Interview faite par mail par Kévin

J’ai presque honte… après avoir chroniqué vos deux derniers album et le split avec Membrane je dois aujourd’hui vous demander de présenter le groupe, comme vous le sentez, aux lecteurs de French Metal qui ne vous connaîtraient pas encore ! (Bouhhh !!!)
Mathieu (basse) : Bonjour. Nous sommes SOFY MAJOR, on vient de Clermont-Ferrand en Auvergne, ça sonne pas hyper sexy mais c'est comme ça. Le groupe existe depuis 2007, mais nous sommes en formation power trio depuis environ 2010. Il y a eu beaucoup de changements de line-ups depuis les débuts de groupe, certains ex-membres sont devenus livreurs de pizza, d'autres ont fait fortune et certains sont même morts et enterrés. Il reste donc nous trois qui sommes encore en vie, Mathieu à la batterie et au chant, Sébastien à la guitare et moi-même, un autre Mathieu, à la basse et au chant également. Depuis les débuts du groupe, on a dû faire un peu plus de 300 concerts dans une vingtaine de pays, sorti une petite dizaine de disques et on a dû se prendre un millier de cuites au bas mot.

Votre dernier album "Idolize" est sorti il y a quelques mois maintenant, un premier bilan à dresser ? Quels sont les retours ?
Les retours sont bons, on est contents de pouvoir défendre l'album sur scène et de présenter ce sur quoi on travaille depuis maintenant deux ans. Avec tout ce qui nous est arrivé outre-atlantique, j'avoue que j'avais vraiment envie de repartir sur la route. On a attaqué une première partie de tournée en France avec les Pord, et on a tourné 3 semaines en Europe en tour support de Pigs, c'était une expérience incroyable. Le fait de pouvoir partager une tournée avec des musiciens d'expérience nous a tiré vraiment vers le haut. Au final les gens nous disent : "Wow, ça sonne comme sur le disque", alors à moins qu'on soit de vrais manches, je prends ça volontiers comme un compliment, c'était le parti-pris de ce disque.

Parlez-nous un peu de l’enregistrement ! C’est un truc de dingue ! Vous partez aux Etats-Unis enregistrer votre bébé et vous rencontrez Sandy – qui n’est ni une belle-de-nuit ni une groupie mais un ouragan – le studio dans lequel vous devez enregistrer n’est plus opérationnel, vous vous dites quoi à ce moment-là ?
La première chose que je me suis dit en arrivant devant le studio c'était : "Hmmm, c'est complètement l'angoisse". On est arrivé les premiers sur les lieux, et le studio d'enregistrement était totalement dévasté. Ce qui était terrible en fait, c'est qu'on ne se sentait pas à notre place. Les producteurs qui bossaient dans le studio arrivaient chacun leur tour, et certains mecs qui avaient des billes dans le studio (des mecs comme toi et moi) ont complètement craqué... on savait pas trop où se mettre du coup. Et là c'est un peu chiant mais tu te dis : "Bon, ben on va rentrer j'imagine...". En plus du fait de n'être absolument pas familier avec la ville, d'être dans une situation d'urgence et d'avoir peu de ressources, j'ai quand même bien hésité à aller dormir dans le hall de l'ambassade.

Une solution de secours est trouvée, et non des moindres ! Cela a dû se passer très vite, expliquez-nous un petit peu tout ça…
Il y avait peu de temps pour la réflexion, on avait une deadline à tenir parce qu'on ne pouvait pas zapper la tournée. Donc il a fallu réfléchir vite, et notamment trouver un studio disponible suffisamment longtemps pour qu'on puisse y faire nos sessions. Andrew a passé des coups de fil à pas mal de monde sur Brooklyn et a réussi à trouver ce qu'il fallait. Côté matériel, pas mal de groupes de là-bas nous ont filé leur matériel et notamment Pigs nous ayant prêté la quasi-intégralité de leur matériel afin qu'on puisse enfin enregistrer cet album. Au final sur les trois semaines de session, nous n'avons perdu que 4 ou 5 jours.

Comme à chaque fois, vous nous surprenez (dans le bon sens évidemment) et c’est encore le cas avec "Idolize", que ce soit au niveau du son même de la galette ou des compositions on ressent encore une évolution. On a presque le sentiment que Sofy Major n’a pas de limites prédéfinies. Est-ce que vous travaillez à l’instinct, selon l’humeur et ce qui rythme vos vies ou bien, est-ce que vous savez où est-ce que vous voulez aller avant même d’entamer le processus de composition ?
On laisse peu de place pour l'improvisation, en général on sait vraiment vers quoi on veut aller. Le processus d'écriture d'Idolize a duré quasiment deux ans, à grands coups de pré-productions et de moments dédiés à l'arrangement, on est beaucoup trop mauvais pour arriver en studio avec notre bite et notre couteau. Néanmoins on se laisse une petite marge de manoeuvre en fin de session, pour les arrangements. Après tout le long de la session, le travail du producteur intervient, donc il peut arriver que des structures soient modifiées, qu'on ajoute des leads, du chant, par-ci par-là, mais c'est rassurant d'arriver en studio avec du matériel déjà écrit, ça évite de perdre du temps. La seule chose sur laquelle on est complètement "libre" c'est lors de l'écriture, il n'y a rien de prédéfini, si on aime jouer quelque chose, on l'enregistrera.



Dave Curran (Unsane, Pigs) vient poser sa voix (ainsi que ses textes) sur "Steven The Slow", qu’est-ce qui a motivé cette collaboration ?
J'avais rencontré Dave en Europe lors de la tournée d'Unsane avec Big Business. On s'était pris une bonne cuite à l'ancienne, et j'ai juste lancé l'idée, ça lui a plu (le muscadet aussi lui a plu). C'est un type ouvert, fun et réglo, qui bosse plus que de raison et qui a dédié sa vie au son, donc c'est un vrai plaisir de raconter des conneries avec lui à l'apéro et de bosser en sa compagnie.

L’album s’achève sur une reprise, celle de "Power Of The Voice" (Portobello Bones). Pourquoi ce titre en particulier ?
Dans un groupe, même si tous les musiciens ont décidé de se rassembler autour d'un projet commun, on a tous des influences et des goûts divers et variés. Portobello Bones fait partie de ces groupes qui nous mettent tous les trois d'accord. "Eden On Earth" est de ces albums avec lesquels on a grandi. J'ai simplement contacté Lionel, guitariste de Portobello, pour savoir si ça ne le gênait pas qu'on puisse reprendre une de leurs chansons, et ensuite c'était parti. Ce groupe fait partie de toute cette scène française des années 90 qui n'avaient rien à envier à leurs confrères américains.

En plus d’enregistrer au States vous en avez profitez (et vous avez bien raison) pour assurer une tournée là-bas. Quel(s) souvenir(s) en gardez-vous ? Comment avez-vous été accueillis par les Américains ? Le public est-il différent du public français ?
C'est différent, il n'y a pas de mauvais ou de bon public, le public le plus naze est celui qui ne vient pas de toute façon. Les Américains n'ont pas forcément l'habitude de voir des groupes indés européens tourner chez eux car c'est très contraignant d'y jouer : il y a peu de pognon, l'accueil n'est pas le même qu'en Europe, etc... mais c'est une belle expérience, le public est explosif et ça peut partir en couille pour un oui ou pour un non. Disons que les gens sont attentifs et portent peut-être moins de jugement par rapport à ce qu'ils voient en concert, si un groupe leur plaît, ils leur feront savoir en live, devant eux. J'ai le souvenir d'un type qui avait traversé la fenêtre en slammant lors d'un basement show où le public était carrément devenu dingue.

Pour finir sur "Idolize", est-ce que vous pourriez m’éclaircir un peu sur cet artwork. Je le trouve sublime mais j’ai beau le retourner dans tous les sens je ne vois toujours pas comment l’interpréter…
Pour ça il faut demander au Grand Gerald G. (le GGG). Gérald est un graphiste de talent, on est très heureux de lui confier la réalisation de la plupart de nos artworks, et hyper satisfaits du boulot qu'il fournit. Nous avons notre interprétation de l'artwork d'"Idolize" et c'est une très bonne chose si les gens se posent encore la question : "Mais qui est ce mec avec les cornes du diable ?".

Quel est le programme de Sofy Major pour les semaines et les mois à venir ? De nouveaux projets, de nouvelles idées en tête ?
Nous allons repartir en tournée avec les Norvégiens d'Hombre Malo, en Espagne au Portugal au mois de Mars et en Avril, nous allons sortir une édition ultra limitée d'un split 45 tour à cette occasion. Il y aura aussi quelques dates cet été, sur des festivals, principalement en France et je pense que nous partirons en tournée à nouveau à la rentrée pour faire plusieurs dates cool avec un groupe que l'on annoncera très rapidement. Nous avons également attaqué l'écriture du successeur d'"Idolize" et je peux vous dire qu'il sera encore plus stupide que tout ce qu'on a fait à présent.

Petite question plus personnelle : qu’est-ce qui tourne dans votre platine en ce moment ?
J'écoute pas mal le dernier album de Big Business et le dernier EP de Whores. Le dernier album de Stuntman est très chouette également. Sinon, beaucoup de oldies à côté desquels j'étais passé à côté quand j'étais encore trop jeune pour m'y intéresser.

Je vous remercie tout d’abord d’avoir répondu à ces quelques questions. Ensuite je vous remercie à titre plus personnel de me procurer autant de plaisir à chaque nouvel opus. Je vous souhaite donc bonne continuation et vous laisse évidemment le mot de la fin…
Merci à toi ! Pour les mots de la fin : bière, bruit, beaucoup.


Le site officiel : www.sofymajor.com