Interview faite par mail par Robin
"Les voiles de la Perception", que signifie cette expression et pourquoi l’avoir choisie comme nom du groupe ?
Seb (chant) : "Je suis le créateur de ma réalité et la vie ne peut m’apparaître d’aucune autre façon, que celle à laquelle je peux penser qu’elle apparaîtra". Il nous plait de donner une envergure ésotérique, sensuelle et littéraire à ce projet sombre et violent. Chacun ses voiles, question de perception.
Sophie (basse) : Elle représente aussi toutes les illusions mais aussi tous les rêves de chacun de nous.
"Black Metric" est votre premier album. Autant le dire tout de suite, vous avez mis la barre très haut. Varié et théâtral, on est bien au dessus de ce qui se fait en général sur la scène extrême symphonique. En aviez-vous conscience lors de la réalisation de l’album, avez-vous recherché cet effet ou vous-êtes vous laissés guider par votre instinct ?
Gines (guitare) : On a fait avec nos moyens et le résultat est très bien même si, avec plus de moyens et de temps, on aurait pu améliorer beaucoup de choses. Nous n’avons pas encore le recul nécessaire pour savoir si, par rapport à la scène underground ou extrême, on est plus ou moins bon, ce n’est pas quelque chose qui nous motive, le but pour nous est de nous faire plaisir et surtout être fier de nous.
G (batterie) : Nous avions une certaine idée du résultat souhaité. Nous nous sommes battus pour essayer d’approcher au plus près notre idéal et ceci de manière assez instinctive. Ensuite, nous avons quelques perfectionnistes dans le groupe qui se sont accrochés au principe que le "au mieux" n’est pas satisfaisant. L’instinct, l’obsession et la persévérance nous ont permis d’aboutir sur le disque que vous avez pu écouter. Tout est question de moyenne, plus tu vises haut, plus tu as des chances d’être satisfait. Nous sommes aujourd’hui satisfaits de notre travail.
Quelles ont été vos principales sources d’inspiration, metal ou non-metal ?
Seb : Pour ma part, la voix et les lignes de chant de Dany Filth dans les albums "Dusk And Her Embrace" et "The Principle Of Evil Made Flesh" de Cradle Of Filth me surprennent toujours et m'inspirent.
G : Morbid Angel de époque "Altars Of Madness" à "Domination", Dimmu Borgir et leur "DCA", Septicflesh et l’énorme "Communion", Moonspell, Kovenant et l’excellent "Nexus Polaris", la musique classique et les bandes originales de Hans Zimmer, Alan Silvestri… sont une grande source d’inspiration pour les parties claviers.
Gines : Personnellement, j’écoute un peu de tous, mais mes influences principales restent le metal, que ce soit Behemoth, Septicflesh ou bien Iron Maiden ou Gojira !
Apres je suis très influencé, surtout dans les structures, par le prog rock des années 70 comme Genesis ou King Crimson, et les groupes plus récents comme Porcupine Tree ou Opeth.
Quels sont les thèmes abordés dans "Black Metric" ?
Seb : Les textes utilisent l'énergie produite par notre musique pour "libérer l'âme divine capturée par le corps froid". Symboliquement chanter l'auréole du diable et la fourche de l'ange. Dévoiler l'animal humain divin.
4 ans ont passé entre votre démo "Under My Skin" et "Black Metric". Pourquoi un tel laps de temps ?
Gines : Comme beaucoup de groupes de notre niveau, nous avons une famille et un travail à gérer, donc la musique est un hobby et nous ne pouvons pas être constamment concentrés sur la musique. De plus, comme nous ne voulions pas bâcler notre travail et qu’aucune date butoir n’était engagée, nous avons pris le temps nécessaire pour arriver à un résultat convaincant !!
G : Entre 2007 et 2009 nous avons bouclé les musiques pour "Black Metric" et rodé le set sur les planches. On a attaqué le projet de l’album fin 2009. Nous avons eu pas mal d’ennuis lors de l’enregistrement. Changement de line-up en plein milieu, problèmes liés à l’éloignement des musiciens et donc attente de disponibilités, recherche des lieux d’enregistrement (disponibilités), l’enregistrement et la production "fait maison" qui a nécessité beaucoup de temps en off et d’énergie. Le projet a duré un an et demi. Nous avons pris le temps de faire un bon premier album, nous en avions le luxe. Cela dit, nous espérons avoir un peu plus d’aide en production pour le deuxième. J’en profite ici pour remercier nos femmes et enfants qui nous permettent de consacrer beaucoup de temps au projet.
En parlant de la démo, j’ai découvert que "Under My Skin" est le nom d’un album d’Avril Lavigne. Vous étiez au courant ? Un hommage ?
Seb : Elle est jolie, elle a une voix jeune et dynamique.
G : J’ai lu ça en recherchant différentes chroniques autours de la demo. Un hasard total, j’aurais aimé parler d’un hommage… mais non.
"Nous souhaitons que cet album soit accessible, nous croyons en notre musique et voulons la porter le plus haut possible". Visiblement, vous n’avez pas l’intention de rester confinés dans l’underground le plus intimiste, contrairement à d’autres groupes de BM. Jusqu’où rêvez-vous d’aller avec votre musique ?
G : Malgré cette folie ambiante, les mélodies sont belles, accrocheuses et les possibilités d’évolutions sont nombreuses. Nous avons un groupe avec un fort potentiel. Nous sommes inspirés par le projet, il est beau et noble. Nous rêvons tous de prendre du bon temps avec lui dans les lives, la création d’albums, tournage de clips ou autres ! Nous voulons le meilleur bien évidemment. Quand on aime ce qu’on fait, il est légitime de vouloir le faire à fond.
Sophie : On espère le succès comme la plupart des groupes de musique. Nous mettons tous ce qui est en notre pouvoir pour l’atteindre mais le principal étant de jouer ensemble et de prendre du plaisir, c’est là l’essentiel.
Ne craignez vous pas, par rapport à votre choix, les réactions de certains, comme ceux qui ont tendance à critiquer tout ce qui sort un peu de l’underground ?
Gines : C’est déjà le cas… mais cela ne nous dérange pas.
G : Nous savons ce que nous voulons jouer et pourquoi. Chacun a le droit et le devoir d’en penser ce qu’il veut. La musique ne se conçoit pas dans la crainte.
Seb : Les réactions et les critiques vont nous conforter ou nous rassembler.
Vous êtes actuellement à la recherche d’un label. Comment se passe cette "quête" ? Voyez-vous la lumière au bout du tunnel ?
G : Maintenant que le projet est physiquement coincé entre mon pouce et mon index et que je peux apprécier le travail dans son ensemble. Je me dis que nous avons des chances d’intéresser. Les enveloppes partent aux différentes maisons de disques avec les CDs définitifs. Nous avons des débuts de solutions concernant la distribution des CDs, cela dit, on aimerait trouver un partenaire de travail pour l’ensemble des différentes prestations. Nous attendons donc les retours et si nous sommes digne d’intérêt, sinon plan B. Nous continuons l’autoprod' avec les solutions de distribution ! Cela dit, nous sommes convaincus que chacun doit être à sa place. L’idée de travailler en collaboration avec des professionnels qui maîtrisent leur sujet et leur réseau est une option qui m’enchante forcément. Pour le groupe ce serait une grande nouvelle, nous ne serions plus seuls et pourrions nous concentrer sur notre job a 100%.
Votre musique témoigne d’une certaine volonté de créer des morceaux "classiques", d’aller plus loin, d’être de plus en plus grand. Musicalement, était-ce recherché ?
Gines : Nous n’avons clairement pas la prétention de révolutionner le style. Cependant, nous ne pouvons pas nous contenter de refaire les mêmes plans encore et encore… De part nos influences diverses et variées, il faut que chacun de nous se retrouve dans un morceau. Nous voulons nous étonner nous-mêmes, chercher le détail, et nous nous imposons de tout faire pour créer quelque chose qui nous ressemble.
Sophie : Cet effet de force et de puissance n’est pas le fruit du hasard. Cette impression de tornade déferlante est la conclusion de nos expérimentations collectives.
La production est loin de celle d’un premier album lambda. Mais en plus, il s’agit d’une autoproduction. Vous avez en plus ajouté pas mal d’effets. Comment avez-vous géré tout cela, pensiez-vous avoir l’expérience ?
Gines : Très honnêtement, il n’était pas évident au démarrage du projet de se faire une idée du résultat final. Nous sommes partis en tâtonnant mais pas complètement désarmés. J’enregistre des groupes depuis un moment, j’ai donc mis de côté de l’expérience et du matos pour rendre le projet possible… Mais surtout, on a pu faire appel à Brett Caldas-Lima, un ingénieur du son très doué ! Brett étant un ami, il était évident pour nous qu’il s’occupe de l‘étape cruciale du mix. C’est grâce à son excellent travail que le CD sonne.
Pour les effets et autre samples, nous avons la chance d’avoir des musiciens créatifs dans le groupe !!
Entre 2008 et 2009, vous avez donné plusieurs concerts qui vous ont offert une certaine renommée. Vous avez aussi choisi de participer durant cette même période à des duels de Rock sur Montpellier. Que retenez-vous de ces expériences ?
Seb : Pour ce qui me concerne que le plaisir est le "live".
G : Je rejoins Seb sur le fait que le plaisir est live. Et que nous aurons beaucoup de plaisirs bientôt. Je retiens que sur scène chacun fait son job, nous sommes en confiance et le public le ressent. Les retours sont très bons et ça nous incite à continuer.
Quels sont vos projets "live" pour la sortie de "Black Metric" ?
Gines : Pour le moment, nous formons le nouveau line-up et nous travaillons à de nouveaux morceaux en attendant la sortie du CD ! L’étape d’après, c’est trouver une maison de disques ou un plan pour distribuer notre musique. A partir de là, on essayera de faire le plus de concerts possibles afin de montrer notre côté le plus brutal aux gens qui se seront déplacés !! On aimerait pouvoir faire une petite tournée en France ! Nous espérons trouver un tourneur pour nous aider à y arriver !
Visez-vous à apporter des éléments visuels à vos shows ?
G : Clairement, l’idée d’intégrer des séquences vidéo a toujours été une envie forte. Nous utilisons déjà les bandes pour les effets et orchestrations, il ne manque "que" le calage de la vidéo, nous en parlons régulièrement, il faudra que ça sorte. On peut également travailler sur les décors de scène… Tant de choses à faire…
Et compte-tenu de votre ambition, à jouer dans des grandes salles tels que des théâtres ?
Gines : Cela serait génial, mais avançons à la bonne vitesse, d’abord nous faire connaitre, puis nous envisagerons la suite !!
Quels sont vos groupes live préférés ? (et pourquoi)
Sophie : Gojira surtout dans “Remembrance”. C’est une bombe musicale.
Gines : J’ai été abasourdi par Behemoth lors du dernier Hellfest, j’adore la puissance et la rigueur qu’ils dégagent sur scène. Slayer est aussi l’un des groupes que je préfère voir en concert, je ne suis plus trop étonné par leurs prestations, je les ai vu 5 ou 6 fois, mais je les trouve toujours aussi puissants !!! Septicflesh est le groupe que j’attends de voir lors du Hellfest !!!
G : Napalm Death pour l’énergie et leur générosité.
Est-ce que par hasard, l’idée de jouer, dans un futur pas forcément proche, avec un orchestre symphonique vous est déjà venue à l’esprit ?
Gines : J’ai envie de dire… évidemment ! Et cela depuis longtemps, mais encore une fois ça nécessite ou de l’argent ou une chance phénoménale ! Dans l'avenir proche j’espère !
G : Oui, clairement, nous en avons déjà parlé lors de nos soirées arrosées ! Mais pas que. Tout est question d’opportunités et de moyens. Nous explorons toutes les opportunités nous verrons plus tard pour les moyens ! Travailler avec un orchestre symphonique nécessite de solides compétences musicales, nous travaillons aujourd’hui dans l’espoir de les acquérir un jour.
J’aimerais que l’on parle un peu du morceau "The End of Nothing". Son titre est évocateur mais il est cependant plus expérimental que les autres : s’ouvrant sur des riffs thrash, puis accompagné de quelques arpèges on trouve même des rythmiques à la Dagoba ! Il se dégage un chaos magnifique et organisé, grandiose et pourtant désespérant. Est-ce là la nouvelle direction que prendra le groupe ?
Sophie : "The End Of Nothing" reste un morceau à part entière. Il représente l’aboutissement de ce projet dont nous sommes très fiers. Il décrit tout le travail accompli et ouvre une porte sur la suite.
G : L’histoire de ce titre est intéressante. Il s’agit du morceau le plus spontané de tous. Lors des prises batterie, j’ai joué sur fond de clic ce morceau encore en chantier. Les parties guitares et clavier n’existaient pas, ou étaient encore à définir. L’enregistrement des parties batterie a fait qu’on a du s’y intéresser dans l’urgence. Jusqu’au dernier moment ce morceau ne devait pas être présent sur cet album.
Gines : La base ne nous convenait pas mais après un peu de travail on a senti que cela ferait une belle conclusion à ce que nous avions proposé avant !!
G : Ce morceau est le passeur entre "Black Metric" et sa suite qui comporte des grosses surprises. Il faudra attendre un peu pour comprendre… !
Quels sont vos projets proches, une tournée Française ?
G : Le tournage d’un clip en juin, rodage du nouveau line-up et puis concerts, concerts, concerts.
Sophie : Peut-être bien…
Gines : Ca serait cool !!
Le second album est-il pour bientôt ?
G : La maquette du deuxième album devrait être disponible en début d’année 2012. Un énorme travail devra être fait avant l’entrée en studio car le concept est ambitieux !
Gines : On aimerait faire en sorte d’avoir suffisamment de matière pour Février prochain et envisager sereinement d’entrer en studio pour l’été… mais comme dis plus haut, nos agendas sont très chargés !!!
Bonne chance pour l’avenir et vivement vos prochains shows. Si vous avez quelque chose à rajouter, allez-y !
G : Un grand merci à Pete, Robin et toute l’équipe de French Metal pour vos encouragements et le temps que vous nous consacrez ! Merci aux lecteurs qui auront lu cette interview ! Un clin d’œil à l’équipe de la TAF Montpellier, sans oublier Sébastien, Boris de l’équipe de la Kick Ass Prod Montpellier. Une pensée aux amis de Detoxed, Antropofago, Weaksaw, Seelentod… et tous les autres avec qui nous avons partagé des bons moments lives et avec qui nous continuerons très bientôt.
Le site officiel :
www.devvop.com
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