Salut à vous les priapiques, comme c'est votre première interview en ces lieux je crois qu'une petite présentation s'impose. D'autant que certains d'entre vous batifolent à droite et à gauche dans des projets divers et variés.
Aymeric (batterie / machines / clarinette) : Salut à toi ! Alors le groupe existe depuis 2000, à la base c'était un groupe de lycée monté par Ban et moi puis on a eu plusieurs changements de musiciens, on a mis longtemps à faire un premier disque avec l'arrivée de Nico à la gratte vers 2006. Donc le groupe s'est longtemps basé sur un trio et avec le dernier album on a recruté deux musiciens supplémentaires (Nils à la guitare, et Goulwen pour basse / percu / sax). En gros, tout le monde joue aussi dans différentes formations : Ban joue dans Ultrazook et Babayaga ; Nils dans Babayaga également, Goulwen joue dans Zwoyd, Nico et Ban participent régulièrement aux albums d'Igorrr ; et moi-même dans d'innombrables projets tels que Stagnant Waters, Lyode, Tachyon Sea... et des projets de musique à l'image ou divers feats et remixes. Nous avons aussi un projet de reprises de musique de jeux video qui s'appelle Speedrunning The Apocalypse!!! avec Nico, Ban et Matt, le bassiste d'Ogino.

Un truc qui me taraude, vous faites comment pour trouver des titres aussi perchés pour vos morceaux ? Vous avez potassé des bouquins d'astrophysique fins bourrés ?
Alors je ne recommande pas la lecture de bouquins de physique avec un coup dans le nez si on veut essayer de piger quelque chose, mais oui l'idée est là. On n'a pas de texte alors pourquoi pas raconter ce qui nous passe par la tête dans les titres. Certains sont des cadavres exquis ou des bêtises qui nous font glousser en soirée, d'autres des trucs très longs juste pour faire chier les chroniqueurs qui doivent recopier les titres (copier-coller à partir du pressbook interdit, ça tue des dauphins...). Nous envisageons les titres comme des œuvres à part entière, avec leurs finalités, leurs messages philosophiques profonds et sincères et peut être que les gens prendront conscience de cette fébrilité qui caractérise le monde moderne, qu'ils auront grâce à nous une volonté de changer les choses, de se battre pour un nouvel idéal. Notre titre "Jon-bon-jon-boutros-boutros-boutros-bovi-miou-miou" reflète assez bien cette part de notre fêlure d'artistes maudits. Nous militons aussi pour plus de cases sur les déclarations Sacem, nos revendications ont de multiples implications sociales et administratives de ce point de vue-là donc dépassent largement l'aspect artistique ; c'est une lutte quotidienne, un combat de tous les instants !

C'est vraiment jouable en live tout ce bordel, il y a tellement de trucs qui se mélangent que je me demande comment vous arrivez à vous y retrouver ?
On fait vachement bien semblant. On active le mode aléatoire sur un ipod direct sur la sono, pendant ce temps on fait du playback avec des instruments factices (en Tungstène précisément, on a un contrat avec un énorme exploitant qui nous refile des chutes et en échange on le balance pas pour fraude fiscale) et les gens n'y voit que du feu. Pour les quelques fois où on n'a pas le choix, eh bien on essaye d'être à peu près fidèles au disque, avec quelques solos en plus, moins d'orchestrations, des parties simplifiées ou transformées. Le mieux est de venir nous voir ! On a quelques concerts de prévus pour la fin Juin, alors il faut venir pour nous jeter des cacahuètes ou des lapins morts si on est trop nuls. En tout cas, avec l'arrivée des deux nouveaux musiciens ça a plus de gueule que quand on était que trois, parole de scout.

Je doute que ce soit plus simple au niveau du mixage, pour ne pas dire que ça doit être un véritable cauchemar ! D'ailleurs après avoir poussé le bouchon encore plus loin par rapport à "Rococo Holocaust" ça va être tendu de faire pire la prochaine fois, vous avez déjà des idées derrière la tête pour une nouvelle approche ?
Comme tu dis, le mixage du dernier album a été un sacré morceau. Mais on a eu la chance de travailler avec l'incroyable Simon Capony de Basalte Studio qui nous a énormément aidés et qui a fait le mastering. L'album a été assez vite composé et enregistré mais on a vraiment pris le temps pour faire le mixage, presque un an ! Le fait est que nous n'avons pas enregistré dans un studio mais chez moi, dans une espèce de garage avec les moyens du bord donc il a fallu passer un temps fou pour faire sonner les prises proprement, pour essayer d'avoir un album riche malgré les contraintes de prise de son. Pour ce dernier album, on a aussi utilisé beaucoup de sons différents, on voulait un album assez cinématographique et grâce à la MAO on a pu créer des parties d'orchestre symphonique ou des sons ethniques. Je ne peux pas te dire vers quoi on va se tourner dans les prochains disques mais la venue de deux nouveaux musiciens vont sûrement faire évoluer un peu la musique. Avec "Hyperblast", on voulait à la base faire un album plus "live" et moins touffu et bon ben on a lamentablement échoué, donc il vaut mieux pas faire de pronostic pour la suite. On va peut-être faire une comédie musicale avec Luc Plamandon, "1515 L'Opera-rock : Les Amants de Marignan" ou bien un album complet de musique traditionnelle laotiennes avec en guest Julien Doré qui chantera du death sur trois morceaux, et probablement un travail de mise en musique de la biographie de Patrick Devedjan mais uniquement en utilisant des bruits de bouche bien gaulois avec du Vocoder sur un bon gros groove R'n'B... Rien n'est exclu.

Après avoir sorti le premier album par vos propres moyens, vous avez cette fois signé chez Apathia. Vous commencez déjà à sentir des différences niveau promo par exemple ? Je pose la question parce qu'en ce moment on a pas mal de groupes qui étaient signés et qui passent par l'autoproduction, volontairement ou par la force des choses. Vous qui êtes passés aussi par les deux vous voyez ça comment ?
Alors d'abord si on a sorti "Rococo Holocaust" en autoprod' c'est tout simplement parce qu'on n'a pas trouvé de label, c'est aussi simple que ça. On a eu des contacts mais rien de concret. Du coup on a eu plus de chance pour le dernier. On peut dire que nous sommes absolument nuls en communication donc avoir un label est une grande chance pour nous, "Rococo Holocaust" n'a eu quasiment aucune promotion et nous sommes très contents qu'un label fasse ce travail pour nous pour le deuxième disque. Je comprends les groupes qui sortent leurs disques seuls aussi mais il faut savoir faire le boulot de com, d'envoi de matos promo, de contact et tout le bazar ce qui n'est pas notre cas ; à part faire de la musique on ne sait pas vraiment faire grand chose d'autre. Si, déboucher une bouteille de rouge et cuisiner des patates avec du fromage. Par exemple si on veut changer un cadre de fenêtre, planter un clou dans la véranda ou refaire nos lacets, on appelle Apathia pour qu'ils nous aident. Du coup c'est très bien, on se concentre juste sur notre truc : faire les guignolos avec des instruments.

Pour revenir sur le live, la signature vous ouvre d'autres opportunités ?
Pour l'instant on cherche nous même les dates, ce qui est relativement un enfer vu que malheureusement ça tombe pas tout cuit dans le bec mais le fait d'avoir un disque tout neuf à défendre et la promotion que réalise le label favorise par la force des choses. Après on attend toujours notre "Catpocalypse Tour in Japan" mais ça risque pas d'arriver bientôt si on ne trouve pas un tourneur ou quelqu'un à plein temps qui s'occupe de ça. Et puis c'est pas évident à vendre aux salles vu qu'on est pas assez metal pour des soirées métal et trop metal pour une autre soirée, du coup il faut trouver des programmateurs enthousiastes qui aiment prendre des risques ; ou alors on a pensé à la solution du mécénat, trouver une grosse boîte qui nous paye notre tournée pour payer moins d'impôts, malheureusement depuis l'histoire avec le laboratoire Servier, c'est tombé à l'eau, on a juste pu garder les médiators pour les gratteux mais la tournée s'est jamais faite ; le seul autre plan qu'on a pour l'instant c'est avec les Coco-Coupons de la région Rhône-Alpes mais ils ne nous proposent que de jouer dans des Z.Is entre midi et deux pour des clopinettes. On va quand même le faire pour chopper de la moumoutte à prix bas, à prix extra, à prix sympa.

J'ai vu dans le livret de l'album qu'un texte était attribué à L'enculé en tongs, on parle bien de celui qui a terminé le premier Castlevania sur NES en utilisant que le fouet (il doit être un peu maso quand même) ?
C'est bien lui, et c'est un gars en or. Pour la petite histoire, on voulait chanter une partie un peu J-pop Kawaï dans notre reprise du mont-chauvelu ; histoire de faire une subtile rencontre entre Pikachu et le romantisme russe pendant 10 secondes. Du coup on a demandé à l'enculé de nous écrire un texte. Il a accepté à la condition qu'il nous donne la traduction seulement une fois qu'on aurait enregistré les voix. On a su ce qu'on avait chanté que pendant le mixage, et en gros il s'est amusé à insulter une nana connue au Japon, une sorte de mélange entre Morano et Madame Soleil. Il est fourbe l'asticot et c'est pour ça qu'on l'aime.

Une question à la con en passant, le chat est de retour sur la pochette mais cette fois en version retrogaming, vous avez voulu faire un clin d'œil au chat à neuf queues en en mettant un à 8 bits ?
Bonne vanne, je n'y avais pas pensé ! Mais maintenant que j'ai la blague, et si tu me le permets je vais l'utiliser pour les prochaines interviews, ça pétera plus comme explication que : "On voulait un chat parce que notre truc c'est les boules de poil trop mignon qui ronronnent sur les coussins, et vu qu'il y a pas mal de musique chiptune dans le disque ça semblait approprié de le faire en pixel art".

D'ailleurs pour rester dans le domaine du jeu vidéo, on a un nouveau Call Of Duty qui arrive et qui s'est bien fait basher avec son histoire de chien à contrôler, du coup je vous verrais bien pondre un titre à la con genre "Call Of Doggystyle", ça pourrait le faire non ? Ou pour parler de musique de qualité, après la reprise de Moussorgsky vous pourriez faire une petite adaptation d'une musique d'un des trois premiers Megaman, il y en a des terribles dans le lot (j'ai un petit faible pour Willy's skull fortress sur Megaman 3) ?
Héhé, c'est marrant que tu parles de Megaman parce que nous reprenons les musiques de Megaman 2 dans notre projet Speedrunning The Apocalypse!!!. C'est le concept du groupe, un gars qui finit le jeu en direct et nous refaisons la musique originale avec nos instruments. On fait Castlavania, Probotector/Contra et Megaman 2 pour l'instant ; et oui il y a de véritables petites pépites musicales dans ce jeu. On aimerait beaucoup aussi réaliser la musique originale d'un jeu vidéo, j'espère qu'on aura l'occasion un jour, qui sait ?

Etant donné que votre musique brasse pas mal de choses, je me demandais ce qui tournait dans vos esgourdes en ce moment. Même si ce ne sont pas des sorties récentes, ce qui ne quitte pas vos platines et autres lecteurs en ce moment ou des trucs méconnus à mettre en avant ?
Je sais que en ce moment Ban ne jure que par un groupe qui s'appelle "Les Trucs", Nico quant à lui n'écoute plus de musique depuis la mort d'Hervé Villard mais devrait quand même conseiller un formidable projet piano jazz / musique 8bit qui s'appelle Shnabubula, Nils et Goulwen passent leurs temps à travailler le tantrisme donc la musique ça leur passe au-dessus. De toute façon ils sont sourds comme des pots. Et personnellement je ne peux que conseiller l'écoute du dernier album live de Jaga Jazzist avec orchestre symphonique, ce disque ne devrait plus quitter ma voiture pour une bonne décennie, et ainsi rejoindre l'album éponyme de Thorns qui lui ne l'a pas quitté depuis 13 ans (à part bien sûr le jour où j'ai fait le ménage dans la boîte à gants en Octobre 2004, un Mardi en fin d'après-midi si je me souviens bien, où il a bien fallu, à contrecœur, que je le sorte pour passer l'aspirateur).

Merci d'avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions saugrenues, je vous laisse le traditionnel mot de la fin.
Merci à toi et aux lecteurs ! Pour le mot de la fin, je m'en remets à Rim-K du 113 qui conclura honteusement mais avec une certaine élégance : " C'est Bimbim !!".

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