Interview faite par mail par Murderworks

Salut les gars, je ne sais pas si la pandémie vous a inspirés ou motivés mais je trouve que "Antichrist Reborn" est encore plus furieux et brutal que "The Rise Of Heresy" et "The Absence Of Light". C'était volontaire ou c'est l'inspiration du moment qui a donné un album aussi teigneux ?
Jairo "Tormentor" Guedz (guitare) : Absolument! Certains disent même qu'on a gardé le meilleur pour le premier album, ce qui est un sacré compliment, et je suis d'accord. J'adore les EPs et c'était du matériel très important dans notre discographie, mais à cette époque, nous étions en pleine pandémie et nous ne pouvions pas faire les choses comme nous le voulions tu sais. Nous étions limités mais nous avons travaillé dur pour donner le meilleur de nous-mêmes, bien sûr. Mais sur "Antichrist Reborn", c'était la première fois que nous avions enfin la chance d'être ensemble en tant que groupe, sans tout faire via Internet. Donc, j'ai voyagé et je suis allé dans la ville de notre guitariste Marcelo Vasco, il a un home studio où nous avons travaillé encore un peu plus sur toutes les structures des chansons et ensuite enregistré toutes les pistes de guitares, c'est toujours la base principale de notre musique. La même chose s'est produite avec le chant, la basse et la batterie. Nous passions le plus de temps possible ensemble, quand ce n'était pas possible, nous travaillions en ligne en suivant toutes les étapes prévues, car nous savions exactement ce que nous voulions pour ce disque. C'est probablement la raison pour laquelle cet album a sa propre âme, également grâce au sorcier Peter Tägtgren, qui l'a merveilleusement mixé et au mastering réalisé par Jonas Kjellgren. Je crois que notre musique ne pourrait pas être entre de meilleures mains.

Prendre le nom de The Troops Of Doom montre clairement l'héritage de Sepultura et le fait que Jairo en a été membre mais c'était risqué, n'avez-vous pas eu peur que certains ne voient en vous qu'un tribute band sur un malentendu ?
Nous n'y pensions pas beaucoup et honnêtement, nous ne nous préoccupions pas non plus de ce que les gens penseraient ou diraient. Le fait est que ce nom est l'une de mes chansons célèbres, que j'ai aidé à composer lorsque je jouais dans Sepultura à l'époque. Ensuite, lorsque nous avons choisi le nom d'un groupe, nous avons pensé que THE TROOPS OF DOOM pourrait très bien convenir, précisément à cause de ce lien avec Sepultura. Cela fait partie de ma carrière musicale et de ma vie. Donc évidemment c'était intentionnel, surtout parce que l'idée du groupe est de sauver ce style death metal que nous avions l'habitude de faire dans le passé, dans les années 80. Et si les gens pensent qu'il s'agit d'un groupe hommage ou autre, ce serait dû à un manque d'informations supplémentaires et ce n'est pas important.

Qu'est-ce qui a déclenché chez vous cette envie de revenir à cette forme de death / thrash old school ces dernières années ?
C'est un projet que j'ai en tête depuis de longues années en fait, mais je n'ai jamais pu avancer comme je le souhaitais. Il y a quelques années, peut-être 4 ou 5 ans avant que THE TROOPS OF DOOM ne soit forgé, je parlais déjà à Marcelo Vasco et Alex Kafer d'un nouveau projet musical ensemble, mais nous traversions tous d'autres temps, plus occupés et avec d'autres groupes et tous ces murs que parfois la vie met devant nous. Quelques années plus tard, en 2019, nous avons eu un coup de pouce spécial quand Alex avec son autre groupe Enterro m'a invité à rejoindre son groupe dans un concert pour jouer une reprise de "Bestial Devastation". Je jouais au même festival avec mon ex-groupe The Mist, et les retours étaient incroyablement bons. Cela nous a vraiment fait réfléchir et sauver cette idée de projet approximative. Puis la pandémie est arrivée, nous sommes devenus un peu plus libres et grâce à la technologie d'aujourd'hui nous avons finalement pu avancer, sortir le projet du papier, même en vivant dans différentes villes du géant qu'est le Brésil.

La pochette a été réalisée par la personne qui avait fait celle de "Bestial Devastation" et on retrouve le même démon que celui qui se tenait derrière la cathédrale. On pouvait aussi voir son visage sur les EPs précédents du coup vous allez en faire votre mascotte à l'image d'un Eddie ?
Je le crois. Nous aimons ce diable et peut-être que nous continuerons à l'utiliser sur nos disques et notre merch d'une manière ou d'une autre. Rien d'obligatoire, bien sûr, mais oui c'est une idée constamment dans le tableau The Troops. Sergio a fait un travail incroyable en peignant la pochette et nous sommes extrêmement heureux de l'avoir à bord après toutes ces années. C'est fou de penser qu'il a pu ramener ce vieux sentiment organique sur une pochette d'album en 2022. Il est très talentueux et nous continuerons probablement à travailler avec lui à l'avenir.



 On trouve deux reprises sur les différentes versions de l'album, une de Sepultura et une de Celtic Frost et si on compte celles qui sont apparues sur les deux EP on voit que c'est un exercice que vous aimez. Faut-il s'attendre à en entendre d'autres à l'avenir ?
Absolument ! Nous devrions continuer à faire cela dans nos travaux futurs ouais. Pas seulement Sepultura, mais quelques autres groupes importants qui ont contribué à forger le death metal que nous faisons.

Qui a réalisé le clip de "Altar Of Delusion" ? On y sent un côté occulte, presque film d'horreur.
Cette vidéo a été produite et montée par Marcelo Vasco lui-même, notre guitariste. Et, oui, tu as bien compris. Nous aimons tous cette ambiance d'horreur occulte pour nos vidéos. Celui-ci a également été spécifiquement inspiré par le clip d'un autre groupe que nous aimons vraiment, Morbid Angel. L'esthétique et le concept ont été partiellement influencés par le clip vidéo "Rapture". Et je suis sûr que les gens le remarqueront.

Pendant ces longues périodes d'inactivité avez-vous tenté l'exercice du live en stream ? De nombreux groupes l'ont tenté pour ne pas rester totalement inactifs et tous ne l'ont pas forcément apprécié.
Nous étions invités tout le temps pendant la pandémie ouais, mais comme nous étions un groupe récent qui à cette époque n'avait pas encore joué en live nous avons décidé de décliner toutes les invitations. Nous voulions que notre première apparition puisse être un vrai concert. C'était primordial pour nous, et honnêtement nous n'aimons pas tellement ces streamings en direct. Cela ne correspond pas du tout à l'objectif de notre groupe. Nous aimons et voulons prendre la route. LA véritable expérience !

D'ailleurs est-ce que cette pandémie a entamé votre motivation à un moment ? Comment fait-on en tant que groupe pour ne pas déprimer et ne pas être tenté de laisser tomber ?
En quelque sorte, parce que je devenais anxieux parfois. J'étais fou de pouvoir prendre les routes et de faire des concerts et tout ce qui n'était pas possible à cause de la pandémie. Mais nous étions motivés pour pousser le groupe plus loin avec toute notre force, c'est ce que nous avons fait et c'est ce que nous faisons aujourd'hui. On peut dire que je suis vieux et expérimenté dans la vie (rires). J'essaie toujours de saisir le côté bon et positif de toutes choses. Parfois, nous sommes déprimés mais cela fait partie de la vie n'est-ce pas ? Cela nous rend plus forts en quelque sorte.



Qui a produit l'album ? Le son est puissant et clair mais on sent un grain old school sur les guitares qui fait plaisir à entendre et qui colle très bien à votre style.
Eh bien, l'album a été produit par nous-mêmes, donc je dirais THE TROOPS OF DOOM. Mais comme je l'ai déjà dit, Peter Tägtgren l'a mixé à l'infâme The Abyss Studio en Suède. C'est l'homme qui a fait la vraie magie qui a fait sonner cet album du feu de dieu. Tu entends bien, mec… Les guitares ont été enregistrées de manière très simple, à l'ancienne, Peter a fait une réamplification dans ce studio en utilisant des pédales et des amplis analogiques. Il n'y a que deux guitares rythmiques, gauche et droite, comme Slayer. Les guitares n'avaient aucun type de traitement moderne ou quelque chose comme ça. Donc, ce que vous entendez dans l'album est 100% réel, y compris les imperfections, ce qui rend tout encore plus spécial, à mon avis.

Maintenant que les restrictions commencent à être levées un peu partout avez-vous pu enregistrer l'album dans des conditions normales ?
A peu près normales (rires). Pas vraiment à cause des confinements. Nous vivons dans des villes différentes et comme tu le sais, le Brésil est un pays aussi grand qu'un continent, ce qui rend les difficultés encore plus grandes. Moi et mon batteur Alexandre vivons à Belo Horizonte, notre chanteur Alex vit à Rio et Marcelo vit dans l'extrême sud du Brésil, plus près de l'Argentine et de l'Uruguay que de Rio et Belo Horizonte, donc tu as une idée de la distance. Mais on est arrivé à se retrouver de temps en temps, ce qui était déjà vraiment cool, et ce qui donne le résultat que tu peux entendre dans "Antichrist Reborn".

Aura-t-on la chance de vous voir sur scène prochainement ? Vous avez des dates prévues en Europe ou en France ? Parce que "Antichrist Reborn" est taillé pour le live et devrait faire une belle boucherie !
Je l'espère ! Nous travaillons dur pour rendre cela possible dans un avenir pas si lointain. J'ai bien peur que cela ne se produise pas encore cette année, mais certainement en 2023. Jusqu'à présent, pour cette année, nous avons quelques concerts au hasard au Brésil, notamment avec les frères Cavalera sur leur tournée "Return To Roots" et aussi une tournée en Amérique Latine qui aura lieu en Novembre / Décembre mais c'est toujours en cours de négociation.

Merci d'avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions, si vous avez quelque chose à ajouter vous avez carte blanche !
Avec plaisir ! Merci pour votre intérêt et votre soutien envers THE TROOPS OF DOOM ! J'espère te voir en France l'année prochaine, mon ami. Les gens qui veulent nous soutenir, s'il vous plaît, suivez-nous sur nos réseaux sociaux, achetez du matériel The Troops et assistez à nos concerts. Nous apprécions vraiment cela ! Prenez soin de vous ! Cheers !


Le site officiel : www.thetroopsofdoom.com