Interview faite par mail par Byclown

Hello, petite interview pour la sortie de votre nouvel album "Where Stone And Water Meet", deux ans après votre précédente interview pour la sortie de "Pregnant With Promise". Première chose, avant de commencer l’interview, merci de te présenter et de présenter le groupe.
Romaric (chant) : Salut Byclown, alors Nous sommes les RED MOURNING, un groupe de “southern metal” de la région parisienne fondé en 2004. Le groupe est composé de JC "Hoog" au chant / harmonica, Aurélien à la batterie / chant, Seb à la basse / chant et moi (Romaric) à la guitare / lap steel.

Dis-moi ce que vous avez fait entre la sortie du précédent album et la compo de ce nouvel opus. Pas mal de dates ?
Effectivement pas mal de dates, en région parisienne, province ou à l’étranger, en particulier la Belgique.

A ce propos, combien de temps avez-vous mis pour composer ce nouvel opus ? Le mode de composition reste-il inchangé depuis la dernière fois ou pas ?
Comme pour le deuxième album, on a mis trois ans à composer / enregistrer celui-ci, pour diverses raisons, mais en particulier en raison du processus de compo en répétition et au fait qu’on se laisse du temps pour garder un certain recul. En général, on part d’une idée de riff à la gratte avant d’étoffer au fur et à mesure, pour finir par le chant de "Hoog". Cependant, dans cet album, certains titres ont été composés par JC, notamment avec de la steel guitar (exemple : "Touch By Grace"). C’est une manière de composer assez démocratique, ce qui ne nous fait pas forcément gagner du temps, mais beaucoup de satisfaction à chacun une fois les titres dans la boîte. En ce moment on essaie de changer notre mode de compo pour gagner du temps et pourquoi proposer un nouvel album d’ici 2 ans. Comme tu vois, on est très motivés !

Quels sont les différents thèmes abordés dans le disque ? Tournez-vous encore autour de la thématique de l’esclavage ?
Le thème de l’esclavage n’est pas vraiment évoqué comme tel, bien qu’on revendique nos influences blues, musique qui puise ses racines des esclaves afro-américains. Les thèmes principaux de nos chansons sont en général le désespoir, la frustration face au manque ou à une certaine angoisse de l’avenir, l’incertain, la mort, c’est très introspectif. Certains titres sont très narratifs, d’autres sont plus vagues, dans le ressenti... ça laisse à chacun la possibilité de s’identifier ou aborder les chansons de manière plus légère.

Je trouve que cet opus est vraiment différent des précédents : plus éclectique, avec l’emploi de slide guitare, des accordages différents, votre batteur qui double les voix en chant clair, quasiment plus d’harmonica… Pas mal de changements en réalité mais qui n’enlèvent en rien l’identité musicale du groupe. Peux-tu, du coup, me parler un peu des points que je viens d’énoncer (car il y en a beaucoup) ? Comment sont venues les idées de tous ces changements ?
Notre motivation première dans cet album a été de nous dépasser, viser plus haut en termes de composition ou d’exécution. Comme tu le dis, apporter une touche encore plus éclectique à notre musique, notamment grâce à l’utilisation d’autres instruments issues du blues, comme la slide guitare, le lap steel… on a même joué avec une guitare fabriquée avec une boîte à cigares ! Sans reléguer l’harmonica au second plan, on a essayé de l’utiliser de manière moins systématique en l’intégrant avec ces autres instruments. Niveau accordage, on s’est permis quelques plongées dans les profondeurs tout en gardant les standards du blues, par exemple sur  "The Sound Of Flies" ou "Rabid Dogs" avec des accordages en open. Au final ça donne une autre dimension aux compos et quelque part, plus de richesse sonore pour celui qui écoute l’album du début à la fin. Concernant les voix, c’est un point très important dans l’évolution du groupe, avec l’arrivée d’Aurélien notre batteur dans les backings, qui sont par moments quasiment des leads. L’album a presque été composé à deux voix, tellement nous trouvions qu'elles s’harmonisaient bien. Il y a aussi quelques interventions bien senties de Seb qui font qu’en concert, les titres sont très proches de leur version originale. C’est assez flagrant dans des titres comme "The Sound Of Flies" ou bien "Where Stone And Water Meet" ou certains passages flirtent avec le gospel.



Combien de temps avez-vous mis pour enregistrer cet album chez Francis Caste ?
L’album a été enregistré sur 6 semaines au Studio Sainte Marthe avec l’ami Francis. 6 semaines de bonheur, de taff et de vannes pourries. Même si l’album n’a pas été de tout repos à enregistrer, c’est toujours un plaisir de bosser avec lui, il a un regard, de bonnes idées et une oreille singulière qui nous plaît sur nos compos, un peu comme un cinquième membre du groupe.

Ce brave monsieur, qui ne connaît visiblement pas le repos, est énormément demandé par les groupes de metal français, mais pas que. Est-ce vraiment, de votre point de vue perso, le mec le plus côté dans le milieu du métal français ? (Il me semble que vous avez déjà enregistré avec lui auparavant et il est vrai que la plupart des gens qui ont travaillé avec lui reviennent)
Nous avons jusqu’à présent enregistré qu’avec lui. On ne peut pas vraiment comparer avec d’autres ingés-son, mais à l’écoute de ses autres productions, on est obligé d’admettre que s’il n’est pas le meilleur, il en fait partie indéniablement. Nous concernant, chaque album que nous enregistrons avec lui et encore meilleur. Nous sommes vraiment satisfaits du son organique et puissant qu’il a su apporter à nos compos et humainement, c’est quelqu’un qu’on apprécie énormément et qui sait ce qu’il fait. Quand tu passes 6 semaines enfermés dans un studio, c’est d’autant plus confortable.

Le visuel semble être relativement important pour vous, sachant que vous avez un univers bien particulier, en témoigne la pochette de l’album. Qui est l’auteur de cet artwork ?
L’artwork a été réalisé par Hicham Addaji de Strychneen Studio. Alors que pour les autres artworks, nous n’étions, peut-être par pudeur, pas trop intervenus pour fignoler la pochette comme bon nous le semblait, pour celle-là, on s’est permis d’être exigeants et de passer du temps. A ce niveau, Hicham a vraiment été super pro, en répondant à nos attentes tout en apportant sa touche personnelle propre à son univers. Ce qui nous plaît dans cet artwork, c’est les deux lectures possibles. Une magistrale, presque épique, avec ce géant qui brise ses chaînes et une autre, plus dans le détail, proche des origines de nos influences, avec ces quelques "workers" des "chain gangs" occupés à casser des cailloux. J’aime l’idée qu’on puisse écouter l’album en regardant la pochette et extrapoler sur l’univers visuel qu’on a imaginé Hicham et nous. C’est assez représentatif de cet album, parfois intime, avec des plages d’ambiance et par moments des tours de force épiques avec des fins de titres chaotiques tout en puissance.

Mon petit doigt me dit que vous venez de finir l’enregistrement d’un clip vidéo. Il s’agit de quelle chanson ? Peux-tu m’en dire plus sur l’histoire racontée dans le clip ainsi que la personne à qui vous avez fait appel pour le réaliser ? Peut-on s’attendre, par la suite, à voir un second clip issu de cet album ?
Ton petit doigt à de très bonnes sources ! Effectivement, nous venons de finir le tournage d’un clip pour le titre 'The Sound Of Flies'' avec, comme pour les deux précédent clips, Fred Saurel derrière la caméra. Ce fut trois jours intenses et inoubliables, on ressent un peu la même chose qu’avec Francis vis-à-vis de Fred Saurel, c’est un pro, à l’écoute avec qui le feeling passe. Le clip raconte l’histoire d’une entité quasi démoniaque implacable, pour le coup assez proche du thème de l’esclavage. Ce titre fait partie des plus figuratifs, avec une histoire. Du coup il y a une narration assez évidente dans le clip, mais avec des interventions assez spectaculaires de chaque membre du groupe. Je pense que vous ne serez pas déçus en le regardant ni en regardant le making of !



Mon autre petit doigt me dit que vous avez également changé de crèmerie en ce qui concerne la promo du groupe. Que peux-tu donc me dire sur les dates qui vont venir soutenir cette sortie d’album ?
On n’a pas vraiment changé de crèmerie, Bad Reputation, notre label historique, assure toujours une partie de notre promo, mais on s’est aussi offert les services de Base Prod grâce au million de dollars accumulés avec nos précédents albums. Nous sommes très satisfaits de cette combinaison pour le moment. La date à retenir est celle du 23 Mai au bar le Black Dog à Paris pour notre release party, mais nous allons également communiquer rapidement sur des concerts futurs. Comme tu le sais, la meilleure façon de se tenir informé s’est de venir faire un tour sur notre page Facebook (et accessoirement, cliquez sur “j’aime” bande de salopes !).

Pour qui aimeriez-vous faire la première partie ?
Il y a tellement de groupes pour qui nous aimerions ouvrir ! On pourrait citer Mastodon, Textures, Madball, Lamb Of God, Down, Gojira, Carcass, Entombed, Leprous etc.. la liste est aussi longue que nos influences

Raconte-moi votre meilleur moment "spinal tap" avec le groupe.
Un moment dont je me rappellerai toujours, c’est la fois où une serveuse d’un café / concert en Belgique, dans un bel élan de générosité, est venue nous servir en plein set, sur scène. Elle était à mon avis à 3 grammes et a renversé la moitié des verres sur le matos, les prises etc.. .J’ai bien cru qu’on allait tous mourir électrifiés. Heureusement, seul Seb, le bassiste, est mort... mais évidemment, personne ne l’a remarqué depuis... (rires)

Quels sont tes derniers coups de cœur musicaux en musique française, metal ou pas ?
Je ne suis pas fan de chanson française actuelle, mais j’ai bien aimé le dernier Daho "Chanson de l’innocence retrouvée". En metal, personnellement, même si c’est plus trop actuel, le dernier Trepalium ou le dernier Klone , on aime bien aussi les Dead Cowboy’s Sluts et Unscarred. J’avoue qu’en général j’écoute surtout de la country, de la folk, de la bluegrass et j’imagine que je roule en pickup (rires). J’aime jouer du metal, mais ce n’est pas un style que j’écoute tout au long de la journée, j’aime conserver le côté exutoire du bordel (et le côté Charles Ingalls pour les connaisseurs). Si tu me permets un peu de promo, faites un tour sur la page de The Ekpyrosis, le second projet d’Aurélien notre batteur, vous en aurez pour vos oreilles.


Le site officiel : www.redmourning.fr