Interview faite par Matthieu à Paris.
Bonjour à tous les deux et merci beaucoup de m’accorder de votre temps ! Pourriez-vous
nous présenter un peu votre nouveau projet, Turilli / Lione Rhapsody, ainsi que "Zero
Gravity", le nouvel album ?
Fabio Lione (chant) : Bien sûr ! Comme tu dois déjà le savoir, nous avons fêté les 20 ans de
Rhapsody avec une tournée finale, et au début on pensait… jouer quelque chose comme 6
mois. Et… ça a fait un an et demi, deux ans… C’était incroyable ! On a vraiment passé de
super moments sur scène, et on a eu beaucoup de propositions, d’offres alors on a
commencé à réfléchir à faire à nouveau quelque chose ensemble ! Un nouveau projet, parce
qu’on ne voulait pas reprendre où on s’était arrêtés. Donc au final on a… parlé de ce
nouveau projet et on ne voulait même pas l’appeler Rhapsody, ni utiliser le mot “Rhapsody”
parce que… parce qu’on a fini la tournée finale du “Rhapsody Old School”. Et c’est pour ça
qu’on souhaitait utiliser le nom “Zero Gravity”. Mais au final, c’est le titre du nouvel album. Tu
vois, les managers, Nuclear Blast, les promoteurs… Ils nous on dit : “Si vous faites comme
ça, vous allez presque repartir de zéro. Vous aurez de petites offres de festivals, pour des
concerts, pour les albums…”. Et bien sûr, nous avons tous les deux travaillé pendant vingt
ans sur cette marque, alors… je pense qu’on a finalement trouvé un bon compromis, entre
le nom, notre ancien matériel, le nouveau logo, l’évolution… donc le message que l’on veut
donner aux fans est clair ! On veut faire quelque chose de nouveau, avec bien évidemment
la touche Rhapsody ! Une connexion avec le passé, mais quelque chose de nouveau !
C’était la seule façon pour nous de continuer, parce qu’on ne veut pas faire la même chose
après plus de vingt ans… Ce n’est pas ce que nous aimons faire à présent, composer, jouer,
chanter… on aurait pas été honnêtes avec nous-mêmes.
Luca Turilli (guitare / clavier) : On ne veut pas juste se faire de l’argent. C’est comme les films ! On ne veut
pas faire un remake de remake de remake (rires) ! C’est comme Total Recall ! Avec
Schwarzenegger c’est génial, mais le nouveau est un échec (rires) !
Généralement, les reboots sont assez mauvais !
Luca : Ils le sont toujours ! Regarde Conan ! Comment tu peux faire un reboot de Conan ?
Au moins, prenez Jason Momoa, il ferait un bon Schwarzenegger après tout (rires) !
Le dernier album que vous avez fait date de huit ans…
Luca : Huit ans ? Non, sept ans !
Fabio : C’était en 2011 ?
Oui, 2011 !
Luca : Qu’est-ce que ça passe vite…
Comment c’est de travailler ensemble à nouveau ? De créer quelque chose ensemble après
tout ce temps ?
Fabio : Je pense que cette fois on a vraiment passé un bon moment en studio. Parce qu’on
est probablement différents. C’est un peu bizarre parce que nous sommes les mêmes
personnes, mais différents (rires) ! Parce qu’évidemment avec les années on grandit, on
acquiert plus d’expérience, on travaille avec d’autres personnes, alors… Après la tournée
d’adieu on ne savait pas à quoi s’attendre à propos du passage en studio. Parce que sur
scène ça s’est vraiment bien passé, et on ne savait pas quoi penser. Et c’était génial, même
pour Simone (Simone Mularoni , guitariste de DGM) notre ingé son ! Au début il était un
peu inquiet parce que c’était la première fois qu’il travaillait pour un projet Rhapsody, donc
c’était énormément de travail mais après la première semaine il a réalisé que c’était plus
facile que ce qu’il pensait parce que même s’il y a eu des moments plus compliqués que
d’autres, quand Luca et moi avons enregistré les voix… ça a été plus vite que prévu. Parce
qu’on se connaît bien tous les deux je pense.
Ce qui est un très bon point !
Fabio : Je pense que c’est la clé de tout ! En studio on a vraiment bien travaillé ! Ce n’était
ni facile ni rapide, parce qu’on y est restés un moment. Mais c’était vraiment sympa.
Sur le morceau "D.N.A. (Demons And Angels)", vous collaborez avec Elize Ryd
d’Amaranthe , comment l’avez-vous choisie pour travailler avec vous ? Comment s’est
passée la collaboration ?
Luca : Très bien parce qu’en fait… c’est l’une des premières choses que l’on avait prévu de
faire ! On avait ce morceau, qui parle d’ADN, une sorte de comparaison avec les anges et
les démons, et c’était une histoire de jeu de paroles, comme une guerre ! On a relié tout ça
avec le double aspect de l’être humain, le côté sombre et le côté positif, mais aussi avec
l’aspect psychologique de l’être humain… Donc oui, on avait cette idée de duo et on s’est dit
“Ce serait super de l’avoir avec nous !” parce qu’elle a cette voix rafraîchissante qui se
combine à merveille avec celle de Fabio . Au début, on était pas sûrs que leurs voix se
combineraient aussi bien, mais on était confiants parce qu’elle adore Fabio, elle a déjà
travaillé avec lui auparavant, alors ça a été plutôt simple de rentrer en contact avec elle pour
lui expliquer notre vision de la chose. Mais peut-être qu’elle trouverait ça trop power metal,
trop léger… mais au final elle a adoré la chanson, vraiment adoré et on a été très surpris
lorsqu’on s’est échangé les fichiers. Simone a adoré ce qu’elle faisait, donc ça a été très
facile. Nous avons reçu les fichiers, et on était un peu inquiets, parce que pour moi c’était la
toute première fois que je fonctionnais de cette manière. Fabio l’avait déjà fait, parce qu’il a
déjà fait plus de collaborations, mais pour moi c’était la toute première fois de ma vie !
Donc… on a reçu les fichiers, et elle avait tout compris. L’esprit, l’âme, elle chantait les
parties de Fabio !
Fabio : Oui parce qu’en fait j’avais tout chanté pour lui faciliter la tâche !
Luca : Et c’était vraiment drôle (rires) ! Mais c’était une très bonne chose pour moi ! Sa voix
est tout bonnement incroyable, et elle rentre à merveille dans le panorama du power metal
moderne. C’est l’une des meilleures.
Et concernant le titre "I Am", avec Mark Basile de DGM ?
Fabio : Eh bien c’est le chanteur de Simone dans DGM…
Luca : Tu connais DGM d’ailleurs ?
Oui, bien sûr !
Fabio : En fait ça nous semblait presque naturel de lui demander de chanter sur un de nos
titres. Parce qu’on avait ce morceau, "I Am", qui est un peu plus axé metal progressif, il dure
sept minutes… On pensait qu’avoir deux tonalités de voix différentes de voix principale donc
il était le bon choix pour ce morceau. Et au final, c’est fluide, ça avance tranquillement.. on
ne sent pas que ça fait sept minutes.
C’est ce que j’allais dire, au début ça m’inquiétait un peu de voir un morceau aussi long,
mais ça colle vraiment bien !
Fabio : Et c’est justement ça ! Quand un morceau se passe comme ça, c’est que tu as fait
du bon boulot, parce que sept minutes, c’est plutôt long, mais quand tu te dis “Quoi, c’est
déjà fini ?”... et tu as apprécié la chanson, alors on pense qu’on a fait le bon choix. Mark a
une très bonne voix, et c’était presque naturel pour nous de faire appel à lui. Facile et
sympa. C’est un super gars !
Luca : Pour ma part, je ne connaissais pas DGM quand on est entrés en studio. J’ai
découvert par Simone, et ce grâce à Fabio, et je n’avais même pas encore rencontré le
chanteur mais ils font des trucs vraiment intéressants ! Donc j’ai dit “Pourquoi pas !”. Et j’ai
donc découvert le groupe, Mark et c’était totalement inattendu.
Qu’est ce qui vous inspire pour composer de la musique et écrire des paroles ? Est-ce que
vous vous inspirez aussi d’autres groupes ?
Luca : Tout l’aspect métaphysique, les choses inhabituelles, on s’inspire de tout ! On peut
avoir une approche plus superficielle, on ne pouvait pas repartir dans une saga parce qu’on
parlerait des mêmes choses ! L’amour, la lumière, les ténèbres, les mystères de la vie…
Chaque artiste s’inspire de ce genre de choses. Donc on s’est concentrés sur l’aspect
scientifique de certaines choses, les mystères de De Vinci… on parle des mystères du
poème de Giacomo Leopardi dans "Amata Immortale"… Même de physique quantique,
parce que ça explique la vie elle-même !
Justement vu que tu me parles d’"Amata Immortale", j’ai remarqué qu’il y a des morceaux
vraiment différents comme "Phoenix Rising" qui est un titre très motivant, et "Amata Immortale"
qui s’approche plus de l’opéra que du metal. Est-ce que c’est facile de mélanges ces
différents univers ?
Fabio : Peut-être que ça ne l’est pas mais… c’est dans notre sang ! Peut-être parce qu’on
est italiens bien sur, on a des racines latines… on aime l’opéra, la musique classique… Ce
morceau, comme l’a dit Luca , est une sorte d’hommage à Giacomo Leopardi . Et oui bien
sûr, l’impression est différente, c’est très mélancolique…
Luca : Est-ce que tu connais ce poète ?
Seulement de nom.
Fabio : D’accord ! Donc en effet, si tu compares avec "Phoenix Rising" c’est… on pourrait
presque penser que c’est deux groupes différents ! Et encore plus à cause de la voix, c’est
chanté de deux manières bien différentes !
Luca : Peut-être que certaines personnes ne reconnaîtraient même pas que c’est le même
chanteur ! Ils écouteraient et se diraient “Eh mais qui est-ce qui chante ? Oh, c’est Fabio !”
(rires)
Fabio : Mais quand ils s’en rendraient compte ce serait plus un “Ah ouais…”, et je suis
vraiment content de ce morceau, parce qu’il est spécial. Encore plus spécial parce que c’est
uniquement du piano et du chant ! C’était en rythme libre, il n’y avait pas de métronome…
donc c’était difficile car Luca jouait du piano en rythme libre. Et tu dois le suivre en chantant
! Et après avoir assuré le refrain, le reste du groupe arrive avec un métronome, donc… c’est
du rythme libre mais pas en permanence !
(Luca explose de rire)
Fabio : Mais c’était un défi ! C’est presque du live sur l’album, sans métronome c’est du live
!
Luca : Mais non, ce n’est clairement pas du metal sur cette partie de l’album.
Vous faites partie des plus célèbres noms du power metal symphonique, est-ce que vous
pensiez au début que vous seriez capables de créer tout un univers entier ?
Fabio : Bien évidemment tu ne peux pas savoir, tu peux éventuellement te dire “Ok, je vais
faire ça pendant dix ou vingt ans…”.
Luca : Non, tu vis le moment présent…
Fabio : Oui, tu vis le moment présent ! On savait qu’on allait probablement créer quelque
chose de bien, alors… c’est arrivé, année après année.
Luca : Donc oui, un nouveau mélange de choses qui existent déjà, mais des fois c’est le
mélange qui fait la différence ! Et ça connecte les disparités. On a eu un super sentiment en
créant quelque chose de personnel, tu vois ?
Fabio : Tu réalises que ce groupe vient d’Italie, il ne peut pas venir de… Suède, ou d’un
autre pays d’ailleurs ! Ca se ressent ! Eh oui, au début, on a choisi une saga, et on a fait près
de dix albums ou EPs, mais ça parle plus ou moins de la même chose !
Luca : De manière fantaisiste ! Donc on utilise tout ce qu’on a créé pour en parler ! On parle
d’Ancelot, Elgard, Agalord...
Fabio : Mais on aurait pu parler de New York et Paris, mais…
Luca : C’était une métaphore en réalité. Ce n’est pas vraiment pour la guerre, on déteste la
guerre ! Moi je déteste ça personnellement, je suis plutôt le mec “peace and love”. (rires)
Donc quand tu parles de guerre et des trucs comme ça, il te faut créer une ambiance pour
dire quelque chose d’important, donc "The Emerald Sword" a été créée à partir de Emerald
Tablet d’Hermes Trismegistus (Ndlr : La Table d’Emeraude, célèbre texte de la littérature
alchimique), donc ce n’est pas un nom inventé comme ça. Il y avait une connexion
spirituelle, donc je pense qu’en jouant cette musique, des gens on dû le prendre sans vrai
sens sérieux, et ils ont juste apprécié, c’est parfait ! Mais il y a également des gens qui
veulent en savoir plus, alors on leur a donné la possibilité d’explorer un autre monde
connecté à la saga entière, et je pense que c’est très intéressant.
Donc depuis le début vous vouliez créer une saga entière ?
Luca : Oui bien sûr ! Ca a démarré de façon très ponctuelle, et il y a eu d’autres essais
avant même que Fabio ne chante le premier titre, donc quelques jours avant non, mais
même sur notre première démo, on avait des titres sur des univers fictifs, inspirés de livres
et films… alors on a décidé de créer le premier chapitre de notre saga ! Mais au moment où
le premier chapitre est sorti, il y avait déjà la suite ! La toute première saga était supposée
durer quatre albums. Donc on ne s’est pas vraiment posé de questions, on a travaillé, et
simplement changé quelques points ou sujets, etc… et ensuite on ne voulait plus forcément
parler de fantasy, mais c’était également le moment où le grand Christopher Lee était en
pleine ascension ! Je parle bien sûr du moment où Le Seigneur Des Anneaux passait au
cinéma. Nous avons adoré ce film, il était vraiment génial ! Ils ont évoqué des choses de
manière très sérieuse, ça ressemblait un peu à notre univers! Les images correspondaient
d’une certaine manière ! Et grâce à Christopher Lee, ça a été possible pour nous
également. Il a eu un impact sérieux sur la saga entière. C’est pour ça que la deuxième
partie de la saga est plus cinématique, plus sérieuse… pas que ça ne l’était pas avant, mais
ça a été représenté de manière plus sérieuse. C’est différent à présent. Comme sur "The
Frozen Tears Of Angels", il y avait des symphonies… d’une certaine façon, on a vraiment
passé un bon moment à faire cette deuxième partie de la saga. Mais au moment où on a
commencé le cinquième chapitre, on savait que la saga s’arrêterait après le dixième album,
ce qui correspond dans notre cas à huit albums et deux EPs. Donc après deux albums
supplémentaires, la saga prendrait fin. L’histoire était déjà écrite bien sûr ! Nous n’inventions
pas les choses album après album. Je me souviens que c’était difficile, parce que c’était
comme être à l’école ! A chaque fois que l’on créait un nouveau chapitre, il fallait avoir
l’histoire bien en tête, comme quand on étudie pour ne pas contredire le chapitre précédent,
étudier pour créer… c’était comme un véritable monde ! Comme le monde de Tolkien !
Imagine tout cet univers que Tolkien a créé pour Le Seigneur Des Anneaux… la géographie,
les aspects sociaux des villes, la population qui vit dans les terres de cette histoire… c’est
fou !
Mais votre saga est extraordinaire également !
Luca : Merci ! On pourrait presque en écrire un livre (rires) !
Faites le !
(Tout le monde rit)
Luca : Haha non ! Le temps qu’il nous reste à vivre se réduit de manière assez dramatique
tout seul, c’est impossible de mener à bien tous ces nouveaux projets. (rires)
Vous avez déjà été annoncés dans certains festivals, mais est-ce que vous avez également
pensé à une tournée ensemble ?
Fabio : Oui, nous avons déjà des plans. A la fin de l’année, après les festivals, on va faire
quelques concerts. Peut-être dix. Pas en Europe, peut-être en Asie. Mais ensuite, pour le
début de la nouvelle année, nous allons faire une sorte de tournée européenne, et on sera
bien évidemment de passage à Paris !
J’aime entendre ça !
Fabio : (rires) Et ensuite, une tournée américaine, d’autres festivals et… en gros on sera
bien occupés sur le début de l’année prochaine.
Quel est la preuve de dévouement la plus folle qu’un fan ait fait preuve envers vous ?
Luca : C’est une question pour Fabio, c’est lui le chanteur, c’est lui qui a toute l’attention
(rires) !
Fabio : Une preuve de dévouement ? Oh mon dieu… on en a eu tellement… concernant
Rhapsody ?
Oui.
Fabio : Eh bien…
Luca : Peut-être pas tant que ça finalement (rires) !
Fabio : Non, ça dépend ! Tu veux parler de quelque chose d’écrit ?
Ca peut être un écrit, un cadeau, des tatouages…
Fabio : Eh bien on a eu une gargouille…
Luca : Oh oui, une gargouille vraiment effrayante !
Fabio : Une épée, un gâteau avec mon visage et celui de Luca dessus ! Il y avait même
celui de Christopher Lee !
Luca : Sérieusement ? Christopher et moi ?
Fabio : Des peintures d’Agalord, des paysages…
Luca : C’est vrai, on a reçu énormément de peintures des fans en Amérique du Sud par
exemple. On revient toujours chez nous avec des milliers de dessins, peintures, livres…
(rires) ! Ils ont beaucoup de techniques différentes, parfois il y en a qui viennent même
d’enfants de cinq ans ! C’était vraiment sympa.
Fabio : Donc oui, vraiment beaucoup de choses en réalité.
Une question difficile pour toi Luca, est-ce que tu préfères un riff de guitare lead épique ou
une rythmique lourde ?
Luca : Je n’ai jamais été très bon guitariste rythmique, parce que je n’en joue jamais ! Je
joue seulement les leads (rires). J’ai été inspiré par des gens comme Jason Becker,
Cacophony et Marty Friedman, et j’ai décidé de me spécialiser dans ce style. Donc par
exemple dans notre groupe je compose les parties lead pour Dominique (Dominique
Leurquin, ex-guitariste de Rhapsody et guitariste pour leur nouveau projet), et il compose
une rythmique sur mes leads. Dominique est plus axé sur ces motifs épiques, et c’est ce
que j’aime entendre de sa part, il n’est pas capable de jouer du sweep et d’autres petites
choses, donc on se compense mutuellement. C’est comme cela que ça fonctionne dans
notre groupe. Les rythmiques que j’ai composées sur tous les albums de Rhapsody ont
toujours été jouées par quelqu’un d’autre, si tu lis les livrets, il y a les crédits. Donc, que dire
de plus (rires) ? Mais j’adore créer les parties rythmiques ! Parce qu’on aime tous ces
sonorités modernes, très rythmiques, très impactantes. C’est important d’avoir une
rythmique puissante. Par exemple dans cet album, il y a une grosse place pour la guitare
rythmique, grâce à Simone également ! Parce qu’il a fait des miracles, et que pour la toute
première fois nous avions des guitares accordées bas. La toute première fois ! Mais on
entend la différence, et c’est ce dont on a besoin maintenant.
Quel est votre meilleur souvenir de tournée ?
Fabio : Waow, vingt années de souvenirs (rires). Ca pourrait bien être… le dernier concert
qu’on a donné à Santiago du Chili.
Luca : Oh oui…
Fabio : Un stade de 4000 personnes… Les gens chantaient toutes les chansons…
Luca : C’était inattendu ! J’étais vraiment surpris !
Fabio : Il y a aussi la première fois où nous avons joué au Canada, ce qui était vraiment
super !
Luca : Oui, c’était absolument génial…
Fabio : Et notre première fois au Japon !
Luca : J’aime énormément le Japon !
Je pense qu’ils vous adorent aussi !
Luca : Bien sûr ! C’est un monde totalement différent, des gens géniaux…
Et votre pire souvenir ?
Luca : Quand on rencontre des problèmes sur scène. Des choses qui ne fonctionnent pas,
des samples qui s’arrêtent en plein milieu d’un de nos morceaux… je déteste ce genre de
problèmes techniques… ça me rend toujours nerveux avant un concert important (rires) !
Fabio : La première fois qu’on a été au Chili… ou en Colombie pour la première fois aussi…
il n’y avait rien entre nous et la foule.
Luca : Les gens étaient très violents, très agressifs, ils voulaient qu’on joue plus
longtemps…
Fabio : A la fin de la dernière note, il n’y avait rien entre nous…
Il n’y avait pas de crash barrières ?
Fabio : C’est ça, trois mille personnes qui se ruent vers nous !
Luca : Je me souviens de notre bassiste à l’époque, Alessandro Lotta, il a paniqué, des
fans voulaient lui serrer la main (rires) ! Donc ouais c’était un peu bizarre… Ce sont des
gens gentils mais là…
Fabio : Quand tu as cinq cent personnes sur toi uniquement (rires), c’est effrayant !
Une autre question peut-être un peu difficile pour vous deux, quel est le premier titre de
metal que vous ayez écouté ?
Luca : Pourquoi une question difficile ? Est-ce que c’est parce que tu nous prends pour
deux vieux séniles (rires) ? Et on ne pourrait pas s’en rappeler (rires) ?
Fabio : Non, il a raison, c’est compliqué comme question ! Parce que ça implique dans un
premier temps de comprendre le terme “metal”. Parce qu’à l’époque, "The Final Countdown"
d’Europe, c’était du metal !
Luca : Oh, donc ça dépend de ce que tu définis comme du metal. Du coup, "The Final
Countdown", c’est du metal pour toi ?
Oui, ça peut très bien être ça !
Luca : Alors pour moi c’était "The Final Countdown" à Sanremo !
Fabio : Eh bien si tu prends ce morceau en compte, c’était celui là pour moi aussi.
Luca : Sérieusement ? Je n’avais jamais réalisé qu’on avait commencé avec le même
morceau !
Fabio : Parce que tu vois, ils jouaient dans un prestigieux festival de pop en Italie. Est-ce
que tu connais Sanremo ?
Je connais la ville oui.
Fabio : D’accord ! Donc on les y a vus… et c’était la première fois qu’on entendait ça à la
télévision. Et on avait…
Luca : Je ne sais plus, 14 ans ? 15 ans ?
Fabio : Oui, 16 ans ou quelque chose comme ça. C’était la toute première fois pour nous.
Luca : Et à ce moment-là, je peux te le dire parce que tout le monde aime cette histoire,
quand j’ai entendu pour la première fois le solo, au milieu du morceau… cette fois-là j’ai dit
“Oh, c’est un paquet de notes bizarres qui viennent de cet instrument, ça casse le morceau
en deux parties !” (rires) Donc j’ai aimé le morceau pour le solo je me disais "C’est quoi ce
truc ?” (rires) ! Je peux comprendre que les gens pensent que le metal est étrange parce que je
ne l’aime pas (rires) !
Et du coup, c’est pour ça que vous avez choisi de jouer du metal en tant que professionnels
?
Luca : Non, pas du tout ! En réalité, "The Final Countdown" était juste… un pont ! Et ensuite
j’ai tout de suite enchaîné avec Helloween, parce que j’étais plus orienté Pet Shop Boys et
Duran Duran dans ma chambre, Spandau Ballet aussi ! Donc c’était le point de passage
vers le metal mélodique comme Helloween. Je me souviens qu’Alex Staropoli et Fabio, ils
ne juraient que par des groupes comme Whitesnake ! Je ne connais pas un seul morceau
de ce groupe ! Ozzy Osbourne aussi… à part "Crazy Train"… Et Kiss ! Trois ou quatre titres,
peut-être Still… euh non, "I Was Made For Loving You", pardon (rires) ! Mais en réalité c’est
génial puisqu’on fait cette musique ensemble, et on aime réellement ça, mais on vient
d’univers totalement différents ! Pour moi, c’est plus européen, et eux sont plus axés sur les
groupes américains. C’est très intéressant !
Et maintenant peut-être la question la plus difficile…
Luca : Haha, toujours de plus en plus difficile (rires) !
Imaginez que vous êtes tour managers, et vous pouvez choisir trois groupes avec qui
tourner, qui choisiriez-vous ?
Luca : Oh mon dieu… donc ça peut être des groupes que l’on aime ! Dans le metal ou en
général ?
Tous les styles !
Fabio : La tournée la plus intéressante ce serait peut-être avec… U2 ! Ce serait très
intéressant d’ouvrir pour eux.
Luca : Tu préfères qu’on réponde par intérêt ou des groupes qui nous tiennent à coeur ?
C’est vous qui choisissez !
Luca : Alors oui, c’est une question difficile (rires) ! Il y a tellement de possibilités ! De gros
groupes comme U2, on aime Muse… mais peut-être que ça ne correspondrait pas. On
adorerait aussi ouvrir pour Dream Theater, en ce moment j’aime…
Fabio : Ouais, ça pourrait aussi être… Queen… ou…
Luca : Bien sûr, Abba également ! Ce serait génial ! En fait, c’est une question plutôt simple
(rires) !
Fabio : Ce serait vraiment intéressant ! Même si aujourd’hui, Queen n’est plus le Queen
qu’ils étaient auparavant… mais oui, ça ressemblerait à quelque chose comme ça ! Et
soyons fous… peut-être Rammstein ?
Luca : Oh oui, Rammstein c’est incroyable ! L’affiche ne se marie pas très bien, mais…
ouais, on le fait (rires) !
Oh ne t’en fais pas, j’ai vu par le passé un groupe de death metal ouvrir pour Iron Maiden…
Luca : (rires) Pourquoi pas après tout !
Dernière question : quel est votre dernier coup de coeur musical ? Ou un groupe que vous
nous recommanderiez d’écouter ?
Luca : Pour moi, Adele et Muse ! Oh même Imagine Dragons, même si ce n’est pas un
groupe qui parle d’univers fantastique. Leur dernière production est incroyable !
Je ne les ai jamais écoutés.
Luca : Il faut absolument que tu écoutes la production. Les guitares ont des accords lourds,
mais dans une tonalité moderne, alors… C’est comme si Muse et la musique classique
étaient mixés ensemble ! C’est même plus metal que certains groupes (rires) ! Et Adele pour
la voix. Ce sont mes trois amours du moment. Et toi Fabio ?
Fabio : Je ne sais pas vraiment… je ne me souviens pas avoir découvert quelque chose
récemment… Peut-être le nouveau Myrath et… ça fait deux ans que j’écoute Seal… sa voix
est incroyable. En effet, je n’écoute que peu de choses récentes. Rammstein ! J’ai été
impressionné par "Deutschland" et j’aime ce morceau.
Il est plutôt bien !
Luca : Je suis d’accord, et le clip est fantastique !
Pour moi ce n’est pas qu’un simple clip, c’est presque un petit film !
Luca : Oui, il est vraiment fantastique ! Combien est-ce qu’ils ont payé pour quelque chose
comme ça, c’est… incroyable ! C’est compliqué de répondre à ta question, parce que pour
moi un “coup de coeur” c’est quelque chose de nouveau qui t’a vraiment marqué ! C’est
difficile ! Il y a des choses que tu aimes depuis longtemps, tu achètes les albums, mais
trouver quelque chose de vraiment nouveau…
Fabio : En réalité, je pense qu’il n’y a pas tant de nouveaux groupes que ça qui sortent
quelque chose de vraiment énorme. Ce que je veux dire, c’est que j’ai vraiment été
impressionné par Rammstein, mais on les connaît déjà ! Je n’ai pas acheté l’album… enfin
pas encore (rires) !
Je vous laisse le mot de la fin !
Luca : De quoi est-ce qu’on a pas encore parlé… ah oui ! Peut-être quelques mots pour
convaincre les gens de venir à nos prochains concerts ?
Fabio : Oui, en Janvier nous allons jouer en Europe alors… disons qu’en mi-Janvier, on sera
à Paris !
Luca : C’est l’une de nos villes préférées…
Fabio : On va essayer de faire le meilleur show possible pour nos fans ! Et nous allons jouer
de nouveaux morceaux bien sûr, mais aussi des anciens parce que…
Parce que tout le monde s’y attend ?
Fabio : Aussi parce qu’on en a besoin, cet album ne dure qu’une heure, donc on ne peut
pas assurer un concert de deux heures avec cet album uniquement (rires) !
Luca : Il y aura d’anciens morceaux qui ne collent pas à notre nouveau style mais… il y en a
plein qui pourraient y adhérer !
Merci à vous pour votre temps !
Fabio & Luca : Merci à toi d’être venu !
Le site officiel :
www.tlrhapsody.com
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