Le groupe a connu quelques changements de line-up, était-ce en vue du live ?
Shai : Les changements de line-up ont effectivement été déclenchés par le besoin de jouer live. Le premier EP et le premier album ont été enregistrés par des musiciens que Tomer fréquentait pendant son travail chez The End Records aux USA et à cette époque le groupe n'était pas amené à jouer live. Après le reboot de 2013 (avec la sortie du EP "Home" et de "The Great Bazaar") nous avons commencé à parler sérieusement de tournées. À cette époque le chant clair était assuré par Kjetil Nordhus, le chant crié par Paul Kuhr et la batterie par Matan Shmueli (qui a aussi joué avec Orphaned Land). Nous avons tourné avec Matan et Kjetil en 2016 en amenant avec nous Eliran Weitzman pour remplacer Paul qui ne pouvait pas faire le voyage depuis les USA. Eliran en est venu à enregistrer "Vagabond" avec nous et plus tard, en 2017, nous avons encore tourné en Europe, cette fois en première partie d'Orphaned Land. Puisque Matan ne pouvait pas jouer à la fois avec la première partie et la tête d'affiche nous devions chercher un remplaçant, que nous avons trouvé avec Yalon Schori. Kjetil était en plein milieu de la reformation de Green Carnation et ne pouvait pas se libérer pour la tournée donc nous avons amené Vidi comme remplaçant. Vidi s'est tellement bien entendu avec nous, et Kjetil était trop occupé avec la reformation de Green Carnation (qui est devenue permanente depuis) donc nous nous sommes séparés en bons termes et avons invité Vidi à nous rejoindre en tant que membre permanent. Avant d'enregistrer "Mountain Fever" et avant notre plus récente tournée européenne en 2019, Eliran a décidé de quitter le groupe laissant Vidi faire le chant clair et crié. En plus de ça, Or, notre guitariste qui a déménagé en Allemagne pour finir son doctorat, nous a dit qu'il ne pouvait plus s'engager dans de longues tournées, donc nous avons ajouté Omer Fihbein en tant que second guitariste pour s'échanger la place avec Or, ils ont donc partagé la tournée de 2019 entre eux.

Vous avez fait quelques expérimentations sur le EP "The Pros And Cons Of Social Isolation", "As You Are" en version surf rock, des expérimentations électroniques sur "Banket Of Longing", était-ce un moyen de se détendre pendant le confinement ? Ou peut-être juste une bonne opportunité de tester de nouvelles choses ?
Vidi : Quand le virus est arrivé il y avait un confinement très dur en Israël. Nous vivons tous les uns des autres, c'était illégal de répéter et de rencontrer des gens, nous avions une tournée européenne annulée et "Mountain Fever" était prêt mais nous ne voulions pas le sortir sans être capables de jouer live et de tourner, donc nous avons pris la décision, avec le label, d'attendre. C'était au printemps 2020 et nous refusions d'arrêter notre voyage et de simplement attendre, nous sommes musiciens et quand nous arrêtons de faire de la musique tout meurt en quelque sorte. Nous n'aimions pas l'idée de ne rien faire et avons décidé de rester en contact de manière créative les uns avec les autres. Donc nous avons fait un jeu qui est devenu l'EP "The Pros And Cons Of Social Isolation". Les règles du jeu étaient simples, chaque personne devait prendre une ancienne chanson du groupe et la réarranger complètement, puis la règle était de ne pas regarder en arrière et d'envoyer directement le résultat à tous les autres, pour que chaque membre puisse ajouter ce qu'il vouler par pure inspiration par dessus ce réarrangement. Contrairement aux "albums officiels" il n'y a eu aucun tri, l'idée était de nous lancer un défi entre nous, d'être joueurs et créatifs. Nous l'avons fait entièrement de chez nous et c'était une grande opportunité de ne pas prendre les choses trop sérieusement et d'apprendre à nous connaître encore plus musicalement. Finalement nous avons décide de le rendre disponible, de partager un processus artistique transparent plutôt que le résultat traditionnel. L'expérimentation ne devrait pas être mise de côté et cachée, apprendre et devenir meilleur passe aussi par le fait de sortir des idées qui ne sont pas parfaites et prendre la peine de faire quelque chose de différent. C'était amusant de jouer à ce jeu.

Je suppose que vous êtes contents de voir l'album sortir en vinyle, surtout avec une telle pochette. Le premier album va être réédité en digipack et c'est le seul album à ne pas être en vinyle, peut-on espérer l'avoir un jour sous ce format ?
Tomer : En fait nous avions planifié de sortir "Suspended Animation Dreams" en vinyle, nous avions tout mis en place et étions prêts, cependant les coûts d'impression et d'expédition vers l'Europe élevés ont perturbé ça pendant un petit moment. Mais nous les ferons presser à la première occasion. En tant que grand amateur de format physique, c'est important pour moi que tous nos albums soient disponibles en vinyle aussi bien que dans les autres formats. C'est simplement génial d'écouter de la musique de cette façon. (sourire)

Avez-vous enregistré l'album avant ou pendant les périodes de confinement ? Était-ce possible de le faire en studio ou avez-vous été forcés de travailler chacun de votre coté ?
Vidi : Nous avons enregistré l'album entre 2018 et 2019, à Stockholm, Berlin, sur le plateau du Golan (juste au-dessus de la frontière syrienne) et Tel Aviv. Je ne pense pas que ce type d'album aurait pu sortir fidèle à ce que nous avions en tête s'il avait été enregistré pendant la pandémie, il y a trop de couches différentes et trop d'instruments qui nécessitaient une production spécifique que nous n'aurions pas pu créer uniquement dans nos home studios. La pré-poduction était méticuleuse et nous savions exactement ce dont nous avions besoin, où nous avions besoin d'enregistrer et avec qui, nous sommes très chanceux d'avoir pu tout faire avant 2020.

Certains pensent que cette pandémie a poussé les gens à penser différemment, que cette isolation forcée les a peut-être poussé à faire leur introspection. Voyez-vous les choses comme ça aussi ?
Vidi : Après que tous nos plans ont été repoussés, nous avons sentis que le vide créé par le Covid pouvait en fait être une opportunité de grandir. Je pense qu'une fois que nous avons réalisé que nous n'étions pas les seuls à être forcés d'arrêter, ça nous a vraiment donné un autre angle de vue à propos de la communauté metal et de l'industrie de la musique. Nous pouvions utiliser ce temps pour rassembler de l'information et mieux organiser notre stratégie. C'est une période pendant laquelle nous apprenons beaucoup et nous sommes confiants sur le fait que le travail que nous faisons pendant cette pandémie nous aidera dans le futur artistiquement et au niveau de l'organisation. Nous avons beaucoup d'infos et de plans que nous sommes impatients de partager avec le monde, des choses que nous n'aurions pas forcément faites s'il n'y avait pas eu le Covid. C'est une situation où tu dois t'adapter ou mourir et nous approuvons totalement l'idée de l'instrospection. La pandémie nous a vraiment offert une chance de nous pencher sur qui nous sommes et ce que nous voudrions garder ou changer. Nous espérons que tout est bientôt fini, ce sont des moments difficiles, mais nous ne sommes ni dévastés ni déprimés par tout ce qui s'est passé.

Comment vivez vous l'absence de live en tant que groupe ? Vous avez décidé il y a quelques années de faire plus de concerts et cette pandémie a débarqué. Avez vous utilisé la frustration pour créer ?
Vidi : Nous avons commencé à tourner en 2016 après quelques années à n'être qu'une entité studio et nous avons pris du plaisir à jouer live. Rencontrer le public est la chose la plus importante pour nous, donc oui ça a clairement été difficile de ne pas en faire autant cette année. Heureusement en Israël les concerts ont repris et nous avons réussi à organiser quelques événements assez sympas. Cependant l'Europe nous manque, donc nous utilisons la frustration pour planifier les choses et placer quelques dates pour le moment où le Covid disparaîtra, notre motivation est plus forte que jamais et nous essayons de trouver des façons créatives de planifier la suite et de rester en contact avec notre merveilleuse communauté. Avec un peu de chances nous pourrons bientôt partager un peu plus de détails concernant nos dates de concerts.

Avez vous aimé l'expérience du live en streaming ? Pensez-vous qu'ils existeront encore en parallèle des vrais concerts après la pandémie ?
Tomer : Vraiment pas tant que ça en fait. Je pense que ça enlève l'énergie que tu ressens en jouant devant un vrai public. Nous nous nourrissons de cette énergie envoyée par la foule et nous renvoyons tout ce que nous avons...ce n'est pas possible de créer cette relation dans un concert en streaming. On a eu notre expérience en faisant ça l'année dernière et honnêtement c'était génial, néanmoins j'espère que le monde va bientôt revenir à la normale que nous puissions jouer devant un vrai public live bien chaud, ça nous manque.

Merci d'avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions, si vous voulez ajoutez quelque chose vous avez carte blanche !
Vidi : Je veux vraiment utiliser cet espace pour remercier du fond du cœur les gens qui nous soutiennent en France, depuis que l'album est sorti nous recevons beaucoup de retours positifs de la France. Nous avons déjà tourné trois fois en France et à chaque fois c'était de mieux et de plus en plus gros. Merci à vous d'écouter notre nouvel album, de nous écrire, de partager vos pensées avec nous et de nous faire nous sentir chez nous à chaque fois que l'on communique avec le public français. On sent que vous nous comprenez et ça nous fait chaud au cœur. Merci !! Nous travaillons sur des dates de concert en France et une fois que les choses seront plus claires nous espérons jouer pour vous tous. À bientôt.

Le site officiel : www.submasq.net