Interview faite par mail par JU et Petebull

Bonjour au groupe Minushuman, première interview sur French Metal, pouvez-vous nous faire un historique de votre carrière (rencontre des membres…) ?
Thomas Billerey (guitare lead) : Salut à toi ! MINUSHUMAN existe depuis l’été 2007, et est composé de Cédric Moïse (chant), Gaspard Jeanty-Ruard (batterie), Mickaël Desmarie (basse), Lionel Bouyroux (guitare rythmique) et moi-même, et représente en quelque sorte un nouveau chapitre dans notre histoire. Nous nous sommes tous rencontrés au lycée, sommes très vite devenus potes, et avons rapidement eu envie de jouer ensemble, de monter un groupe, d’enregistrer nos premières compos. Nous avons alors créé Dark Poetry, et consacré toute notre énergie à ce groupe, en tournant et en enregistrant pas mal de maquettes et un album, jusqu’en 2006. Le moment était venu pour nous de faire un break bien mérité. J’ai profité de ce temps libre pour composer pas mal de choses, et j’ai rapidement pu voir que le tout partait dans une direction assez différente de ce que nous avions l’habitude de faire. J’ai alors proposé ces nouveaux titres au groupe, et il nous a semblé évident que le moment était venu de nous lancer corps et âme dans un nouveau projet. Nous avons alors décidé de mettre Dark Poetry en sommeil, et avons monté MINUSHUMAN. Lionel est venu grossir nos rangs à ce moment là en tant que guitariste rythmique. Tout est allé ensuite assez vite. Nous avons sorti notre premier LP, "Watch The World Die", en 2008, et revenons aujourd’hui avec notre nouvel album "Bloodthrone".

Tout d'abord, quelle est la signification de "Minushuman" ? Un quelconque rapport avec Minus & Cortex... ?
Eheh nope ! Quoique… Nous avons choisi ce nom de groupe pour plusieurs raisons. Il évoque pour nous l’idée du négatif présent en l’être humain, sa noirceur, tapie dans sa lumière. Mais je pense qu’il peut être interprété de plusieurs façons. Il fait référence au titre "-human" de Metallica, tiré de leur live symphonique, et correspond je pense tout-à-fait à ce que nous essayons d’exprimer.

Votre précédent album, "Watch The World Die", était sorti via Trendkill Entertainment... et on se souvient de votre différend que vous aviez choisi de rendre « public ». Sans rentrer dans les détails, les choses se sont-elles apaisées depuis ?
Oh oui bien sûr, c’est derrière nous maintenant. Je savais bien sûr que nous prenions le risque d’être à la fois soutenus et critiqués dans notre démarche, et je pense que tout le monde aura pu se faire son opinion à l’époque. Pour faire simple, on s’est retrouvés dans une situation qui nous faisait perdre un temps fou, et on a pris la décision à l’époque de le dire clairement, quitte à faire grincer quelques dents. De l’eau a coulé sous les ponts depuis, et chacun est passé à autre chose. Nous ferons bien évidement en sorte de ne plus nous retrouver dans ce genre de situation à l’avenir, même si tu n’es jamais totalement à l’abri des contretemps.

Vous voilà désormais chez Season Of Mist, chez qui vous étiez seulement distribués au moment de "Watch The World Die". Comment cela s'est-il concrétisé ?
Nous avions effectivement eu l’occasion de bosser avec eux sur la distribution de "Watch The World Die", et le courant était très bien passé entre nous à l’époque. Quand nous nous sommes mis en quête d’un label pour sortir "Bloodthrone", nous avons contacté pas mal de structures, dont Season Of Mist, à qui nous avons fait parvenir une demo track, et c’est sur cette base qu’ils nous ont proposé de signer le groupe quelques semaines plus tard, ce qui est assez rare aujourd’hui. On a finalement décliné les autres offres que nous avions reçues, et rejoint leur roster, qui compte de beaux noms de la scène metal. Ils montrent un réel intérêt pour MINUSHUMAN, bossent super bien et leurs équipes sont cool, on est vraiment ravis de travailler avec eux. Nous sommes je crois dans une relation de confiance réciproque, qui nous permet d’avancer plus sereinement aujourd’hui.

La sortie de "Bloodthrone" a été repoussée pour que l'album puissé bénéficier d'une distribution aux USA. Qu'en est-il au jour d'aujourd'hui ?
L’album est sorti le 19 Août en Europe et en Australie et le 23 Août aux U.S.A. et au Canada, et les premiers retours sont vraiment excellents. L’album est super bien accueilli un peu partout, et les chroniques que j’ai pu lire ici ou là sont très positives. Idem pour les plateformes de streaming, comme Deezer. On reçoit du coup beaucoup de messages de soutien de metalheads du monde entier qui prennent un vrai bon moment à l’écoute de notre nouvel album, c’est juste super cool. On verra dans les prochaines semaines si ça continue sur cette lancée, mais jusqu’ici tout se passe vraiment bien.



Comment s'est déroulée la composition de "Bloodthrone" ? Avez-vous travaillé différemment par rapport à "Watch The World Die" ?
Nous avons procédé globalement de la même façon que pour notre premier album. Comme pour "Watch The World Die", j’ai d’abord composé pas mal de nouveaux titres de mon côté, dans mon home studio, en attendant qu’une certaine cohérence s’installe entre les morceaux, qu’une sorte de lien les unisse. Le premier titre à avoir été composé est "The Architect" me semble-t-il puis ont suivi "The Day We Died" et "Three Mile Island". J’ai ensuite proposé ces maquettes au groupe, et les gars ont adhéré immédiatement à ces nouveaux morceaux. Nous nous sommes ensuite enfermés pendant un mois et demi à les répéter sans relâche pour en peaufiner les détails. Une fois prêts, nous avons enchaîné avec l’enregistrement de l’album. Comme pour "Watch The World Die", nous avons voulu capturer l’énergie et le "feeling" que nous avions dans la foulée, sans trop attendre.

Vous avez renouvelé votre confiance à Mobo du Conkrete Studio, qui s'est davantage investi pour cet album. Est ce qu'on peut presque parler de 6e membre du groupe ? Car une fois de plus, ils vous a concocté un son aux petits oignons !
Mobo s’était effectivement chargé du mixage & du mastering de "Watch The World Die", et il nous semblait évident de lui laisser les clés de la production de "Bloodthrone". Nous lui avons cette fois confié la captation batterie, il a supervisé le reste des prises guitare, basse et chant, et réalisé à nouveau le mixage et le mastering. Nous avons réalisé les batteries chez un ami, et j’ai pris en charge le reste de l’enregistrement chez moi, que nous avons transformé en studio pour l’occasion. En plus d’être un producteur totalement hallucinant, un musicien incroyable, il est juste absolument adorable. Il a su une nouvelle fois mettre toute le monde à l’aise et s’est investi comme un beau diable dans cet album. Il a je crois passé un bon nombre de nuits blanches pour le coup, et subi quelques péripéties assez mémorables ! Il a réussi à réaliser une prod' moderne et puissante sans forcément chercher à pousser les potards dans le rouge tout le temps. Il a clairement toute sa place dans la genèse de l’album, et je pense que chaque groupe passé entre ses mains sait de quoi je parle.

Vos influences ont-elles changé/évolué entre "Watch The World Die" et "Bloodthrone" ? Y a-t-il des albums en particulier qui vous ont marqués ?
Je crois que nous continuons sur le chemin que nous avons entamé sur notre premier album, en explorant nos idées sans trop se poser de questions. Ce nouvel album est je pense une suite logique à "Watch The World Die", même s’il peut être assez différent par certains aspects. Je t’avouerais que durant la phase de composition, j’ai tendance à écouter en boucle les demo tracks toute la journée, et à m’isoler quelque peu de ce qui se fait autour, aussi je n’ai pas réellement écouté d’album en particulier à ce moment là. Bien sûr, nos racines restent ancrées dans le thrash/death, et nos références restent des groupes comme The Haunted ou Strapping Young Lad, pour ne citer qu’eux. Mais j’aime à croire que ces influences directes sont aujourd’hui plus ou moins digérées et que nous proposons un univers assez singulier.

Sans rentrer dans un track by track fastidieux, quels sont les thèmes principaux de l'album ? Quels sont les titres "phare" de l'album, s'il y en a ?
L’album tourne autour de l’idée que l’Homme est désormais seul maître d’un monde qu’il mène à la destruction, sans plus se soucier des conséquences de ses actes. Il règne ainsi en quelque sorte sur un trône souillé du sang de ses méfaits. Chacun des titres est lié par cette idée. "Three Mile Island" par exemple aborde les évènements américains de 1979, et fait cruellement écho au désastre récent de Fukushima. "The Size Of An Ocean" évoque l’insouciance de l’homme face à sa vulnérabilité, et rappelle qu’il peut disparaître à tout moment du fait d’une simple vague. "Bloodthrone" quant à lui met le doigt sur les souffrances de ceux vivant dans des contrées où le pouvoir ne réside qu'entre quelques mains. Ce n’est pas pour autant un concept album, même s’il y a ce fil conducteur.

Un mot sur la pochette, qui en est l'auteur ? Ce n'est pas vraiment le fauteuil dans lequel on choisirait de s'assoir pour regarder un match de foot !
Ehehe ! Je me suis chargé de sa réalisation, m’occupant du graphisme du groupe depuis ses débuts. Nous voulions un visuel assez direct, et évocateur, qui mette l’accent sur l’idée forte de l’album. Et nous avons eu cette idée de trône, ensanglanté, s’élevant sur une étendue désertique, faite d’eau et de sable. J’espère que cet artwork donne envie de voir ce qui se cache à l’intérieur en tous les cas !



Je vous ai vu jouer avec Fleshdoll au Saint des Seins à Toulouse pour votre premier album "Watch The World Die", avez-vous spécifiquement travaillé la scène depuis, via des résidences par exemple ?
Oui, je me souviens bien ce cette date d’ailleurs, eheh. Nous avons pu profiter de quelques résidences depuis, au Rocksane de Bergerac, et allons en faire une autre très bientôt, début Novembre, au Sans Réserve de Périgueux. C’est en effet indispensable de pouvoir bosser dans des conditions live, on travaille de plus en plus de ce côté-là. J’espère qu’on a fait quelques progrès depuis que tu nous a vus ! On a pas mal de choses à mettre en place encore, et on va profiter de notre passage au Sans Réserve pour tester pas mal de nouvelles options. Le live a toujours été très important pour nous de toute façon, et nous avons acquis aujourd’hui je crois une bonne expérience de la scène qui nous permet à chaque fois de passer de super moments et d’en profiter autant que possible.

Et toujours à Toulouse, comment s’est d'ailleurs passé le concert au Ramier avec Aborted, Skeletonwitch et Wartribe ?
La soirée fut vraiment super cool. L’orga' a été aux petits soins, et tous les groupes ont fait un excellent concert ce soir là, les gars de Skeletonwitch envoyant un set particulièrement furieux. Le public a répondu clairement présent pour une date plutôt brutale en plein mois d’Août, même si j’imagine que l’orga' en aurait aimé peut-être un peu plus. On a pour notre part passé un excellent moment et profité un max' durant notre set, assez court ce soir là d’ailleurs, on aurait bien joué une heure de plus ! C’est toujours cool de descendre à Toulouse, le public y est clairement ouvert et bon esprit.

Le fait d'être signé chez Season Of Mist et d'être épaulés par Musica Diaboli, va-t-il vous permettre de davantage vous exporter sur les scènes internationales ? Avez-vous déjà des touches peut-être ?
C’est en effet un avantage non négligeable que d’appartenir à l’écurie de Season Of Mist, tant en termes de visibilité que de distribution. L’album est disponible un peu partout, et nous touchons davantage de monde aujourd’hui qu’hier, c’est certain. Loïc, de Musica Diaboli, avec qui nous travaillons depuis bientôt deux ans, ne compte pas ses heures et abat un boulot incroyable également. Nous avons du coup pas mal d’opportunités qui s’ouvrent pour l’avenir, et on devrait pouvoir concrétiser tout ça, en tous les cas on le souhaite fermement, bien sûr.

Quels sont les prochains objectifs du groupe ? Vous avez produit un clip notamment, vous a-t-il offert une meilleure visibilité ?
Le clip de "The Day We Died" a été diffusé un peu avant la sortie de "Bloodthrone", et nous a bien sûr permis de faire parler un peu plus du groupe, mais aussi de faire patienter encore un peu ceux qui attendaient notre nouvel album. Il a été réalisé par la même équipe qui s’était occupée de notre première vidéo pour le titre "Liquid", tiré de "Watch The World Die", Batiste Combret & Alain Chasseuil, accompagnés d’Anton Miossec. Nous souhaitions réaliser quelque chose de plus proche d’un court métrage que d’un clip traditionnel, et ils ont fait un super boulot encore une fois. Nous allons très bientôt retravailler avec eux sur d’autres choses, mais je ne peux pas t’en dire bien plus pour le moment. On a pas mal de projets en tête en tous cas.

Et maintenant, est-ce qu’on peut dire qu’à Bergerac, on fait du bon vin mais aussi du bon metal ?
Bergerac a toujours eu une bonne scène locale, et compte beaucoup de métalleux qui répondent toujours présents aux dates brutales organisées dans le coin. Mais le jour où il se vendra plus d’albums de MINUSHUMAN que de bouteilles de Bergerac, je paye mes frites.

Et pour finir, vous pouvez vous exprimer librement sur tout ce qui vous passe par la tête, vous avez carte blanche !
Je vais simplement en profiter pour vous remercier pour cette interview, ainsi que les lecteurs fidèles de French Metal J’espère qu’on aura l’occasion de se croiser sur la route à nouveau ! Cheerz dudes !


Le site officiel : www.minushumanity.com