Interview faite par mail par Murderworks

Salut les gens, les membres du groupe sont tous éparpillés géographiquement, du coup est-ce que la formation de Reaching nothingness a été motivée par les confinements, puisque de toute façon travailler à distance était la seule façon de faire ?
Fred (guitare / basse / programmation) : Salut Murderworks & French Metal ! Il se trouve que le projet REACHING NOTHINGNESS a vu le jour bien avant le confinement, en 2018 pour être précis. Ce n’est donc pas ce qui a motivé sa création. Cependant, les confinements ont tout de même permis d’avancer un peu plus vite que la normale, puisqu’en effet, nous avons enregistré les 4 titres du EP courant 2020.

Deux anciens membres de Gholes font partie du groupe, est-ce une façon de reprendre et de continuer une collaboration musicale brutalement arrêtée ?
Oui, d’une certaine manière, il s’agit d’une suite stylistique au projet Gholes, mais avec la volonté de renouveau, c’est pourquoi nous avons opté pour un nouveau nom. En ce qui concerne Gholes, l’aventure était au point mort depuis 2006, l’époque où Tamatoa était reparti vivre en polynésie, sa terre natale. Le tragique évènement qui mit définitivement fin à la carrière du groupe en 2010 entraîna la sortie de l’album "Coexistence" sous la forme d’un hommage à notre chanteur disparu. Ce n’est que quelques années plus tard, que je me remis à poser quelques compos instrumentales, sous forme de maquette, dans un style death atmo, car mes autres projets musicaux ne permettaient pas d’assouvir cet aspect là de ma créativité. Par la suite, j’ai fait écouter ces titres à Tamatoa qui de son côté, s’était remis à la pratique de la batterie (+ percus traditionnelles polynésiennes) de façon assez intense, et c’est ce qui a été le déclencheur: il a été tout de suite emballé à l’écoute des maquettes, pour ce projet longue distance. Il ne nous restait plus alors qu’à dénicher notre chanteu(r)se, et nous avons trouvé Eveline, par l’intermédiaire de sa chaîne YouTube où elle présente ses "covers" vocales.

Est-ce que le groupe va rester un projet studio ? Est-ce que vous envisagez le live quand même à l'avenir malgré l'éloignement géographique ?
Il faut avouer que l’éloignement géographique ne va pas aider pour jouer live tous ensemble. Cependant, nous n’excluons pas l’idée ! Si un jour les conditions se réunissent, ce serait vraiment un bel accomplissement, nous y réfléchissons mais il y a pas mal de paramètres à prendre en compte…

Ce premier EP est sorti en autoproduction, c'est un hasard des circonstances ou une vraie volonté de garder le contrôle ?
Disons qu’au démarrage il n’est pas évident d’attirer l’attention de labels ou maisons de disques. Nous avons opté pour une autoproduction dans l’espoir de faire connaître le projet dans un premier temps. Nous espérons que cet EP va diffuser un peu notre nom et ainsi peut-être susciter suffisamment d’intérêt pour obtenir un soutien qui nous permettrait par la suite de sortir notre premier album.



Comment s'est passée la composition ? Les morceaux étaient déjà prêts avant que le groupe ne soit au complet ou la composition a été plus collégiale ?
Comme je disais auparavant, les titres qui composent ce premier EP ont été composés avant même que le projet REACHING NOTHINGNESS ne voie le jour. Il s’agissait de maquettes instrumentales qui ont justement permis de "recruter" par la suite le batteur et la chanteuse qui composent actuellement le groupe. Les maquettes initiales ont bien sûr été remaniées, et chacun(e) y a apporté sa patte. Eveline a placé elle-même ses vocaux (à partir des textes que j’avais écrits), et Tamatoa a ré-interprété les parties batterie à sa sauce, tout en s’inspirant des maquettes existantes.

C'est peut être moi mais j'ai l'impression que les titres des quatre morceaux se suivent et sont dans un ordre précis, "De l'intérieur, jusqu'aux bas fonds, au-delà de la pensée, quelque part". C'est moi qui part en vrille ou c'était bien volontaire ?
Merci d’avoir remarqué ! Oui, c’est tout à fait volontaire. Il s’agissait de lier d’une certaine manière les 4 morceaux du EP, non par le concept général (car chaque texte aborde des sujets différents) mais par un "enrobage" qui unifierait le tout. Un peu comme un film à sketches dans le genre d’un "Creepshow". Et la progression des 4 titres (repris par les 4 mots qui composent le titre du EP lui même) évoque une sorte de cheminement, on pourrait dire du plus intime ("From Within") au plus vaste ("Somewhere Else").

Malgré l'éloignement géographique et les conditions particulières avec les confinements et autres désagréments vous avez réussi à avoir un très bon son. Qui s'en est occupé ?
Nous avons enregistré chacun de notre côté avec nos propres moyens (home studio / ordinateurs). Nous avons été (virtuellement) accompagnés et conseillés tout le long du process par notre ingé-son Pat Guiraud, du WSL studio (In The Woods, Nordjevel, Hegemon…), qui s’est ensuite chargé du reamping, mixage et mastering.

Le nom du groupe évoque le néant, est-ce votre vision de la mort ? Ou alors une allusion à un éventuel détachement à atteindre ?
Et bien encore une fois tu fais mouche car c’est exactement de ce double concept qu’il s’agit. Le nom du groupe "Reaching Nothingness" évoque à la fois la mort (le retour au néant : lorsque toutes nos fonctions vitales s’arrêtent et que toute conscience disparait) ou alors un état de méditation profonde où l’être se détache de tout, du matériel, du spirituel (Cette seconde idée est justement développée dans le titre "Beyond Thought"). Cette dualité de sens exprime donc d’une part l’aspect "death metal" de notre musique, et d’autre part, son côté "atmosphérique".



On voit de plus en plus de femmes dans le metal en tant que musiciennes ou chanteuses (il était temps !), là où à une époque pas si éloignée elles n'étaient cantonnées qu'au rôle de choristes la plupart du temps. Vous avez le sentiment que les choses ont enfin changé à ce niveau dans le metal ?
Difficile à dire, je n’ai pas une vue globale… En ce qui me concerne, cela a toujours été naturel pour moi de voir des femmes dans le metal, même si effectivement elles n’ont jamais été en majorité. Nous avons eu en nos rangs notre chanteuse extreme dès 1995 avec Gholes, et nous avons également enregistré notre seconde démo "Songe" (1998) avec une batteuse. Peut-être étions nous trop en avance sur notre temps ? J’ai le souvenir aussi d’avoir vu passer quelques musiciennes dès cette même époque à des postes de claviériste, bassiste, guitariste… Aujourd’hui avec la profusion de groupes qui existent et émergent régulièrement, on peut constater de plus en plus de musiciennes / chanteuses, ce qui semble assez logique. A la question de savoir si elles sont sous-représentées, ou sur-représentées (on les met en avant car se sont des filles, ou à l’inverse, elle vont perdre en "crédibilité" aux yeux de certains car elles sont des filles) je pense que malheureusement, dans un sens comme dans l’autre, cela ne débouche sur rien de positif. Aucune raison d’écarter une musicienne car elle ne serait pas digne, en tant que femme, de faire partie de cette scène, mais aucune raison non plus de s’extasier sur une musicienne sous l’unique prétexte que c’est une femme ! Si la voix ou la musique d’une personne vous touche, cela devrait suffire à la légitimer, peu importe son sexe.

On sent des influences assez vastes, comme à l'époque de Gholes d'ailleurs, je pense qu'elles ne limitent probablement pas à la musique, vous avez des influences littéraires, cinématographiques ou artistiques en général qui nourrissent les thèmes abordés ?
Oui, bien sûr. Les influences littéraires et cinématographiques sont bel et bien présentes. Je peux citer en exemple les paroles de "Somewhere Else" qui sont librement inspirées du film "Dark City" d’Alex Proyas. Les claviers ou fx présents sur les 4 titres apportent aussi quelques atmosphères spatiales ou abyssales, qui me semblent venir de ma passion pour le cinéma de genre. Enfin quelques unes de mes lectures récentes ont du influer sur l’écriture des paroles de "From Within" (où l’on suit métaphoriquement le cheminement d’une pulsion meurtrière dans l’esprit d’un psychopathe) avec des auteurs tels que Franck Thilliez ou Wajdi Mouawad.

Qui a réalisé la pochette ? Est-ce que cette division en 4 n'est là que pour illustrer les quatre mots contenus dans le titre de l'album ? Est-ce qu'un éventuel symbolisme y est intégré ?
La pochette a été réalisée par moi-même. Comme expliqué précédemment, le quadruple visuel représente les 4 segments du EP, chacun possédant sa propre illustration, et chaque mot étant tiré des titres des 4 chansons. L’objectif était de les assembler dans une globalité, mais sans pour autant évoquer spécifiquement les symboles associés au chiffre "4". Il est toujours possible d’en trouver pour qui aura de l’imagination !

Merci d'avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions, si vous avez quelque chose à ajouter vous avez carte blanche.
Merci à toi et à French Metal pour ces questions pertinentes, et pour le soutien envers REACHING NOTHINGNESS !


Le site officiel : www.facebook.com/reachingnothingness