Interview faite par Byclown à Paris.

Bonjour, nous sommes ici aujourd’hui pour parler de la sortie de votre nouvel album “Universe”. Il s’agit de votre première interview, donc merci de vous présenter et de me parler en quelques phrases de l’histoire de votre groupe.
Ozo (basse / chant) : Salut je suis Ozo, je chante et je joue de la basse dans TRUCKFIGHTERS.
Dango (guitare) : Je suis Dango et je joue de la guitare dans ce même groupe.
Ozo : Ce groupe a commencé comme un projet juste pour le fun, ce qui explique en partie nos surnoms issus de la culture mexicaine. Nous voulions jouer une sorte de stoner speed et bien énervé, juste pour nous amuser mais les choses sont devenues un peu plus sérieuses puisque on est là aujourd’hui.

Comment expliquez-vous tous vos changements de line-up ?
Ozo : Le fait est que Dango et moi-même avons créé le groupe sous la forme d’un power trio dans lequel, il est vrai, nous avons eu beaucoup de changements de batteur, trop d’ailleurs pour que je me souvienne du nombre exacte. Pendant un moment nous avons évolué à deux guitaristes mais, lorsque Fredo a quitté le groupe en 2008, nous n’avons pas réussi à trouver un guitariste suffisamment bon pour le remplacer donc nous sommes revenus à la forme du power trio.

Est-ce plus facile ou plus de composer uniquement à trois comparé à une formation à deux guitaristes ?
Ozo : C’est bien plus facile ! Moins de musiciens implique moins de conflits.

Comment décririez-vous votre musique ?
Dango : C’est lourd, rapide, avec des mélodies. En gros c’est une sorte de rock survitaminé.

Dites m’en plus sur vos goûts musicaux.
Dango : J’écoute vraiment pas mal de choses différents comme du rock évidemment mais aussi de la funk ou du hip hop, c’est vraiment très varié.
Ozo : Pour parler de la sphère metal, je dois avouer que mon groupe préféré est Opeth. J’adore vraiment tout ce qu’ils font. Pour le reste j’écoute vraiment de tout, que ce soit de la musique entraînante ou douce, tout dépend l'humeur dans laquelle je suis. En revanche je ne suis pas branché du tout musique électronique…

Et pas Justin Bieber non plus…
Ozo : (rires) Non pas vraiment en effet. En fait, qu’importe le style du moment qu’il s’agisse de groupes, avec des vrais musiciens dedans. Egalement j essaye de rester le plus loin possible de la musique suédoise que l’on passe en boîte de nuit.

Pensez vous que vos goûts aient évolué depuis que vous jouez dans ce groupe ?
Ozo : Oui bien sûr. Depuis ces 10 dernières années, mes influences musicales n’ont eu de cesse de grandir, notamment grâce au fait qu’au contact des autres groupes qu’on a pu rencontrer lors de nos tournées on a beaucoup appris.

Y a-t-il des groupes qui vous ont particulièrement influencés ?
Ozo : Non, pas vraiment. A force d’écouter les autres groupes, on est tenté de se dire entre nous "Hey tu as vu ce riff ? Tu as vu le type de son ? Essayons de faire pareil !". On fonctionne totalement à l’opposé de ça. On va au studio de répétition, on branche les instruments et on voit ce qui se passe, en tentant au maximum de laisser derrière nous tout ce que l'on connaît pour parvenir à quelque chose de relativement unique et personnel.

Certaines personnes vous comparent à Kyuss, êtes-vous d’accord avec ça ?
Ozo : Non pas du tout, du moins pas concernant la musique que l’on joue maintenant. Cette comparaison était éventuellement possible au début de note carrière. Je pense que nous sommes plus comme une version plus rapide et agressive de Tool, enfin, c’est ce que je pense… Peut-être…



Parlons à présent de votre nouvel opus. Combien de temps avez-vous mis pour le composer ?
Dango: Trois ans (rires).
Ozo : Ca a pris si longtemps car depuis la sortie du dernier album, on n’a pas arrêté de tourner et on a changé plusieurs fois de batteur. Cela veut dire qu’a cause des tournées on n’a pas forcement eu beaucoup de temps pour écrire et que, en plus, avec les changements de batteur, on a dû changer certains morceaux plusieurs fois. Certaines chansons ont été finalisées il y a deux ans, mais pas mal de pièces maîtresses, certains arrangements aussi, ont été faits il y a peu. Même si nous voulions absolument refaire un album, nous ne voulions pas le faire dans l’urgence et bâcler le résultat. Nous voulions quelque chose de plus mature.

Comment avez-vous l’habitude de travailler dans le groupe pour composer vos chansons ?
Ozo : Avant on composait exclusivement en jammant, c’était la seule chose qui nous amenait de l’inspiration mais à présent, on travaille en studio de manière posée. Parfois, lorsqu’on fait les balances on trouve des trucs sympa qu’on retravaille en studio.

Quelles sont vos sources d’inspirations pour écrire ?
Dango : Dans mon cas, je n’en ai aucune idée car fait un bail que je n’ai pas écrit (rires) mais je dirais que de partir en tournée, et de voir de nouvelles, d'expérimenter de nouvelles choses, donne envie d'écrire.
Ozo : Pour ma part, tous les ans je vais à la montagne, faire du ski de fond et m’isoler dans une petite cabane du reste du monde. Pendant deux semaines je ne vois que 5 ou 6 personnes et c’est bien assez. Etre au milieu de la nature me permet de me ressourcer, de respirer de l’air frais avant le retour à la civilisation. C’est une grande source d’inspiration pour moi que d’être au calme complet dans la nature.

Il me semble que les Français de Gojira, que vous connaissez surement, ont l’habitude eux aussi de partir dans la forêt pour se ressourcer et composer ! De là à dire qu’ils pourraient être un peu scandinaves…
Ozo : Cool ! Ils ont bien raison ! Qu’ils viennent chez nous, ça ne va pas du tout nous déranger !!

Quels sont les différents themes que vous abordez dans cet album ?
Ozo : J’aime à parler des choses que j’estime importantes et qui sont en fait des choses que je trouve étranges. Il y a tant d’endroits dans le monde, tant de choses différentes, chacun a sa manière de vivre. On se prend la tête pour des petites choses, d’où qu’on vienne et des fois pour des choses plus grosses, et c’est de ça dont je parle. Je fonctionne avec les hauts et les bas, je n’ai pas un thème récurrent, un fil rouge tout au long de l’album.

Vouliez-vous consciemment faire sonner ce nouvel album différemment des précédents ?
Ozo : Oui clairement, à chaque album on essaye de ne pas reproduire ce qui a été fait avant. Pour ça on ne s’impose vraiment aucune limite. On a enregistré les batteries à différentes périodes, différents endroits. On ne s’est pas dit "Tiens, on va mettre le micro comme ça, on va s'accorder comme ça, on va faire ci comme ça…". On adore se secouer la tête tout le temps alors si on a mis le micro à gauche et en haut au lieu de le mettre en bas et à droite, on s'en fiche du moment que le rendu est cool ! Je ne veux pas avoir l’impression de dérouler un menu. C’est d’un triste !!! A chaque album, on essaye de se lâcher encore plus niveau options et créativité.

Lorsqu’on change de batteur, le groove est différent donc vous qui avez souvent changé de batteur, cela n’a-t-il pas été trop difficile de faire à chaque fois avec un nouveau groove sur les mêmes titres ?
Ozo : Oh non, tu sais nous, on s’en tape du batteur ! (rire général) De toute façon, on est obligés de prendre un bon batteur, avec un touché particulier et un groove prononcé. On ne pourrait pas avoir un batteur qui joue en 4/2 tout le temps, comme les vieux groupes de rock.

Pour rebondir sur ce que vous dites, Mustasch a changé de batteur pour le dernier album et, ayant un jeu totalement différent de l’ancien batteur, cela a totalement changé leur manière de composer.
Ozo : C’est drôle que tu parles de ça car nous avons justement joué avec l’ancien batteur de Mustasch il y a peu près 1 an et demi et justement il a ce gros problème d’avoir un jeu simpliste, et ça ne l’a pas fait du tout avec nous.

Un jeu à la AC /DC…
Ozo : Oui exactement, mais dans le cas de AC/DC, ça colle super bien !
Dango : Je crois que c’est le seul gars à pouvoir jouer comme ça et à être crédible dans ce qu’il fait.

Du coup, combien de temps avez-vous mis pour enregistrer cet opus ?
Dango : 500 ou 5000 heures, je ne sais pas, peu importe.
Ozo : Longtemps ça c’est sûr. On a fait des morceaux jusqu’au bout, tout ça pour s’apercevoir que ça ne collait pas alors on en a balancé pas mal et on a recommencé. Je dirais qu’à partir du moment où on a eu toutes les chansons et qu’on est rentrés en studio, ça a pris 6 semaines jusqu’au mastering final .On a mis très longtemps à faire cet album, ce n’était pas voulu mais je pense que c’est aussi pour ça qu’il sonne différemment des autres, même si pour le prochain on va essayer d’aller un peu plus vite.



Dites m’en plus sur la pochette de l’album et sur la personne qui en est l’auteur ?
Ozo : Le gars qui a fait ça s’appelle Jorke, il est de Stockholm en Suède. On est allés le voir en lui demandant un truc un peu mystique et on lui a laissé carte blanche.

Que pensez-vous du fait que cette imagerie de pyramide et d’yeux, se rapprochant de celle des Illuminatis, soit utilisée par énormément de monde dans la musique ? (Architects, As They burn, Bukowsky, Alpha Tiger, Rihanna, Lady Gaga...)
Ozo : Ah ? Je n’en savais rien, tu viens de m’apprendre un truc là ! Après, honnêtement, quoi que tu fasses, tu copies toujours quelqu’un d’autre, je pense qu’au-delà du dessin qui peut faire penser à un autre groupe, c’est l’intention qui compte, chacun est libre de réinventer l’interprétation de ce dessin.

Parlons un peu de la meilleure partie du job, parlons de la tournée ! Que pouvez-vous me dire là-dessus ? Jouerez-vous en France ?
Ozo : Oui, on va jouer en France le 28 Février au Divan du Monde. On préfère les tournées de 3 semaines, c’est notre format, quitte à revenir à la maison se ressourcer un peu et repartir 3 semaines après. Une fois, on a fait 6 semaines d’un coup, c’était trop ! On était totalement à côté de la plaque, on ne savait plus où on jouait, on ne prenait plus de plaisir, c’était devenu machinal.

Vous avez joué l’année dernière au Hellfest. Quel est votre sentiment à propos de cette première fois ?
Dango : C’était vraiment bien pour une première fois, on ne s’attendait pas du tout à ça, d’autant plus qu’on jouait le dimanche, dernier jour du festival, et qu’on jouait tôt le matin. Il y avait vraiment beaucoup de monde pour l’heure qu’il était, on a été tres surpris !
Ozo : On s’attendait à ne voir qu’une seule rangée de fans hardcore du groupe, cramponnés à la barrière en hurlant mais en réalité il y avait vraiment du monde.

Quelle est votre vidéo musicale préférée ?
Dango : "I Was Made For Loving You" de Kiss... (rires) Non je rigole !
Ozo : "Thriller", de Mickael Jackson, la version de 14 minutes. A l’époque ça a été un vrai blast sur tous les plans.

En même temps, quand on prend John Landis comme réalisateur on ne peut pas trop se tromper… L’argent fait des miracles.
Ozo : Qui ça ? Je ne connais pas…

Le réalisateur du "Loup-garou de Londres", sorti en 81.
Ozo : Ah ok, je ne savais pas que c’était lui qui avait réalisé ce film, c’est bon à savoir, je le re-regarderai pour la peine !

Racontez-moi votre meilleur spinal tap.
Dango : Déjà, tous nos changements de batteur c’est du spinal tap !
Ozo : D’une certaine manière, ils ont disparu, comme dans le film, mais, fort heureusement, dans des circonstances moins dramatiques.
Dango : Hier aussi c’était pas mal. On était dans un bar pour une release party de notre album et à la fin du concert on a parlé avec un pote et on lui a proposé de venir en Suède à la fin de semaine. Il était bourré donc il a accepté et il a réservé son billet, tout de suite, devant nous, sans prendre de temps de réflexion. Regarder les gens ivres faire n’importe quoi, ça me fera toujours rire.

Pour qui aimeriez-vous faire la première partie ?
Dango et Ozo : Foo Fighters !

Avez-vous une dernière chose à ajouter pour terminer cette interview ?
Ozo : On espère voir plein de Français marrants à la buvette après notre show à Paris !


Le site officiel : www.truckfighters.com