Interview faite par mail par E.L.P

Nous allons donc commencer par la première question qui concerne donc votre présentation, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Chris Barretto (chant / saxophone) : Salut ! Moi c’est Chris Barretto et je suis le chanteur du groupe MONUMENTS !
Mike Maylan (batterie / samples) : Et moi c’est Mike, je... je frappe des trucs avec des baguettes !

Quels seraient, selon vous, les 5 adjectifs caractérisant le mieux la portée de Monuments ?
Chris : Alors, obtus, narcissiques, compliqués, déviants et marécageux... !

J’ai eu la chance de vous voir, il y a un peu plus d’un an de cela, au Batofar, aux côtés de Born Of Osiris, After The Burial et The Haarp Machine. Qu’avez-vous accompli depuis ? Où en est le groupe aujourd’hui ?
Mike Maylan : Eh bien, le plus gros événement de ces derniers mois a été notre changement de chanteur, nous avons finalement eu la chance de pouvoir convaincre Chris de nous rejoindre dans cette aventure !
Chris : Et sinon nous avons aussi un nouvel album.

Nous entendons de plus en plus de groupes, en France ou ailleurs, proposer des sons aux accents djent / core modernes comme certains proposés au travers de labels comme Summerian Records. Où considérez-vous que Monuments se trouve au milieu de tout ce chantier stylistique ?
Chris : Hmmm... Je n’en sais rien et je n’y prête pas beaucoup d’attention pour être honnête. Notre boulot en tant qu’artistes est de nous focaliser sur notre son, notre contenu, le reste du monde finira toujours par nous classifier que ce la nous plaise, ou non !
Mike Maylan : C’est dommage ! Je nous aurai bien vus faire du "MickaelJacksonCore"...
Chris : Exact !

A-t-il été délicat pour vous de continuer à mélanger, à synthétiser toutes vos envies de profondeur et vos influences allant de la musique orientale au jazz en passant par le blues et le metal pour donner naissance à "The Amanuensis" ?
Chris : Non, pas du tout, mais nous ne nous sommes pas retrouvés devant notre bureau à nous demander comment nous allions faire, c’est venu de la façon la plus naturelle qui soit, sans nous forcer !
Mike : C’est ça ! Nous avons ressenti la chose avec bien plus de naturel qu’auparavant. Nous avons réussi à nous poser et à nous laisser porter par l’écriture en y ajoutant, çà et là, quelques petits éléments venus embellir l’écriture d’Olly (Olly Steel, guitare) et les clinquants éléments rythmiques bluesy / funky de Swannie (Adam Swan, basse). C’est véritablement comme ça que nous avons pu construire l’album, en avançant avec les influences de chacun !



Vous avez, selon moi, finalement donné naissance à quelque chose de plus incisif (sur certaines mélodies et rythmiques) et de plus contrasté (entre certaines atmosphères et travaux vocaux) que sur "Gnosis". Cette nouvelle "force" est-elle du fait de votre nouvel ensemble ? De vos nouvelles expériences musicales ?
Mike : Je pense que le changement le plus majeur, en comparaison avec "Gnosis", a été celui d’apprendre, et ce depuis la genèse de l’album, à composer, écrire et penser de façon plus unie !
Chris : Le groupe a également pris plus d’ampleur, plus d’expérience dans ses choix et propos, mais mon arrivée a également changée la donne, puisque nous avons dû reprendre la formation à 0 et refondre les perspectives avec nos expériences respectives. C’est également en ça que cette nouvelle "force", comme tu dis, se fait ressentir au travers de "The Amanuensis", grâce à la richesse de notre ensemble, à sa diversité. Nous avons trouvé un terrain regroupant toutes ces atmosphères et ne demandant qu’à être exploré !

Parlons maintenant des atmosphères présentes dans cet album. Il serait, je pense, inutile d’argumenter concernant votre style que l’on sent entre djent, core et atmosphérique. Quel était donc votre principal angle de travail à suivre afin de rester les plus proches de ce qu’est Monuments ? De la part de rêve créée au travers de ces ambiances aussi oniriques pour ne pas dire hypnotiques qui est caractéristique à votre style ?
Chris : Alors, non, pas vraiment. Pour clarifier quelques choses au sujet de certaines étiquettes qui nous ont été apposées, à tous, au fil du temps : nous ne suivons aucun code, aucun style ni ligne de conduite artistique. Je trouve cette appellation "djent" trop réductrice. Elle n’est utilisée que pour caractériser le son d’une façon très générique, c’est parfois le cas mais c’est également parfois une erreur et un raccourci trop facile ! Browne (John Browne, guitare) a beau être l’un des premiers musiciens à avoir tenté de composer au travers de ce style, "The Amanuensis" n’a rien à voir avec "Gnosis" ni aucun autre travail passé ! Ce n’est pas parce que l’on entend une guitare avec un peu de delay qu’il faut en tirer ce genre de conclusion ! L’influence principale (les rythmiques, les grooves et certains riffs par exemple) est toujours là, si quelqu’un arrive remonter la piste jusqu’au passé du groupe, eh bien je pense que cette personne passe vraiment à coté de l’album tel que je le conçois...
Mike : Ouh là ! Je crois qu’il n’a pas trop apprécié le mot "djent" ! (rires) Toujours est-il que oui, nous avons gardé certains éléments de notre son, sur certaines ambiances et certaines belles phases rythmiquement développées, mais nous avons surtout effectué un virage à 180° dans notre façon de travailler, pour essayer de composer et d’ouvrir un tout nouvel univers.

Concernant vos ambiances, toujours, j’ai trouvé qu’il y avait, au-delà du côté hypnotique de certains riffs, la possibilité d’une réelle lecture de vos titres, à commencer par les introductions qui sont toujours muries et bien travaillées. Était-ce un choix, une volonté de composition ou alors une sorte d’évidence qui s’est imposée à vous durant l’écriture ?
Chris : Notre but était de le faire sonner naturellement.
Mike : Eh bien, je pense que tout ce qui concerne l’enchaînement guitares / ambiances est surtout du fait de Browne qui s’en est chargé au maximum. De l’autre coté, j’essayais, autant que faire se pouvait, quand nous étions en studio, de garder le dynamisme le plus soutenu mais également le plus discret possible pour justement laisser ces parties prendre de l’ampleur, comme sur "Horcrux" pour lequel j’ai eu l’occasion de révéler des passages aériens ! Ces derniers étaient vraiment recherchés, le reste sortait de notre instruments avec beaucoup de souplesse.

Et justement, pour servir ces ambiances, vous avez quelque peu musclé votre jeu, apporté une certaine agressivité dans vos guitares (comme dans "Origin Of Escape", "Horcrux" ou "The Alchemist" par exemple). Etait-ce une voie qu’il vous tenait à coeur d’explorer sur ce nouvel opus ? Ou simplement un besoin de changement ?
Mike : C’est véritablement arrivé spontanément mais avec un effort conscient aussi. Nous avons eu la chance de pouvoir écrire quelque chose qui nous ressemblait, qui ne faisait du bien, rien de plus !

Nous parlions plus haut, de changement de style, de force et de maturité. En quoi l’arrivée de Chris a-t-elle été un nouveau moteur à votre créativité collective ? Quels ont été les changements les plus marquants ?
Chris : Le simple fait d’être un élément extérieur a fatalement impliqué des changements et des concessions. J’ai malgré moi changé la dynamique du groupe en y apportant mon expérience et cette nouvelle réflexion sur les voix a entrainé quelques modifications de la recette initiale.



Votre trio "Horcrux" / "Garden Of Shankara" / "Quasimodo" reste, pour moi, un passage incroyablement expressif et vivant. Que pouvez-vous-me dire sur ce triptyque ?
Chris : Alors, pour reprendre cette petite liste, je dirai qu’"Horcrux" est un titre avec une "respiration" très metal durant les couplets, pour finalement se transformer en une sorte de vibration à la Mickael Jackson dès que le refrain est lancé ! Pour ce qui est de "Garden Of Shankara", c’est, et de loin, le titre le plus improbable de l’opus, puisqu’il est extrêmement mélodique et compte 99% de chant clair... Quant à "Quasimodo", je pense que sa force vient de sa structure rythmique plus lourde, qui tranche avec l’inspiration vocale piochée chez Karnivool.

Comment définiriez-vous le travail que ainsi mis en oeuvre pour créer cet album ? Comment avez-vous appréhendé cette nouvelle dynamique et cette nouvelle approche du travail studio ?
Chris : Tout s’est passé de la façon la plus naturelle qui soit à vrai dire... Browne, Olly et Swammy nous ont écrit des choses fabuleuses que Mike n’a eu aucun mal à transposer avec tout son éclat, à la batterie avant que je ne vienne poser mon chant par dessus pour finir de donner toute sa force à l’album. Jusqu’à preuve du contraire, c’est de cette façon que nous voulons fonctionner et je pense que "The Amanuensis" nous a prouvé que c’était la meilleure route à suivre humainement et artistiquement.

Pour passer à la partie visuelle de votre disque, quelques mots sur votre jaquette s’imposent. Quel projet souhaitiez-vous nous proposer au travers de ces divers petits éléments philosophiques et spirituels orientaux ? Quel serait, par exemple, le parallèle à faire entre le morceau de clôture : "Samsara" et le cycle représenté sur votre couverture à la façon du Samsara hindou ?
Chris : Ah, ça, mystère ! Tout ce que je peux dire c’est que la réponse est dans les textes, tout est lié au travers de l’histoire que j’ai souhaité raconter avec cet album. Il va falloir se procurer le livret ou les paroles pour recoller les morceaux !

Voici donc le temps des derniers mots, merci d’avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions !
Chris : À très bientôt en France, et n’oubliez pas de vous procurer "The Amanuensis" au plus vite !


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