Interview faite par mail par Davidnonoise

Je tiens vraiment à présenter ce groupe qui m’a franchement emballé avec sa musique metal progressif, leur EP montre un niveau incroyable et une finalisation des compos vraiment marquante. L’émotion passe, le boulot de Sadraen mérite largement une écoute des quatres titres qu’ils nous proposent.

Salut ! Peux-tu me présenter le groupe en faisant une petite bio ?

Antoine (chant / guitare) : Salut David ! Alors SADRAEN c’est 3 musiciens, super potes depuis des années et qui partagent la musique comme passion. On revient de loin, ça fait pas mal d’années qu’on est ensemble, qu’on travaille chaque semaine pour que ce qu’écoute notre public soit exactement ce que l’on veut qu’il entende : un metal profond, ambiant, vivant et pur. C’est seulement depuis Janvier 2014 qu’on partage le projet SADRAEN, même si c’est celui qui nous tenait à coeur depuis nos débuts, en 2008.
Valentin (batterie) : Salut David. Oui en effet, comme l’a dit Antoine on a changé de nom de groupe en Janvier et on a eu peur de cette transition par rapport à notre précédent public. On jouait depuis tellement longtemps à un niveau amateur qui ne nous convenait plus qu’on a fini par prendre le virage. L’accélération en sortie est plutôt bonne pour le moment, avec pas mal de lives et la sortie de notre EP "Sophomore" le 21 Juin 2014. On a toujours eu envie d’avoir la même qualité sur scène et sur audio que les groupes qu’on adore, en se disant toujours que c’était impossible. Mais qui ne tente rien à rien, alors le nouveau projet SADRAEN est arrivé de lui-même. On a surtout axé nos compositions vers un style plus progressif.

Le groupe s’est réorienté musicalement vers un metal plus progressif ? Pourquoi ce choix ? Est ce que le côté progressif vous permet d’étendre votre palette musicale et d’y insérer vos goûts ?
Antoine : Pour que l’auditeur ressente le creux de la vague, qu’il plane quelques instants sur des rythmes plus grisants, plus cassants pour mieux apprécier le morceau à son paroxisme. On souhaite éviter au maximum de tomber dans le cliché des musiciens techniquement bons voire trop bons qui veulent privilégier leurs compétences au détriment de la musicalité. Je souhaite personnellement que quand on écoute un de nos morceaux on ressente exactement le même sentiment que moi à chaque passage, à chaque variation. Je prends toujours en exemple une représentation de "La Flûte Enchantée" de Mozart, que j’avais vue étant petit et qui m’a surtout plu car elle était entrecoupée de narrations qui contaient l’histoire. Chaque instrument, à chaque mouvement reprenait à la perfection les sentiments que le compositeur voulait voir transparaître : la colère, l’amour, la peur, la peine… Et ainsi chaque acte égalait musicalement la narration précédente. C’est ce qui me motive à appuyer mes compositions death par du progressif.

L’EP "Sophomore" est sorti, êtes-vous entièrement satisfaits du résultat, notamment de sa production ?
Adrien (guitare) : Salut David ! Oui, on a tout d’abord commencé par enregistrer nos morceaux nous-mêmes. Il faut passer par là je pense pour bien comprendre que l’enregistrement, le mixage et le mastering sont des principes complexes et qu’ils nécessitent beaucoup de patience et de passion. Après des résultats très médiocres en ayant tout fait nous-mêmes, on voulait vraiment relever le niveau et on s’est décidé à économiser pour aller en studio. Rien à voir avec des rêves de gosses : on voulait juste tester le boulot professionnel et en découvrir les rouages. C’était en Décembre 2012 et on partait avec un seul morceau : "Decathexis". La première production n’était pas encore passée par le mastering, uniquement mixage et pré-mastering par Valentin Alfano et ça nous a déjà semblé très bon, largement mieux que ce qu’on espérait et on souhaitait aller encore plus loin.
Antoine : On est vraiment super satisfaits ! En fait, on a récupéré le tout complètement fini qu’un an et demi plus tard, début Avril 2014, et là ça nous a vraiment touché que ce soit si bien, et particulièrement qu’on ait été aussi bien compris par Fred du Studio C&P de Sequedin. Après de très, très nombreuses écoutes, on continue d’apprécier ce qu’on a mis sur CD et c’est un plaisir d’avoir des retours positifs de notre public.



Comment s’est effectué le travail de composition pour cet EP, avez-vous dû écarter certaines compos pour ne privilégier que celles qui accrochaient le plus à votre style actuel ? Ou n’aviez-vous que quatre compos que vous avez bossées à fond ?
Antoine : Pour ce qui est de la composition, c’est très aléatoire. On pioche un peu partout dans les riffs qu’on trouve chacun dans son coin et on leur fait passer un casting à chaque répétition. Si deux jurés sur trois sont pour : on conserve pour la suite. Si tout le monde est unanime, on planche à fond pour en faire un riff majeur d’une compo et trouver ce qui va graviter autour. C’est vrai que ce n’est absolument pas construit et que ça peut faire peur, mais jusque là ça nous réussit bien.
Valentin : On a décidé que vu notre assiduité à composer, ça nous prendrait du temps de faire plus de cinq morceaux on partirait sur cette base. Au final, quatre c’est très bien : sans vouloir rester dans les normes, on se situe à 4 minutes par morceau en moyenne, un quart d’heure d’écoute pour découvrir un groupe c’est ni trop ni trop peu.

Avez-vous des retours sur l’EP ? Et quelle est la tendance qui se dégage de ces retours ?
Antoine : Avant tout c’est toujours un plaisir de recevoir des critiques et d’avoir des avis. De tout ce qu’on m’en a dit, je retiens énormément de positif, de félicitations, de remerciements. Ça nous fait extrêmement plaisir et je remercie à nouveau chaque personne qui m’a fait un retour. La tendance principale c’est de l’innovant, un style à contre-courant, un chant particulier, des compos bien structurées et une très bonne production, très professionnelle. Le tout avec un arrière-goût Gojiresque pour presque tous les retours. Non pas qu’on souhaite s’en éloigner -c’est même très flatteur- mais plutôt qu’on veut éviter la pâle copie. Au final, on est d’autant plus fier quand on sait qu’on est pas seul à aimer notre musique.

Je ne vais pas vous cacher que j’ai carrément été emballé par la qualité des morceaux, moi qui suis un gros fan de brutal death, je suis resté sur le cul, car il se dégage une incroyable énergie des compos. Comment aimeriez-vous que l’auditeur appréhende la musique de Sadraen ?
Adrien : On veut surtout que l’auditeur retienne que l’énergie que dégagent les compos ne vient pas seulement d’une production qui carbure à l’électronique, mais essentiellement d’une bonne cohésion entre chaque riff, qui fonctionnent comme les "mouvements" d’Antoine. Ça n’arrache pas à chaque seconde de la piste, mais l’ensemble est plein à craquer d’impulsions, d’instants qui frappent l’auditeur. Je pense qu’on doit surtout ça à mon frère !

Parlons du chant, je parlais d’énergie tout a l’heure, il se dégage là aussi une puissance incroyable des parties vocales, comment s’est effectué le travail vocal, s’est-il fait spontanément ou a-t-il fallu puiser au fond des tripes pour sortir toute cette puissance ?
Valentin : Il tremble. J’ai souvent peur qu’Antoine tire trop sur ses cordes vocales et qu’il abîme un des éléments poignants du groupe. En fait, c’est moi qui prend le plus parce que je filme ses performances dans la cabine d’enregistrement ! Alors je vois bien que c’est pénible et j’ai parfois l’impression qu’il en souffre bien qu’il dise le contraire.
Antoine : En fait, le chant c’est pas trop mon domaine de prédilection… Je n’aime pas trop les techniques de chants trop poussées : là tout ce que je sais faire c’est me rappeler des chanteurs des groupes que j’écoutais il y a des années et tenter de les imiter au mieux. Et la voix ce n’est pas comme sur ma guitare ou sur une batterie où l’on peut s’approcher du son d’origine de l’artiste : c’est trop hasardeux, et c’est pour ça qu’en passant par plein de tests j’en suis arrivé là. Alors oui, comme le dit Valentin, je suis un peu naze à la fin d’une répét’, plus d’oxygène au cerveau pendant un concert, d’autant plus que jouer et chanter à la fois ça laisse moins de concentration sur la respiration. Mais c’est ça qui me plaît, ne pas être parfait mais sortir chaque phrase le plus violemment possible, pour qu’on sente vraiment que les paroles sont destinées à être hurlées.

Chacun des quatre morceaux est vraiment abouti, avez-vous été inspirés par certains groupes pour arriver à ce super résultat ?
Antoine : Comme dit plus haut, on est vraiment accro à Gojira. C’est pour nous le groupe qui entraîne toute une époque, une ère du metal qu’il a lui même créé. On les a vu de nombreuses fois en live et c’était vraiment intense.
Adrien : Avec eux on ne tombe pas dans l’excessif, le metal trop abrupt qui repousse les auditeurs qui recherchent quelque chose de plus construit, de mélodique et même d’atmosphérique. On veut que pour nous ce soit la même chose, que quand on écoute l’EP pour la première fois, on ne se retrouve pas avec des morceaux incompréhensibles mais avec de vraies ambiances. Après, bien-sûr, j’avoue que c’est beaucoup plus le cas de "Placid Sear" que de "Hollow Shepherd".



Vous avez quelques concerts à votre actif, est-ce que le fait d’être un trio pose problème pour certains morceaux ?
Antoine : Franchement sur scène on nous l’a beaucoup dit au début, la basse manque par rapport aux versions CD, surtout qu’elle est particulièrement présente dans nos compositions pour finir, particulièrement dans "Placid Sear". Mais parfois on nous dit que ça n’empiéte pas sur l’ambiance générale, qu’on comble le vide avec le reste. Mais on préfère tout de même continuer à chercher un bassiste, même si ce n’est pas activement, pour au moins offrir la prestation qui ressemble le plus à notre performance sur CD.

 En parlant de live, qui est le plus stressé avant d’entamer un concert ?
Valentin : Je suis le plus jeune, alors c’est souvent moi qui stressais au tout début ! Mais maintenant je pense que c’est bien passé. J’ai la meilleure place : pas un mot à dire, juste à ne pas me planter pour que tout le monde voit que ma prestation est la même que sur CD. Mon plus gros problème pour l’instant c’est plus l’aspect physique, la fatigue après un set complet.
Adrien : J’ai toujours stressé un peu, je suis naturellement comme ça : que ce soit pour une entretien professionnel, un examen ou autre, j’ai toujours un peu le trac, la boule au ventre. Mais je pense que c’est bénéfique, parce que la sensation que j’ai quand je commence à jouer c’est la meilleure, je peux tout lâcher et souffler pour donner mon maximum et c’est vraiment agréable.
Antoine : Franchement ça va. Ça a toujours été, je suis à l’aise et plutôt extraverti dans la vie, et je fais de mon mieux pour rester naturel sur scène alors ça doit se voir. J’ai uniquement peur d’un jour me planter complètement et que tout le monde me hue, comme dans un cauchemar de gosse. Mais jusque là tout va bien.

Avez-vous des projets live pour les mois qui arrivent ?
Antoine : En ce moment, on découvre la scène amiénoise ! En fait on a joué exclusivement dans le Nord ces dernières années et on ne s’est jamais rapproché d’Amiens. Au final on y a joué avant la sortie de "Sophomore" et les gens qui étaient là ce soir-là nous suivent à fond et sont je pense assez fier d’avoir SADRAEN comme groupe local. On a eu un max de retours de leur part, et on sait qu’ils seront au rendez-vous si on programme un autre concert dans le coin. Je reste en contact avec de nombreux groupes et organisateurs pour pouvoir amener SADRAEN à jouer dans le plus de salles possibles !

Qui écrit dans le groupe, pouvez-vous m’en dire plus sur les textes de "Sophomore", qu’est-ce qui a inspiré ses textes ?
Antoine : C’est exclusivement moi qui écris les textes, non pas parce que les autres écrivent mal ! Mais simplement parce que je pense que ce que je souhaite raconter à travers mes textes n’est pas seulement vrai pour moi et que Valentin et Adrien s’y retrouvent comme tout autre lecteur. En fait, j’écris assez naturellement, sans trop chercher à complexifier mon discours. Il faut que le message de chaque morceau passe dans son entièreté, et pour ça je veux qu’il soit facilement compréhensible. Comme je le disais un peu plus haut, ce sont bien-sûr des paroles qui sont destinées à être hurlées, alors il faut que ce soit fort, gorgé de chaque émotion que je veux transmettre, sans pour autant tomber dans le cliché. Alors simplement je puise dans mon imagination, dans mes rêves, dans mon quotidien pour inventer des histoires, des scénarii de courts-métrages quasiment. Par exemple "Hollow Shepherd", le "Faux Prophète" ou "Faux Berger" : c’est un personnage fictif créé de toutes pièces par des scientifiques et qui posséderait l’immortalité, tout du moins ne pourrait pas mourir de vieillesse. À partir de ce personnage je peux soulever des questions qui gravitent autour du sujet de l’immortalité : la création de la vie par l’Homme, la mort qui semble sensiblement bénéfique à mon personnage, et également la religion. Je ne vais pas décrire chacun de mes textes, et c’est surtout à l’auditeur de s’en faire une idée en découvrant le morceau et les paroles. Mais j’essaie de faire de mes textes qu’ils donnent un sens profond et une seconde réflexion à l’auditeur. N’hésitez pas à les découvrir sur notre site. Merci David, et merci à French Metal pour cette interview, on se retrouve tous très bientôt sur scène pour la promotion de "Sophomore".


Le site officiel : www.sadraen.com