Interview faite par mail par Joe D Suffer

Bonjour, pour commencer présentez-nous Nina'School !
Kévin (guitare / chant) : Salut à toi ! NINA'SCHOOL, c’est 4 sales gosses, soit Hugo à la basse, Guillaume aux tambourins, et Clem et moi (Kévin) en guitare / chant. Musicalement, et en étant un peu benêt, on pourrait classer ça dans le dossier "punk rock francophone estampillé Guerilla Asso". Si on l’est moins, on écoute et on se fait sa propre idée.

Comment vous est venue l’idée de monter le groupe ?
On s’est rencontrés au collège / lycée avec Clément et Hugo. On venait d’horizons musicaux assez différents, mais on avait tout les 3 en commun la tendance presque pathologique de ne penser qu’à la musique, et de vouloir répéter et faire des chansons tout le temps. On a commencé comme ça, en jouant sans savoir jouer. On a eu plusieurs batteurs, on a sorti un premier album "Du Bruit Dans La Tête" en 2008, et on a fait appel à Guillaume pour nous rejoindre. L’idée de monter un groupe est venue d’elle-même, sans se poser la question, comme le dessin pour d’autres.

Quelles sont vos influences ?
Tout ce qu’on écoute et qui nous touche de près ou de loin devient inconsciemment une influence. Que ce soit, de la musique, des films, des livres, on retrouve toujours dans nos morceaux des références à d’autres œuvres, placées pas forcément volontairement. On a tous nos univers de prédilection, et qui ne se rapprochent pas forcément du punk rock. Clément adore la variété, Guillaume est fan de screamo, Hugo de minimaliste à la unseen, et moi en ce moment, j’écoute du rap Français, et du rock à la Arcade Fire, The Strockes etc... Disons que le punk est un point commun entre nous. C’est ce qu’on aime le plus faire avec nos instruments, pour le côté énergique, mélodique. Pour le nouvel album, si on devait vraiment nous-mêmes situer les influences, je dirais qu’il y a du Comeback Kid, du Flatliners, un poil de Verse, du Sling 69, du Nofx / Rancid forcément, et aussi beaucoup de groupes que l’on connait et qui nous ont vraiment marqués comme The Arteries, Guerilla Poubelle, Pretty Johnny et j’en passe. Ceci dit, quand on parle d’influence, elles ne sont jamais volontaires. Je veux dire que ça ne nous est jamais arrivé de créer une chanson en ayant un schéma défini dans la tête pour que ça ressemble le plus possible à tel ou tel groupe. On est tous d’accord dans le groupe pour dire que cette recette ne nous exciterait vraiment pas du tout.

Comment se sont passés l’écriture et l’enregistrement du nouvel album ?
Pour la composition de cet album, de manière générale, j’arrivais en répèt' avec des riffs de guitare, des lignes de chants sans paroles, et des semblants de structures, et on mettait tout en place ensemble. Pour certaines chansons, c’est Clément qui apportait la base. On ne s’est vraiment pas fixés de limites, musicalement. On ne s’est pas cantonnés à une même formule, à un même mode d’emploi pour toutes les chansons. On n’avait surtout pas envie de s’ennuyer en écoutant et en jouant l’album. Dès qu’on avait un riff qu’on trouvait cool, on n’hésitait pas à broder autour et à en faire quelque chose. Pour ce qui est de l’écriture des textes, c’est à peu près pareil, je posais une base que j’envoyais aux autres directement, Ils me donnaient leurs avis, et on se voyait pour les remodeler, et pour qu’ils gagnent en efficacité. Hugo aussi a écrit certains textes, et modifié pas mal de refrains de manière à ce qu’ils soient plus percutants. On a enregistré l’album en deux fois. Toute la musique avec Alex "2 doigts dans la prise", et les voix avec Bud "ginger bastards studio". Avec Alex, ça n’a pas été très facile. C’est quelqu'un de très pointilleux, qui veut vraiment faire les choses bien, et qui a sa propre vision de la musique. Et finalement ça s’est avéré être payant parce qu’on est vraiment heureux du son qu’il nous a fait. C’est lui également qui a mixé et masterisé l’album. Pour les voix aussi on a galéré. On n’a pas fait beaucoup de répèt' avec le chant pour cet album. On est donc arrivé en studio comme des funambules sans protections ! On a mis un peu de temps, on a sué mais c’est passé.



Quelles sont les réactions autour du nouveau disque ?
Elles sont diverses ! Beaucoup trouvent qu’on a évolué dans le bon sens, que c’est mieux construit, plus mature, plus percutant. Et d’autres auraient préféré qu’on garde notre candeur juvénile, nos voix d’ados criards, et le son un peu "roots" qu’on avait sur le premier album. On ne peut pas satisfaire tout le monde. Je pense qu’avec cet album on va perdre une partie des kidz qui nous suivaient, et intéresser peut-être un peu plus des personnes qui sont à la base allergiques au punk trop "franchouillard". J’ai pu constater ça par rapport aux gens qui viennent nous parler après les concerts, depuis que le deuxième album est sorti. Dans tout les cas, si on avait été obligés de sortir un album trop similaire au premier, on aurait arrêté tout de suite. La musique, quand on la pratique en "amateur" comme nous, c’est le seul domaine dans lequel on est libre de faire ce qu’on veut, et dans lequel on n’a pas de compte à rendre. C’est exactement ce qu’on fait. On ne se force à rien, si ça nous plaît c’est génial, et si ça parle à d’autres gens c’est encore mieux.

Comment s’est passée la tournée au Canada ?
Elle vient de se terminer tout juste. C’était une expérience étrange pour nous. Comme un deuxième dépucelage, un retour aux sources. Maintenant, quand on fait des concerts en France, il y a toujours quelques personnes qui nous connaissent et qui chantent les paroles. Au Québec, on était totalement inconnu. Les gens nous découvraient et la sensation était vraiment agréable. C’est d’autant plus gratifiant quand les gens viennent te faire des louanges à la fin du show. Je crois que ce qu’on retiendra le plus de cette tournée finalement, c’est le coté "colonie de vacances" plus que les concerts en eux-mêmes. On a vraiment senti le fait de faire une tournée comme le prétexte parfait pour s’exiler loin de chez nous, de visiter une contrée qu’on ne connaissait pas du tout, et de rencontrer des personnes vraiment adorables, comme Dédé de Big Wheel Records, Ben et les Old School Politics etc. Grosse expérience humaine, on espère y revenir un jour !

Des groupes avec vous aimeriez tourner ?
On a pensé récemment à proposer à Antiflag de faire notre première partie sur une tournée, mais on hésite, on ne sait pas si ils sont assez carrés sur scène ! Plus sérieusement, les groupes avec qui on adore tourner, on tourne déjà avec, et on se croise souvent. On part cet été en Europe de l’est avec les Po.box, qui sont un peu nos nounous de la scène, ensuite en Octobre, le groupe Quebecquois Old School politics, avec qui on a tourné viennent en France pour une dizaine de dates avec nous. Et puis pour les groupes qu’on aime et qu’on croise souvent, on peut citer les Wank For Peace d’Angers, les Pretty Johnny, The Helltons etc …

Pensez-vous vivre de votre musique un jour ?
Dans la scène punk en France, pour vivre de sa musique, Il faut soit être mal intentionné comme Minimum Serious, soit avoir un réel putain de talent comme Uncommonmenfrommars, et même eux ils galèrent. On ne pense pas faire partie d’une des deux catégories. On essaie de faire des chansons du mieux qu’on peut, et si un jour la question se pose, on y réfléchira, mais pour l’instant, c’est exclu.

Êtes-vous favorables au téléchargement illégal de la musique ?
Bien sûr, moi-même je télécharge énormément de disques. Je préfère que les gens téléchargent nos disques et viennent aux concerts plutôt que l’inverse. Même si je suis attaché au format "concret" pour le charme que ça comporte, je continue de penser que ça reste un prétexte pour voir les groupes sur scène. C’est souvent arrivé que des personnes qui avaient téléchargé l’album viennent à un concert, et achète l’album sur place après nous avoir vus. Je trouve ça vraiment cool. Et puis de toute façon cette loi sur le téléchargement illégal est vraiment hypocrite. On nous donne tous les instruments pour le faire, et on nous interdit de le faire. C’est exactement comme si on vendait du shit au supermarché et qu’on t’interdisait d’en fumer.

Merci de m’avoir accordé cette interview, un mot pour finir ?
Vive la ville rose, vive Romain Boule, et vive la France. Merci, au revoir…


Le site officiel : www.myspace.com/ninaschool77