Interview faite par Diana à Paris.

Bonjour ! Comment ça va ?
Matthieu Miegeville (chant) & Julien Cassarino (chant / guitare) : Bonjour ! Ça va bien merci et toi ?

Ça va très bien merci. Alors aujourd'hui nous sommes là pour parler de votre prochain album "Ctrl + Alt + Fuck" qui sort...
Matthieu : Au début du printemps.

Alors ça fait déjà 9 ans que vous avez sorti votre précédent album, qu'est-ce qui a fait que ça ait pris aussi longtemps ?
Matthieu : Moi à la fin de la tournée "We Love You All" j'ai informé mes collègues que je ne me sentais pas de me réinvestir dans une musique aussi cérébrale et exigeante. Donc on a fini la tournée comme il fallait puis il y a eu une période où on a tous fait autre chose, pas forcément dans la musique, puis en 2014 on fait une date exceptionnelle. Et ce jour-là il y a eu beaucoup d'amour donné par le public, Le Métronome (la salle) était blindée, on s'est beaucoup marré pendant le concert et pendant la préparation. Donc c'était super ! On fait alors une date à Paris au Nouveau Casino qui a été "sold out" et du coup on s'est rendus compte qu'on avait toujours envie de jouer ensemble, que les choses avaient évolué. Les concerts étaient mieux que ceux qu'on faisait 5-10 ans auparavant, peut-être parce qu'on a pris de la graine ou de la distance, et "Sans maîtrise la puissance n'est rien" comme dirait Pirelli (rires). Du coup on s'est demandé si on allait pas partir juste sur un morceau de plus pour voir ce que ça ferait de composer ensemble et après avoir discuté sur ce qu'on aimerait faire comme musique ensemble en 2015/2016, on était assez synchros sur les envies qui nous animaient de faire un PSYKUP à la fois différent mais cohérent avec ce qu'a été PSYKUP.

Du coup vous avez mis en place un financement participatif.
Julien : Et du coup ça a tout pétave !!! C'était la première fois qu'on le faisait, à la base on partait sur un seul morceau et un clip, et on a été les premiers surpris de voir l'ampleur du phénomène. Du coup ça nous a permis de pouvoir faire plein de choses et même commencer à financer une partie du futur album, mais 6-7 mois après on s'est retrouvés juste pour l'album, il fallait encore financer un petit peu. Du coup on a fait des précommandes sous KissKiss, qui ont super bien marché. Les gens ont été là tout le long, ce qui nous a permis de remettre le bébé en selle. C'est très surprenant et au même temps gratifiant pour nous de voir qu'il y a des gens qui nous suivent depuis le début et qui ne lâchent pas l'affaire, puisqu'on nous on a pas lâché l'affaire. Du coup ça nous donne l'impression qu'on se bat tous pour la même chose.

Pour vous c'était presque comme commencer de zéro à nouveau ?
Matthieu : Ce n'est pas comme si c'était un an. Comme si tu te sépares de ta meuf pendant 3 mois puis tu recouches avec elle, tu as encore le souvenir de ce qui s'est passé, quand tu coupes au bout de 9 ans tu ne connais plus la douceur de sa peau, tu ne sais plus comment elle embrasse... (rires)
Julien : Pourtant tu sais qu'elle est douce (rires). Nous on avait nos marques à retrouver et le public a évolué aussi, on ne sait pas quelle personnes on va toucher. Ce n'est pas comme un jeune groupe qui débuterait aujourd'hui, on a cet avantage-là mais à la fois on a une remise à zéro des compteurs mais c'est motivant. On prend ça comme un challenge.

Pour reparler du financement participatif dans votre cas ça a très bien marché : (1782%) 520 KissBankers.
Julien : Oui, ça a très bien marché, les gens mettent des sommes plus ou moins importantes, c'est une pierre à l'édifice. Comme on est producteurs de l'album, on veut réunir des fonds et sans ces gens-là on ne peut pas donner corps à tout ça. On est débiteurs à vie, à nous maintenant de faire des beaux concerts et propulser cet album là où il doit être et rendre justice à tout ça à notre album et à nos fans !



Est-ce que vous pouvez nous parler du titre de l'album "Ctrl + Alt + Fuck", comment vous est venue l'idée ?
Matthieu : Le titre c'est surtout une boutade, avant tout une blague...
Julien : Je croyais que c'était une référence à Nietzsche (rires).
Matthieu : Parce que Nietzsche a dit "Alt + Fuck" et moi j'ai dit "Ah, non! Ctrl + Alt + Fuck"! (rires). La boutade à ce monde hypra connecté, hypra geek avec le clavier et le "hashtag" qui sont plus importants que le fond. Alors que nous, ça fait vieux con de dire ça, nous on s'est vraiment forgés à coup de dates et de dates, à manger de la route, à coller des affiches en pleine nuit, des affiches imprimées par nos soins à la photocopieuse, bref... Donc c'est ça, avec une idée de montrer un peu ce qui nous emmerde. De prendre un peu de la hauteur et de te branler des choses qui t'emmerdent et de faire ta vie de ton côté. Et de faire des bombes dans une piscine !
Julien : C'est un pied de nez à la vie. Nous essayons d'arriver avec un peu de second degré et d'autodérision dans un monde très cynique, comme celui d'aujourd'hui.

Pour revenir à l'album, est-ce qu'il y a des titres qui étaient plus anciens ou ce ne sont que des nouveau titres ?
Julien : Ce n'est que du neuf !
Matthieu : Tout est neuf M'dame !
Julien : Que du neuf ! Moi qui écris la musique, j'ai écrit vite, j'ai essayé de laisser filer, ne pas digresser, ne pas partir dans des directions tirées par les cheveux comme j'ai pu faire par le passé. Tout a été écrit vite, sous le coup de l'énergie du moment, il n'y pas de prise de tête. Même si je ne fais pas toujours ça, là j'ai essayé de laisser plus de place au naturel. Du coup le côté dynamique de l'album vient de là. Et derrière tout le monde a été obligé d'aller vite, il faut enregistrer, écrire les textes, tout ça avec la même dynamique.

Du coup est-ce qu'il y a quelque chose qui a changé dans votre façon de travailler ?
Matthieu : Non, mais comme il l'a dit Julien, c'est dans la spontanéité, évidemment avant il y a une réflexion pour savoir sur quoi on veut aller, mais on a cherché toujours à aller vers le plus frais. Après dans le mode de fonctionnement, non, parce que c'est Ju qui écrit les basses mélodiques sur l'ensemble du bordel, Brice est maître à bord pour les percus et il a vraiment sa touche, on est deux à se partager l'écriture des textes et des voix et il y a Julian Gretz qui n'était pas là avant qui a apporté beaucoup au niveau de la basse et des arrangements.
Julien : Il est force de proposition, il a une très bonne vision et un bon recul. On s'est bien trouvés et bien compris. C'est génial d'avoir un mec comme ça dans le groupe qui est moteur.
Matthieu : Il est moteur pour l'apéro aussi (rires). Il est moteur pour un peu tout Julian !

Pour parler des certains titres de l'album, sur "Violent Brazilian Massage", par moments, on entend un titre très connu ("Relax")...
Julien : Oui, "Franky Goes To Hollywood", la nouvelle génération passe à côté, j'espère qu'ils connaissent ça, bordel !
Matthieu : Nous on connaît mais eux... Nous on connaît les Beatles et ce n'est pas notre génération.
Julien : Bah moi je n'étais pas né à l'époque de Mozart et j'en écoute mais ça fait partie du côté références. Ce sont des petits trucs qui font que le morceau marche, la petite cerise sur le gâteau pour les fans et les connaisseurs.



Un autre morceau de l'album qui m'a marquée est "Crisis Of Today" avec des changements de rythme assez surprenants.
Julien : C'est le contraste constant entre luminosité et obscurité, c'est un morceau très positif et très sombre à l'écoute. Il y a un côté très mélancolique mais c'est positif dans le texte. C'est plus un PSYKUP old school celui-là. C'est parti d'une citation de O.G. Wells "The crisis of today is the joke of tomorrow", c'est un Mantra pour moi, ça m'a beaucoup aidé à des moments difficiles. Se dire qu'il y a des gens qui vivent de choses dégueulasses aujourd'hui et qui vont en rire demain, peut-être pas tout de suite parce qu'il faut le temps de digérer, mais après on pourra en rire ensemble même avec tous les concernés. Je trouve ça positif, et ça nous donne de l'espoir pour la suite. J'ai besoin de preuves que le positif existe, qu'on a un avenir. Il y a un côté très négatif et cynique en 2017, et si tu es positif on te dit que tu es un bisounours et que tu n'as rien compris. Je trouve ça fou, parce qu'aujourd'hui on a vraiment besoin de positif. Et je pense que cet album est très positif au niveau des textes et tout l'album est très positif.

Pour finir, on va parler de la fin de l'album avec deux morceaux, "The Long Ride Home (Sunrise)" et "The Long Ride Home (Sundown)".
Julien : C'est un diptyque, c'est un morceau concept, deux parties de la même pièce. Il est construit un peu comme un film avec une intro, une fin... C'est un levé de soleil et un crépuscule, avec plein de choses qui se sont passées. Un peu comme si tu résumait une vie ou une énorme période de vie sur une journée, la personne évolue et se bat contre ses démons sur toute une journée et arrive à la fin, si ce n'est à les vaincre, au moins à trouver quelque chose de positif là-dedans. Ce qui fait que le morceau passe par différents états émotionnels, et que vu qu'il a un côté cavalcade et un côté poursuite et fuite, il y a ce côté western qui revient dans les sonorités pour que les gens aient des images.

C'est pour ça que ça m'a intrigué, parce que ça m'a fait penser à un western.
Julien : Tant mieux, ça veut dire que c'est réussi.

Pour finir, est-ce qu'il va y avoir une tournée ?
Matthieu : Bah, oui ! Il y aura 20-30 dates d'annoncées mais pas qu'en France parce qu'il y aura aussi une date à Londres. On commence par des festivals et à la fin de l'année on sera dans des salles.

Merci beaucoup à tous les deux et bonne chance pour la suite !
Julien & Matthieu : Merci à toi !


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