Interview faite par Byclown à Paris.

Bonjour, heureux de vous retrouver 3 ans après notre dernière interview qui concernait la sortie du second opus. Nous sommes donc ici aujourd’hui pour parler du troisième album "Essentia". Du fait du caractère purement acoustique de cet album, peut-on parler d’un EP de grosse taille ou, bien au contraire selon vous, d’un album à part entière ?
Olivier (guitare) : Nous on le considère comme un album bien qu’effectivement il était prévu que ce ne soit qu’un EP, mais on a fait pas mal d’arrangements, on a donné beaucoup de concerts en acoustique du fait de l’absence de batteur. Ca nous a permis de réarranger presque tous les morceaux pour tenir une heure de set et on s’est rendu compte qu’on pouvait du coup enregistrer un album acoustique complet, et surtout qu’on avait envie de le faire. Pour ma part je considère que c’est un album à part entière mais je sais que pour beaucoup ça restera un "entre deux" entre deux albums électriques.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire tout un album en acoustique ? Du moins les morceaux "originaux" ?
Olivier : C’est vrai qu’il y a peu de morceaux originaux dans l’album, 2 interludes et une reprise. Les deux interludes sont venues assez spontanément et la reprise de Portishead est un morceau qu’on fait en concert, en électrique, depuis fort longtemps, on a donc voulu humblement avec nos petits moyens faire une transcription acoustique.

Pourquoi d’ailleurs avoir fait des reprises de vos propres morceaux plutôt que de choisir de toutes nouvelles compos ?
Olivier : Lorsqu’on a commencé ça, on n’avait pas encore de nouveau batteur, on a donc pris le temps de faire ce projet qui nous tenait à cœur, surtout moi en fait, et de réarranger nos morceaux en acoustique justement pour continuer à faire des lives. Il y a eu pas mal de réarrangements qui ont été fait par Coco (le claviériste) qui a également récupéré les lignes de violon pour les passer en acoustique. Certaines tonalités de chant ont-elles aussi changé. Pourquoi garder les compos originales ? Tout simplement pour les garder en vue du prochain album qui sera de nouveau un album électrique.

Vous avez l’habitude de reprendre vos morceaux électriques en acoustique pour les faire tourner un peu, et vous composez majoritairement en acoustique et au piano.
Olivier : Oui voilà. Je fais ça avec une acoustique uniquement par confort, car je suis chez moi et je joue, et pour le piano c’est Coco qui s’en occupe vu que c’est son instrument. Il y a des morceaux qui sonnent tout de suite en acoustique, donc pas besoin de réarrangement, ce qui était le cas sur "Aerial", notre précédent opus.

Sur les futurs albums qui seront de nouveau électriques, peut-on s’attendre à entendre tout de même plusieurs morceaux acoustiques ?
Olivier : Oui il y en aura. Il y aura surtout certains passages dans les chansons qui seront acoustiques et il y aura un morceau à 90% acoustique.

Qui a fait le choix de reprendre "Roads" de Portishead ?
Olivier : C’est à mon initiative et à celle de la chanteuse car ça colle bien avec son timbre de voix.

Vous sentez vous proche, avec ce projet, de compos tels les morceaux acoustiques du dernier Melted Space ou encore du dernier Katatonia ?
Olivier : Pas vraiment car cela fait vraiment longtemps qu’on a commencé ce projet, bien avant que les albums dont tu ne me parle ne sortent. Tout le monde a fait des albums avec de l’acoustique plus ou moins en même temps, je ne sais pas pourquoi il y a eu cette vague, c’est peut être un cycle. Sur ce projet on n’a pas été particulièrement influencés par des sorties d’albums, bien que pas mal de groupes de metal refont leurs morceaux en acoustique. On y pensait depuis fort longtemps, maintenant c’est fait alors voilà, ça arrive après la bataille mais c’est comme ça.

Du coup, étant en plein dans le sujet, avez-vous une explication sur le fait que de plus en plus de groupes de metal refont leurs chansons en acoustique ou produisent des albums acoustiques avec des chansons inédites ?
Olivier : Il y a vraisemblablement plusieurs explications.la première c’est que jouer en acoustique pour un groupe c’est tout de suite plus simple niveau logistique. Il y a moins de matos à ramener, on peut jouer plus fréquemment dans de plus petits endroits. Je pense ensuite que ça dépend du style de metal ou de rock. Notre style est de base assez mélodique donc plus facilement adaptable à des versions acoustiques.

Et donc, comment vous le disiez tout à l'heure, ce retour à l'acoustique ne fait-il pas partie d'un cycle du musicien ?
Olivier : C’est relativement difficile à dire car tous les groupes ont leurs raisons propres.
Coco (clavier) : Difficile à dire en effet, je n’ai pas spécialement d’avis là dessus. Apres ça fait bien 40 ans que les groupes font ce genre de chose, donc c’est pas si nouveau. En fait je crois que les métalleux font ça pour montrer qu’ils ont un cœur d’or. (rires).
Olivier : Il est probable que certains groupes, soumis à la pression de devoir sortir des albums fréquemment pour rester dans l’actualité, font des reprises acoustiques plutôt que de créer de nouveaux morceaux, ce qui prend de toute façon beaucoup plus de temps. C’est une explication parmi tant d’autres, et ce n’est pas la raison qui nous a motivé à faire notre projet, c’est juste une réflexion personnelle.

Combien de temps vous a-t-il fallu pour écrire cet album ? Vous avez tout composé d’un coup ou vous aviez déjà composé par le passé quelques riffs par ci par là ?
Olivier : Ca fait un sacré bout de temps. Déjà lors du tout premier concert officiel, qu’on avait fait à Troyes il me semble, en 2005 ou 2006, on s’était mis à l’ouvrage du réarrangement. Ensuite pour tout ce qui est "arrangement de corde", ça s’est fait au dernier moment, de même que les deux interludes d’ailleurs.

Comment avez-vous l’habitude de travailler dans le groupe ? Qui fait quoi ?
Olivier : Si l’on prend le fonctionnement actuel du groupe, qui est quasiment le même fonctionnement depuis le début du groupe, il n’y a que deux personnes qui ramènent les squelettes de morceaux, à savoir Coco et moi-même, et on travaille dessus tous ensemble en studio. La chanteuse écrit les paroles des chansons.



Vous avez subi par le passé par mal de changements de line-up. Pensez-vous que le line--up actuel restera tel qu’il est ?
Olivier : Je ne peux que l’espérer. Il y a de très bons échanges, de bons feelings que ce soit en termes humains ou musicaux.

Vous avez travaillé avec Emmanuel Rousseau au White Wasteland pour ce projet, ce qui est une première il me semble. Parlez-moi un peu de cette collaboration.
Olivier : On a déjà travaillé avec lui, mais partiellement, sur "Aerial" pour certaines parties de guitares. Ce coup-ci on a tout fait avec lui. Si c’était à refaire on referait autrement car on s’y est mal pris en étalant sur une trop longue période les enregistrements (presque un an et demi), cela est dû au fait qu’on a tous des boulots à coté et qu’on s’est mal organisé dès le départ. Certaines personnes disent que ça se ressent, moi je ne trouve pas, mais bon le ressenti c’est toujours quelques chose de personnel et on verra bien si c’est le cas où non avec les différentes chroniques de l’album et les avis des fans sur le net. On ne refera plus comme ça car c’est trop fatiguant. On réécoute les parties 40 fois, on se prend la tête, on réarrange sans cesse et on réenregistre des choses qui n’ont pas lieu d’être et au final ça n’avance pas. Il est clair que le prochain ne sera pas enregistré comme ça ! En tout cas je suis très satisfait du produit fini et c’est le mieux que l’on pouvait faire avec les moyens qu’on avait.

Ce projet acoustique est-il une manière de clore un chapitre de l’histoire du groupe pour en ouvrir un autre ?
Olivier : Exactement.

Humainement ou musicalement ?
Coco : A tous les niveaux ! Le fait qu’il y ait un nouveau batteur et un nouveau bassiste font évoluer le groupe humainement et au niveau du style où ça sera moins metal et plus rock progressif, en tout cas de ce que moi je vois de l’état des compos.
Olivier : Je pense que l’évolution est normale, comme dans tous les groupes, et le fait que l’on mette pas mal de temps entre les albums nous fait évoluer chacun dans notre coin. Je ne suis pas plus inquiet que ça du changement de style.
Coco : Sur le temps entre les albums là aussi on va essayer d’évoluer en sortant des albums plus rapidement. Cela est dû au fait qu’on a changé de méthode de travail et que c’est bien plus efficace. Bon évidemment, reste le problème de l’argent qui est le même pour tout le monde.

Du coup, que pouvez vous me dire sur les paroles du prochain album ?
Olivier : Les thèmes abordés sont relativement ésotériques sur les inédits de l’album acoustique, je crois qu’il y a une histoire de poney volant. Seul Sandy arrive à comprendre ses paroles je pense. C’est une fille qui plane beaucoup donc ses paroles planent elles aussi beaucoup. Pour le prochain album, l’électrique donc, chaque chanson racontera une histoire différente. Tout est déjà écrit, on sait même déjà quand on va rentrer en studio. Tout ce que je sais des thématiques des chansons c’est que Sandy a axé certains textes sur des choses de sa propre vie, et Coco t’en dira un peu plus car il co-écrit un texte avec elle. D’ailleurs il y a un thème sur la révolte, ce qui est une grande première pour nous.
Coco : C’est vrai que c’est un texte sur la société de consommation, sur la place des médias. C’est assez à la mode en ce moment.

Parlez-moi un peu des dates qui vont venir soutenir cet album.
Olivier : Pour le moment on a rien calé de concret. Vu qu’on bosse à fond sur l’album électrique pour le sortir vite on n'a pas planché là dessus. On va continuer pour le moment à tabler sur des petites dates acoustiques car le batteur habite loin, et le bassiste aussi. On verra vraiment au cas par cas ce qui se présente. ll y aura peut-être des dates électriques en Mars avec un groupe un peu plus important mais on ne peut rien dire pour le moment car c’est pas confirmé.

Peut-on s’attendre à voir des clips sur la toile ?
Olivier : Je pense pas car ca demande du temps et de l’argent et on préfère s'abstenir plutôt que de faire un truc pourri comme certains groupes. Ca sert à rien d’encombrer une toile qui est déjà bien encombrée, donc les gens qui nous connaissent, s'ils sont en quête d'infos et de visuels, arriveront facilement à trouver par eux-mêmes sans avoir recours aux clips. On mettra peut-être sur la toile des extraits de concerts acoustiques à venir si on juge que la qualité est suffisante mais ce n’est pas la priorité à l’ordre du jour.

Pour qui aimeriez-vous faire la première partie ?
Olivier : Je ne sais pas moi ! Là tout de suite, Porcupine Tree et / ou Steven Wilson, sinon à part ça… On a déjà fait Gathering et Anathema.

Et Anneke Van Giersbergen du coup ?
Olivier : On a déjà fait sa première partie à Lille il y a trois ans, c’était vraiment super sympa ! Bon par goût, je n’aime pas ce qu’elle fait dans sa carrière solo mais c’est très personnel.

Une dernière chose à dire pour conclure ?
Olivier : Pfffff.
Coco : Perso j’ai hâte de rentrer en studio pour l’électrique ! Je suis clairement fan des nouvelles compos, c’est beaucoup plus dans ce que j’écoute comparé aux anciennes compos.

Et avec un enregistrement moins étalé.
Olivier : Et avec quelqu’un qui, je l'espère, va nous donner le gros son qu’on veut. On a envie de se donner les moyens de bien faire !

Et on peut donner un nom ou pas ?
Coco : Je ne sais pas si on a le droit.
Olivier : Je sais pas si c’est une question de droit mais bon, tant que ce n’est pas fait… même si c’est du sûr ! Bon c’est ni Bob Rock, ni Logan Madder, c’est un français.

Et on peut donner un nom ou pas ?
Coco : Je ne sais pas si on a le droit.
Olivier : Je sais pas si c’est une question de droit mais bon, tant que ce n’est pas fait… même si c’est du sûr ! Bon c’est ni Bob Rock, ni Logan Madder, c’est un français. Coco : En fait, on l’a rencontré la semaine dernière, ça c’est super bien passé.
Olivier : C’est quelqu’un qui commence vraiment à se faire son nom et pour nous, on trouve que toutes ses prod' tiennent vraiment la route…

Francis Caste quoi…
Olivier : (rires) Salopard ! Ca c’est fait.


Le site officiel : www.thelastembrace.fr