Interview faite par mail par Alexandra

Salut les gars, et bienvenue sur French Metal. Vous n’échapperez pas à l’incontournable question de présentation, pour ceux et celles qui ne connaîtraient pas encore le groupe. Parlez nous rapidement de Psygnosis, ses membres etc…
Rémi (guitare / chant / samples / programmation) : Salut ! PSYGNOSIS est un groupe de metal extrême atmosphérique. Le projet s'est monté en 2009 alors que j'étais encore l'unique membre du groupe. Un premier EP, sorti en Juin de cette même année, a convaincu Jérémy de m'accompagner à la basse, alors que je jouais avec lui qui était batteur dans deux autres groupes en parallèle. Un camarade musical de longue date maintenant, et fidèle ami qui m'a soutenu dès le départ quand je faisais encore du black metal dans ma chambre. L'idée du premier album et de la scène se faisant grandissante, il nous fallait recruter un guitariste et un chanteur.
On a rencontré Anthony dans un magasin où il travaillait à cette époque. "T'as les cheveux longs, tu fais de la guitare, viens dans notre groupe", ça s'est un peu passé comme ça ! C'était à la toute fin d'année 2010. Puis ensuite on a recruté Raphaël au chant, avec qui on avait joué dans un groupe de black metal avec Jérémy. On a enregistré "Anti-Sublime" avec lui, et nous avons commencé les concerts au tout début 2012. Puis après l'enregistrement du morceau bonus de l'album, on a décidé de se séparer de Raphaël, nous n'avions pas la même vision de l'avenir de PSYGNOSIS, pas les mêmes envies… Anthony connaissait Yohan depuis un petit bout de temps, et le fait qu'il soit éloigné de nous nous faisait un peu peur, mais quand on l'a auditionné, on a pas hésité longtemps, il était grave motivé et son chant nous a vraiment touché.
Pour parler un peu de notre style, c'est assez difficile à caractériser, on mélange beaucoup de choses. Une base très metal, venant de divers styles, plus ou moins extrême d'ailleurs, en y ajoutant une touche électronique et atmosphérique. On s'était, au départ, caractérisés de "metal électronique" mais ça a été mal reçu. Les gens bloquaient sur le terme "électronique", surtout les orgas, on s'est donc tournés plutôt vers "metal extrême atmosphérique" qui resume plutôt bien le tour de la question, même si nous ne sommes pas tout le temps extrême musicalement parlant. Et nous avons également la particularité de nous produire live sans batteur !

Vous avez sorti votre premier album "Anti-Sublime" en Janvier 2012 en téléchargement libre sur Internet, puis en support physique en Août dernier. Après écoute de celui-ci, je dois dire que vous avez un univers particulier et assez varié, à la fois expérimental, indus ou encore death metal. Pouvez vous nous en dire plus à ce sujet et sur le concept de l’album ?
Rémi : "Anti-Sublime", c'est une manière d'aller à contre-courants. La société actuelle pousse les gens à être parfaits, beaux et uniformisés, normaux. Le "sublime" est un peu le summum de la normalité en quelque-sorte, l'être normal parfait. Dans nos vies de tous les jours, nous nous efforçons d'aller à l'encontre des codes, de ces normes, de cette morale qui fait office de gangrène pour l'épanouissement. "Anti-Sublime" pour montrer un peu ce qu'on est au quotidien, notre façon de voir les choses. Pour un premier album c'était un peu le nom logique, présenter qui on est. "On est Psygnosis et ça nous ferait chier d'être comme tout le monde".
Après, la composition de l'album s'est étalée sur plus d'un an, on a jeté un nombre impressionnant de morceaux qui ne nous convenaient pas, pour n'en retenir au final que 6, ceux qui nous semblaient les meilleurs. Ils n'ont pas vraiment de connexions entre-eux, ce sont surtout des titres qui nous correspondaient à cette époque.
En 2011, voici ce qu'était devenu PSYGNOSIS. Présenter la base de notre évolution, aussi bien dans le titre que dans les compos. Dès le départ, l'idée était de faire la musique qu'on voulait, sans se donner de barrière, ni dans la durée, ni dans la forme ni dans la structure, uniquement faire ce qu'on a envie d'écouter et de jouer. Et comme nous écoutons tous des choses très différentes, ça donne de la musique qui brasse large. Je ne pourrais pas me contenter de ne faire que du brutal death ou du black metal ou encore uniquement de la musique électronique, sinon il me faudrait des centaines de projets différents, donc inutile. Ce premier album démontre bien l’idée je pense. Maintenant on commence à connaître les recettes qui nous plaisent, l'avenir sera donc plus développé et mieux canalisé, tout en gardant cette idée première qui est gravée sur "Anti-Sublime".

Comme je le disais plus haut, vous avez sorti deux versions de votre album, une en version digitale, et une autre plus tard en version digipack avec un titre bonus. Comment s’est déroulé le processus de composition, et d’enregistrement de cet album ?
Rémi : Comme dit précédemment, la compo s'est étalée sur un an et demi, avec beaucoup de titres jetés. "Phrase 2.11" étant un morceau de premier EP qui a été retravaillé. "FIIIX" a été composé très peu de temps après ce premier EP, ça devait être la semaine suivant la sortie ; Ca a été un morceau très naturel, tout s'est fait très vite et sans penser, je pense que ça se ressent, c'est un morceau très fluide. Et le dernier titre composé a du être "Wake Up" il me semble.
La majorité de l'album a été composée par moi-seul devant mon ordi, mais je demandais toujours l'avis de Jérémy (puisque c'était le seul qui a été présent tout le long du processus), il a fait office de filtre en fait, sinon on aurait déjà eu 5 albums de PSYGNOSIS ! Il m'a appris à me canaliser pendant la composition de cet album.
Pour ce qui est de l'enregistrement, ça s'est déroulé en deux parties. On a enregistré les guitares et la basse à la maison en Février 2011, alors que nous n'avions pas encore de chanteur ! Le tout bouclé en trois jours. Le chant s'est fait en Octobre de la même année à l'Idylle Studio, très jeune studio en Bourgogne, dont nous avons été les premiers clients, et le mixe s'est fait dans la foulée, toujours à l'Idylle, en une semaine de temps. On l'a ensuite envoyé au master chez Neb Xort au Drudenhaus Studio, et il nous est revenu fin-Décembre. La sortie digitale libre s'est faite quelques semaines plus tard, le 15 Janvier 2012.
Jeremy (basse) : En fait la version physique a été presque entièrement finançée grâce aux dons des fans, nous ne nous attendions pas à autant. Merci encore d’ailleurs. Les donneurs ont reçu l’album sans frais de ports avec une compo en plus que sur l’album digital ("Loozing Zeppelin"), un nouveau design et des goodies, le tout pour 11€, un beau digipack pas cher en somme.

Concernant les textes, de quoi traitent-ils ?
Rémi : Ayant co-écrit deux textes je ne vais pouvoir parler que de ceux-là. "Compression" raconte la rebellion d'un type contre le système, mais en s'enfonçant plutôt qu'en s'élevant, du mauvais coté donc. Un type qui en a marre des gens et qui souhaite, au final, éradiquer l'espèce humaine pour qu'elle arrête de détruire le monde qui l'entoure. Quant à "Liquid Nebuula", c'est un parallèle entre la naissance d'un être, et la naissance de l'univers, puisqu'en fait, il y a un univers pour chaque être !
Yohan (chant) : Mes textes parlent de ce que je vis, des épreuves que tout le monde doit surmonter à un moment ou un autre dans la vie. J'essaye qu'ils soient accessibles à tous et que ce ne soit pas qu'une histoire très personnelle, que personne ne puisse ne pas s'approprier. Je pense que les paroles de "FIIIX 2.0" illustrent bien cet état d'esprit ; je les ai écrites à un moment où tout déconnait autour de moi, où les choix étaient très difficiles à prendre, un combat contre soi-même que je pense beaucoup pourraient subir. J'habite également prêt de l'Océan et cette puissance m'inspire beaucoup, quand tu vois tout ce qui peut être défait en quelques secondes par la nature ça te pousse à réfléchir à la place de l'Humain.

De nombreux samples d’extraits de films, notamment tirés de "Pulp Fiction" ou "Fight Club" apparaissent sur plusieurs morceaux de l’album. Pourquoi ces choix et extraits en particulier ? Quelle place tiennent il dans l’album, parmi les titres qui les contiennent ?
Rémi : Ces samples font partie intégrante de l'univers de PSYGNOSIS, on en utilisera encore à l'avenir ! Les choix des samples se font surtout parce qu'on les aime au départ ; ce sont des monologues ou des dialogues qu'on apprécie lorsqu'on regarde un film, ce moment où tu te dis : "Ouais putain ce passage est mortel". Et puis je viens au départ de la scène électronique, où les samples sont monnaie courante. C'est toujours dans l'optique de faire la musique qu'on aime écouter ! Certains ont une signification particulière, d'autres ont plus un rôle d'illustration ; le sample de "Fight Club" sur "Compression" par exemple, a directement inspiré le texte du morceau. Il y a d'autres samples aussi qui n'ont pas forcément de rapport avec le texte mais qui sont là pour faire réfléchir, comme le sample issu de "La Société du Spectacle" sur "Liquid Nebuula", ou celui de "Pierrot le Fou" à la toute fin de "FIIIX". Ce dernier me touche tout particulièrement et m'aide à me gérer dans la vie de tous les jours ; si tu penses que t'es entouré de cons, peut-être faut-il se regarder dans un miroir ? Les samples c'est quelque chose qu'on aime, et on trouve que ça en jette, c'est surtout ça qui nous importe, on adore en foutre dans nos morceaux !
Yohan : Je viens aussi de la scène électronique et c'est ce qui m'as fait retenir le nom de PSYGNOSIS quand je n'étais pas encore dans le groupe ; je me suis dit : "il y a des mecs en France qui font du son avec des gros passages death metal et qui placent des samples en plein milieu" c’était très proche de ce qui était dans ma tête.



Où puisez vous l’inspiration pour vos morceaux et vos textes, avec une telle variété de styles différents, et cette étonnante intrusion de samples de films en plein milieu des morceaux ?
Rémi : L'inspiration se trouve un peu partout, dans tout ce que j'écoute au quotidien, c'est vraiment très très large, trop de choses pour les citer ! Peu de choses old school cependant car je ne fais pas partie de ceux qui pensent que c'était mieux avant. Cette intrusion de sample vient de la scène électronique, comme dit précédemment. Par exemple, l'utilisation des samples sur l'album "Anesthésie Internationale" de Micropoint, je trouve ça juste génial ! Ca donne vraiment une ambiance terrible à cet album ! Et c'est Hypno5e qui m'a convaincu que dans le metal aussi ça pouvait grave le faire !
Yohan : Pour mes écrits c'est pareil, ça peux venir d'énormément de choses et ce qui est agréable dans PSYGNOSIS c'est qu'on ne fait pas qu'un seul style prédéfini avec certaines règles établies, il n'y a aucune limite et je pense que c'est la base de tout art. Pas de limite.

L’artwork pour "Anti-Sublime" est très travaillé et soigné. Quelles sont ses significations ou représentations ? Qui s’en est occupé ?
Jeremy : C’est Okiko, un artiste de Dijon que nous avons rencontré à un salon du livre près de Mâcon. Sa touche nous a particulièrement plu, et c’est un personnage très sympathique, qui appréçie le metal entre autres. Nous avons laissé carte blanche à Okiko, nous lui avons demandé de dessiner ce que notre musique lui inspirait. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’expliquer la symbolique présente sur l’album, elle est tout de même assez claire et il n’y a pas de message caché. Par contre, ce n’est pas à notre demande, c’est vraiment par sa propre volonté qu’il a illustré autour des organisations secretes et de la mort, c’est sa vision, nous lui avons fait confiance, et nous lui referons confiance. Même si PSYGNOSIS est joué par nous quatre, il y a d’autres intervenants que nous laissons pleinement s’exprimer dans leur art, comme Mehdi Khadouj pour les clips, ou encore 2methylbulbe1ol qui nous prépare en ce moment même un remix dubstep de la nouvelle version de "FIIIX" (revisitée par Yohan et qui sortira en clip le 2/12/12).

Quelles sont vos principales influences musicales, et en général, pour Psygnosis ?
Jérémy : Ce que j’écoute est toujours très lié à la musique dark et extreme, dans toute sa généralité. Pour PSYGNOSIS, j’aime surtout quand on ressent une atmosphère spatiale froide, c’est pour moi, ce qui fera la différence entre plusieurs compos lorsqu’on doit faire un choix. Après j’ai peut-être un peu poussé Rémi vers une tendance plus death metal, ce type de groove est tellement fun à jouer !
Yohan : On vient tous d'horizons assez différents c'est ce qui fait l'essence même de PSYGNOSIS en partant de la musique électronique en passant par le deathcore ou même le hip-hop pour moi, tous les styles sont sources d'inspiration pour nous.

Vous déclarez vouloir garder une totale liberté pour votre musique, autant dans la composition que le reste, et ne pas vouloir être enfermé dans un schéma ou style préétabli afin de pouvoir composer comme vous l’entendez. Expliquez-nous un peu votre démarche et votre position à ce sujet.
Jérémy : PSYGNOSIS est libre ! Même si nous cassons des codes, nous n’avons pas monté PSYGNOSIS pour justement les casser. En ouvrant les portes de la liberté, plusieurs principes sont forcément brisés. Alors même si oui aujourd’hui, nous choisissons de continuer ainsi plûtot que de faire comme beaucoup nous conseillent, c'est-à-dire de rassurer un certain public avec des attitudes vues et revues, c’est surtout pour garder cette philosophie et faire mûrir autre chose, quelque chose de nouveau... Ceux qui aiment s’adapteront, les autres s’en iront, nous n’avons pas de complexes par rapport à ça. En plus, le numérique ouvre un horizon encore plus large, c’est une vraie aubaine pour la musique je pense ! Même si j’appreçie la chaleur du son des lampes, la froideur de certains sons electronique sont tout autant remarquables ! Et non ! Nous ne voulons pas de batteurs en ce moment.
Rémi : Etrangement, pour moi l'idée n'était même pas de faire quelque chose de nouveau, et je n'ai, d'ailleurs, toujours pas le sentiment de faire quelque chose de nouveau. On ne voulait juste pas s'enfermer dans un style pré-établi. Ca dérange un peu d'ailleurs, et c'est tant mieux. Si tu ne déranges personne c'est que tu fais quelque chose d'attendu et de calibré ! Mais malheureusement, y'en aura toujours pour nous mettre dans la case "generic death metal" en n'écoutant qu'une minute d'un morceau.

Un nouvel EP est en préparation, comment cela se passe-t-il ? Une date de sortie déjà arrêtée ?
Jeremy : Nous pensons sortir l’EP pour la réouverture de Megaupload (Me.ga, mais peut etre le nom va-t-il changer). Nous approuvons la gratuité de la musique et comprenons qu’avant d’être achetés ou vus, le public aime avoir un accès rapide et facile aux musiciens concernés. Je pense que le CD est un produit dérivé qui va bientôt disparaître, et quelque part il est un peu fragile. La musique vit vraiment en live, c’est vraiment là que l’on a la sueur et les émotions des artistes. L’enregistrement n’est que ce qui essaie d’en être la façade parfaite.
Rémi : Cet EP a été une nouvelle fois enregistré à la maison, en corrigeant les erreurs faites sur le premier album. On y retrouve deux morceaux présents sur "Anti-Sublime", "FIIIX" et "Loozing Zeppelin", ré-enregistrés, ré-arrangés et avec un tout nouveau chant. Avec une version alternative pour chaque titre. Nous étudions à l'heure actuelle un format physique alternatif et surement très limité, mais il sortira aussi en digital et gratuitement.

Quelle est l’actualité du groupe pour les mois à venir, des dates de concerts en prévision peut-être ?
Jérémy : Nous sommes toujours en travail permanent. Nous avons presque fini de composer le nouvel album, et nous sommes en train de négocier nos prochaines dates et nos échanges de concerts. Nous sortons tout juste un nouveau clip qui présente notre nouveau chanteur, et de ce fait nous cherchons un label pour ouvrir les portes que nous ne pouvons pas ouvrir seuls (même si nous essayons, malheureusement la liberté a ses limites dans cette société très très très organisée).

Merci d’avoir répondu à ces quelques questions. Si vous souhaitez ajouter quelque chose, je vous laisse le mot de la fin pour conclure.
Yohan : Nous te remercions pour l'attention que tu as portée à PSYGNOSIS et à notre univers. Et merci pour tes questions intéressantes !


Le site officiel : www.psygnosis-music.com