Interview faite par mail par Matthieu

Bonjour et merci pour cette interview. J’ai adoré "Stardust", et la chronique sera en ligne très rapidement ! Peux-tu vous présenter, le groupe et toi ?
Jabawock (instruments) : SOUL DISSOLUTION est un groupe belge de black Metal atmosphérique, fondé en 2012. Nous avons jusqu’à présent sorti une démo auto-produite ("Cold Rays And Grey Waves", 2014) et un premier album ("Pale Distant Light", 2016) sur le label Throats Productions. Nous sommes maintenant de retour avec un second album, "Stardust", qui sortira le 25 Mars prochain sur le label Black Lion Records. Le groupe comporte deux membres, inchangés depuis sa création. Je compose la musique et écris les paroles, et officie sous le nom de “Jabawock”. Le second membre s’occupe du chant, et se nomme “Acharan”.

Votre album "Stardust" va sortir dans quelques semaines, comment te sens-tu à ce sujet ? As-tu déjà eu des retours ?
La sortie de "Stardust" est le résultat de deux longues années de travail et de préparation, et je ne réalise pas encore tout à fait que, voilà, ça y est... Je pense qu’une fois que j’aurais le CD entre les mains, je vais enfin percuter que c’est bien réel ! En tout cas, je suis très impatient de voir l’album disponible et qu’un maximum de personnes puissent l’écouter. Les retours que j’ai eu jusqu’à présent ont été très positifs, ce qui est très encourageant.

Qu’est-ce qui vous a poussé à travailler ensemble ? Comment s’est faite la collaboration avec Forge Stone ?
J’ai rencontré Acharan lorsque j’ai rejoint L’Hiver En Deuil en 2011, et j’ai tout de suite adoré son chant. De plus, nous avons toujours été sur la même longueur d’ondes, d’une certaine façon. Du coup, lorsqu’est venu le temps de concrétiser mon projet de groupe, ça m’a paru naturel de m’associer avec lui. Il nous fallait également un batteur, et n’ayant pas réussi à en trouver un dans la région, on s’est tourné vers une collaboration à distance, comme ça se fait beaucoup de nos jours. C’est comme ça que je suis entré en contact avec Forge Stone, qui habite en Australie. Forge est un batteur exceptionnel, et c’était vraiment très agréable de travailler avec lui sur ces deux albums. Surtout sur "Stardust", je pense qu’il a vraiment pris du plaisir à jouer ces chansons, et le résultat n’en est que meilleur !

Pourquoi avoir découpé l’album en deux parties ?
L’album n’est pas découpé en deux parties. Il comporte quatre chansons, dont deux ("Circle Of Torment" et "The Last Farewell") ont une intro plutôt longue. On a choisi de séparer ces deux intros du reste de leurs morceaux respectifs, simplement pour permettre aux auditeurs souhaitant rentrer directement dans le vif du sujet de les passer. De par l’ordre des pistes, ça crée une structure intro - deux chansons - interlude - deux chansons. Je suppose que c’est cet aspect qui t’a fait penser à une séparation en deux parties, mais en fait ce n’est pas du tout voulu. C’est juste une coïncidence...

Comme je l’ai précisé dans la chronique, l’album m’a laissé de marbre à la première écoute, mais la deuxième fois, il m’a transcendé. Comment avez-vous géré la composition de cet album ? En quoi est-ce que c’était différent de la composition du premier ?
C’est marrant que tu dises ça, parce que le but était justement de composer un album qui soit prenant dès la première écoute ! Hahahaha ! En fait, la composition de "Stardust" s’est faite un peu en contre-pied de celle de "Pale Distant Light". Les morceaux de ce premier album sont parmi nos plus anciens, certains ayant été composés en 2011, avant même la formation du groupe à proprement parler. Ces morceaux ont une importance historique pour nous, faisant partie de notre motivation initiale, et ils ont été maintes fois retravaillés au fil des ans. Du coup, produire "Pale Distant Light" était une réelle nécessité avant de passer à la suite. Une fois l’album produit, j’ai commencé le travail de composition du suivant en me posant ces questions : “Quel genre d’album je voudrais écouter, si il s’agissait d’un autre groupe? Quel serait mon album idéal en tant que fan ?“. C’est cette remise en perspective qui a abouti sur "Stardust", un album plus percutant, plus dynamique, aux mélodies accrocheuses... parce que c’est ça que j’aime dans la musique que j’écoute, lorsqu’il s’agit de black metal !

Votre univers est très marqué, qu’est-ce qui vous inspire ? Autant pour les paroles que pour la composition.
En fait, bien que l’univers de SOUL DISSOLUTION soit effectivement très marqué et bien défini dans ma tête, je suis toujours un peu réticent à l’expliquer avec des mots. Je préfère laisser l’auditeur le découvrir au travers de la musique et des paroles, s'il le souhaite. Je m’inspire principalement de mon ressenti intérieur, et le concept initial m’est venu d’une envie de simplement disparaître, sans laisser de traces. Comme pour beaucoup de musiciens, les débuts du groupe et nos premiers morceaux étaient une sorte de catharsis pour moi. Mais ces derniers temps, composer est devenu plutôt une sorte d’évasion, de rêverie...



Si Acharan tient la majeure partie du chant, les parties en duo avec Jabawock sont à la fois surprenantes et agréables. Je suis moi-même grand amateur du double chant, mais pourquoi avoir choisi d’utiliser cet effet ? En particulier sur "Stardust", le titre éponyme.
Eh bien, nous avons le luxe d’avoir deux chanteurs dans le groupe, alors j’ai envie de dire…. "Pourquoi pas ?!" Hahahaha ! Mais plus sérieusement, c’est peut-être lié à notre mode de travail : en effet, je compose tout de mon côté, y compris les paroles et les lignes de chant (le phrasé). Du coup, lorsque j’enregistre une ébauche pour un nouveau titre, j’exécute dans un premier temps l’entièreté du chant moi-même ; ça me permet d’avoir une bonne idée de ce que ça donnerait comme résultat.... et je vois aussi directement quelles parties sonnent particulièrement bien avec ma voix (qui est plus grave que celle d'Acharan). Je pense que ça doit être pour ça qu’on se retrouve avec des parties de chant en duo.

Aviez-vous une ligne directrice pour l’artwork ? Qui l’a créé et comment est-ce que vous avez travaillé dessus ?
J’ai toujours mis un point d’honneur à créer tout l’artwork pour SOUL DISSOLUTION, principalement pour une question de cohérence artistique. Et vu que je m’intéresse aussi à la photo, c’était un choix naturel d’utiliser mes propres réalisations pour accompagner et illustrer la musique que je compose. Je trouve que ça rajoute une certaine authenticité à l’oeuvre dans son ensemble… Pour la pochette de "Stardust", ça s’est passé un peu différemment : vu le titre et le thème de l’album, il fallait une photo assez spectaculaire du ciel étoilé, ce qui n’est pas réalisable avec le matériel photo dont je dispose. Dès lors, j’ai dû utiliser une photo “stock” de la voie lactée, que j’ai retravaillé et combiné avec une de mes propres photos. J’ai également reçu l’aide d’un autre artiste, Moornebheym, pour peaufiner le résultat final. En ce qui concerne le livret, par contre, je m’en suis tenu à mes propres photos. Chaque double page correspond à l’une des chansons de l’album, ce qui permet d’en illustrer le fil conducteur.

Votre album est autoproduit, mais vous avez signé entre temps chez Black Lion Records, comment ça s’est passé ?
Une fois l’album produit, on s’est mis en quête d’un label pour le sortir. L’album nous semblait très prometteur, donc on cherchait un partenaire à la hauteur de nos ambitions. Black Lion Records s’est très vite montré intéressé, et au vu de leur super travail avec Hyperion et Vinland (entre autres), ça nous est apparu comme un choix idéal. Jusqu’à présent, la collaboration se passe très bien, et le label s’investit énormément dans la sortie de l’album. Ils croient beaucoup en notre musique, parfois plus que nous-mêmes !

Est-ce que vous avez déjà prévu de faire des concerts ? Quels sont les plans de Soul Dissolution pour l’avenir ?
Bien que SOUL DISSOLUTION était initialement un “projet studio”, nous avons récemment commencé à répéter avec un line-up complet, et prévoyons de monter sur scène d’ici quelques mois. Je pense que ça va donner une autre dimension au groupe, et la sortie de "Stardust" me semble être un moment idéal pour franchir ce cap ! Toutefois, notre “raison d’être” restera toujours la création musicale, plutôt que l’interprétation. On termine en ce moment l’enregistrement d’un nouvel EP, qui paraîtra, si tout va bien, d’ici la fin de l’année. Et on compte bien maintenir la cadence sur les années à venir !



Vous jouez tous les deux dans d’autres projets, comment arrivez-vous à différencier les univers ?
Les univers des autres groupes auxquels je participe sont assez collaboratifs, et chaque membre y contribue dans une certaine mesure, tandis que celui de SOUL DISSOLUTION m’est personnel. Donc je n’ai aucun mal à le distinguer des autres. Pour Acharan, c’est pareil, sauf qu’il se retrouve davantage dans l’univers de L’Hiver En Deuil, auquel il contribue grâce à ses textes.

Est-ce que tu préfères la rythmique ou la guitare lead ?
Alors là… D’un côté, je préfère jouer des mélodies plutôt que des riffs, quand j’ai une guitare en main. D’un autre côté, comme tu t’en seras certainement aperçu sur "Stardust", les mélodies que je compose sont toujours très rythmées ! Qui plus est, je suis également bassiste (notamment dans mes autres groupes), et j’ai une forte affinité avec cet instrument à vocation rythmique… Donc euh… je ne sais pas ?

Quel est le premier morceau de metal que tu aies écouté ? Et le premier CD que tu aies acheté ?
Honnêtement, je ne pourrais pas re-situer le tout premier morceau metal que j’ai écouté, mais je me souviens par exemple avoir été fort marqué par la chanson “Davidian” (Machine Head) à mes débuts. Pour ce qui est du premier CD que j’ai acheté, je m’en souviens bien et il est assez improbable : “Portrait Of An American Family” de Marilyn Manson (improbable car ça devait être en 2002, et qu’il avait déjà sorti pas mal d’albums plus remarqués que celui-là).

Pourquoi as tu choisi de jouer du metal en tant que professionnel ? Est-ce que ta musique te permet de vivre, ou as-tu un travail à côté ?
Clairement, nos activités musicales ne sont pas une source de revenus, mais plutôt une passion que l’on finance avec nos activités professionnelles respectives. Pour ma part, il y a beaucoup de raisons qui me poussent à jouer et composer du metal. Entre autres, c’est une manière pour moi d’accomplir quelque chose, de créer quelque chose dont je suis fier, tout simplement.

Imagine que tu es manager de tournée et que tu puisses choisir trois groupes, avec, si tu le souhaites, Soul Dissolution en première partie. Qui seraient ces trois groupes ?
J’ai du mal à imaginer la “tournée idéale” pour SOUL DISSOLUTION sans simplement citer les groupes qui nous influencent le plus. Du coup, sans tenir compte de ce critère, ma tournée idéale serait composée de Inquisition, Mgla, et Triptykon, dans cet ordre de passage. Non seulement j’adore ces groupes, mais je trouve qu’en termes de prestation live, ils sont parmi les meilleurs sur le circuit actuellement.

Quel est ton dernier coup de coeur musical ? Ou un groupe que tu nous recommanderais ?
J’avoue n’avoir écouté que très peu de nouveaux albums en 2018, mais j’ai déjà eu une belle surprise. Du coup je vous recommande vivement “Riitti”, le nouvel album de Paara.

Merci encore pour le temps que tu auras passé à répondre à cette interview, et merci pour cet album exceptionnel ! Je te laisse le mot de la fin.
Je n’ai pas vraiment grand-chose à ajouter, mais en tout cas ça m’a fait très plaisir de répondre à ces questions, donc merci à toi pour la rédaction de cette interview… et également à tous ceux qui la liront !


Le site officiel : www.facebook.com/soul.dissolution