Interview faite par mail par Kévin

Bonjour les M.O.P.A. ! Certains de nos lecteurs ne vous connaissent peut-être pas encore, pouvez-vous brièvement présenter le groupe et votre démarche musicale ?
T (piano) : On est un trio piano-batterie-voix. C’est volontairement assez minimaliste pour garder un côté brute, frontal, sans possibilité de se cacher derrière un mur de guitares saturées. Notre démarche s’inscrit dans la volonté de proposer une alternative à ce qui se fait dans le milieu rock-hardcore-metal-post-screamo-machin-bidule-etc… tout en donnant une musique très intense et jusqu’au-boutiste.

Tout d’abord parle-nous un peu de votre rencontre avec Ross Robinson ? Comment cela s’est-il passé ?
Je suis tombé sur son MySpace au gré de différents topfriends et je lui ai fait une demande d’add. Le lendemain, il nous répondait "c’est merveilleux ce que vous faites, comment je peux vous aider ?". Ca paraît fou, je sais, on est les premiers à ne pas y avoir cru, mais à l’évidence, c’était bien lui. Suite à ça on lui a répondu que le simple fait d’associer son nom à notre musique nous ouvrirait pas mal de portes. Et aux messages MySpace se sont succédés les mails persos puis des coups de fils et puis 8 mois plus tard, on était chez lui à Los Angeles pour enregistrer notre premier album. Tout ça a été possible grâce à Kertone Production, jeune boîte Toulousaine qui a eu les couilles de financer le projet.

On remarque que quatre titres de "Amen" sont en fait issus de votre premier EP, comment justifies-tu ce choix ?
2 choses : D’abord le manque de temps pour composer. Concrètement, Ross Robinson nous a contactés seulement après 6 mois de formation, et la recherche de financement (même s’il ne nous a vraiment pas appliqué ses tarifs habituels) a occupé 18 heures de nos journées pendant 8 mois. Du coup, on n'a pas vraiment eu le temps de composer 4 morceaux de plus pour l’album. Notez quand même qu’on a un album de 60 minutes, là où pas mal de groupe en font de 40 minutes. On aurait donc pu ne pas les mettre ces fameux morceaux. Mais, et c’est la deuxième raison, on voulait voir quels auraient la gueule de nos morceaux du EP, manière de comparer le avant et après Ross Robinson. Et puis on voulait rien regretter pour ne pas se dire "putain, j’aurais bien voulu entendre "Die For Me" version Robinson quand même !".

Votre reprise de "Where Did You Sleep Last Night" est une franche réussite pourtant c’est une reprise très risquée car très imprégnée de la version grunge de Nirvana même si ce titre est à l’origine celui de Leadbelly. Pourquoi ce morceau en particulier ?
Parce qu'on est tous extrêmement fans de Nirvana. Pas seulement de la musique mais de la façon dont elle est jouée et pensée : sans réfléchir, en toute simplicité et en émotion. Et aussi parce qu'on a tous à un moment où un autre eu notre copine ou notre fille qui s’est absentée pendant une nuit sans savoir où elle était. Et on avait des choses à exprimer suite à ça. A aucun moment, on s’est dit que ce morceau était une légende, même si c’est le cas, et qu’on n’avait pas le droit d’y toucher. On espère faire encore quelques reprises encore plus légendaires, héhéhé !!

On remarque également l’apparition de chant clair, pourquoi ce choix ?
Ross Robinson nous a montrés le chemin pour ouvrir des portes. Quand MiLKa s’exprime, ça ne peut pas passer tout le temps par de la technique. Car la technique est pensée et il y a un phénomène de protection de la gorge lors des cris qui empêche l’émotion de sortir brute et d’être sincère. En studio une fois avoir compris là où voulait nous amener Ross, MiLKa ne savait même plus comment il chantait, les mots sortaient tels qu’ils venaient et parfois les mots s’exprimaient par du "spoken word", parfois des cris. Lorsqu’une mère voit une voiture écraser son enfant par exemple, elle ne va pas utiliser une technique vocale pour crier ! Elle va simplement crier comme ça vient avec toute la rage et la peur du moment. Ross nous a fait comprendre que notre musique demandait ça : se placer en situation de réalité, pas de fiction pleine de technique. Cobain avait très bien compris ça.



J’ai personnellement été très surpris par le clip de "After You" peux-tu nous en dire quelques mots ?
Le clip présente une fiction, celle de la fille mannequin bien sous tout rapport et des mecs avec qui elle fricote, et une "réalité", où on voit jouer le groupe. Il y a un effet de vases communiquant entre le groupe et les acteurs de la fiction. La fille est tout d’abord présentée comme belle et saine alors que nous sommes recouverts de pétrole. Mais plus la musique passe, plus nous nous lavons de ce pétrole à force de jouer, tandis que la fille se voit submergée par ce pétrole de l’intérieur jusqu’à ce que ça coule de ses yeux, sa bouche, ses oreilles et qu’elle contamine ses partenaires. Bien sûr, ce pétrole symbolise le vice et tout ce qu’il y a de plus sombre chez l’homme. Cette symbolique fait écho aux textes d’"After You" et nous permet de montrer que pour nous, cette musique est un vrai exutoire, et est quasiment rédemptrice.

La plupart des critiques de votre album "Amen" sont très bonnes, y a-t-il pourtant des choses que vous auriez voulu faire autrement ?
Au départ tout ! C’est chaud d’entendre qu’il faut repartir de zéro avec notre musique pour qu’elle exprime ce qu’elle a à exprimer (dixit Robinson) ! Mais une fois les heures et les heures de discussions, une fois qu’on ne se cache plus derrière une quelconque technique, qu’on se montre et qu’on joue tels qu’on est, alors on exprime le meilleur de nous-mêmes et la musique sort de nos tripes, pas de notre cerveau. On en revient à Nirvana. Plus pragmatiquement, les groupes qui enregistrent chez Robinson doivent se caler à son emploi du temps, pas l’inverse. C’est assez déroutant parfois car il peut-être assez décalé et imprévisible, mais c’est comme ça. En même temps, on va pas plaindre, on était quand même dans son loft sur Venice Beach en face de l’Océan Pacifique à longueur de temps…

Quel va être votre quotidien dans les mois qui viennent ?
Continuer à se lever à 6h30 pour aller taffer, revenir à 18h30. Traiter mails/réseaux sociaux jusqu’à 2h du mat pour MOPA et parfois répéter / composer. Et rebelote le lendemain. Parfois, je pose 2 ou 3 semaines de congés pour aller tourner. Mais bientôt, il faudra que je revois mon emploi du temps dans la mesure où je vais bientôt être papa.

Comment vois-tu l’avenir du groupe ?
Je nous vois continuer à tourner partout sur le globe. C’est vraiment ce qu’il y a de plus excitant et de plus enrichissant. J’aimerai bien faire des albums qui intègrent quelques petites surprises aussi…

Si tu devais résumer M.O.P.A. en un mot ?
Intention.

Merci beaucoup pour cette interview. Bonne continuation à vous, je te laisse le mot de la fin…
Un immense merci à tous ceux qui nous soutiennent en venant nous voir sur scène. C'est un grand honneur de jouer devant des gens qui se donnent la peine de sortir pour voir ce qu'il se passe autour de chez eux. Et enfin un merci tout spécial à tous ceux qui achètent nos albums. On a tendance à se dire entre MOPA qu'avec la crise du disque et le piratage sur Internet, c'est quasiment un acte militant d'acheter un album de nos jours, et que les personnes qui continuent à le faire pour nous, pour peu qu'ils en aient les moyens, contribuent à faire vivre notre musique. Merci encore.


Le site officiel : www.myownprivatealaska.com