Interview faite par mail par Sarenka L’Amity

Salut les gars ! Nous avions eu l’occasion de faire les présentations dans une première interview il y a 6 ans, avec Amaury “Jock” et Damien “JR” ici, et on vous avait laissés au début de la saison 4, dans un épisode réalisé à nouveau par Arch ici. C’était en Décembre 2011, c’est-à-dire un peu plus de 6 mois après la sortie de votre premier opus “The Shed Skin Chapter”. Plein de choses se sont passées depuis à Dallas (ou Bordeaux, peu importe). On va donc essayer de reprendre dans l’ordre, en toute simplixité…

À cette époque, le groupe avait pour projet la réalisation d’un clip pour “How To Begin? Tear Off Your Eyelids!” issu de ce premier album ; Amaury bossait sur le storyboard… Finalement c’est un premier synopsis qui nous sera présenté en Avril 2012, un live filmé à l’Antirouille (Talence), puis un second 3 mois plus tard - les images capturées cette fois au feu Black Room (Bordeaux). Un troisième et ultime volet était au programme si je ne m’abuse…? En tout cas ce sera le fruit de votre première collaboration avec Matthieu Bichelberger et Stéphane Keca pour KB Productions (One-Way Mirror, Thousand Ravens, Lord Nelson etc). Pourquoi ce changement de cap ? Comment ça s’est déroulé ? Quel en était le but ?

Damien (guitare) : À cette époque nous avons mis presque toute notre énergie pour nous produire en live. Les années ont passé, les projets ont changé. Notre collaboration avec Matthieu Bichelberger et Stéphane Keca de KB Productions s'est finalisée dans l'inertie de notre second album et nous avons donc décidé de réorienter nos idées sur ce dernier.
Amaury (chant) : Le but de ces "synopsis” était de compiler un peu de chaque facette de notre musique, un genre de medley en vidéo.

Vous avez continué à tourner, le but étant j’imagine de promouvoir votre album ? (d’autant qu’il était je le rappelle autoproduit) Comment ça s’est passé ? Vous avez réussi à migrer un peu hors frontières aquitaines ? En tout cas, fin 2012, vous étiez en première partie de Manimal au Black Room aux côtés de Doctor Zaius, une des ultimes dates du groupe puisqu’il s’agissait de leur tournée d’adieu.
Damien : En effet, c'était une très bonne soirée avec beaucoup de souvenirs. Tout le monde s'est donné à fond. Nous avons effectivement pu nous produire un peu en dehors de la région d'Aquitaine. Depuis 2012 nous avons pu jouer à Pau, Bayonne, Saintes, Nantes, Saint-Etienne, Toulouse, etc...
Amaury : Et puis jouer avec Doctor Zaius est juste logique pour nous, les premières moutures de ce groupe ont eu lieu dans le studio où nous avons enregistré "The Shed Skin Chapter” et au moment même où nous y étions, on enregistrait la journée et eux venaient répéter le soir à l’autre bout de la maison… ça crée des connexions !

Fin 2012 toujours, gros imprévu de dernière minute, Jean (batterie) qui se blesse au poignet au boulot juste avant le concert. Pour autant, vous n’annulez pas, c’est la scène avant tout et vous décidez d’improviser. Alors pour le coup du Simplixity sans batterie, je suis plutôt curieuse ! Racontez-nous comment vous avez géré cette soirée ?
Amaury : C’était plutôt très drôle et très simple. On a joué sur des pistes audio de batterie envoyées direct dans la sono et on a imprimé une photo de Jean, scotchée sur un pied de micro qu’on a mis en fond de scène et le tour était joué !

(rires) Tout le monde n’y a vu que du feu !
Il a fallu aussi continuer le process d’écriture. Vous avez gardé la même manière de fonctionner ? À savoir Damien (guitare) qui le plus souvent propose des riffs ou Jean (batterie) qui ouvre les hostilités, et Amaury (chant) qui combine un peu tout ça en plus de la compo et des paroles (même si tout le monde à vraiment sa place et son mot à dire), ou bien les choses se sont organisées, hiérarchisées différemment ?

Damien : Nous avons composé de la même façon mais avec une énergie différente. Il y a eu des riffs de tout le monde mais pour cet album, également des implications toutes particulières, pas de hiérarchies, ni de logique à suivre ; de l’instinct, des concertations mais tout à fait naturellement. Jean et Momo ont composé leurs propres morceaux tels que "Unken Reflex” et "Omniversal Resilience”. Bien entendu, au final, chacun y apporte sa petite touche mais ça reste leur travail. En contrepartie, "Zend” est né de nous tous et ce fut fantastique.

1er Mars 2013 ! Vous entrez en studio pour l’enregistrement du second album. Ça y est. Enfin. Lors de l’entrevue fin 2011, trois morceaux étaient déjà bien en forme, quasi aboutis en fait. Un peu plus d’un an après, on y est. Comment ça s’est fait cette fois-ci ? La tracklist est déjà clairement arrêtée ? Les morceaux sont tous déjà bien carrés ? À ce moment-là vous connaissez déjà le titre de l’album ? L’artwork a été pensé en amont ? Vous avez opté pour la location d’un bunker autosuffisant en énergie en plein désert, à l’abri de toute menace potentielle ??!
Amaury : Avant tout, on pratique un art, donc rien n’est arrêté tant qu’on peut revenir dessus et si on le souhaite. Les morceaux continuent d’évoluer, même durant l’enregistrement, parfois même, ils se terminent à la dernière minute… c’est juste comme ça chez nous. Le titre de l’album était déjà formulé dans nos têtes mais il a pris encore plus de sens avec ce qui s’est passé par la suite. Je me suis appliqué à réfléchir l’artwork en même temps que la musique mais là aussi, rien n’est figé, on aime être spontané, et la pochette a beaucoup évolué… jusqu’à quelques jours avant la sortie de l’album (le 05/01/2016). Pour les lieux d’enregistrement, on a fait ça dans plusieurs endroits : la batterie à l’Avant-Scène à Cognac (17), les guitares à la maison, et la basse et le chant au Conkrete Studio… et cette fois-ci, pas d’arbres qui tombent sur les lignes à haute tension alimentant le studio, pas d’éléments naturels contre nous.

C’est hyper naturellement j’imagine que vous avez fait appel à nouveau à Mobo pour Conkrete Studio (Loudblast, Gorod, Eryn Non Dae, Silent Opera, Otargos et j’en passe…) ? Et petit bonus au passage, vous allez bénéficier du premier endorsement du stud, en l’occurrence par Two Notes (Audio Engineering), qui va installer presque pour vous un Torpedo VB-101…
Damien : Mobo est un ami et fait un peu partie du groupe… En effet le VB-101 "Spécial ElMobo” a été livré tout juste quelques jours avant les premières prises guitares alors que Two Notes Engineering n’en avait plus à disposition. Ils en ont monté un avec des bouts de plusieurs autres, c’était super classe de leur part, merci les gars ! 

C’est un peu plus de 6 mois qu’il vous aura fallu pour mener à bien cet enregistrement et sortir de studio, en Septembre. C’est long, cette fois encore. Alors on conçoit qu’il y a des raisons à ça, il y a des choses très claires, comme un déménagement, un bébé, mais en revanche il y en a une beaucoup plus floue… celle concernant ce “manquement à l’amputation d’un doigt” ?!
Amaury : Ahahah, mais comment as-tu eu vent de ça ? Max (bassiste) est technicien lumière. Un soir, lors d’une presta, il s’est fait écraser le majeur par un pont de lumières, on a eu très peur pour son doigt pendant 24/48h mais tout va bien, il fait à nouveau pleins de choses dégueulasses avec.
Damien : Je n'aime pas trop parler de longueur. La musique est dans notre peau. On fait avec ce qu'on a. On fait avec nos défauts, nos qualités. On fait lentement mais sûrement car nous sommes toujours là, depuis 14 ans déjà, et personne n'aura rien à dire là-dessus. Simplixity est un projet de cœur, nous ne faisons pas de la musique pour des raisons pécuniaires, professionnelles ou pour devenir célèbres. Nos musiques, nous l'espérons, sont faites aussi pour plaire, pour entraîner les gens dans leurs propres émotions. C'est une façon de s'approprier la musique ; oui, appropriez-la-vous et c'est tant mieux parce que la réciprocité de cet échange crée une énergie inarrêtable.

Mai 2014, nouveau cap : c’est la parution du clip de “How To Begin? Tear Off Your Eyelids!” (seconde collaboration avec KB Prod). Vous l’espériez courant 2012… Il y aurait une vraie histoire autour du personnage qui illustre le titre dans le booklet (dessins par Amaury)… Ce serait, je cite : “pas avec nos gueules en train de jouer”… Bon ben… finalement c’est un live (capturé à l’Antirouille - Talence) et… ben on ne voit que vous !!? (rires) Alors il ne s’agit pas d’un projet avorté, on le verra tout à l’heure ; juste un itinéraire bis. Pour quelle(s) raison(s) ? C’était vraiment important pour vous que ce titre soit défendu par une vidéo, quelle qu’elle soit ?
Amaury : Petite rectification, les images, pour une partie ont bien été filmées par KB Prod mais le montage n’est pas d’eux. J’ai fait ça sur mon PC pour me faire la main sur des programmes de montage. La raison est simple, fallait faire un truc avec ce morceau mais investir dans un clip du premier album alors qu’on était sur le second n’avait plus de sens, alors on a choisi ce compromis de vidéo live, la prise son est celle du concert correspondant (faisant office de troisième synopsis). Ouais, ce morceau est beaucoup apprécié par les gens qui nous écoutent, alors oui, fallait faire un truc avec.



Un mois plus tard, on vous retrouve sur la 18ème compilation French Metal “L’honneur des guerriers” avec un nouveau titre, avant-goût de vos efforts studio, en exclu. Il s’agit de “Omniversal Relisience”. Vous posterez d’ailleurs un peu plus tard la définition Wiki :
[La résilience désigne la capacité pour un corps, un organisme, une organisation ou un système quelconque à retrouver ses propriétés initiales après une altération.]
[psycho : la résilience est un phénomène psychologique qui consiste, pour un individu affecté par un traumatisme, à prendre acte de l'événement traumatique pour ne plus, ou ne pas, avoir à vivre dans la dépression et se reconstruire.] 
[étymologie : Du verbe latin resilio, ire, littéralement “sauter en arrière”, d'où “rebondir, résister” (au choc, à la déformation).]
Pourquoi le choix de cette piste pour votre premier single ? Quelle est la signification de ce titre ? Une espèce de capacité toute-puissante à aller de l’avant, toujours avancer contre vents et marées ? Que représente ce morceau ?

Amaury : Parce que pour nous, il représente bien le lien entre nos 2 albums, il a un refrain, une structure "abordable” pour du SIMPLIXITY, voilà pourquoi ce choix. La réponse est dans la question, la capacité à aller de l’avant peu importe ce qui arrive dans la vie, comme une renaissance après quelque chose qui paraissait insurmontable.

On continue votre bout de chemin : il y a un an, en février, vous étiez aux côtés de Juggernaut pour assurer à domicile au Bootleg la première partie de Trepalium dans le cadre de sa tournée Voodoo Moonshine / Damballa’s Voodoo Doll (EP qui a connu un beau succès). On peut dire que c’est la plus “belle” date que vous ayez connue ? Sacrée opportunité en tout cas, mais avec malheureusement une seule guitare ?
Amaury : Pour tout te dire, à titre absolument personnel, c’est LE pire moment de ma vie devant un public. Cela n’a aucun rapport avec les groupes présents ce soir-là, bien au contraire, un vrai honneur de jouer avec Trepalium et Juggernaut, tous de chics types, de bons vivants… et ceci vaut aussi pour les gens dans la salle… mais ce concert fut, à bien des égards, le pire que nous ayons fait. Mon frère tellement malade, annulant sa venue le midi même du concert, on a décidé 1h avant les balances de jouer quand-même, notre dernier concert avec Jean, l’avenir incertain et tellement d’autres facteurs personnels… Tout cela a rendu le concert très très étrange, presque malsain à vivre.

Il aura fallu seulement 1 an ½ pour découvrir votre second clip avec, on ne le précise plus, KB aux commandes, c’est un acquis ! Vidéo qui paraîtra en novembre dernier, en promotion de ce premier single qu’est “Omniversal Relisience”. Cette fois-ci les choses se font plus “dans une suite logique”. Il s’agit d’un clip plutôt sombre, torturé où l’on y découvre un homme ligoté sur une chaise, entre quatre murs, face à une porte close. Des images qui apparaissent en flash sur un écran de télé, et on y retrouve également… ce fameux personnage Tête-de-Globe-Oculaire-Larmoyant de votre premier opus ! Racontez-nous un peu, qui s’est frotté au scénario ? Que raconte ce clip ? Quels sentiments pour cette nouvelle expérience, comment ça s’est déroulé ?
Amaury : Second clip qui est en fait notre premier vrai clip, où on ne voit pas nos tronches dedans, comme prévu en fait ! Ça raconte l’histoire d’un mec qui essaye d’ouvrir une porte mais qui n’y arrive pas ! Ahah ! Il se doit d’être résilient pour y parvenir.
Damien : Nous avons tous participé au storyboard. Momo a écrit la trame de base, j'ai pas mal planché sur la découpe et le rythme. On l'a adapté à ce qui était réalisable dans nos moyens et nos budgets. Nous avons sélectionné un lieu de tournage. La préparation, les prises et le démontage ont pris toute une nuit. On s'est fiés à Matthieu et Stéphane (que l'on a par ailleurs embauché comme acteur) mais aussi à leur expérience pour nous guider.

Nouveau tournant encore pour Simplixity. Un mois avant la sortie de l’album, vous faites une annonce assez surprenante, pour ceux qui vous suivent depuis des contrées un peu plus éloignées en tout cas. Alors que le groupe n’avait pas connu de changement de line-up depuis 2007, on apprend en Décembre dernier que Jean n’officie plus derrière les fûts. Il semblerait que c’était au programme depuis un moment puisque je crois savoir que la date de Trepalium avait été annoncée comme étant sa dernière. C’est un certain Théo qui nous est annoncé… Vous nous présentez le petit nouveau ? (pas forcément novice) Comment s’est faite cette rencontre ?
Amaury : Alors, pour faire simple… nous n’avons jamais annoncé quoi que ce soit sur le départ de Jean. Il nous a annoncé que la date avec Trepalium serait sa dernière avec nous quelques semaines avant. On lui avait demandé de ne rien dire mais il n’a pas tenu sa promesse et a parlé à un live-reporter qui était là pour couvrir la soirée. On voulait garder le "contrôle” de ce qui se passait, de ce que ça engendrerait pour nous, en tant qu’êtres humains comme en tant que musiciens : Allions-nous trouver un batteur ? En combien de temps ? Est-ce que cela signifiait la fin du groupe alors qu’"Iter” n’était pas sorti ? Aurions-nous la force de nous relever de ça ? Puis, le hasard, la vie, le destin, peu importe ce en quoi tu crois, a fait qu’on a rencontré Théo qui n’est autre que le batteur d’Hypno5e. Une très belle rencontre, c’est ce qu’il nous fallait. Alors que nous retenions la sortie de l’album, du clip, etc., nos routes se sont croisées et on a relancé la machine… en douceur, car Hypno5e était au même moment en pleine préparation de la sortie de son nouvel album (que je vous conseille fortement) avec ce que ça engendre comme tournées, investissement en temps et énergie pour un groupe de cette envergure. Hypno5e a une place très importante dans sa vie et c’est quelque chose que nous respectons à fond. C’est un vrai plaisir et honneur de jouer avec lui, comme de partager des moments de la vie de tous les jours, cela compte plus que tout dans SIMPLIXITY, c’est peut-être la raison qui fait que nous faisons les choses de façon "non-conventionnelle” pour un groupe de musique et que nous changeons parfois nos plans… C’est la vie ! C’est comme ça qu’on dit, non ?

Et puis le 5 Janvier dernier, le voile est enfin levé sur “Iter” qui est révélé au public. Si Simplixity était un animal, ce serait un requin lézard ! Ce vieux poisson préhistorique dont la durée de gestation peut atteindre les 42 mois ! Et oui, c’est presque 3 années après votre entrée en studio qu’il aura fallu à cet opus pour voir le jour (et plus de 4 après les premières compos évoquées lors de la dernière interview). Vous aviez initialement prévu une sortie pour l’hiver 2013/2014, ce qui fait 2 ans de retard sur le programme… L’objectif principal pour cet album était d’être signés chez un label, or il s’agit à nouveau d’une autoprod. On connaît votre attachement au format physique : il n’est disponible qu’en digital… Alors quand on sait votre passion et j’ai même envie de dire votre dévotion pour le groupe, et qu’on voit ce gros délai, un format pas forcément attendu et le tout encore en totale débrouille, on se dit que vous avez dû encore essuyer un certain nombre de galères, et que ce qui pêche et pénalise, c’est cette histoire de signature ? Sachant que vous aviez eu un bel aperçu de toutes les démarches que ça impliquait avec “The Shed Skin Chapter”, que vous étiez mieux armés cette fois-ci, on peut dire que c’est vraiment compliqué aujourd’hui de trouver un label, une boîte de prod ?
Amaury : Ça faisait un bon moment que jouer avec Jean était problématique… de moins en moins disponible, de moins en moins impliqué dans la vie du groupe, on a tardé à se rendre à l’évidence et lorsque nous avons trouvé un compromis avec lui, il nous a pris de court et a décidé de tout arrêter. Nico et Damien sont aussi devenus parents dans ce laps de temps, j’ai eu des problèmes de santé qui nécessitaient que je m’éloigne de la gestion du groupe, du coup, on a tout retardé. On a même cru que le groupe était en train de s’éteindre… puis, on a rencontré Théo et la foi est revenue. On a bien démarché un peu mais toutes les réponses obtenues nécessitaient qu’on attende à nouveau des mois avant de sortir quelque chose, et on ne pouvait pas se le permettre. Alors on a sorti le clip et l’album nous-mêmes. Il en allait de la vie du groupe, de la motivation de chacun.
Damien : Les seules vraies galères sont celles que t'impose la vie du quotidien et qui freinent l'humanité à tous les niveaux. Tout à un coût et souvent pour la majorité d'entre nous, c'est difficile. SIMPLIXITY c'est aujourd'hui 50 000€ d'investissement sur 9 ans, entre le matos bien entendu, les enregistrements, les albums, le merch, les clips, les résidences, les déplacements, etc... sans l'aide de qui que ce soit. On a déjà accepté de n'avoir aucun défraiement parce qu'on aime être sur scène. On travaille pour pouvoir faire ce que l'on veut dans la musique. Forcément, ça prend du temps. Le temps fait que les avis évoluent et que les vecteurs peuvent changer. La remise en question et le changement brutal ne nous font pas peur. Le temps n'a aucune importance finalement... Les choses sont telles qu'elles sont. On fait de la musique avec nos tripes, on ne participe pas à un marathon ou une quelconque compétition. Nous ne sommes pas cadrés et n'avons que peu de soutien en dehors du public alors on fait avec.

En tout cas, vous avez pris l’initiative de le mettre en écoute intégrale partout, sur toutes les plateformes habituelles (Deezer, Spotify, iTunes… on le trouve également sur YouTube) et ô surprise, il est en plus en téléchargement libre sur votre Bandcamp. Pourquoi ce choix ? (d’autant plus que vous l’avez autoproduit) Ça vous paraissait vraiment être un passage obligatoire ? Un format physique est envisagé / envisageable par la suite ?
Damien : Parce que la musique est faite pour être partagée, tout simplement. C’est un pouvoir magique à nos yeux, qui nous a tous apporté quelque chose dans nos vies alors, sans aucune prétention, si notre musique peut faire un peu de bien, ne serait-ce qu’à une personne, pourquoi la lui vendre ? Nous ne sommes personne de plus que toi ou que ton voisin, nous ne pesons pas des millions de dollars et nous n’avons jamais souhaité ça. On investit de l'argent pour alimenter la machine SIMPLIXITY. N'ayant pas de contrat à ce jour, nous continuons à avancer. Il fallait sortir cet album qui avait déjà trop tardé suite au changement de line-up, suite aux événements importants dans nos vies privées etc... donc c'était la meilleure solution. Un format physique n'est pas possible pour nous à l'heure actuelle mais nous le ferons.

Alors si on va rechercher la définition du terme iter, on verra qu’il s’agit d’un mot latin et on va trouver des notions de route / de chemin, de parcours, de trajet / d’espace parcouru. Mais que signifie donc cet “Iter” ? Que votre voie est toute tracée ? Que vous avez fait du chemin ? Que vous avez encore un long chemin à faire ? Ou que la route est longue ?! (rires) Comment vous est apparu ce titre ? Dites-nous en un peu plus…
Amaury : C'est en effet une notion de chemin. Iter est la base de l'étymologie du mot itération, un cheminement. Pour nous, cela signifie un peu tout à la fois, qu'on a fait du chemin, qu'il en reste à faire et qu'il ne sera jamais exactement comme on souhaite le parcourir. Il y a toujours des imprévus dans la vie, son sens est donc très évolutif et plein d'adaptabilité. Le choix de ce titre fut très spontané et absolument logique lorsqu'on regardait tout ce qui se passait au sein de notre "famille". Le "présent" du groupe ne fait que confirmer ce choix.



L’artwork maintenant : il est signé Amaury, comme l’intérieur du booklet précédent. On y voit une terre, les yeux fermés ; est-elle triste, en colère, impassible, en souffrance ou simplement en sommeil ? On y voit également Zeus, à moins que ce ne soit Éole ? Qui souffle et qui semble lui en colère. Et puis des personnages, un œil également à nouveau. Analyse / explications ? Quel est ici le message que vous souhaitiez faire passer ?
Amaury : Elle est toutes ces émotions à la fois, c’est la Terre, elle contient tout à la fois et tout ce qui est en son sein. Ce n’est ni Zeus, ni Éole mais son fils, Zéphyr, le vent d’Ouest.

Côté audio maintenant, “Iter”, c’est 8 titres, 44’02, une très belle production (Mobo pour Conkrete, on le rappelle). Est-ce que vous avez pris acte des critiques du premier album pour la compo ou est-ce que ça n’a absolument pas pesé dans la balance. On sait que vous faites votre musique comme vous le sentez, que rien n’est jamais calculé, que vous êtes vraiment dans la sincérité. Mais est-ce que vous vous êtes par exemple plus imposé un format dans la durée des pistes notamment (certains vous avaient reproché d’être trop généreux avec “The Shed Skin Chapter” qui nous offrait 1h05 d’écoute avec ses 13 morceaux qui pouvaient aller de 1’15 à 10’12 !) ? Est-ce que vous avez fait attention à ce que vos morceaux soient parfois moins alambiqués, et plus appréhensibles - tout en restant dans la technicité, mais de faire des choses un peu moins disons “déconstruites” pour moins perdre l’auditeur, puisque c’est ce qui avait pu être mis en évidence sur certains titres du premier album - ou est-ce que c’est venu de façon complètement naturelle avec la maturité d’écriture ?
Damien : Nous avons bien entendu pris acte des critiques du premier album. Cela nous a été utile pour savoir où nous placer dans un contexte précis. Tout naturellement nous avons amené des idées. Cependant, nous avons tranché et accepté d'écrire un format plus "standard" en termes de durée individuelle et totale pour nous adapter au mieux à l'oreille du moment. Nous sommes restés les mêmes (rires) avec un peu plus de maturité dans la composition comme tout être qui évolue librement.

Vous dites et prouvez être avant tout dans une démarche de sincérité et de partage. Quand on entend un morceau de Simplixity, la plupart du temps on est tenté, qu’on aime ou pas, de tendre l’oreille plus attentivement. Parce qu’il y a, à mon sens en tout cas, ce côté fédérateur (la voix scandée d’Amaury n’y est probablement pas pour rien), un truc qui nous dit “allez vas-y, viens avec nous, le reste on s’en fout !” (rires). C’est quelque chose que vous recherchez sciemment, forger des morceaux pour la scène ? Ou encore une fois, est-ce que bah ça se fait comme ça vient ?
Amaury : C‘est absolument naturel pour nous de composer en s’imaginant jouer devant des gens, c’est pas réfléchi, c’est tout simplement comme ça qu’on imagine et qu’on vit notre propre musique.
Damien : Fédérateur... Nous aimons bien ce mot parce que l'on s'en sert pour écrire, et nous l'employons souvent au sein du groupe. Nous cherchons justement des ambiances pour fédérer les gens. Nous sommes un groupe de scène. On ne demande que ça. "allez vas-y, viens avec nous, le reste on s’en fout !" j'aime beaucoup cette image !

(rires) C’est de votre faute, j’y suis pour rien !
Dans votre premier album, il y avait des morceaux que vous expliquiez n’être plus réellement “d’actualité”, mais dont vous refusiez de vous passer, parce que “The Shed Skin Chapter”, c’était 10 ans de Simplixity, et ça vous tenait vraiment à cœur de faire une “photo” de ces 10 années. Du coup “Iter”, on peut dire qu’il est vraiment à l’image du Simplixity d’aujourd’hui ? Il est réellement le reflet de l’aboutissement de votre évolution ?

Amaury : Heureusement que nous ne sommes pas arrivés à l’aboutissement de notre évolution sinon, ça signifierait qu’"Iter” est notre dernier album ou que ce qui suivra sera moins bien !  "Iter” est à l’image de ce que SIMPLIXITY était au moment d’enregistrer l’album et une bonne part de cela perdure lorsque nous jouons ses morceaux sur scène. Il y a toujours un décalage entre le moment où un groupe écrit un album et lorsqu’un public le découvre, c’est ainsi. Aujourd’hui, il y a un nouveau membre, ce qu’on fera à l’avenir sera encore différent.

8 titres donc, de la basse, du groove, ça blaste, ça fuzz, de la folie mais de la mélodie toujours, la même palette de 3-4 teintes vocales qui alternent, une grosse énergie. Aucun instrumental cette fois-ci. On parle de nature humaine, de spiritualité, d’épreuves, de valeurs, d’amour, de Nature et d’Humanité. 8 titres donc et parmi eux un OMNI (Objet Musical Non Identifié), il s’agit bien évidemment de “Zend”, seul et unique featuring de ce LP, en la personne de Sab Elvenia. On débute dans une ambiance asiatique, une douce voix féminine nous chante des notes à la recherche de son âme sœur pour finir dans une explosion pour le coup complètement inattendue d’Amaury. “Zend” : zen et the end ? Comment est venue cette idée, de thème, de ton, de collaboration ? Comment ce morceau s’est-il construit ? Que vouliez-vous nous raconter ?
Damien : Comme je disais plus haut, "Zend” est né de nous tous. Un riff est venu se greffer à une mélodie, puis une autre par-dessus, et encore une autre. Nous étions tous à la guitare. Les regards se sont croisés et nous venions de comprendre ce qui était en train de se produire. Un gros travail sur l'orchestration a été réalisé par la suite, transformant des parties guitares en clavecin, en violon etc... La naissance de "Zend” a été magique, et Sab a compris ce que nous voulions sans concertation, elle a sublimé le morceau, indéniablement.
Amaury : Ce texte vient d’un rêve que j’ai fait lorsque je devais avoir 13 ou 14 ans et je ne l’ai jamais oublié. Dans ce rêve, j’y rencontre effectivement l’âme sœur ou la femme de mes rêves, peu importe, et la magie des rêves fait que nous connaissons mutuellement le nom de l’autre, et que nous cherchons à nous rencontrer même si un monde nous sépare... 20 ans plus tard, après la jam qui a vu naître la musique, je l’ai couché sur papier, d’une traite parce que pendant tout ce temps, j’attendais le morceau parfait pour l’écrire. Et il était finalement évident qu’une femme chante une partie de ce texte. C’est 1 milliard de tonnes d’amour.

Quelques jours après la sortie de votre dernier opus, surprise : first Simplixity drumcover ever ! Celle de “Omniversal Resilience” par un certain Christophe Bacqué. La classe à Dallas ou bien ?!
Damien : Nous avons rencontré Christophe en partageant des dates avec Sol Niger, il y a déjà quelques années. Ces gars sont super. Puis, après le départ de Jean, nous avons pensé à lui et le projet lui a plu. Il a bossé de son côté mais c'est Théo qui a rejoint le groupe. Cependant, quelques jours après la sortie d'"Iter”, surprise, Christophe nous écrit pour savoir s’il pouvait poster une vidéo cover drummer sur "Omniversal Resilience”. Ca nous a beaucoup touchés. Merci Christophe.

Et comme si ça ne suffisait pas, il s’ensuivra de chouettes mots plus que d’encouragement mais bien de reconnaissance de votre travail dans le Rock Hard de Février. Premier vrai article dans la presse écrite nationale… Ça doit faire chaud au cœur ?
Amaury : Plus que chaud au cœur même, en ouvrant le mag sur la page contenant l’article, je me suis souvenu avec précision, des moments où, ado, je rêvais d’un moment comme celui-là. Ça peut paraître dérisoire pour beaucoup, mais l’auteur de cet article, Arno Strobl, l’a écrit juste pour parler de notre musique et de ce qu’il a éprouvé en l’écoutant, pas de démarches intéressées ou mercantiles de notre part, pas de labels, pas de manager… juste l’Art.

Bon, dites… c’était il y a 15 ans déjà que Simplixity faisait ses balbutiements au fin fond de la Corrèze. Breakdust vous permettait de faire vos premiers pas sur les scènes bordelaises à votre arrivée en Gironde il y a 12 ans maintenant… 2 démos, 2 albums, 2 clips, plus de 100 dates à votre effectif, des affiches partagées avec des Manimal, Trepalium, Gorod, Silent Opera et tutti quanti… Des galères, des rebondissements, des rencontres, des séparations… une histoire très forte entre les membres du groupe, on sent ce “bébé” à protéger, on le cajole, on le bichonne, on le confie pas à n’importe qui, on prend son temps… Vous vous attendiez à tout ça ? C’est ce que vous espériez ? Des regrets ? Des déceptions ?
Amaury : On le rêvait, on a fait ce qu’on a pu avec ce qu’on avait et ce que nous ne pouvions avoir. On ne nourrit aucun regret, aucune frustration. Notre parcours et nos démarches sont atypiques, nous sommes nous-mêmes, impossible d’avoir des regrets.

En tout cas ça y est, la machine “Iter” est lancée. Quelles sont les prochaines étapes ? La scène avant tout j’imagine ? Mais pourtant j’ai été surprise de ne voir aucune date de prévue sur votre Facebook ? Vous laissez le temps à Théo peut-être de bien s’approprier les morceaux pour être armé pour les lives ? D’autres projets ? Des annonces à nous faire part ?
Amaury : Ça fait déjà 6 mois que l’album est sorti, ça n’a pas autant bougé que pour le premier et à notre époque, ça signifie qu’on va passer à la suite et composer avec Théo. On fera autant de concerts que possible mais il est certain qu’on regarde droit devant !

Le mot de la fin ?
Amaury : Merci à toi, à Pete et French Metal pour votre patience ! À celles et ceux qui lisent, prenez soin de vous, faites les choses avec amour, serrez-vous les coudes, soyez compréhensifs des différences que vous rencontrez.
Damien : Love.

Merci à vous pour ce temps que vous nous avez consacré. On vous souhaite d’arriver là où vos baskets auront décidé de vous mener. Gardez votre pêche et votre sincérité ! À bientôt !


Le site officiel : www.simplixity1.bandcamp.com