Interview faite par Raph à Lyon.

My Imperium s’est fait remarquer en 2014 avec la sortie de "Amongst The Ruins", un impressionnant premier EP, qui d’emblée annonçait la couleur. Quelques tournées plus tard, et un changement de line-up à 50%, le groupe travaille d’arrache-pied à la suite à donner à ce premier forfait. Et la suite s’annonce plutôt bonne, d’après les échanges avec le groupe. Rencontre avec Nogh (guitare / chant), Carol (basse) et Julie (batterie) de My Imperium dans leur local de répèt', à Lyon, le Samedi 3 Décembre 2016.

Pouvez-vous commencer par présenter le groupe ?

Nogh : On a commencé MY IMPERIUM en 2012, avec Xavier (batteur) avec qui je jouais déjà dans Holy Pain. L’idée était de former un groupe dans la veine de Soilwork, Machine Head, Dark Tranquillity… Vite rejoins par Carol à la basse, avec qui j’ai pas mal joué aussi, on a commencé à bosser en trio. On a composé les titres du premier EP, et environ 6 mois après on recrutait Chris à la guitare solo. Puis on a fait l’EP "Amongst the Ruins" dans la foulée.
Carol : On a ensuite enchaîné avec les concerts, et depuis environ un an on compose d’autres morceaux.
Nogh : En fait les premiers retours qu’on a eu sur le EP c’était qu’on l’avait sorti très tôt, pour un groupe qui avait un an d’existence à peine. Mais pour nous c’était important de fixer les choses pour monter rapidement sur scène au lieu de répéter pendant des années avant de sortir quelque chose. Et donc cet EP était une bonne entrée en matière, on a pas mal tourné avec, ça a permis d’être tout de suite dans l’action. Tout en composant d’autres titres, pour un album.

Et du coup cet album est prévu pour quand ? Vous avez arrêté une date ?
Julie : Pas vraiment, ce n’est pas la priorité, pour l’instant la priorité est de bosser pour remonter sur scène.

Oui parce qu’il y a eu des changements de line-up dans le groupe.
Nogh : Oui, on a eu une divergence de point de vue avec Xavier en Juin dernier, à propos de la suite, de l’album justement.
Carol : Quand tu veux faire un album il faut poser les attentes et les souhaits de chacun, comment chacun voit les choses, conçoit cet album. Et là-dessus on n’était pas dans la même optique avec Xavier, on voulait la même chose mais on n’était plus d’accord sur le chemin pour y arriver. On a donc décider d’un commun accord de ne pas continuer ensemble, mais ça reste un ami, humainement il n’y a jamais eu de problème avec Xavier.
Nogh : On s’est séparés de Xav, mais ça s’est plutôt bien passé, on était tous ensemble et on s’est dit qu’au lieu de forcer les choses, il était préférable que chacun prenne les routes qu’il a envie de prendre, ça marche mieux. Et ensuite, c’est allé très vite, on a posé une annonce, et on a rencontré Julie moins d’un mois après. Et ça s’est tout de suite bien passé. Je trouve que c’est de mieux en mieux, il y a eu une montée en puissance du groupe avec l’arrivée de Julie, les morceaux prennent une nouvelle ampleur, plus metal, que nous on aime, une sonorité qu’on voulait prendre. On est sur une dynamique qui est vraiment cool aujourd’hui.
Carol : Julie a rentré les morceaux super vite. Et du coup c’est vrai qu’on a envie de retourner sur scène, même si on est de nouveau à trois, sans guitariste solo. Et les morceaux sont quand même faits pour être joués à deux guitares.

Oui, du coup on y vient, il y a eu un autre départ cette année, c’est celui de Chris. C’est pour les mêmes raisons ?
Nogh : Non pas du tout, avec Chris c’est simplement un problème d’organisation vie perso / groupe qui devenait très compliqué. Clairement il n’avait plus assez de temps pour s’y consacrer comme il l’aurait voulu. Personne n’avait envie que ça s’arrête, mais c’est juste une question "mathématique" pour le coup. Manque de disponibilité. C’était inévitable d’arrêter. Donc effectivement on cherche un deuxième guitariste !



Vous vous retrouvez en fait dans la même config' qu’au départ du groupe, finalement.
Nogh : Oui, c’est ça, et c’est assez positif, en tout cas ça ne nous empêche pas de bien bosser à trois, de poser les bases solides. Mais les morceaux restent pensés pour être joués à 4 et un guitariste soliste sera indispensable pour ajouter sa patte et peaufiner tout ça. En tant que guitariste metal, j’aime les morceaux à deux guitares. On ne fait pas non plus du death mélodique mais ça permet des ambiances, des harmoniques, qu’une seule guitare ne peut pas faire. Ça ajoute de la profondeur.
Carol : On préfèrerait clairement remonter sur scène à 4, mais si une opportunité se présente, on peut le faire à trois, je peux ajouter de la disto sur ma basse.
Nogh : Perso je ne suis pas trop inquiet, il y a des guitaristes sur Lyon, ça ne manque pas. On a déjà quelques contacts, depuis notre annonce, je suis confiant.

Et du coup Julie, tu peux nous parler de ton parcours et de ton arrivée dans My Imperium ?
Julie : J’ai commencé la batterie il y a un peu de dix ans, j’ai suivi une formation pro à la M.A.I de Nancy, puis je suis retourné dans le Var d’où je suis originaire, j’ai joué avec HellXhere, un groupe de heavy thrash avec lequel j’ai fait mes premières dates. Puis arrivée à Lyon il y a 4 ans, j’ai rejoint Alpha Specimen, un groupe de death progressif. J’ai arrêté ce projet en début d’année, et cherchais quelque chose qui me corresponde plus, en prenant le temps. Quand j’ai vu l’annonce de MY IMPERIUM, j’ai appelé tout de suite. C’était pile ce que je cherchais.

Avec tous ces changements cette année, est-ce que l’orientation musicale va être différente par rapport à l’EP ?
Nogh : C’est vrai que même si on a commencé à composer il y a un an, les nouveaux morceaux ont été pas mal remaniés, retravaillés, et on arrivera à un résultat sur album qui devrait être assez différent. Je trouve que les nouveaux morceaux prennent une teinte plus sombre, moins brut de décoffrage. L’EP est très rentre-dedans, les riffs s’enchaînent. Là, il y a une couleur plus sombre, une autre atmosphère qui se dégage des morceaux.
Carol : C’est en effet un peu moins rentre-dedans que l’EP, c’est plus travaillé. Ça prend un peu plus d’ampleur je trouve, on essaie de peaufiner un style, et une identité s’en dégage. Et forcément l’arrivée de nouveaux membres fait évoluer les choses aussi.

Vous savez où vous aller enregistrer l’album le moment venu ?
Julie : On a des idées, mais pour l’instant le projet est de faire une petite vidéo en début d’année.
Nogh : Oui, on a clairement pas l’intention de rentrer en studio maintenant, on n’est pas encore 4, et on sait d’expérience que ça ne sert à rien de se projeter trop loin. On a envie de faire des choses, et cette vidéo, c’est aussi pour présenter le nouveau line-up, un instantané de ce qu’est MY IMPERIUM aujourd’hui. On ne va pas entrer en studio pour ça mais on va essayer de faire quelque chose de sympa tant au niveau des images que du son. Proposer un truc de qualité.

Comment vous composez ?
Nogh : J’amène une base, et on y bosse tous ensemble. Chacun s’approprie les parties du morceau, on propose des choses. Parfois le rendu final est très proche de ce que j’avais apporté à la base, parfois ça n’a plus rien à voir. Aujourd’hui avec les outils qu’on a, ça va très vite pour composer et amener une base quasi finie. Il y a vingt ans, tu arrivais en répèt' avec des riffs et on construisait dessus tous ensemble. Aujourd’hui tu peux enregistrer tes idées, ajouter une batterie, une basse, tout ce que tu veux, et amener un morceau complet en répèt'. Mais ce qui fait la différence c’est de ramener tout ça à l’aspect humain, et une fois joué réellement, le morceau prend une autre dimension, une autre direction, et c’est ça qui est intéressant.

Les thèmes abordés dans les chansons ?
Nogh : On a pas mal tergiversé sur le nom du groupe parce qu’on avait déjà des morceaux, des paroles, et on voulait que le nom du groupe vienne de ce qu’on raconte. En gros il y a toujours cette idée d’un univers contre un autre univers, que ça soit psychologique, ou réel. C’est toujours "ma vision du monde contre ta vision du monde". Le nom du groupe découle de ça, MY IMPERIUM, mon empire, contre le tien, c’est ce qu’on vit tous les jours, et c’est aussi ce qui contribue à l’aspect mélancolique des nouveaux morceaux, parce qu’on est toujours en conflit avec quelqu’un. Mais ça peut être un conflit avec soi-même. Le morceau dont on va tourner une vidéo parle d’un truc plus personnel, la perte d’un être cher, comment continuer sans lui. Là l’écriture, la musique servent de catharsis en quelque sorte.



Qu’est-ce que Dark Faery Records ?
Nogh : C’est un label qu’on a monté il y a quelques années pour fabriquer et produire nos projets musicaux. Et plus largement, on propose ses services aux groupes qui le souhaitent. C’est vraiment une activité à part du groupe. L’objectif n’est pas lucratif, l’idée c’est qu’il y a des choses qu’on sait faire dans la musique et qu’en tant que passionnés on peut aider des groupes à produire leur musique. Ce label nous aide à produire notre propre musique et si on peut en même temps mettre à profit nos connaissances pour aider d’autres groupes c’est pas mal. Le style reste dans le metal, le rock, la musique alternative. C’est important qu’un groupe aille vers des gens qui ont une affinité avec la musique qu’il joue. J’avais un groupe de brutal death, Obnoxious, nous avions été enregistrer dans un studio plutôt réputé, le studio où Benighted et d’autres groupes vont en Allemagne. Et du coup ça a été très décevant, on n’a pas du tout travaillé ensemble. On n’a pas été conseillés, il a mixé nos pistes, point. Et certaines choses sont passées à la trappe. Ça nous semble important que l’ingé son ait un rôle de conseil, ou fasse profiter les groupes de son expérience, de son recul. Voilà ce qu’on essaie de faire. Il y a un autre studio en Allemagne qu’on aime bien c’est TidalWave, pour ça justement, ils ont un vrai rôle de conseillers, qu’on aime bien. On n’est pas un studio, mais cette idée d’aller plus loin qu’un simple enregistrement et aider le groupe à révéler sa musique, ça c’est intéressant.

La scène metal à Lyon ? vous la trouvez comment ?
Julie : Moi, venant du Sud je la trouve plutôt bien, plutôt riche. Après si tu demandes à un Parisien, il ne te diras sûrement pas la même chose.
Carol : Bon, moi j’étais à Paris donc oui c’est un peu la misère (rires).
Nogh : Il y a quelques assos, comme Razorback, Wake Up Dead qui font des choses. Après c’est compliqué pour eux, ils galèrent pas mal. C’est un vrai dont de soi, sans ça il n’y aurait pas de groupes qui tourneraient. J’ai passé pas mal de temps en Suède, c’est juste autre chose, tu trouves des groupes de metal dans un bar chaque soir. Tu fais tes courses dans un hypermarché, on te passe du Ozzy Osbourne. Bref, c’est autre chose. Il y a des tas de groupes super bons à Lyon, on en connaît pas mal. C’est une scène vivante, mais difficile de passer au stade du dessus.
Carol : Il n’y a pas de salle de taille intermédiaire. Tu as de tous petits lieux, et après tu passes directement aux grosses salles, aux festivals, etc… difficile du coup de sortir des petits lieux, mais heureusement qu’ils sont là !

Après on voit des groupes payer pour jouer en première partie de grosses têtes d’affiche, mais là on bascule dans autre chose…
Nogh : Oui, c’est autre chose. La musique c’est déjà un gros investissement en termes de temps, de travail, d’argent, et il faut savoir jusqu’où tu es prêt à aller pour jouer ta musique. Payer 8000 euros pour une tournée en première partie d’une pointure, bon… il faudrait calculer le retour sur investissement déjà, si ça vaut le coup. Et puis nous on fait de la musique à la base. Je trouve ça un peu dommage de commencer à avoir ce genre de considération. Si on doit commencer à vendre son corps pour jouer…
Carol : On a décidé de te sacrifier du coup (en montrant Nogh).
Julie : Ca paraît logique ! (rires)

C’est le mot de la fin, c’est parfait, je prends ! (rires)


Le site officiel : www.myimperium.bandcamp.com