Interview faite par mail par Matthieu

Bonjour, et merci de ton temps. Pourrais-tu vous présenter, le groupe et toi ?
Duran Bathija (guitare) : Salut mec ! Merci de nous avoir contactés ! Nous sommes STORTREGN, de Genève en Suisse. Notre musique est un mélange de black et death metal avec une tournure un peu axée heavy metal old school. Le groupe est composé de Romain Negro au chant, Johan Smith et moi-même aux guitares, Manuel Barrios à la basse et Samuel Jakubec à la batterie.

Stortregn est un groupe suisse, mais vous avez choisi un mot suédois. Est-ce que vous avez un lien spécial avec la Suède ?
Romain Negro (guitare / chant) : Oui, le nom du groupe est à la base un mot en suédois. Ca se réduit au fait que nos premières sources d’inspiration étaient des groupes de black / death des années 90 comme Dissection, Sacramentum et d’autres. On peut considérer ça comme un clin d’oeil à notre premier amour musical. Johan est également à moitié suédois, donc ça fait sens.

Votre son a évolué depuis la première démo, comment avez-vous travaillé sur cet aspect du groupe ? Comment fonctionne le processus de création musicale chez Stortregn ?
Duran : Chaque album doit être un pas en avant. On travaille avec ça en tête. L’évolution de la première démo du groupe à aujourd’hui est énorme, mais il faut se souvenir que Johan et Romain (Sam, Manu et moi n’étions pas encore dans le groupe) étaient très jeunes à cette époque. Et les capacités techniques du groupe ont également évolué, donc la qualité de la production aussi. Chaque album a été produit pas Vladimir Cochet au Studio Conatus, qui a travaillé avec le groupe depuis les premiers instants. Il nous comprend très bien et sait extraire le meilleur de chacun de nous. Sur cet album, la composition a été différente du précédent, parce que c’était plus un processus collectif. Ca a commencé avec "Through the Dark Gates". J’avais le riff depuis un moment, avant même de rejoindre le groupe, bien qu’il soit un peu différent. Plus thrash, avec des tritons et des pentatoniques par-ci par-là. J’ai pensé qu’il pourrait être Stortregn-ifié alors j’ai travaillé dessus, et réalisé une première version de la chanson. Je l’ai envoyée à Johan , qui a travaillé dessus, il a ajouté, enlevé et changé quelques trucs puis il me l’a renvoyé. A mon tour j’ai fait quelques changements, etc… Une fois qu’on avait ce titre prêt, on avait une orientation pour l’album. On a composé d’autres titres de cette manière. Pour "The Forge", "The Eclipsist" et "Children Of The Obsidian Light", j’ai envoyé des riffs à Johan et il a bossé dessus, les a modifiés puis arrangés. "Circular Infinity" et "Nonexistence" sont des compositions de Johan, et il a sa propre approche de composition de manière solitaire. Manuel a participé à Lawless , qui est un titre puissant et riche, rempli de parties en tapping un peu partout. Il est génial ! Romain avait de super paroles pour Shattered Universe , alors que Sam a injecté un peu de ses influences Jazz dans les titres. En fin de compte, l’album est vraiment le fruit d’un travail collectif dont nous sommes très fiers.

Votre quatrième album, "Emptiness Fills The Void", est sorti depuis fin Mai, vous avez eu des retours dessus ? Qu’est ce que ça fait de jouer de nouveaux titres sur scène ?
Duran : Pour nous, cet album est un grand pas en avant très important, et la plupart des gens le pensent aussi. On peut simplement dire qu’on met un point d’honneur à continuer sur cette voie positive !
Romain : Jusqu’à maintenant, on a reçu énormément de retours positifs. Le public a compris que cet album marque un changement important dans notre approche artistique et qu’on s’éloigne de l’étiquette Dissection qu’on nous collait. Les nouveaux titres sont plus techniques, explosifs et par dessus tout plus intensifs. On adore les jouer, vu qu’on a trouvé un bon équilibre et une alchimie interne.
Duran : Ouais, les nouveaux titres sont vraiment intenses, ils envoient vraiment. On a dû s’habituer à les jouer car certains ont des structures rythmiques un peu inhabituelles et ça peut être compliqué à mettre en place, mais au final on a réussi à le faire sans trop de soucis. La foule s’emballe toujours avec les nouveaux titres, donc je pense que c’est une victoire sur chacun des aspects !



Quelle est l’histoire de cet album ? Est-ce que c’est une histoire complète, ou simplement des histoires séparées pour chaque titre ?
Duran : Il n’y a pas d’histoire complète, mais c’est plus axé sur le concept de vide (comme l’implique le nom de l’album) qui est exploré tout au long de cet album. Les différentes facettes ou interprétations du concept, que ce soit la stérilité d’un endroit ("The Chasm Of Eternity"), la corruption et la destruction de valeurs ("Through The Dark Gates"), l’absence de lois physiques au-delà de l’horizon des trous noirs ("Lawless"). Les paroles assurent une direction générale pour l’album. Aussi loin que la musique va, c’est toujours ouvert à l’interprétation. Le titre, "Emptiness Fills The Void", est une déclaration. L’idée de vide est principalement perçue par un “rien”, alors que ça peut être un concept très dynamique.

Vous avez travaillé avec le célèbre Dan Seagrave pour l’artwork, comment s’est passée votre collaboration avec lui ? Est-ce que vous aviez déjà une idée en tête en allant le voir ?
Romain : On a toujours voulu travailler avec Dan à un certain moment, et on a eu l’opportunité de collaborer avec lui pour cet album. Le thème qu’on a exploré au travers l’album colle assez bien avec son univers. On lui a envoyé les morceaux et les paroles avec très peu d’indications, donc il a pu réellement extraire notre idée de l’album et traduire la musique et les mots en une peinture pour compléter l’album. Le résultat est scotchant !
Duran : Romain a raison, l’artwork de Dan est exceptionnel. Il traduit très bien l’idée de vide par quelque choes de dynamique. Même si tout apparaît monumental, statique, symétrique même d’un point de vue plus large, il y a plein de détails complexes dans l’artwork, un tas de choses qui s’y passe.

C’est votre second album avec Non Serviam Records, comment se passe votre collaboration avec eux ? Est-ce qu’ils vous ont un peu piloté pour cet album ?
Duran : Notre collaboration avec Non Serviam Records reflète deux entités. Le groupe grandit, le label grandit, tout comme notre collaboration. On ne peut pas dire que Non Serviam Records nous ont réellement pilotés parce que nous sommes et resterons toujours les seuls décisionnaires en ce qui concerne la composition de notre travail. Cependant, ils sont pleinement derrière nous et nous soutiennent. On est en contact régulier avec Ricardo Gelok, qui a son propre réseau de distribution. Jusqu’à maintenant, il a fait un excellent boulot pour la promotion de l’album, et on a aucune raison de croire qu’il va arrêter maintenant. Il est génial !

Vous avez également enregistré et sorti un clip vidéo pour "Circular Infinity", pourquoi avoir choisi ce titre ? Est-ce qu’il y a un message que vous souhaitez faire comprendre au monde avec ce clip ?
Duran : "Circular Infinity" est un des morceaux les plus intenses de l’album. Il est rapide. Il est brutal. Il est épique. Il capture beaucoup d’éléments qui définissent notre musique. La vidéo correspond à ces caractéristiques. Plus qu’un message, la vidéo sert son but en montrant le groupe pas seulement en tant que musiciens, mais également en tant que performers sur scène.

J’ai écrit une chronique d’"Emptiness Fills The Void", et mon titre préféré est "The Eclipsist And Shattered Universe", mais quel est le vôtre ?
Duran : Je suis très fier de tout l’album, et c’est difficile d’en choisir un en particulier. Chaque chanson a ses spécificités et son but dans l’album. Ce serait inconcevable d’enlever un titre sans affecter l’expérience auditive. Mon titre préféré dépend vraiment des jours.



Dans la chronique, j’ai écrit que je ressentais quelques influences de Wintersun et Equilibrium dans votre musique, mais qui sont vos principales inspirations ? A la fois pour les paroles et la musique.
Duran : Chacun de nous a des influences musicales différentes, ce qui enrichit notre musique. Personnellement, j’ai tendance à être influencé par de vieux groupes de heavy metal ou rock. Bien que ce ne soit pas toujours le cas, ils semblent avoir un style d’écriture plus cohérent et accessible que d’autres artistes moins vintage. Ou peut-être que ce n’est que ma perception. Dans tous les cas, les riffs ou morceaux que je présente au groupe sont souvent une conséquence directe de ce que j’ai entendu de la scène metal des années 70 / 80. Johan traduit son expérience et ses influences du classique dans notre musique, en s’inspirant de De Visée, Bach ou Schubert. Manu a des antécédents plus thrash, et Sam base son jeu sur le jazz, qu’il développe ici. Au niveau des paroles, l’idée est de peindre un tableau avec des mots. Le défi consiste à choisir un phrasé assez précis pour que l’idée soit véhiculée, tout en étant assez générique pour laisser de la place à une interprétation personnelle.

Tu préfères un riff épique de guitare ou une rythmique lourde ?
Duran : Une épique harmonie à trois voix avec la plus lourde des rythmiques.

Quel est le premier morceau de metal que tu aies écouté ?
Duran : "Fear Of The Dark d’Iron Maiden. Je l’écoute toujours, et je reste captivé tout le long du titre. Même si c’est un classique et que la foule devient folle pendant les concerts, je préfère la version studio.

Pourquoi avoir choisi de jouer du metal en tant que musicien professionnel ?
Duran : Le metal nous a choisis.

Imagine que tu es tour manager, et que tu puisses choisir trois groupes pour partir en tournée, qui choisirais-tu ?
Duran : Iron Maiden, Judas Priest et Black Sabbath. Et on serait en tête d’affiche, évidemment ! (sourire)

Dernière question : quel est ton dernier coup de coeur musical ? Des groupes à nous recommander ?
Duran : Dordeduh. Je ne me lasse pas de leurs albums. Dans des genres totalement différents, je dirais le dernier Ulver, ainsi que Vintage Trouble pour leurs performances live.

Je te laisse le mot de la fin !
Duran : Merci du soutien les gars, on se voit sur la route !


Le site officiel : www.stortregn.com