui-ci pour vous représenter ?
Nous voulions proposer un morceau différent de celui qui a été le premier morceau mis en ligne. "Damned Skin Is Mine" est très thrash et donc représente bien notre musique.

La scène française semble très en forme en ce moment et multiplie les sorties d’albums. Toi qui en fais partie depuis tout ce temps, est-ce que tu t’es rendue compte de son évolution et de sa prise d’ampleur ?
C’est mathématique, il y a de plus en plus de groupes donc de plus en plus d’albums. Quand j’ai commencé, les groupes faisaient des démos et une fois que le groupe était signé sur un label, il faisait un album. Maintenant ce n’est plus du tout la même manière de fonctionner. Les groupes doivent faire un album pour le proposer à un label, ou tout simplement l’autoproduisent et vivent très bien leur vie sans label. Mais pour exister un groupe se doit d’avoir au moins un album à leur actif. Et pour continuer d’exister, il faut continuer d’être actif car vu le nombre de groupes tu te fais facilement dépasser par les autres.



Pour en revenir à la création du groupe, pourquoi le nom "Witches" ? Qu’est ce qui t’a poussée à créer ton propre groupe ?
A l’époque, il n’y avait pas toute la technologie actuelle pour pouvoir jouer seul. Si tu veux composer quelque chose maintenant tu peux le faire tout seul avec ton ordi et une carte son. Avant, on avait vraiment besoin de musicien pour jouer ensemble, composer et s’enregistrer et c’est quand même beaucoup plus sympa d’être en groupe que faire tout, tout seul de son côté. J’ai préféré créer mon propre groupe car à cet âge, comme les mecs aiment sortir avec leurs potes, moi je voulais un groupe de copines. Voilà pourquoi WITCHES aurait dû être au départ entièrement féminin… d’où le nom de WITCHES, nous cherchions un nom ayant un coté féminin. Même si pendant la chasse aux sorcières, des hommes aussi en ont fait les frais.

Le line-up du groupe a subi pas mal de changements, comment as-tu recruté les musiciens actuels ?
Pour Jo et Lienj, des amis nous ont mis en relation. Lynda (ex-Hemoragy, Furies etc…) connaissait Jo. Lienj répétait dans le même local où je répétais avec Lynda justement. Et pour ce qui est de Fabien, il nous suivait sur les concerts, il est devenu notre tech, puis notre driver pour la tournée avec Suffocation, il a été naturel de lui demander s’il voulait jouer avec nous quand nous avons eu besoin d’un bassiste, il n’a intégré le groupe qu’après toute la mise en place de l’album, c’est pour ça qu’il n’y figure pas. Il a en revanche déjà fait des concerts avec nous, notamment le Népal juste avant le confinement.

Qu’est ce qui t’a poussée à jouer d’un instrument ? Comment as-tu découvert le metal et plus particulièrement le thrash / death ?
Ma mère écoutait du rock et du hard rock. Elle était à fond dans la musique. Elle écoutait mais n’en faisait pas. Ce n’était pas son truc. Comme elle disait elle aimait la musique "toute faite" ! Avec mon père, ils allaient à beaucoup aux concerts. Les Stones, Rory Gallagher, Santana, Ike et Tina Turner, Deep Purple, Led Zep, etc… On a donc baigné, mon frère et moi, dans la musique rock dès le début. Dès qu’on a eu l’âge d’aller aux concerts, ils nous ont amené avec eux. Mon premier concert de hard était Scorpions à Nice en 1982 pour la tournée "Blackout". Après Scorpions, ce fut la découverte de Metallica, puis c’est allé de plus en plus speed et violent avec Sepultura, Kreator, Destruction, etc…

Quel est ton pire souvenir de scène ? Et le meilleur ?
Heureusement il n’y a pas un concert qui regrouperait toutes les "pires" choses qui peuvent se passer. Les pires souvenirs qu’on a pu vivre sont maintenant des moments dont on peut rire :
- Une petite scène avec un trou en plein milieu sous un bout de moquette – impossible donc de bouger.
- Ou des coups de jus dès que je touchais le micro, fallait donc faire gaffe à ne pas le toucher. Galère !
Pour ce qui est du meilleur, il est difficile d’en sélectionner un seul en particulier, d’en élire un parmi beaucoup. Dans l’ordre chronologique je dirais :
- Le premier concert que j’ai fait à Lille après la sortie du premier album en 1995, où tout le monde connaissait les paroles de "Horror Museum" : je leur ai laissé le micro pour tout le morceau pendant le rappel.
- Le Hellfest en 2016 car se trouver sur la scène de l’Altar est un moment magique.
- Au Japon, quand nous avons jouer pour les premières fois "We Are" et que tout le monde reprend en chœur le refrain alors qu’ils le découvrent pour la première fois.



Est-ce qu’il y a déjà des choses dans les tuyaux pour Witches ? Que ce soit en termes de concerts, clips ou autre.
Nous avons des concerts de prévus en Octobre, mais compte tenu de l’incertitude dans laquelle nous nous trouvons, aucun n’a été encore annoncé. J’espère que cela pourra se concrétiser  et que tout ce qui était prévu pendant la période du confinement se verra réorganisé plus tard. Notamment notre tournée au Japon de plus de 10 dates. Un clip sortira aussi à la rentrée. Nous sommes en pleine phase de finalisation.

Avec le Covid-19, le programme du groupe a été chamboulé, je pense notamment à la sortie de l’album ainsi qu’un concert prévu à Paris. Comment avez-vous géré le tout en interne ?
Il a fallu se réorganiser. Notre concert de Paris prévu initialement en Mars avec Mortuary est reporté pour une date encore indéterminée. Et nous avons retardé la sortie de l’album d’un mois afin de pouvoir réceptionner le stock avant. Il fallait aussi que les distributeurs soient réouverts. Cela nous a permis de rallonger le temps pour en assurer la promotion du mieux que nous pouvions malgré le contexte.

Quelle serait selon toi la tournée parfaite pour laquelle Witches pourrait ouvrir ? Je te laisse choisir trois groupes en plus du tien.
Suffocation, Revocation, Havok.

La France est connue pour sa gastronomie, je te laisse associer la musique de Witches à un plat bien de chez nous !
J’ai du mal à imaginer un plat pour l’associer à notre musique, pour moi, tu manges un bon plat, quel qu’il soit, et tu en manges et en re-manges jusqu’à t’échouer sur le canapé pour ne plus en bouger, je ne pense pas qu’on fasse de la musique qui nous donne envie de dormir (rires). Mais si tu veux un plat ce sera un tartare de bœuf : de la viande rouge, crue et remplie de saveurs différentes !

Je te laisse le mot de la fin, encore merci d’avoir pris de ton temps, et à très vite sur scène !
Merci à toi, à Pete et à toute l’équipe de FM et je vous donne tous rendez-vous à un concert dans un avenir proche j’espère ! Merci à tous pour votre soutien depuis toutes ces années !


Le site officiel : www.witches.fr