Interview faite par Diana à Paris.

Bonjour ! C’est un plaisir de vous rencontrer ! Comment ça va aujourd’hui ?
Bruce Soord (chant / guitare) : Ca va très bien merci ! On s’est levé à 5 heures ce matin pour prendre l’Eurostar, puis on adore Paris il y a une chouette ambiance.

Nous allons parler de votre prochain album qui sortira en Août, une semaine plus tard en France pourquoi cette différence, le 12 partout et en France le 19 ?
Bruce : Une semaine plus tard, je n’ai aucune idée. C’est bizarre…
Steve Kitch (clavier) : Parfois ça sort plus tôt, mais pour les Etats-Unis, pas pour d’autres pays européens.

Si nous parlons du nouvel album, Bruce, tu dis qu’il a été fait "sans efforts particuliers", peux-tu nous expliquer un peu ?
Bruce : C’est notre onzième album, on a beaucoup plus d’expérience et les albums précédents en référence pour pouvoir comparer. Avant, Steve et moi nous avions des boulots à temps complet en dehors de la musique, on n’avait pas d’argent et on devait faire tout nous-mêmes. C’était très dur ! Nous n’arrivions pas forcement à faire totalement ce que nous voulions, ça pouvait nous énerver parce qu’on n’arrive pas à avoir un résultat aussi bon qu’on le souhaitait, même pour le mixage. C’était très dur, c’est une des raisons pour lesquelles l’album "Magnolia" a été très dur à faire, ça nous a pris beaucoup de temps. Pour celui-là, maintenant je suis musicien à temps complet, même si c’est dur d’en vivre je fais aussi du mixage et de la production, mais du coup ça nous donne beaucoup plus de temps pour travailler dessus. Moi j’étais beaucoup plus décontracté pour écrire et j’ai dit à Steve que je n’avais pas de réelles attentes pour ce nouvel album, je n’étais pas du tout inquiet, je m’en foutais. Du coup j’ai commencé à composer en étant très détendu. Puis nous avons appris de nos erreurs sur la façon de faire un album.
Steve : Tout le monde était dans la même optique donc ça s’est très bien passé.
Bruce : Même si nous ne savons pas réellement comment l’album est devenu ce qu’il est aujourd’hui. Je n’en ai aucune idée. Je n’ai pas donné de ligne directive, il a pris cette forme tout seul. Nous ne l’avons pas non plus enregistré d’une façon traditionnelle où tous les musiciens se retrouvent pour écrire et enregistrer, tout a été fait séparément. Steve a son propre studio, moi aussi et en plus je peux mixer, Gavin Harrison a enregistré la batterie dans son studio. Il nous envoyait ses enregistrements de batterie je n’avais plus qu’à les mixer. Donc tout le monde m’envoyait ses pistes et puis moi je mixais le tout et puis "Ahhh !", ça marchait ! C’était vraiment très chouette !
Steve : On a eu beaucoup de chance !
Bruce : Les astres étaient alignés ! (rires)



Cette façon de travailler était complètement nouvelle pour vous ? Tout enregistrer séparément et puis tout mixer après ?
Bruce : Au tout début, je faisais presque tout, tout seul, mais avec Steve on faisait le mixage. Mais pour les derniers albums on avait travaillé d’une façon plus traditionnelle avec tout le monde au studio, mais pour le mixage c’était quand même Steve et moi. Donc oui, c’était assez nouveau de travailler comme ça, et par chance chacun a son propre studio. Nous nous sommes aussi rendu compte que nous n’avions pas besoin d’argent pour aller enregistrer dans un studio et même si c’est très cool, c’est extrêmement cher et pendant que tu joues tu as la pression parce que ton temps est limité. "Ce riff nous coûte 50 livres, et je me suis foiré !" (rires) Alors que là nous n’avions aucune contrainte sur le temps, on ne devait pas faire les choses pour une date précise. C’était vraiment très sympa de travailler comme ça.
Steve : C’est la première fois qu’on travaillait comme ça et du coup on n’avait plus de stress.
Bruce : Quand j’écrivais une chanson, j’envoyais à Steve rien de plus pour qu’il puisse travailler en toute liberté dessus, et pareil pour Gavin. C’était cool de voir comment ça prenait forme petit à petit. Et puis pour un onzième album, il devait être comme ça. Ce n’est pas que l’on perd de l’énergie ou de la motivation avec le temps mais cet album devait être différent. On avait besoin de faire quelque chose de plus excitant.

Vous avez travaillé avec Gavin Harrison pour cet album, ça sera votre nouveau batteur ou c’est juste pour l’album ?
Bruce : J’aimerais bien, ça serait vraiment cool… mais nous ne savons pas réellement.
Steve : Pour l’instant c’est juste pour l’album, puis Gavin a son propre groupe. Si on pouvait choisir un batteur au monde on le choisirait lui mais il a un agenda très chargé, donc on ne sait pas encore. On aimerait bien qu’il soit notre batteur mais pour l’instant ce n’est pas le cas.

Vous devez attendre alors. (rires)
Bruce : Oui, c’est ça, on doit attendre. J’ai dit à Gavin : "Quand tu vendras 1 million de copies, je t'inviterais à rejoindre le groupe". (rires)

Vous avez aussi travaillé avec John Helliwell de Supertramp.
Bruce : Pour être honnête j’ai dit à Steve que nous n’avions pas besoin de clarinette sur l’album mais j’étais un fan de Supertramp quand j’étais jeune, alors c’était plutôt pour me faire plaisir. Alors j’étais super content qu’il vienne pour jouer sur notre album ! (rires) C’est un mec très sympa, il a vendu 60 millions d’albums avec Supertramp et conduit une Bentley, alors il n’avait pas besoin de le faire, mais je pense qu’il s’est vraiment amusé à le faire.

Et il y a aussi Geoffrey Richardson sur l’album.
Bruce : Il fait les parties de cordes sur l’album. Et lui on le connaît depuis quelque temps, le premier grand concert qu’on ait fait, c’était la première partie de son groupe Caravan, alors on trouve ça normal. Lui, il a enregistré ses parties depuis son studio à Canterbury donc c’était aussi facile de le faire.

Quand on écoute l’album il y a des chansons très différentes comme "Tear You Up" qui commence très doucement, et puis on a des riffs lourds et la batterie qui ajoute un son plus lourd, on change complètement d’atmosphère, c’est très différent du single "No Man’s Land" qui est une chanson très "douce", c’est assez surprenant quand on écoute l’album. Ça me fait penser un peu à un autre groupe, Opeth.
Bruce : Oh c’est vrai ! C’est rigolo parce que les gens me demandent régulièrement si le fait de faire du mixage et de produire d’autres groupes influence ma façon de faire de la musique et moi je disais non. Mais tu sais que j’ai refait le mixage de la réédition des albums d’Opeth, donc je connais tous les morceaux dans les moindres détails, tu finis même par savoir comment les chansons ont été écrites et probablement ça du m’influencer dans ma propre façon d’écrire les chansons. Mais pas consciemment, je ne vais pas me dire "Ah ! Je vais écrire comme Opeth !". (rires) C’est une comparaison sympa ! J’adore quand les chansons me surprennent et les changements de rythme permettent de faire ça, du moment que ça ne te fait pas peur et que ça ne te donne pas envie de fuir c’est très sympa ! (rires)

C’est bon je n’ai pas eu peur ni envie de fuir !
Bruce : Cool alors !

Dans l’album précédent "Magnolia", tu avais dit que les chansons étaient courtes parce que tu sentais que tu devais faire des chansons plus courtes. Ce n’est pas le cas sur cet album, elles font toutes aux alentours de 5 minutes et la dernier presque 10 minutes, c’était voulu ou non ?
Bruce : Ce n’était pas voulu c’était comme ça. Par contre sur la dernière chanson quand j’ai commencé à l’écrire je savais déjà qu’elle allait être longue, du coup ça change la façon de l’écrire, ce n’est pas pareil que quand tu écris une chanson plus courte, puis que ça commence très doucement et tu laisses venir la musique progressivement tu ne peux pas faire ça sur une chanson courte. Et dans un album ça me paraissait sympa d’avoir quelque chose dans ce style à la fin. Ce qui est sympa c’est que les chansons de l’album ont collé les unes avec les autres sans le faire consciemment, c’est arrivé comme ça.

Pour la composition des chansons, comment travaillez-vous ?
Bruce : Généralement j’ai une idée, puis je prends ma guitare pour commencer à écrire puis je commence à écrire des paroles, mais pas les vraies paroles, juste pour donner une idée du rythme du chant. Les paroles je les écris à la fin mais c’est toujours la partie la plus dure, ça prend pas mal de temps.

Pour parler de la pochette de l’album, encore une fois c’est très différent de l’album précédent. Sur "Magnolias", c’était plein de couleurs et très joyeux, alors que sur celui-là c’est monochrome et c’est le désert, il y a un sacré contraste.
Bruce : Oui c’est vrai. Le label nous a demandé de travailler avec Karl pour les photos de l’album. J’ai parlé avec lui de ce qu’évoquait pour moi l’album et c’est la photo qu’il m’a proposé. Et la photo de la mère avec son enfant regardant le désert était parfaite pour le concept de l’album.
Steve : On essaye de faire quelque chose de différent sur chaque album, pas toujours la même chose.



Tu as aussi travaillé avec Katatonia, comment ça s’est passé ?
Bruce : On est amis avec Mike, et par chance il m’a demandé de le faire. C’est un autre type de musique, ce n’était pas la même dynamique sur le mixage original et j’ai essayé d’être complémentaire par rapport à ce qui avait déjà été fait et non pas tout refaire.

Sur votre dernier album, c’est vous deux qui avez mixé et produit l’album ?
Bruce : On fait toujours ça.
Steve : Il n’y a que sur "Magnolia" que nous ne l’avions pas fait.

C’est quelque chose que vous voulez toujours faire ?
Bruce : Vu que c’est ce qu’on fait pour vivre ça serait dommage de payer quelqu’un pour le faire.
Steve : Puis il faudrait trouver quelqu’un à qui on fait confiance à 100% pour pouvoir lui demander de le mixer. Parfois tu dois demander à quelqu’un de le faire parce que tu n’es pas capable de le faire mais comme nous savons le faire, nous le faisons nous-mêmes. La personne qui a mixé notre dernier album a fait du bon boulot, mais pour nous c’est plus logique de le faire nous-mêmes.
Bruce : Tu dois faire vraiment confiance à la personne qui fait le mixage, c’est beaucoup de travail l’écriture d’un album et tu entends pas mal de groupes qui sont horrifiés du mixage de leur album, ou que le producteur les mets dehors pendant le mixage... Moi ça me fait peur tout ça et en plus c’est cher !

Vous allez commencer une tournée cet été, allez-vous faire des festivals en plus ou non ?
Steve : Non pas plus de festivals, généralement les groupes sont bookés en Janvier et nous on n’avait pas encore sorti d’album et maintenant c’est trop tard pour, mais probablement l’année prochaine. Puis on va faire une tournée l’année prochaine.
Bruce : Mais qui va jouer de la batterie ? On va faire une tournée et on va commencer par l’Europe, mais on aimerait aller en Amérique, aller partout où on peut, on a des fans partout ! Mais tout dépend de comment l’album est reçu, plus l’album marche bien plus on pourra faire des concerts.

Quels sont les réactions des fans par rapport au single ?
Steve : Au début on ne veut pas trop savoir puis tu vois quand même les commentaires des gens puis quand tu vois que c’est positif, tu es content !
Bruce : On a des réactions très positives, rien de négatif. Personne ne parle de Porcupine Tree et c’est très sympa. Alors on croise les doigts !

Bonne chance pour la sortie de l’album et merci pour votre temps !


Le site officiel : www.pineapplethief.com