Interview faite par mail par Arch Gros Barbare

Surtr : un des rares groupes de doom traditionnel français que l'on a pu voir au Hellfest cette année, et qui nous a offert son deuxième album "Pulvis Et Umbra" sorti chez Altsphere Production, le label doom français, en Mars dernier, nous gratifie aujourd'hui d'une interview très intéressante et complète. Une interview pour laquelle les trois membres du groupes Régis (batterie), Julien (basse) et Jeff (guitare / chant) ont répondu avec plaisir. Après avoir lu qui est Surtr, je vous invite à trouver les morceaux de films qui se cachent dans leur clip...

Salut à vous, alors tout d'abord pour entamer l'interview, comment s'est passé le Hellfest 2013 pour Surtr ? Satisfait de votre prestation, de l'ambiance, du public aussi, car évolution depuis la Metal Corner... et j'ai lu pas mal de bonnes appréciations sur votre show non ?

Jul : Je pense pouvoir parler pour nous trois en disant que ces 3 jours ont été largement à la hauteur de nos espérances. J'ai beau réfléchir, je ne vois pas de point négatif. On s'est senti très à l'aise sur la Valley, et il faut dire que l'équipe technique ainsi que le public (qui perso était plus nombreux que ce à quoi je m'attendais pour un show programmé à 11h30) nous ont chaleureusement accueilli et cela a contribué à un concert de qualité. En ce qui concerne l'ambiance backstage, c'est juste un rêve de gosse qui devient réel. Que du bonheur, longue vie au Hellfest.

Est-ce que vous vous êtes sentis à l'aise avec les groupes présents, je veux bien entendu parler des groupes stylés doom trad et consorts, les Manilla Road, les Spiritual Beggars... ?
Jeff : On s'est vraiment senti à l'aise avec Phil Anselmo ! On a passé pratiquement tout le Dimanche avec lui, jusqu'à finir par délirer et même danser le twist avec lui sur le côté de la main stage pendant Ghost ! On était comme des gosses. Une autre superbe rencontre a été Oscar le batteur de Witchcraft. Pareil on a bien bu, bien déliré et j'espère qu'on recroisera toute cette fine équipe tôt ou tard.

Bon... Surtr, c'est Jeff à la guitare et au chant, c'est Régis à la batterie, c'est Julien à la basse, et vous en êtes à votre deuxième album, est-ce que tu peux nous retracer le parcours du groupe un petit peu, depuis 2009, les raisons de votre trio, cette rencontre, ce projet, ses envies...
Jul : Effectivement le groupe s'est créé en 2009, et je ne les ai rejoints qu'en 2011, mais c'est un peu comme si on avait toujours joué ensemble. Régis et moi nous connaissons depuis maintenant 20 ans et c'est le premier batteur avec lequel j'ai joué. Quant à Jeff, je ne sais plus très bien si je l'ai rencontré dans un bar ou dans un des nombreux concerts qu'il organisait à l'époque. Mais ça fait minimum 10 ans qu'on parle de zic. C'était donc on ne peut plus naturel qu'on finisse par avoir un groupe tous les trois.
Régis: Ce qui est marrant c’est qu’à l’époque où j’ai eu la folle envie de monter concrètement un groupe de doom, Julien m’a immédiatement dirigé vers Jeff qui le tannait depuis un moment pour monter un groupe de sludge. Finalement Julien a participé aux débuts du groupe même s’il ne l’a officiellement rejoint que plus tard.

C'est pas trop difficile de gérer un groupe et en même temps Altsphere Production ? D'ailleurs quel est ton propre parcours en tant que passionné de musique doom, comment en es-tu arrivé d'une part à monter ce label et ensuite à produire ton propre groupe ?
Jeff : Tout d'abord, je dois dire que je ne "gère" pas SURTR. On est un trio et on s'occupe tous du groupe. Régis s'occupe notamment du booking et je lui file un coup de main de temps en temps. Mais pour moi les choses sont claires dans ma tête et dans les faits. Je sais ce que je fais en tant que label pour la promo de l'album de SURTR, et ce que je fais pour SURTR en tant que groupe. Je suis très organisé donc aucun souci à ce niveau. Donc non, ce n'est pas compliqué à gérer pour moi. Altsphere n'en fait pas plus pour SURTR que pour les autres groupes du label comme Carcharodon, Wizard's Beard ou Rote Mare. On ne peut pas parler de parcours je pense. J'ai toujours était très ouvert d'esprit et je suis passionné de musique avant tout, pas uniquement de doom metal. J'ai créé le label pour produire mes projets. Tout le monde peut monter un label. J'encourage les gens à le faire au lieu d'espérer être signé quelque part du jour au lendemain. On n'est plus dans les années 80 ! Et puis avoir une masse de labels indépendants et underground permettrait d'équilibrer avec la manière de fonctionner des grands noms reconnus. Depuis 2003, j'ai sorti un tas de démo CD-R, des K7 et quelques vinyles. Que j'ai envie de faire du black metal en solo, du thrash metal en duo ou de bricoler des sons industriels, pratiquement tout ce que je faisais est sorti sur Altsphere. Je sortais aussi des projets qui me parlaient musicalement et humainement. Ce que je continue à faire. En 2010, j'ai décidé de professionnaliser Altsphere, d'arrêter de sortir des démos et de passer par des distributeurs. Mais trois ans plus tard, je me rends compte que ce schéma ne me correspond pas forcément. Et j'ai une folle envie de revenir au Do It Yourself et de produire des quantités très limitées et dans un format plus spécifique qu'un classique CD cristal vendu via des distributeurs.

Justement est-ce que c'est plus facile de sortir ses albums sur son propre label en matière d'économie financière mais aussi d'énergie, à savoir que tu n'as pas à démarcher... ?
Jeff : Avec SURTR nous avons démarché des labels pour "World Of Doom", puis très rapidement après sa sortie. Pour "Pulvis Et Umbra" on avait finalement décidé que je le sorte sur Altsphere car on savait ce qu'on voulait faire de cet album. On n'est jamais mieux servi que par soi-même. Beaucoup de groupes pensent que c'est une chance d'être sur un label renommé. Mais si tu es un groupe en développement dans une assez grosse écurie, il se peut que le label passe moins de temps et investisse moins d'argent à promouvoir ton album. Car il faut bien savoir que sortir un disque de nos jours, tout le monde peut le faire facilement. C'est la promotion qui est l'étape la plus fastidieuse. Pour "Pulvis Et Umbra" on a donc préféré gérer ça nous-mêmes comme on le souhaitait. Ceci dit, nous venons de commencer les démarches pour notre prochain album, bien qu'entre temps un autre projet devrait voir le jour en coproduction avec Altsphere.

Allez, parlons un peu de ce second album "Pulvis Et Umbra". J'ai l'impression que vous avez mis plus de cœur dans celui-ci, d'une part parce que les chroniques ont été nettement plus favorables comparées à celle du premier album, mais d'autre part parce que vous vous êtes plus élargi quant au style lui-même. On a bien ressenti qu'il y avait plus d'explorations vers le doom / death, de passages épiques, de choses plus aventureuses... Vous avez eu envie d'aborder ce "Pulvis Et Umbra" avec plus d'énergie, car l'ensemble est plus catchy. Qu'est-ce qui explique cette évolution, même si ça reste doom ?
Jeff : "World Of Doom" a été composé en duo, Julien nous ayant rejoint seulement pour l'enregistrement. La grande différence sur "Pulvis Et Umbra", c'est que nous avons composé en trio, que nous commencions à mieux nous connaître en tant que trio et que nous nous sommes laissés plus de temps pour composer et enregistrer.
Jul : On a d'une part beaucoup travaillé la cohésion entre nous trois, et chacun a trouvé la place qui lui convenait. C'est ce qui explique que la musique sonne plus naturelle, plus spontanée, mais en même temps plus aboutie et mieux interprétée. D'autre part, on a fait un gros boulot de pré-prod' et on s'est concentré à proposer quelque chose de plus personnel et d'original. Puis on s'est donné les moyens financiers et humains pour arriver à un bon résultat, en allant dans un studio pro, etc.

"World Of Doom", textuellement , c'était un concept album et là, fini le concept. D'abord encore une fois, pourquoi cette évolution vers des textes indépendants ? Et ensuite est-ce qu'il est plus difficile de trouver des sujets différents pour chaque morceau, sachant que cela demande plus de réflexion ? Vous avez abordé quels types de thèmes finalement sur ce nouvel album ?
Jeff : Concept ou pas, les textes et morceaux (ou parties de "World Of Doom") peuvent être joués séparément et dans l'ordre que l'on veut. Le concept peut être scindé car les textes ne racontent pas une histoire chronologique. J'ai toujours écrit chaque partie de manière indépendante donc il n'y a pas plus de réflexion ou de difficulté, l'exercice d'écriture est resté identique d'un album à l'autre.

On a d'ailleurs l'impression que dans vos paroles, il y a une grosse part de métaphysique, de recherches sur l'âme et aussi beaucoup de souffrance me trompé-je ?
Jeff : En effet. J'aime que les textes puissent être interprétés. En fait, je n'arrive pas à écrire autrement car je ne vois pas l'intérêt de rapporter des faits, de conter une histoire. Il faut qu'il y ait du sens. Tous les textes peuvent donc être appliqués au quotidien que l'on peut vivre en 2013 bien que l'histoire, au premier degré, parle de bataille légendaire ou d'hiver glacé. Car, pour moi, la question et le thème récurrent est le sens de la vie, à la fois dans sa globalité et dans son application au quotidien. Chaque parole est donc une introspection, une réflexion ou un vomi de la vie. Cela passe par un tas d'états d'âme et de sentiments, et donc notamment par la souffrance, le dégoût, la curiosité mais aussi la rage ou la volonté d'avancer.

Beaucoup de groupes de doom ont souvent eu une thématique proche de la religion ou en tous les cas de signes ostentatoires relatifs à la religion. Surtr, si je ne me trompe pas, je parle pour le nom, prend sa source dans le jeu "Donjons et Dragons", avec cette connotation fictive religieuse. Et de plus au niveau de votre logo, vous avez cette espèce de signe en croix. Comment est votre rapport avec la religion ?
Régis : SURTR n’a aucun rapport avec "Donjons et Dragons". D’ailleurs aucun membre du groupe ne s’est un jour intéressé aux jeux de rôle. SURTR, c’est le géant noir de la mythologie scandinave. C’est lui qui met le feu au monde à l’aide de son épée à la fin de Ragnarok. Pour moi au départ SURTR représentait l’essence même du doom, un coté viking et épique en plus. La croix dans le logo représente la Croix de Lorraine qui est le symbole de la région d’où nous sommes tous les trois originaires. C’est un petit clin d’œil culturel, mais finalement aussi un clin d’œil aux nombreux groupes de doom utilisant de près ou de loin une croix dans leur logo, tel que Reverend Bizarre ou Saint Vitus pour ne citer qu’eux.
Jul : Je n'aime pas le mot religion car il renvoie à trop de visions négatives. En revanche je suis persuadé qu'il y a une touche de divin en chacun, et qu'il faut juste la trouver et la laisser s'exprimer, peu importe la croyance ou comment tu voudras l'appeler. Je pense que l'intégrisme quel qu'il soit est un danger car il ferme la porte au dialogue et à l'échange. Je crois que c'est surtout ça que dénoncent les groupes dit à "discours satanique". Les signes ostentatoires témoignent de ce rejet de l'ordre établi, mais pas pour autant d'un refus des valeurs universelles de respect de l’individu. Mais le côté sombre de la nature humaine m'intéresse aussi beaucoup et il ne faut pas le négliger. Il est au moins aussi important que l'aspect divin dont je parlais auparavant. Et c'est souvent tellement plus libératoire de pouvoir le laisser s'exprimer !

Souvent sur les retours relatifs aux albums de Surtr, on parle de ta voix Jeff. C'est vrai que dans le doom trad, c'est la voix qui fait un énorme travail, c'est la voix qui oriente plus ou moins le style, qui attire les foules ou pas... Et pour Surtr, comme pour beaucoup de groupe de doom trad d'ailleurs, la voix dérange parfois. Alors quand tu lis ça, ce genre de retours, t'as envie de dire quoi ? Comment tu prends la chose, qu'est-ce que tu dirais aux non amateurs de voix doom trad ?
Jeff : Je ne pense pas avoir une voix "doom trad" et je n'aime pas qu'on étiquette tout et qu'on le range dans une case. Je chante. Point. Je peux faire des voix black, des voix death tout en claquant une envolée épique et ce mélange n'a rien de traditionnel je pense. Comme pour la musique, au niveau de la voix, je fais ce qu'il me plaît comme je le sens et sans me poser de questions. Je suis quelqu'un de très instinctif, pas un calculateur. La musique est un exutoire. Alors que les gens n'aiment pas forcément mon timbre de voix, je le conçois, qu'ils s'arrêtent à ça pour ne pas aimer le groupe, je le conçois aussi, bien que ce soit dommage. Mais cela m'arrive aussi de le faire en tant qu'auditeur donc je n'ai aucun souci avec cela mais ce n'est pas non plus à cause de ça, que je changerais ma manière de chanter : naturelle et instinctive.





Vous avez opté pour un large panel de formats différents lors de la sortie de "Pulvis Et Umbra", du CD, du vinyle et notamment du vinyle bleu qui est splendide et qui donne plus envie de posséder l'objet en tant que tel avant tout. C'est vrai que particulièrement dans le doom, et même si aujourd'hui il y a un retour dans tous les styles, le vinyle a toujours fait partie du décor. Les LPs sont légion, Surtr n'a pas dérogé à la règle. En plus maintenant les produits sont proposés avec le vinyle et un exemplaire CD pour que l'on puisse malgré tout écouter en CD. Qu'est-ce qui est parti le plus finalement chez vous la version CD ou la version vinyle ?
Jeff : Y'a-t-il vraiment une règle spécifique au doom concernant le vinyle? Je ne crois pas. Je n'achète plus que du vinyle depuis 2000 et c'est vrai qu'à partir de 2007 la joyeuse industrie du disque à trouvé que le filon était bon et est venue tout bousiller avec une hausse des prix de tarés. Soit certaines rééditions étaient plaisantes mais les labels n'étaient pas obligés de tout ressortir. LE seul point positif est que cela a apporté une nouvelle vague de passionnés qui ne connaissaient pas assez bien le format pour en devenir collectionneur. Pour ma part, c'est LE format de prédilection. On a donc sorti "Pulvis Et Umbra" en vinyle car j'avais enfin les moyens de produire du vinyle. Si Altsphere avait mieux tourné, toutes mes sorties seraient exclusivement du vinyle. On a vendu beaucoup plus de CDs. Mais ce n'est pas forcément à cause du format. Pour les CDs je passe par des distributeurs alors que le LP n'est vendu qu'en direct par SURTR ou par Altsphere. C'était un choix car vu la marge des distributeurs, le prix des frais de ports pour leur envoyer les galettes, et tout cela pour 300 copies, cela ne m'intéressait pas de travailler avec eux sur cet objet. Enfin, on a décidé de joindre le CD à l'intérieur du vinyle car je ne suis vraiment pas fan des cartes de téléchargement, et que l'on ne peut pas écouter de vinyles en bagnole. Voilà tout.

Est-ce que Surtr serait plus particulièrement ouvert à ne produire ses albums qu'en vinyle à l'avenir ou vous préférez conserver les deux formats ? Ton avis de professionnel / label ? Ton avis de musicien / groupe ? Ton avis de collectionneur ?
Jeff : Si le label qui sort le prochain SURTR a les moyens, le mieux est de continuer en CD et vinyle. Je pense que telle est l'envie du groupe. En tant que label Altsphere, comme j'en parlais plus haut, je vais revenir au format limité et spécifique donc on envisagerait uniquement du vinyle très limité, très classieux mais avec téléchargement gratos sur le net pour ceux qui ne voient pas d'intérêt à posséder un tel objet. En tant que passionné et collectionneur, il va de soi que seul le vinyle m'importe car c'est le seul format que j'achète.

J'ai vu que vous aviez aussi réalisé un clip vidéo pour la chanson "I Am The Cross", alors d'abord j'aimerais que tu m'en dises un peu plus sur la réalisation de ce clip, parce qu'on voit des extraits de films relativement anciens. Dans quelles conditions vous avez décidé et réalisé ce clip ? D'où viennent ces morceaux de films ? On a l'impression qu'en gardant le noir et blanc vous avez pu insérer des images récentes, faites par vous, parmi les extraits de films, je suis dans le vrai ou pas ?
Jeff : On voulait un clip mais on n'avait déjà mis nos moyens dans le studio. On ne voulait pas refaire le même genre de clip que pour "World Of Doom (Part III)". J'ai donc pris un peu de temps pour découper tous ces films ésotériques. Car il ne s'agit en fait que de films plus ou moins récents. Nous n'avons rien créé à part le montage final. A toi de retrouver le nom de tous ces films, il doit y en avoir seulement une dizaine au grand maximum héhé.

Tu vois tout à l'heure quand je parlais du rapport avec la religion dans les groupes de doom, on en revient encore à ça. Vous avez choisi le titre "I Am The Cross", avec des images tout de même bien axées sur la croyance, souvent dans le metal on "joue" avec les croyances, les religions, on provoque, on choque volontairement. Est-ce que dans la vie de tous les jours, toi, et les autres membres avez ce réflexe de prendre la religion comme repère, où cela ne vient finalement qu'avec l'environnement musical du groupe ?
Jeff : Détrompe-toi. Comme j'en parlais précédemment, le vrai thème des textes n'est pas forcément ce qui te vient sans effort. Si tu creuses ce "I Am The Cross" et cette imagerie religieuse, il se peut que tu te rendes compte que le sujet traité ici est plutôt une bataille entre le corps et l'esprit, un peu la schizophrénie aussi. On joue sur les textes et l'imagerie, mais le titre aurait pu être "I am the crossing of spirit and body". Pour moi, je ne parle pas une seule seconde de religion ici, mais je laisse le soin à l'auditeur de choisir sa propre interprétation personnelle.
Jul : Comme Jeff vient de le dire, on ne parle au final pas beaucoup de religion. Mais personnellement pour moi ça reste quelque chose d'important dans ma vie car j'ai été élevé dans un environnement plutôt catho. Ça me tient toujours à cœur par ses côtés positifs car je suis persuadé que la foi peut donner de la force et du courage, mais ça me dégoûte aussi profondément tant cela peut ouvrir la porte aux fanatiques de toutes confessions. J'adore les églises par exemple, de par leur architecture et la paix qu'elles dégagent, mais ce n'est pas pour autant que je rends compte de mes actes ou pensées à un dieu. Le libre arbitre et la responsabilisation de chacun me semblent plus porteurs que la soumission à une croyance.

Quand on regarde de plus près vos concerts à venir, on s'aperçoit que Surtr n'a pas un planning des plus chargés, mais que paradoxalement il a l'air de bonne qualité. Je veux dire que fin Août on va a vus à Paris au Glazart, à Gérardmer en Octobre puis pas mal en Europe, notamment Rotterdam et deux fois en Allemagne en Novembre. Alors quand on voit ça, qu'est ce qu'on peut se dire vis à vis de Surtr, qu'il est difficile déjà de se dégoter de bonnes dates ? Mais aussi qu'il est plus facile de jouer à l'étranger ?
Jeff : En effet, trouver des dates est vraiment l'exercice le plus difficile. Régis va t'en parler en détail, mais je peux déjà dire que d'être un des rares groupes de doom metal en France nous ouvre des portes, comme le Hellfest, et que forcément avoir joué à Clisson nous ouvre d'autres portes.
Régis : En fait trouver des dates n’est pas très compliqué si tu es prêt à jouer n’importe où et dans n’importe quelles conditions. Mais je pense que quelque part, nous n’avons plus aujourd’hui l’envie d’aller jouer dans n’importe quel café où le patron va simplement t’exploiter et ne pas s’intéresser un minimum à ce que tu proposes. De plus ce type de concert ne t’apportera pas grand chose coté public non plus. Souvent ce genre de date n’apporte que du stress : "Est-ce qu’il va y avoir une sono, un pied de micro ou même de l’électricité"… Donc oui aujourd’hui, à défaut de faire des dizaines de dates on préfère se focaliser sur une poignée de dates mais où l’on sait non seulement qu’on va prendre notre pied à y jouer, mais aussi qu’il pourra y avoir un certain retour du public. Pour moi c’est ce genre de date qui apporte réellement quelque chose au groupe et qui va lui permettre d’avancer.

Comment finalement vous avez prévu vos dates, c'est un truc largement travaillé en avance ? Parce qu'il faut jongler avec les dispos de tout le monde, trouver une date sûre tant de votre côté que de celui du tourneur... Il en est quoi donc ?
Régis : Pour le moment nous n’avons pas de tourneur, c’est moi qui m’occupe de tout ce qui a rapport au booking. Les dates sont généralement prévues un bon moment à l’avance. Ca laisse à tout le monde le temps de s’organiser pour pouvoir l’honorer. C’est un travail long et fastidieux pour trouver des dates intéressantes et ce n’est pas mon métier à la base. Donc pour l’instant ça reste très DIY. Un tourneur professionnel va quant à lui avoir une facilité à te trouver des dates sur une, voire deux semaines complètes car il a son réseau et qu’il sait comment il fonctionne. Je pense que pour nous ce sera une des prochaines étapes, à savoir trouver un tourneur spécialisé dans le style que nous proposons. Ensuite jongler avec les disponibilités de tout le monde n’est que simple formalité.





Il y a un sujet qu'on n'a pas abordé, c'est votre artwork. Qu'on aime ou pas la musique de Surtr, franchement vos pochettes sont fabuleuses, très spleenantes, très parlantes en ce qui concerne le fait de faire ressortir la tristesse, la douleur, la souffrance même... Est-ce que la pochette de vos albums est quelque chose qui vous prend autant de temps à la réflexion par rapport aux paroles et à la musique ? C'est très artistique finalement comme approche, pas juste envoyer un truc qui choque, mais on ressent qu'il y a de l'émotion dedans. Vous avez fait appel à qui pour la réalisation de ces deux pochettes ? Comment ont-elles été travaillées ?
Jeff : "World Of Doom" a un artwork que l'on ne trouve pas si bon avec le recul. C'était le travail de "Stripe" Schinzel qui a notamment fait des covers pour Anvil, Sodom et pour le dernier Count Raven. Il est plutôt dans le collage numérique et on a apprécié travailler avec lui. Mais on aurait pu faire mieux si on avait eu du recul à cette époque. Régis s'est occupé de réaliser tout l'artwork et layout de "Pulvis Et Umbra" pour le CD et le vinyle.
Régis : Quand j’ai décidé de réaliser moi-même l’artwork de "Pulvis Et Umbra", j’ai trouvé cela relativement facile parce que je savais ce que je voulais mais aussi ce je ne voulais pas. J’ai ainsi pu définir concrètement l’image que je voulais donner à cet album ainsi qu’à cette nouvelle phase du groupe. Le travail a été effectué pas mal temps en amont. J’ai commencé à faire des propositions aux autres au moins six mois avant d’enregistrer les morceaux. Je voulais quelque chose de simple, de sobre et qui en même temps incite à la réflexion. Elle rejoint donc particulièrement bien la musique de SURTR à ce même moment. Je pense que la cohérence entre la musique et l’image est primordiale si tu veux être crédible.

Deux ans séparent vos deux albums, est-ce que ces deux années ont été calculées, ou ce sont les aléas de la vie qui ont fait que cela ait mis deux ans ? Dans l'absolu vous aimeriez quel délai entre les sorties d'albums de Surtr ? Parce qu'un rythme de deux ans, ça reste quand même soutenu, il faut trouver l'inspiration, le temps de répéter, d'enregistrer...
Jeff : On déborde d'inspiration !! Si on pouvait être libéré de nos jobs quotidiens, on sortirait bien plus de choses ! D'ailleurs on a des nouveaux morceaux en cours pour un projet de split vinyle, mais on en dira plus quand ça se finalisera.
Jul : Comme t'as dis Jeff, l'inspiration n'est pas un problème. Un rythme de deux ans entre chaque album est tenable pour s'occuper de l'écriture, des répétitions, de la promo et des concerts. Mais autant ne pas se mentir, on ne vit malheureusement pas de SURTR. Alors plutôt que de sortir des skeuds dont on ne sera pas satisfaits à l'avenir, on prendra systématiquement le temps qu'il faudra pour proposer de la bonne zic, tout en essayant de ne pas traîner, car il est important que le groupe conserve un niveau d'activité soutenu, que ce soit pour la promo ou pour nous éviter de nous disperser dans d'autres projets. Un sain niveau de pression est nécessaire pour être performant, on a donc pas l'intention de ralentir le rythme, mais pas au détriment de la qualité. Je pense que les nouveaux titres seront un bon témoignage de cet état d'esprit.

Puisqu'on parlait de temps, un trio c'est pas trop difficile à gérer, un membre de plus apporterait-il quelque chose d'intéressant à l'entité Surtr ?
Jeff : Un trio c'est facile. Soit on est tous d'accord, soit on a un rapport de deux contre un donc les décisions vont plus vite à prendre héhé. Comme notre pote Clément qui a ajouté les arrangements et synthé sur "Pulvis Et Umbra", je ne vois pas ce qu'un autre membre pourrait nous apporter. Et encore, hors de question d'avoir du synthé sur scène. Le studio est différent du live pour nous. Dans le premier cas on veut un résultat léché, arrangé, réfléchi, alors qu'en live on veut quelque chose de roots et de rock'n'roll.
Régis : Le trio que nous sommes fonctionne vraiment très bien et sans stress entre nous, je ne vois pas pourquoi nous devrions changer ça. Chacun a sa place et il n’y a aucun problème d’ego. Si un jour nous devions rajouter un membre à SURTR, il faudra vraiment que ce soit un pote de longue date et qu’il soit à 100% dans le même état d’esprit que nous sommes par rapport au groupe. Cela suppose que nous connaitrions déjà cette personne. Et là pour être honnête je ne vois personne capable de tenir ce rôle.



On arrive à la fin, j'aimerai savoir ce que Surtr représente aujourd'hui réellement et sincèrement pour les trois membres du groupe. Je veux dire après deux albums, quelques concerts, une évolution... Est-ce que Surtr est ce dans quoi vous voulez perdurer ou est-ce que le groupe reste une étape en attendant autre chose. Une étape dans le sens où que le groupe gagne en notoriété ou ne gagne rien du tout, est-ce qu'il est une finalité ? D'ailleurs qui joue dans un autre groupe à côté ?
Jeff : Après avoir fait de la zic pendant presque 15 ans, arrivé à avoir un groupe qui tient 4 ans et ne cesse d'évoluer pendant ces années fait que je donnerais tout pour continuer cette formation. Tant que le groupe évolue et avance, je ne vois pas pourquoi je ferais autre chose. D'ailleurs on l'a tous constaté naturellement puisque Julien et moi avons arrêté les groupes et projets qu'on avait à côté.
Jul : Moi je pense qu'on n’est qu’au début. J'ai joué avec beaucoup de monde, mais ma place de prédilection est avec mes deux potes. Jeff me donne l'impression que tout est possible et je suis persuadé que même à 60 ans, je taperai toujours le bœuf avec Régis. Alors pourquoi arrêter ? Tout n'est pas rose dans le groupe, chacun a parfois envie de claquer la porte, mais au final, c'est certainement ce qu'il m'est arrivé de mieux ces dernières années, à tous les niveaux. Ça ne veut pas dire que je m'interdis d'autres projets, mais ma priorité en termes de groupe, c'est SURTR.
Régis : SURTR est aujourd’hui le groupe avec qui je suis allé le plus loin. L’évolution est permanente entre nous et on s’amuse sans se prendre la tête. Donc bien sûr que tant que cela continuera dans ce sens SURTR restera une priorité pour moi. Le jour où nous tournerons en rond et où nous n’aurons plus l’envie de nous voir en répète ou au bar il faudra qu’on fasse un break mais je ne pense pas que ce soit sur le point d’arriver. Comme dit Julien, nous n’en sommes qu’au début et nous voulons voir jusqu’où nous pouvons aller comme ça. Nous avons déjà traversé pas mal de mers obscures, maintenant que l’horizon commence à se dégager, nous nous devons de maintenir le cap.

Bon, fin de la torture mentale, avant de nous séparer, merci pour le temps, mais surtout un petit rappel sur où et comment et surtout combien relatif à vos deux albums et plus particulièrement à votre deuxième album "Pulvis Et Umbra" serait le bienvenu pour que les gens n'aient plus de questions sur le moyen de se procurer votre matériel. Et surtout à très bientôt.
Jeff : "Pulvis Et Umbra" est disponible en vinyle bleu auprès du groupe ou d'Altsphere alors que les versions CD ou digitale de "Pulvis" et de "World Of Doom" sont trouvables partout que ce soit chez Adipocere, Amazon, Fnac, iTunes... bref chez ton point de vente habituel comme on dit ! Merci à toi pour l'interview.
Jul : Merci pour ces pertinentes questions, et à bientôt !
Régis : A très bientôt sur scène et si vous souhaitez nous programmer, la seule solution : booking@borntoolate.fr


Le site officiel : www.surtr.net