Interview faite par mail par Petebull

Salut Mathieu, peux-tu présenter Oestre à nos lecteurs ?
Mathieu (guitare) : OESTRE est un groupe de metal hardcore indus formé il y a deux ans à Limoges, né du désir commun de cinq potes de proposer une musique originale. Après de nombreux changements de "line up" pour cause d'incompatibilité, nous avons commencé à composer autour du projet suivant : créer une musique représentative de toutes nos influences incluant hardcore, metal torturé et samples électroniques. Les membres sont les suivants : Mathieu (guitare, prog. samples), Yannick (guitare), Rémi (chant), Pascal (batterie), et Olivier (basse). La force du groupe se situe vraiment dans sa motivation et sa complémentarité.

D'où vient donc ce nom ?
L'oestre est un parasite des animaux. Cette variété de mouches pond sa progéniture dans les naseaux des moutons en général. Les larves éclosent et se nourrissent des substances cérébrales. Les animaux parasités présentent alors des symptômes de folie, agissant de façon incohérente. Pour en revenir au groupe, notre musique veut atteindre les consciences pour inciter les gens à réagir. La musique en général provoque inévitablement des réactions, suscite des émotions chez chacun. Ce nom nous paraît adapté à notre démarche artistique.

Quels sont les groupes qui vont ont influencés et poussés à former Oestre ?
Notre style est assez difficile à définir au vu de l'étendue de nos sources d'inspiration. L'appellation hardcore metal indus me paraît décrire assez fidélement le style d'OESTRE. Nous avons tous une culture metal différente, mais nous aimons tous le hardcore en général ("Old school" : Kickback, All Out War ou "New school" déstructuré et chaotique à la Dillinger Escape). Cela dit, le hardcore n'offre pas un éventail assez vaste et nous sommes tous friands de rythmiques décalées et complexes. Clairement, les Suédois de Meshuggah sont les maîtres absolus en la matière et leur musique est une source d'inspiration permanente pour notre groupe. Au travers de structures extrêmement complexes, ils maintiennent l'auditeur en haleine et en perpétuel questionnement. Enfin nous écoutons également de la musique électronique pour les breaks électros/Jungle (Autechra, Squarepusher), et des bandes originales de films.

Votre musique est truffée de samples, comment procédez-vous pour enregistrer et ensuite les reproduire en live ?
Les samples sont devenus indispensables avec le temps. C'est une source d'investigation inépuisable. Je compose tous les samples sur PC, en essayant de créer des ambiances mettant en valeur les Riffs de guitare. En général, on procède ainsi : je mets en place les riffs, et j'essaye de greffer des sons ou des éléments de musique classique (choeurs ou autres...). Notre batteur joue "au clic", ce qui lui permet d'envoyer la séquence programmée en concert. C'est contraignant, mais vraiment intéressant.

Vous avez sorti pour le moment 2 démos, dont la dernière en 2004, sont-elles encore représentatives de ce que vous faites actuellement ?
Les deux démos enregistrées datent maintenant, et à part un morceau de "Génération Spontanée", nous ne jouons plus aucun des titres de ces démos. Nous avons beaucoup composé et nous sommes fiers de nos dernières compos que nous allons enregistrer au mois de juin, aux studios d'Alain Miraucourt (exécution, etc...). Il est grand temps pour nous de proposer une nouvelle démo plus représentative de notre "set" ! Vous aurez très bientôt l'occasion d'écouter deux nouveaux morceaux enregistrés en live au mois de Mars, lors d'un concert avec Eths. Ce sera un avant-goût de la nouvelle démo !

Qu'auront vos prochaines compos de différent par rapport à "Génération Spontanée" ?
Les compos sont maintenant beaucoup plus réfléchies et cohérentes, les structures plus directes. Les plans polyrythmiques (sauce Meshuggah) sont mieux amenés et les samples s'expriment aux moments opportuns. Le principal défaut des anciennes compositions était le côté "fouillis"de certains passages, mais nous avons beaucoup progressé dans ce domaine. A vous d'en juger très prochainement ! Les nouvelles compos sont également très différentes les unes par rapport aux autres !

D'ailleurs, pour quand est prévu le prochain enregistrement ?
On a eu la chance de remporter un tremplin de groupes locaux et le premier prix était un bon pour deux jours d'enregistrement chez A. Miraucourt. Cela tombait vraiment au bon moment, on était en train de chercher un plan studio abordable pour l'album d'OESTRE. Néanmoins, deux jours, c'est vraiment court et on ne sait pas encore si l'on ne va pas négocier un troisième jour d'enregistrement pour faire figurer les nouvelles compos qui nous tiennent à coeur. Après l'enregistrement, comme d'habitude, on envoie les disques un peu partout pour trouver des plans concerts pour la rentrée, et obtenir un maximum de chroniques, ce qui est encore le meilleur moyen pour se faire connaître. Le mixage de cette démo sera assuré par Stéphane du label Mono Emotional Records.




Quels sont vos objectifs prioritaires ? Tourner le plus possible ou signer sur un label ?
La priorité est la recherche de concerts ; on veut avant tout jouer pour faire connaître la musique d'OESTRE au plus grand nombre. Tourner demeure le vieux rêve de tout musicien, jouer tous les soirs dans plein d'endroits, voyager avec des potes en fin de compte, partager la scène avec des groupes de tous styles, cela restera toujours notre objectif n° 1. Mais l'accomplissement de ce rêve passe aussi par l'accès à la notoriété, et un label peut t'aider dans ce sens. Cependant, même si le fait d'être signés nous séduirait évidemment, les labels connaissent aujourd'hui des conditions extrêmement difficiles. Certains jouent encore le jeu de découvrir des "talents", d'autres non. Il faut tomber sur des mecs qui comprennent ton orientation musicale sans essayer de trop interférer. A voir !

En parlant de dates, vous avez récemment ouvert pour Eths ainsi que pour Lofofora, comment se sont présentées ces opportunités ?
Les dates avec Eths et Lofofora restent d'excellents souvenirs, d'autant plus que ces opportunités se sont présentées après de longues négociations ! J'ai relancé sans arrêt l'organisateur de la MJC de Montluçon ( ma ville natale) pour jouer avec Eths. C'était une immense satisfaction, surtout que ce groupe propose vraiment une musique intéressante même si je n'aime pas du tout. Ils ont vraiment le souci de se démarquer de la scène, et dégagent vraiment une atmosphère particulière en concert. Jouer avec Lofo reste le souhait de tout musicien qui a évolué dans le punk ou le metal. Ces gars sont des ovnis sur scène, ils sont "à part". Nous avons eu cette possibilité grâce à nos potes de la S B R A à La Souterraine qui ont organisé un festival BD/concerts metal de grande qualité. Une occasion ici pour les saluer et les remercier de la confiance qu'ils ont su nous donner.

En garderez-vous un bon souvenir ? Le public a-t-il été plutôt réceptif sur ces deux dates ?
Ces deux concerts ont été les meilleurs que nous ayions eu la chance de faire. Nous avons eu droit à un accueil "en or", le public a été curieux et réceptif (ce qui est loin d'être souvent le cas), même si nous n'étions pas forcément connus de tous. Ce genre de concert donne vraiment envie de continuer, c'est dans ce genre d'occasion que la notion d'échange prend toute son ampleur !

Une autre grosse date se profile à l'horizon, non ?
La prochaine "grosse" date est prévue le 25 octobre prochain. On aura la chance, avec nos potes de Whydraft (Paris) qui sont un excellent groupe de fusion, de partager l'affiche avec Gojira. La tête d'affiche de rêve pour ce coup ! Gojira fait partie de ces groupes Français dont on peut être fiers, ils sont tout simplement hallucinants et rares sont ceux qui peuvent proposer une musique aussi originale. Cette date s'annonce comme une expérience vraiment intéressante car partager la scène avec des musiciens de cette trempe permet d'apprendre et te donne de nouvelles voies d'expression et d'expérimentation.

Vous venez de Limoges, y'a-t-il une scène "montante" là bas ?
La scène Limougeaude est en plein essor, après avoir stagné quelque temps. Des groupes de tous horizons se mettent en place, soucieux de faire vivre cette scène à leur manière. On a pas à se plaindre ici ! Il y a des infrastructures, des associations et des groupes intéressants musicalement. Il y a en moyenne deux ou trois concerts metal par mois donc les occasions d'écouter de la zic sont nombreuses ! J'ai une pensée toute particulière pour tous les groupes au tempérament curieux, qui font preuve d'ouverture d'esprit (ce qui en exclut un ou deux qui se reconnaitront), qui ont des choses à dire musicalement. Il y a ici (comme partout ailleurs) des mecs qui se croient dans une course à la notoriété ou qui se prennent pour le centre du monde, persuadés d'être ceux qui proposent la meilleure zic (l'élite en somme !). Ca ne sert à rien d'épiloguer !

Tu es guitariste, la question est inévitable, un mot sur la disparition tragique de Dimebag Darrell ?
La disparition de Dimebag Darrell est une tragédie pour tout le milieu metal, quelque soit sa nature. Ce mec était un génie qui a influencé un grand nombre de guitaristes dont je fais partie, et il a disparu comme ça ! On gomme une vie sans raison particulière. C'est pathétique, mais de moins en moins étonnant dans notre société actuelle où la violence est le mode d'expression le plus répandu. Le pire de tout cela, c'est que ce genre de tragédie continuera à véhiculer chez les ignorants les clichés attachés au style metal, et certains diront : c'est normal dans ce genre de concert ! Je ne connais pas les circonstances exactes de ce meurtre stupide ni les leitmotiv de l'imbécile qui a pressé la détente mais il faut en tirer des enseignements : nul ne peut se substituer à Dieu et décider de la vie et de la mort de quelqu'un quelque soient les raisons et les circonstances (surtout si ce quelqu'un est un artiste).

Je te laisse le mot de la fin... un message à faire passer ? Une connerie ? Un coup de gueule ? A toi la parole !
Merci pour ton interview et continue ton beau boulot. Il faudrait constamment vous remercier pour le rôle que vous jouez dans la survie de cette scène et par extension dans la diversité culturelle de ce pays. Salut aux groupes qui se bougent également et "Venez voir OESTRE en concert, vous ne serez pas déçus !.

Merci pour cette interview et bonne chance pour la suite !


Le site officiel : oestre.free.fr