Interview faite par mail par Gloomy

Salut ! Bienvenue sur French Metal pour notre toute première interview ensemble ! Le premier album de Season Of Ghosts, "The Human Paradox", est sorti il y a peu (ndlr : interview réalisée fin janvier 2015). Alors, es-tu fière de ton nouveau bébé ? Je suppose que le premier album d’un groupe est toujours un moment particulièrement important, n’est-ce pas ?
Sophia Aslanidou (chant) : Salut, heureuse de faire ta connaissance ! "The Human Paradox" est sorti début Décembre ; c’est quelque chose sur lequel on travaillait depuis presque deux ans. Honnêtement, je pensais que le processus serait plus rapide, mais je n’avais pas pris en compte des facteurs cruciaux comme les retards et la malchance (rires). Alors le temps duquel j’ai eu besoin pour revenir sur la scène musicale m’a paru durer une éternité et, pour être franche, j’ai eu peur que personne ne se souvienne de mon nom le jour de mon retour. Cette pensée m’a presque arrêtée plusieurs fois. Au final, j’ai utilisé le temps qui m’était imparti de la meilleure manière possible, et tout s’est bien passé.
Je suis incroyablement fière de "The Human Paradox", qui n’indique pas seulement mon retour –en temps qu’artiste solo–, mais qui marque également mes premiers pas comme compositrice et productrice ! J’ai composé la majorité de l’album, ainsi que la co-production, et j’ai gardé le contrôle du début à la fin. Tout devait satisfaire mes goûts personnels, rien n’a été laissé au hasard. C’est un album 100 % personnel, qui traite d’un concept important pour moi et, en même temps, qui résume ma vie telle qu’elle s’est déroulée ces dernières années. Chaque chanson de l’album possède un double sens. Si tu lis entre les lignes, c’est non seulement le fil du concept, mais également le récit de mes expériences personnelles. C’est de cette manière que j’aime écrire mes textes ; j’aime cacher des messages en eux, pour que les gens s’amusent à les décoder (rires).

D’abord, j’avoue avoir été véritablement impressionnée par la production. Sérieusement, quel bon travail ! Alors avant de parler de la composition, pourrais-tu nous en dire plus sur l’enregistrement ?
Merci ! Comme j’ai également beaucoup pris en charge cette production, je suis ravie de ce commentaire. De mon côté, il y a eu beaucoup d’essais et d’erreurs, puisque tout était nouveau pour moi. De ce fait, il m’a fallu plus de temps pour réussir, et j’ai eu besoin des conseils de l’équipe de production. Bien sûr, j’ai sélectionné cette équipe avec soin, afin d’être sûr que chacun mène à bien sa tâche. J’ai enregistré une partie du chant en Grèce avec Zombie Sam, venu superviser l’ensemble du processus. Le reste, instruments compris, a été enregistré à Turin, en Italie. Zombie Sam et Nero Argento sont multi-instrumentistes. Ils ont donc tout interprété même si, sincèrement, j’ai été très tentée de jouer moi-même les parties guitare. Peut-être au prochain album ! J’ai demandé à MiA de Mejibray, un groupe populaire de visual kei avec qui j’ai travaillé plusieurs fois auparavant, de jouer sur mon album, et il a adoré l’idée. Il a enregistré "Time Travellers" et "Quantum" du Japon, et nous a envoyé les titres.

Parlons maintenant de la composition. Ta musique a le pouvoir de graver des images en mémoire dès la première écoute. Alors pourrais-tu nous décrire la manière dont tu aimes travailler ? Commences-tu avec l’idée et la mise en place d’un concept, ou préfères-tu que la musique elle-même guide tes pas ?
Franchement, je suis une personne très intuitive et, du coup, mon processus créatif l’est également tout autant. Je n’ai pas envie de me fixer des limites ou des barrières, alors je me détends et explore mes idées. Ce brainstorming définira la direction à prendre. Ensuite, je mets en forme afin d’atteindre mon but final. Je ne m’assieds pas derrière le piano en me disant : "Ok, écrivons un titre metal joyeux et dynamique !". Je me contente d’aller à la pêche aux idées ; je les collectionne, ainsi que les notions, et que j’ai l’impression d’avoir assez, je me penche une deuxième fois sur la matière afin de lui donner une forme plus compréhensible. En fait, j’ai écrit suffisamment de matériel pour presque deux albums en composant "The Human Paradox". C’était difficile de sélectionner le meilleur (rires).



Sophia, tes performances vocales sont vraiment maîtrisées et uniques ! Pourrais-tu s’il-te-plaît nous en dire plus sur ta formation et ta carrière de chanteuse, ainsi que ta carrière de musicienne, de manière générale ? Je pense que tu es tombée amoureuse de la musique à un très jeune âge, pas vrai ?
Tout à fait, et tout ça grâce à mon grand-père. Il est professeur de musique et multi-instrumentiste. Il a étudié en Russie, et c’est lui qui m’a appris, à un très jeune âge, à jouer du piano. De plus, il m’a également rapidement testée sur le chant et sur la composition de style libre. Tout le monde disait que j’étais talentueuse, à l’école de musique. Mais le terrorisme imposé par les règles sociales et le conditionnement parental m’a fait laisser tomber les aspirations musicales sérieuses que j’avais, et je me suis centrée sur d’autres sujets d’études. Je ne le regrette pas et, en fait, je suis fière d’avoir appris ce que j’ai appris, mais je me sentais mal à l’idée de ne pas mettre en pratique mes études de musique. Alors j’ai saisi la première opportunité qui s’offrait à moi, et je suis là ! (rires)
Je n’aurai jamais terminé de cultiver ma voix, mais ce qui fait la différence, c’est d’avoir des conseils idéaux –c’est-à-dire un supplément d’attention et d’astuces de la part de mon professeur de chant– afin de m’aider à utiliser cet instrument de la manière la plus idéale. Il est important de se rappeler qu’avec SEASON OF GHOSTS, j’ai construit l’intégralité de mes lignes vocales, ce que je ne faisais pas du tout lors de ma carrière au sein de Blood Stain Child, où Ryu avait le contrôle total de la création, ne laissant aucune place à l’improvisation. Un projet solo permet une vaste étendue d’options pour l’expression personnelle, et c’est ce qui ressort avec "The Human Paradox". Je suis consciente qu’il existe un fossé magistral entre ma performance sur l’album "Epsilon" (Blood Stain Child) et celle de "The Human Paradox", mais c’est assez naturel quand on pense qu’avec "Epsilon", j’étais vraiment nerveuse, puisque je n’avais jamais rien enregistré, et que c’était la première fois que je faisais partie d’un groupe. Je n’étais pas très familière avec le potentiel de ma propre voix, et je travaillais avec des gens qui parlaient une langue tout à fait différente. Mon japonais en 2010 était correct, mais pas génial dans un milieu professionnel, ce qui a contribué à rendre cette expérience stressante. Cette fois-ci, j’étais très détendue, même si j’avoue avoir creusé ma propre tombe avec certaines lignes vocales impossibles à réaliser si ma voix n’est pas échauffée à 100% et étirée au maximum (4, 5 octaves). (tousse) "Dream ; Paralysis" (tousse) (rires)

Au fait, tu étais exécutrice avec les Japonais de Blood Stain Child. Aujourd’hui, tu es finalement maîtresse de ton propre projet. Comment te sens-tu ? Créer la musique à ton image doit être une récompense en soi, mais ne le ressens-tu pas comme une pression supplémentaire ?
Touchée ! (rires) Oui, c’est effectivement une pression supplémentaire, à tout point de vue. Mais payer pour les erreurs d’un autre est encore pire, alors je préfère être maîtresse à bord, à travailler comme une folle, 24h/24 et 7j/7, mais en gardant le contrôle de ma carrière. Au moins, s’il y a des erreurs, je sais que j’en suis la seule responsable, et j’en payerai le prix. Je n’accepte pas souffrir des fautes de mon équipe, surtout lorsque j’aurais pu prévenir l’erreur survenue pour cause de manque d’écoute. Une équipe implique une masse de batailles d’ego. Pour ma part, je mets tout en œuvre pour réaliser un travail efficace, et je préfère cela à se mettre en compétition avec d’autres équipiers. De ce fait, je suis frustrée lorsque d’autres personnes pensent à leur propre ego avant de penser aux bénéfices de l’équipe entière.
Le bassiste de mon ancien groupe m’a dit : "Bon Dieu, qu’est-ce que tu connais du business dans la musique ? Je joue dans des groupes depuis que j’ai quinze ans et toi, qui n’as jamais fait partie d’un groupe de ta vie, tu oses parler ?". C’était très ironique, puisque j’ai travaillé avec succès comme manager, chasseuse de têtes et organisatrice d’évènements pour des groupes japonais entre 2005 et 2012, ainsi que comme assistante manager pour l’hôtel cinq étoiles de ma famille depuis encore plus longtemps. J’ai essayé d’instaurer mon système de business dans Blood Stain Child, mais beaucoup de projets sont tombés à l’eau (comme cette honteuse tournée européenne annulée) à cause de problèmes d’ego et autres. Cette expérience m’a beaucoup aidée et m’a confirmé que je ne suis pas faite pour travailler en équipe. Je suis une perfectionniste, je suis très directrice, et si d’autres ne répondent pas aux mêmes standards, j’ai l’impression de perdre mon temps.

Dans le futur, aimerais-tu alors que Season Of Ghosts reste ton projet propre, ou envisages-tu que de futurs albums soient peut-être composés en collaboration avec d’autres cerveaux ?
J’aimerais garder SEASON OF GHOSTS "pour moi", mais Zombie est maintenant une composante essentielle de mon processus de création. Nous sommes compatibles à 100%, donc il continuera à contribuer aux futurs albums de SEASON OF GHOSTS, sans aucun doute ! J’ai également une entière confiance en les membres de ma Ghost Legion (les musiciens qui partagent mes concerts) : Paul à la basse et Max à la batterie. Paul est extrêmement créatif avec ses lignes de basse. Je peux toujours dormir sur mes deux oreilles, puisque je sais qu’il donnera toujours son maximum. Pareil pour Max et sa batterie. Il étudiera l’album pendant deux jours, puis sera prêt pour une bataille épique ! Je ne plaisante même pas (rires) ! Zombie est également un excellent musicien, à l’occasion, ainsi qu’un chef d’orchestre. Alors ces trois gars et moi formons une équipe très solide. C’est la première fois que j’ai l’occasion d’expérimenter un niveau de professionnalisme pareil, et je suis surprise très positivement. Merci, Ghost Legion !



Parlons un peu de ton univers. De l’image aux paroles, tu invites ton public dans un monde qui t’est très personnel, et empli de créativité. Comment le décrirais-tu ? Quelles sont tes inspirations principales ?
Je m’inspire de l’invisible, du monde spirituel, de sensations, d’énergies… Tu le sais déjà probablement, mais je suis une grosse fan de "X-Files". De ce fait, j’écris beaucoup à propos de sujets proches ("Stargazer" dans le passé ; "Time Travellers" sur mon dernier album). Mais j’aime également observer l’humain et sa nature. Je suis là pour raconter des histoires, si tu veux les écouter ; conseiller ; si tu trouves que mes mots sont utiles ; essayer de rendre la vie des gens un peu plus lumineuse, si tu décides d’ouvrir la porte et de laisser la lumière pénétrer.
Je ne suis pas une artiste qui chercher à offenser, à vendre un état d’esprit négatif, couplé à de multiples psychoses et renforcé par un passé dramatique. Je ne veux pas non plus me présenter comme un sex symbol décadent ; je suis contre la sur-sexualisation de la femme dans l’art en général, et je ne servirai pas le système patriarcal qui favorise les femmes ressemblant à des objets sexuels. J’ai choisi l’amour et la lumière, et non parce que je n’ai pas d’histoire triste ou de passé difficile ; je doute que la plupart des gens seraient restés sains d’esprit ou en un seul morceau après avoir vécu un an de ma vie. Mais j’ai choisi de ne pas pleurnicher ou me focaliser sur le négatif, au profit du processus d’évolution. C’est ce dont traitent à la fois mes précédentes paroles et mes textes actuels : l’évolution spirituelle et prendre ta vie en mains ; surmonter les obstacles et être gagnant. SANTÉ, AMOUR ET ROCK N’ROLL ! (rires)

Question très évidente : comment est dessiné le futur de Season Of Ghosts ? Avez-vous prévu quelque chose afin de célébrer le deuxième anniversaire du groupe, en Octobre ?
Je suis actuellement en pleine préparation de tournées. Alors tu risques de nous voir à travers le monde dans un futur proche. Je croise les doigts ! Rien n’est encore confirmé pour Octobre prochain, mais je trouverai quelque chose !

Ok, question bonus pour nos lecteurs (en français dans le texte). "J’ai cru lire que tu parlais français ? Alors, aimes-tu la langue de Molière ?". J’ai également noté que tu maîtrises différentes langues étrangères. Est-ce un de tes centres d’intérêts particuliers, ou est-ce pour une simple question pratique ?
(en français dans le texte) "J’aime la langue de Marquis de Sade !" (rires) (ndlr : quelle femme de goût !). Pour faire court, j’adore étudier, et je suis passionnée par la communication et la compréhension entre les peuples. Je me considère comme une citoyenne du monde et j’apprends beaucoup des gens en étudiant leur langue et leur culture. Mes parents ne m’ont jamais forcée à étudier ; c’est moi qui étais obsessionnelle (rires). Je crois que c’est très égoïste et étroit d’esprit de se contenter de parler sa propre langue, en n’ayant aucun intérêt envers ce qui n’entre pas directement dans ta propre culture. L’éducation (dans et en-dehors du circuit scolaire) est vitale pour l’évolution spirituelle autant que personnelle. Sans cela, tu es aveugle et impuissant. C’est à cause du manque de culture et d’éducation que le monde court à sa perte. Si plus de gens pouvaient "se réveiller de leur illusion de séparation", afin de réaliser que tout n’est qu’un, que NOUS sommes un, il n’y aurait pas de haine, pas de guerre, pas de tristesse. Pour reprendre les mots du morceau-titre "The Human Paradox" : "J’expose tout mon amour pour le monde, ou est-ce trop tard ?".

Nous arrivons à la fin de l’interview. Merci de tout coeur pour ta disponibilité ! Nous te souhaitons tout le meilleur pour la suite !
Merci beaucoup pour cet entretien ! J’espère vous voir en France cette année ! Toute mon affection aux lecteurs de cette interview !


Le site officiel : www.seasonofghosts.com