Interview faite par mail par Matthieu

Tout d’abord, merci pour votre temps. Pouvez-vous vous présentez ainsi que le groupe s’il vous plaît ?
Bonjour, nous sommes Pepijn de Raeymaecker, batteur / percussionniste, et Peter Theuwen, guitariste / chanteur de THURISAZ

Thurisaz est sur le point de sortir "Re-Incentive", votre cinquième album. Ça vous a pris cinq ans de le créer, comment vous sentez-vous par rapport à ceci ?
Pepijn : Il est bien évident que c’est une longue période entre deux albums, mais on prend toujours le temps dont on a besoin pour en créer un nouveau. Et aussi, on tombe toujours dans une phase dormante après avoir enregistré un album et effectué des tournées. En 2018, on a eu un revers majeur quand notre bassiste a décidé de quitter le groupe juste avant notre concert pour le MetalDays, donc c’était dur de faire face à ça. En ce qui concerne la vie personnelle, certain d’entre nous ont connu des temps difficile l’an dernier. Dépression, burn-outs, pertes familiales ou dans nos cercles d’amis… Tout ça a fait que ça a été dur de se concentrer sur l’écriture des chansons, mais à la fin, ça nous a donné de l’inspiration et nous a conduit à créer quelque chose avec beaucoup plus de sentiments et de profondeur par rapport à tout ce qu’on a pu faire auparavant.

Quel a été le mot d’ordre lorsque vos avez commencé la composition de l’album ? Le processus de composition a-t-il été différent des précédents albums ?
Peter : On a commencé à sentir qu’enregistrer et créer des nouvelles chansons ensemble était devenu trop difficile. On avait beaucoup trop de disputes sur la direction à donner à nos chansons, ce qui a mené à plusieurs impasses et frustrations. On a décidé que les guitaristes et le claviériste seraient les premiers à travailler seuls sur leurs chansons à la maison et qu’ils les partageraient avec le reste du groupe une fois seulement lorsque la base de la chanson serait prête à 80%. C’est alors que tous les musiciens auraient la chance d’ajouter leur propre partie ainsi que les chants à la maison, tout en suivant la base de la musique qui aurait été faite auparavant.
Pepijn : Ça avait deux avantages, nous n’avions plus de grosses disputes, mais encore plus important, tout le monde était libre d’apporter ce qu'il voulait. Et cette liberté a conduit à de bien meilleur résultats que si l’on avait créé cette chanson ensemble. Surtout les paroles étaient bien plus raffinées que ce dont nous avions l’habitude de faire.

Pouvez vous nous racontez l’histoire de "Re-Incentive" ?
Peter : "Re-Incentive" parle de retrouver l’inspiration ou la motivation après un revers. Nous avons tous eu nos moments négatifs dans la vie et c’est bien mieux de ne pas s’attarder sur ces situations trop longtemps. Cela dit, ça n’est pas toujours facile dans certains cas. Certains démons restent en nous, même après plusieurs années. Mais ça ne veut pas dire que l’on ne peut avancer avec dans nos vies. Parfois on a besoin d’un petit coup de pouce, pour se redresser à nouveau et faire face à la vie comme elle est. Voilà ce dont parle l’album.

Le groupe a toujours aimé mélanger ses influences, mais cette fois je sens comme si vous aviez atteint un point culminant, dans le fait de mélanger, créer et écrire. Pensez vous que le groupe s’est amélioré avec cet album ?
Peter : Nous sentons qu’avec cet album, nous avons atteint un point culminant vers lequel nous évoluons depuis plus de vingt ans. Nous avons toujours fait notre truc et nous n'avons jamais fait de compromis sur quoi que ce soit. Cela rend notre musique aussi diversifiée qu'elle l'est. Mais ça sonne, et précisément sur cet album, comme quelque chose de naturel.
Pepijn : Pendant des années, on a de plus en plus évolué dans notre propre style, qui n’a en fait pas vraiment de limite, mais toujours avec cette petite touche THURISAZ . C’est ce qu’on fait et c’est aussi ce qui fait ce que nous sommes. En réalité, je suis fier qu’on ait jamais eu à faire de compromis, c’est la raison pour laquelle nous aimons gérer nous-mêmes tout le processus.



Et par rapport à votre personnalité en tant que musiciens ?
Pepijn : Nous sommes là depuis un certain temps maintenant et on a énormément évolué autant au niveau technique qu’en écriture. Nous sommes très conscients de nos capacités et de nos défauts, donc lorsqu’on écrit, on essaye vraiment d’exploiter les meilleurs points de tout ça. On n’est pas le groupe le plus black ou bien le plus technique, mais pour nous ce n’est pas une priorité. Si une chanson est bien, elle sera dans l’album.

A part le bassiste, le line-up du groupe est toujours le même depuis le début. Est-ce dur de garder cet esprit de cohésion pendant plus de 20 ans? Je dis “plus de 20 ans” car vous avez joué dans Modilium ensemble également.
Pepijn : Je peux dire qu’il y a des hauts et des bas comme dans tous les groupes, je suppose. Deux décennies ne peuvent pas se faire sans beaucoup de travail ainsi que de très bons moments passé ensemble. Le point fort de THURISAZ est que l’on peut se dire absolument tout en face. Ça ne ramène pas toujours de la joie dans le groupe mais finalement, cela fait de nous un groupe plus fort avec plus de cohésion.
Peter : Il est vrai que le poste de bassiste a été vacant à plusieurs reprises maintenant. Heureusement, Hannes est revenu en 2018 pour combler le vide encore une fois. C’est notre ami dans la vie, et est exceptionnel à la fois en tant que personne mais aussi en temps que musicien. Il apporte véritablement un nouveau niveau musical, donc nous sommes très heureux de l’avoir parmi nous.

J’ai personnellement ressenti beaucoup d’influences dans votre travail pour Enslaved, quels groupes pouvez vous citer pour vos principales influences ? Avez-vous d’autres influences que musicales ? Comme des livres, des films ou autre chose ?
Pepijn : Enslaved est vraiment un groupe qu'on aime. Mais on essaye pas vraiment d’en copier un ou un autre. Sans le savoir bien évidemment, on a des moments d’inspiration et d’idées dans le vie qui nous aide à créer des nouvelles chansons. Nous aimons beaucoup de groupe de genres différent, et tout ça va de Devin Townsend à Septicflesh, des Pink Floyd à Borknagar par exemple. Bien évidemment que ces influences viennent de quelque part, mais encore une fois nous n'essayons pas d'être exactement comme ces groupes.

La musique de Thurisaz est vraiment riche, d’où vous est venue l’idée de mélanger toutes ces influences par le passé ?
Pepijn : On n'a jamais vraiment encore pensé à ça pour le moment. Ça a grandi comme ça. Les antécédents musicaux et les préférences de chacun diffèrent beaucoup. En combinant ces différentes influences on a créé notre propre son.

Si vous deviez comparer votre groupe à un plat de votre pays, lequel choisiriez-vous ?
Peter : Il y a beaucoup de spécialités locales qui valent le coup d’être mangées en Belgique, mais pour certaines, vous aurez besoin de goûter puis de re-goûter avant d’avoir conscience de la véritable richesse du plat que vous êtes en train de manger. Je pense que parfois notre musique peut prendre quelques tournures, avant d’avoir entendu la totalité des détails que nous avons mis dedans. Mais au final, j’espère, vous apprendrez à l’apprécier. (sourire)

Comment votre parcours en tant que musicien a commencé ? Quand avez-vous écouté du metal pour la première fois et quelle musique était-ce ?
Pepijn : Le premier album de metal que j’ai écouté à été Pantera - "A Vulgar Display Of Power". Avant ça, j’écoutais du grunge et du rock : Nirvana, Rage Against The Machine… La principale chose que j’aimais c’était le son de la batterie et de la guitare dans les chansons. Après un moment, mes intérêts ont doucement évolué vers le metal. Bien évidemment Metallica, Sepultura… ces groupes bien connus. Et après ça je suis tombé amoureux de tous les genres dans cet univers jusqu’à aujourd’hui.

Je sais que le Covid-19 a foutu beaucoup de choses en l’air, mais comment avez-vous géré ça avec le groupe ? Et comment cela a-t-il affecté votre vie privée ?
Pepijn : On venait juste de finir le mixage et l’enregistrement de l’album lorsque la crise du Coronavirus nous a forcé à rester chez nous. On avait un album entier prêt à sortir et toutes les tournées ou les concerts ont dû être reportés ou annulés. On ne pouvait plus répéter. Le business musical se bat vraiment de nos jours et j’espère vraiment que cela ira mieux après. Le bon côté de la chose c’est que ça nous a permis d’avoir du temps pour préparer toute la promotion. Mais encore, on aimerait vendre directement, retourner sur scène que ça soit en festival ou en concert.



Malgré tout ça, avez-vous des plans que vous pouvez nous partager pour le futur ?
Peter : Notre concert de sortie d’album est prévu pour le 31 Octobre à Wervik en Belgique. Après ça, nous allons mettre en place autant de tournées et de concerts que l’on pourra. Mais malheureusement, il y a ces moments difficiles et beaucoup de bookers hésitent à re-programmer des concerts. En plus, on n'a beaucoup de retours positifs, donc je suis sûr que dès que le Covid nous permettra de jouer à nouveau, on fera beaucoup de concerts.

N’est-ce pas dur de devoir négocier entre le groupe, le temps avec votre famille ainsi que le travail ?
Pepijn : Comme on devient vieux, on a de plus en plus de responsabilités mais THURISAZ a toujours fait partie de nos vies, donc la balance se fait vraiment naturellement.

Qu’est ce que l’on peut attendre d’un live de Thurisaz ? Avez-vous un rituel spécial avant de monter sur scène ?
Peter : Les lives ont toujours été très importants pour nous. On essaye d’être plus qu’un groupe qui joue leurs chansons sur scène et on espère que le public aimera. Un concert de THURISAZ doit être une expérience dont vous vous souviendrez pour un long moment. On est là pour vous donner du spectacle et non juste jouer nos propres chansons !

Quel est votre meilleur et votre pire souvenir en concert ?
Pepijn : Une de mes concerts préférés personnellement était celui en Inde et au Graspop Metal Meeting en 2017. Les deux ont été exceptionnels pour moi et pour tout le groupe je suppose. Le pire moment était certainement le moment où l’on a roulé toute la journée dans Manchester, à la fin d’une tournée fatigante, juste pour découvrir que nous étions bookés par un imposteur. Il n’y a pas eu de concerts, uniquement des fans et des groupes déçus…

Dernière question pour moi, je vous laisse créer votre tournée de rêve, avec qui Thurisaz en ouverture et trois autres groupes !
Pepijn : Question difficile. Je ne parle que pour moi, mais une tournée avec Devin Townsend, Katatonia, Gojira et Opeth serait époustouflant.

Encore une fois merci pour votre temps, merci pour votre musique et les derniers mots sont à vous ! Salutations de France !
On espère tous vous voir à nos concerts prochainement !!! Merci pour votre soutien French Metal !!!


Le site officiel : www.thurisaz.be