Interview faite par Eniel-Obtide à Paris.

Bonjour les gars. Notre précédente interview remonte à 3 ans, en Janvier 2010 ; comment ça va depuis ?
Matt (chant) : Impec !
Julien (guitare et solos) : Janvier 2010 ? Ha oui, c’était la sortie du mini aux Furieux. Bah tout va bien depuis, on avance doucement.

Je vois un nouveau visage… Bonjour à toi, est-ce que tu pourrais te présenter, nous dire quel a été ton parcours musical jusqu’à aujourd’hui, les anciens groupes, les side-projects, et quand tu es rentré dans MOAG ?
Voron (guitare) : Bonjour, moi je suis Voron et ça fait 3 ans que je suis dans MOAG où j’ai remplacé FX. Pour ce qui est des projets précédents, j’ai commencé par tout ce qui est death, doom metal dans les années 80-90. J’ai fait pas mal de projets, mais on peut dire que MOAG est le 3e projet en France parce que j’ai pas mal tourné. J’ai tourné dans les pays de l’Est, j’ai beaucoup tourné avec un groupe de speed metal local mais assez gros et l’on a fait pas mal de dates à l’époque. En France actuellement j’ai un 2e projet dans lequel je joue toujours, Argentum-Mori, mais ça c’est du metal indus. Tous les projets précédents étaient un peu avec un mélange de musique soit orientale, soit slave, soit égyptienne. J’aime bien tout ce qui est mélange, cross-over… C’est pour ça que MOAG c’est parfait au niveau du style car ça fait un joli cross-over entre plusieurs styles. Du coup, voilà, tout content. (grand sourire)

Comment est-ce que tu as connu MOAG ?
Voron : Au hasard, une petite annonce ou une chose comme ça.

D’accord. Du coup, les garçons, pourquoi un nouveau guitariste ? Etait-ce pour apporter une nouvelle vision ?
Julien : C’est ça. Après le mini qui était vraiment la base de ce qu’on voulait faire, on voulait aller encore plus loin. C’est plus pour des raisons musicales donc, il fallait quelqu’un qui venait d’un autre univers, qui nous apporte une autre vision et qui soit d’un niveau technique plus élevé aussi, qui puisse lui aussi faire des solos comme c’est son cas. Voilà, on est très amis avec FX encore, qui est là ce soir d’ailleurs, mais il fallait changer un petit peu et on est très contents. En tout cas tout se passe bien.

Du coup, comment avez-vous choisi Voron ?
Julien : Il nous a contactés via la petite annonce, il est venu en répétition pour voir comment ça se passait et puis il a joué avec nous. Il a appris très très rapidement les morceaux et finalement, pour tout ce qui est de la composition du nouvel album, il nous a apporté beaucoup.

Et à ton niveau, Voron, est-ce-que l’intégration s’est bien passée ? Le fait de devoir reprendre les parties d’un autre, les intégrer, les jouer, ça s’est fait rapidement ?
Voron : Ca s’est fait rapidement et en plus j’ai la liberté de changer tout ce que je veux et d’apporter quelque chose à moi dans ces parties. Donc ça a été vite et facile d’autant plus qu’on a trouvé de très bons liens amicaux. Ca se passe super bien, franchement, on ne peut pas rêver mieux.

Julien, il y a 3 ans tu m’avais parlé de vos mécanismes de composition. Puisque Voron vient de confirmer qu’il a pu amener sa façon de travailler et sa façon de faire, est-ce que son arrivée a bouleversé un peu ça, du coup ?
Julien : Oh bah on procède toujours pareil, on compose rarement ensemble. Il y a un titre que l’on a composé vraiment ensemble sur l’album et qui s’intitule "Bloodlust". Sinon on vient avec une idée de base presque aboutie, une démo pratiquement, puis après chacun retravaille cette démo. Voron est justement venu avec l’idée de "Grovel At Her Feet" qui est le titre de l’album et que l’on jouera pour la première fois ce soir ; il est venu avec et on a tous rebossé dessus. De cette façon on a tous la liberté de créer nos propres parties, c’est pas parce que quelqu’un vient avec un morceau plus ou moins "fait", couplet-refrain-solo, que c’est figé. Tout le monde est libre de donner son avis, de dire "Non on n’en veut pas merci" ou "Tiens, si on mettait ce couplet plutôt en refrain et vice-versa". Et on est tous si différents qu’il y a des trucs parfois qui ne plaisent qu’à celui qui l’a composé. (rires) C’est arrivé ! Voron nous a proposé plein de trucs que l’on n’a pas gardés ou que l’on gardera peut-être pour plus tard. Ca m’est arrivé à moi aussi, Matt aussi a proposé des trucs… Il compose, il a une façon de composer, Matt, à la bouche (rires) et à la guitare sèche… (se tourne vers lui) C’est quoi, comment tu fais ?
Matt : En général j’ai une idée dans la tête et comme j’ai la flemme de brancher tout le système avec la guitare, l’ampli et l’ordi… je le fais à la bouche.
Julien : Donc il nous envoie un truc du genre, "Bon les gars, voilà une idée".
Matt : Pam budum bidi bidi ! (rires)
Julien : Voilà ! Voilà voilà, débrouille-toi avec ça.
Matt : Ou bien je prends ma guitare folk ou sèche et puis je rajoute Guitar Rig et je mets une disto à la con (rires) en mettant le casque, tu sais, le micro-casque…

Et c’est toujours toi qui te charges des textes ?
Matt : Ouaip !
Julien : De ce côté, on lui laisse carte blanche.

Pour cet album, "Grovel At Her Feet", dites-moi tout : où est-ce qu’il a été enregistré, qui a mixé, qui a masterisé ? Vous me disiez la dernière fois que l’EP était  "fait maison" et autoproduit.
Julien : C’est toujours du "fait maison", absolument pour tout, à part pour les prises vocales qui ont été faites dans un studio un peu plus professionnel, mais toujours supervisées par Voron. Voron qui, fraîchement arrivé dans le groupe, a aussi la qualité d’être ingénieur du son. C’est pour ça qu’on l’a choisi en fait… Non c’est pas vrai. (rires) Du coup c’est lui qui a orchestré tout ça, qui a mixé, et le mastering a été fait par Zoé du groupe Herrschaft et The CNK.
Matt : Il y a des prises son qui ont été faites avec Mus d’Arkan, avec des petits arrangements. Ça reste en famille. Pour le chant, on nous a proposé un studio, on nous l’a laissé quoi ! On nous a donné les clefs et on est venu s’installer dedans avec notre équipe, c’est-à-dire nous-mêmes puisqu’on a tous des qualités différentes. Donc voilà, ça reste du fait maison, les prises guitares ont été faites chez nous en home studio, on a tout fait et enregistré nous-mêmes. Sauf bah le mastering avec Zoé, et encore ça reste un proche.
Julien : C’était important d’avoir une oreille extérieure. Voron aurait pu faire le mastering, ce n’est pas un problème, il sait faire ; mais à un moment donné il faut juste avoir…
Voron : Il faut des oreilles fraiches, quelqu’un qui intervient à la phase finale pour avoir un résultat complètement abouti. C’est la pratique normale de tous les studios, de faire un mixage par un ingé son et un mastering par un autre ingé son, ça marche dans 90% des cas dans tous les studios pro.

Maintenant j’aurais une question histoire de vous asticoter un peu. Il y a 3 ans, quand je vous avais demandé si vous aviez du nouveau, vous m’aviez dit qu’il y avait un album qui arrivait et qu’il était bien avancé. On aurait donc pu s’attendre à ce que ça sorte plus tôt… Est-ce que c’était pour vous laisser le temps de peaufiner, de retravailler les choses ?
Matt : C’est plus bête que ça en fait. Il y a plusieurs choses… Déjà il y a eu le changement de line-up, qui implique quand-même un certain temps puisqu’entre le moment où avec FX on s’est séparés et le moment où on a trouvé Voron il y a quand-même plusieurs mois qui se sont écoulés. Donc tu perds du temps quelque part, tu stagnes. Ensuite Julien s’est gravement blessé à la main, donc ça a été une longue rémission et maintenant il a une belle cicatrice en zigzag sur le majeur…
Julien : 19 points de suture… (rires)
Matt : Donc pour un "guitar hero", bah c’est plutôt con. Comme moi, si tu me tranchais la gorge…
Julien : Oh putain, quel bonheur… (rires)
Matt : Donc voilà, ça, ça a pris beaucoup de temps. Ensuite il y a eu les phases de répétition intensives, de peaufinage et de finalisation des chansons, être bien sûrs de ce qu’on voulait avec l’esprit du groupe et l’esprit de l’artwork. Tout ça a pris pas mal de temps et le temps s’écoule rapidement. De plus, comme on a tous des vies professionnelles chargées, il fallait aussi trouver du temps libre pour les enregistrements, pour se réunir, se mettre d’accord, sans compter les concerts… Donc enfin tu vois, ça a pris du temps mais en tout cas on est tous très satisfaits et très heureux du résultat.
Julien : C’est vrai qu’il y avait plusieurs chansons qui étaient prêtes ou quasiment prêtes à l’époque, comme "Scars", "Twilight Of The Men" et "Chaos Seeds" qui se retrouvent sur l’album. Mais il faut laisser le temps au temps, ça ne sert à rien de se précipiter. Bon, c’est vrai que l’on a pris beaucoup de temps… on prendra moins de temps pour le prochain, on l’espère. Mais en tout cas ça ne nous a pas fait de mal, ça laisse mûrir les idées.



Parlons du visuel maintenant ! Il y a pas mal de changements : on est passé d’un photo-montage à une photo, d’une image à une personne…
Julien : … qui sera là ce soir !

… des os à la chair, et du noir au blanc. Vous m’aviez expliqué ce personnage de la Santa Muerte, et là on se retrouve face à cette jeune femme très "virginale" dans sa représentation. Est-ce le même personnage ?
Matt : Ouais, ça reste la Madone, la personnification de l’entité religieuse et sacrée, et qui représente tout ce qu’on essaie de critiquer. Comme je le dis assez souvent, on critique toute forme d’aliénation, d’emprisonnement intellectuel ou psychologique ; ça peut être la religion, la politique et plein d’autres choses. A partir du moment où une personne n’est pas libre de penser par elle-même et n’a pas la possibilité de construire une pensée personnelle, on le critique. Du coup la religion est un support facile et surtout accessible. On peut nous dire : "Oui c’est facile un peu, (s’attaquer à) la religion", surtout en ce moment, c’est au goût du jour avec ce qui se passe dans le monde. Mais bon, c’est un support accessible, ça ne sert à rien d’utiliser un support pour délivrer un message s’il est trop crypté. Tu vois ? Il est déjà suffisamment crypté dans ma façon d’écrire donc autant avoir un support assez accessible pour pouvoir incarner ce petit coup de gueule. C’est aussi pour rester cohérent et logique avec l’intention du mini-CD qui était un peu une carte de visite : "Voilà ce que ça va être MOAG, voilà les intentions". Donc on est restés dans cette logique-là au niveau des textes, je reste exactement dans la même démarche, la même mécanique dans l’écriture. Et ça reste la Madone, ça reste la Santa Muerte, le même personnage qui incarne le sacré, le divin, l’intouchable, le truc qui te dit : "Fais ce que je te dis et tais-toi".
Julien : "Grovel At Her Feet", rampe à ses pieds…
Matt : Cette forme d’aliénation elle est critiquée de manière philosophique parce que ça peut être l’amour, la drogue, la politique, la religion… Tous les extrêmes de l’Humanité tu vois. A partir du moment où tu n’es plus libre, toi en tant qu’individu, en tant que personne, et que tu rampes aux pieds de quoi que ce soit, je le critique – on le critique par le biais de notre musique –. Et ça vaut aussi pour les codes vestimentaires dans un milieu "metaaal" ! A partir du moment où tu es obligé de faire quelque chose pour appartenir à un groupe, et que donc tu n’es plus libre de penser par toi-même ou d’avoir ta propre personnalité, de faire tes propres choix, on le critique. D’ailleurs nous-mêmes sommes critiqués à cause de ça, à cause de nos propres choix musicaux ! On a fait nos parties et on est critiqué parce que ça dérange les habitudes auditives des gens, parce qu’on fait quelque chose de différent et que l’on mélange tout et n’importe quoi. Mais ça nous représente aussi, tout ça reste cohérent donc. D’un côté on s’en prend plein la gueule parce qu’on est les vilains petits canards, et d’un autre les gens nous encouragent et nous félicitent pour ce mélange. On ne rentre pas dans les cases, nous on ne veut pas rentrer dans les cases ! Rentrer dans les cases ça veut dire faire partie d’une secte, faire partie d’un clan étroit et obtus donc fermé… Ca ne nous intéresse pas. C’est pour ça qu’il est difficile de nous mettre une étiquette, de nous donner un nom, c’est pourquoi nous disons volontiers que nous faisons partie de la grande famille du métal. On nous dit "extreme prog", "metal-death" machin… On s’en fout ! On fait de la musique, on veut partager avec les gens, c’est ça qui compte !

Ouh ! C’est dur d’enchaîner après ça… Alors, pour rester sur ce personnage : la femme que vous avez choisie a un très beau visage mais qui est aussi plein de caractère et de force, il est même "dur" en fait. Tout est blanc, les yeux sont gris clair, il n’y a que les lèvres qui sont rouge sang. Donc si on met ça en résonnance par rapport au titre, j’ai trouvé quelle était dure, oui.
Matt : Mais la politique est dure, la religion est dure, l’amour est dur, la drogue est dure, tout ça c’est dur… En apparence c’est beau, ça fait miroiter des choses merveilleuses et magiques, mais en réalité t’en prend plein la gueule, tu souffres, t’es esclave de toi-même, esclave des autres, esclave de codes, de mœurs, de morales… Au départ c’est toujours ça. Le nazisme faisait miroiter des choses magnifiques aux gens et puis finalement c’était l’horreur, le communisme stalinien c’est pareil, et ce ne sont que des exemples récents, encore une fois faciles et accessibles.
Voron : L’attirance d’abord… Et dès que tu sors de la direction ça devient vraiment…
Matt : C’est la séduction du sacré, mais après, bah c’est la réalité.

Et qui est-ce qui a travaillé sur cet artwork ?
Julien : Un pote à nous qui s’appelle Sébastien Lovat, qui est photographe et graphiste. Il a bossé en étroite collaboration avec Mark, le bassiste et fondateur du groupe qui avait vraiment une idée précise de l’artwork. C’est souvent lui d’ailleurs qui a les idées pour l’artwork… Il en a déjà pour le prochain ! Donc voilà, ils ont bossé tous les deux, avec notre accord évidemment. Tout le monde a émis des idées mais c’est vrai que pour le résultat, on n’a pu que le trouver génial.
Matt : Ils dirigent tout ce qui est créa' et on leur fait volontiers confiance.

D’accord ! Vous me disiez que la personne (de la pochette) était là ce soir, pour la petite histoire, c’est une copine, un modèle ?
Julien : C’est une amie du groupe qui a une certaine beauté et qui pouvait rentrer dans ce rôle de la Madone.
Matt : Elle a une beauté dure, c’est-à-dire qu’elle est très belle mais elle a les traits du visage qui sont durs et elle a un caractère ultra trempé malgré une grande générosité et délicatesse. Donc c’était important de ne pas seulement faire jouer un rôle mais de trouver quelqu’un qui convienne.
Julien : Donc ton défi ce soir, si tu l’acceptes, c’est de la reconnaître parmi les gens du public !



Passons au chant. Matt, le premier EP avait ce côté "hardcore" alors que, sur cet album, ta palette de chant clair a énormément évolué, on sent qu’il y a eu du boulot. As-tu pris des cours ?
Matt : Au niveau du chant c’est vrai que le projet était assez ambitieux. On a travaillé ça ensemble avec Julien au début, c’était compliqué et, pour être honnête, aujourd’hui je prends des cours de chant pour pouvoir assumer et assurer sur scène.
Julien : On a mis la barre très haut, en studio c’est toujours plus simple, même si ce sont des véritables prises de chant hein ! Mais c’est plus facile de faire phrase par phrase, de boire un petit thé au miel et d’y retourner pour une nouvelle phrase. En live c’est autre chose.
Matt : Du coup là il y a un panel très large de voix, même au niveau des growl qui ne sont pas les mêmes d’une chanson à l’autre, il y a des placements vraiment très différents… ce qui implique d’ailleurs au niveau du live une sélection technique et cohérente dans l’enchainement des morceaux pour pouvoir me permettre d’assurer, parce que ce n’est pas toujours simple. Donc voilà, cette ambition m’a permis d’évoluer considérablement, aujourd’hui je prends des cours pour être encore meilleur, avancer plus loin et être stable. Je me suis fait une réflexion entre-temps, je suppose que pour le prochain album je serai peut-être moins ambitieux… Je ne sais pas encore…

Est-ce que vous pouvez me parler de l’histoire de l’album? Y a-t-il un concept derrière, une évolution au fil des morceaux ?
Matt : Mmhhh, plus ou moins, c’est un peu vague… Ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit d’une sorte de descente aux enfers et je peux te dire que dans le prochain album il y aura la suite.

Et l’évolution musicale entre l’EP et cet album ? Tout à l’heure vous me disiez que c’était aussi dû à l’arrivée de Voron, avec tout son vécu, sa patte et ses inspirations…
Voron : En fait il a plein d’influences différentes. Dans le groupe, on a plein de gens qui sont d’origines différentes, et donc ça impacte aussi. Il n’y a pas que les influences orientales ou slaves, chacun amène sa culture.
Matt : D’ailleurs on va jouer dans un bal portugais la semaine prochaine. (rires)
Julien : C’est surtout que l’EP présentait les fondations de ce que pouvait être MOAG. Encore aujourd’hui on a un regard très critique par rapport à cet EP. On va normalement en jouer 2 titres ce soir mais on préfère privilégier l’album. Voilà, c’était les bases et on a voulu aller plus loin. Après, ça reste accessible hein, ça reste du metal.
Matt : Je trouve même qu’il est plus accessible qu’un album qui serait dans un style fermé !
Julien : Oui, c’est ouvert et on ne s’est pas vraiment posés de questions. Chacun amène sa petite patte musicale, son univers… Moi j’ai amené plus de progressif.
Voron : En tout cas ça donne un très bon relief aux morceaux et à l’album lui-même, donc ça devient beaucoup plus intéressant à la composition, à jouer et à écouter aussi je pense.

Je reviens un peu sur le chant. Est-ce que d’autres personnes ont participé ?
Matt : Tous les chants en growl c’est moi, beaucoup de chants clairs aussi, tous les trucs un peu screamo également. Julien apporte un soutien un peu derrière, en faisant des contre-chants, des tierces ou des trucs comme ça. On a beaucoup bossé tous les deux. Il y a Mus qui m’a beaucoup aidé pour les arrangements aussi, on a expérimenté beaucoup beaucoup de choses – on habite en colloc donc ça aide – et c’est très intéressant vu que lui fait du metal oriental, c’est un autre univers, ça a apporté un peu de nouvelle choses pour mes voix. Le chant c’est ce qu’on a travaillé à la fin, j’avais une petite base mais comme on en s’est occupé à la fin c’est pour ça aussi que ça a pris du temps, parce que j’ai vraiment voulu approfondir le truc et j’ai pris pas mal de temps : j’ai pris 6 mois. Donc 6 mois sur les 3 années d’attente c’est long et c’est un peu de ma faute…
Voron : Non, ce n’est pas TA faute, c’est le temps qu’il fallait mettre pour avoir le résultat que l’on voulait.
Matt : J’ai fais des essais, j’ai fais des recherches, un nombre incalculable de démos, de tests. Des fois j’avais des parties où j’avais mis 7 voix ! J’ai tripé tu vois… Après on a épuré ça ensemble, on l’a retravaillé avec Julien et Voron, et voilà.

Et est-ce que vous avez fait venir des "guests" ?
Matt : Oui… (grand sourire) On en a un ! C’est Ron Thal "Bumblefoot" qui joue maintenant avec les Guns N' Roses.

Comment l’avez-vous "enrôlé" ?
Matt : C’est un pote à Julien. Il lui a demandé s’il avait du temps pour participer à ce projet, parce qu’on adore son travail et que d’avoir la possibilité de travailler avec quelqu’un comme ça c’est un grand honneur tout simplement. Tu connais notre mentalité de toute façon, nous on est très famille, très simple, on n’est pas là pour jouer les starlettes ou quoi… Donc on l’a appelé, on lui a dit : "Est-ce que tu as du temps ? Est-ce que ça te plairait ?", il a écouté, il a dit oui, il a fait un solo et voilà.

C’est vrai que vous êtes très "famille". Vous pourriez aller chercher quelqu’un complètement ailleurs, que vous ne connaissez pas ?
Matt : Ça pourrait le faire, tout est possible, on reste libre sur tout mais là c’était plus simple puisque c’est quelqu’un que l’on connait. Il a écouté le projet et il y a été favorable, il a trouvé que c’était un projet intéressant qui tenait debout. Parce que c’est aussi ça le but : c’est d’avoir l’avis de quelqu’un qui est dans cet univers, qui est dans le business et qui a l’habitude côtoyer des musiciens et d’être beaucoup sollicité aussi… Mais c’est quelqu’un qui reste très accessible, très généreux, très amical : ça correspond aussi à l’image du groupe et des choses que l’on aime. La prochaine fois j’aimerais bien que ça soit Mattias Eklundh de Freak Kitchen parce qu’il correspond à la même description que je viens de faire de Ron Thal, et d’ailleurs ils se connaissent. Donc voilà, si tu connais les gens c’est plus facile et c’est plus facile pour eux de répondre aussi, parce qu’ils peuvent te dire non, il n’y a pas de tabou, c’est plus simple.

Je reviens un peu sur la musique : dans le genre diversifié, avec l’intro de "Stairway To Hell", les frangins se sont fait plaisir dis-donc ! (Mark et D.K, respectivement bassiste et batteur, créateurs du groupe de Black Eternal Majesty)
Matt : Ouais, c’est cadeau ! Pour leurs innombrables années et dates dans le monde du black metal.
Julien : Alors pour info c’est moi qui l’ai faite, alors que j’ai rien à voir avec ce style. (rires) C’est moi qui l’ai composée, je ne sais pas comment ni pourquoi, d’après certains ça fait penser à une pub sur le professeur Layton ou je-ne-sais-quoi, mais je ne sais pas ce que c’est ! Bref, j’ai voulu essayé juste pour essayer et puis voilà hein. Bon, il n’y avait pas vraiment un chœur de disponible, ni un orchestre philharmonique hein, donc on s’est dit qu’on ferait arriver ça de loin, comme un effet radio… Mais c’est vrai que c’est un petit hommage aux frangins, carrément !



En tout cas j’ai beaucoup aimé ! Les claviers aussi, j’ai trouvé qu’ils avaient pris une part très importante. Comment ça se passe avec Nach ? Il est toujours à Clermont ?
Julien : Toujours à Clermont ! Mais ça faisait partie des attentes pour l’avenir : le mini-CD c’était un essai et on l’a intégré tardivement, là on a intégré Nach vraiment dès le départ. On lui laissait vraiment carte libre et ça a d’ailleurs été un casse-tête pour mixer tout ça parce qu’il y a énormément de pistes de clavier différentes. Nach est…
Matt : Ces idées sont merveilleuses, son travail est extraordinaire !
Julien : Oui, il a plein d’idées ! C’est ce que je voulais dire, je voulais le dire mieux mais j’y suis pas arrivé. Il a apporté plein d’idées et plein de couches de clavier qui sont rentrées dans le mix et voilà, c’est peut-être plus difficile à mixer mais le résultat est plus intéressant. Il faut chercher les couches successives et il faut différentes écoutes pour ça.

Est-ce qu’il a pu venir ce soir ?
Julien : Oui, il est là, bien sûr. On se voit très peu, on répète une fois avant le concert : on a répété hier, 5 heures de suite. Il est très doué, on pourrait ne pas répéter que ça serait parfait niveau exécution. C’est plus que, quand on a un clavier sur scène, que l’on est un groupe de metal et surtout que l’on joue au Klub, bah il faut déjà placer le clavier sur la scène et le placer dans le mix aussi, c’est pas facile. Il faut qu’au niveau du son il soit quand-même content d’avoir fait le déplacement de Clermont-Ferrand jusqu’ici, au moins qu’il s’entende jouer et que les autres l’entendent aussi, c’est pas toujours évident mais ce soir ça a l’air d’être bien parti.

On verra tout à l’heure alors. Et pour parler du futur, qu’est-ce que vous avez de prévu, des concerts, vous reposer ?
Julien : Oh non, se reposer on le fait bien assez. En 2013 on a des choses à défendre, on essaye de trouver le plus de dates possibles, mais des dates cohérentes, pas tout et n’importe quoi non plus. C’était important qu’on vienne à Paris pour défendre l’album une première fois sur scène, on s’est dit que le Klub c’était super sympa pour une première date parisienne. On va voir comment se passe la soirée. On a d’autres plans en province, dont pas grand-chose de confirmé pour l’instant donc je ne vais pas en parler… Il y a un festival à Montpellier en Juillet, d’autres trucs un peu dans le Nord, peut-être même à l’étranger… Ça se précise… On ne parle pas de ce qui n’est pas confirmé, ça porte malheur ! Hou ! Hou !

Toujours pas de claque, Matthieu ? Tu disais la dernière fois que c’était bien aussi de temps-en-temps pour pouvoir avancer.
Julien : Oh il en a pris assez maintenant, c’est bon, t’as qu’à voir sa gueule. (rires) Non, il en a pris et il a bien avancé. On en prend tous, mais quand on a son poste de chanteur – de frontman : c’est lui que l’on voit, c’est lui que l’on entend – on est en première ligne. Nous on peut limite se permettre de faire des petits trucs pas très justes, ça passe inaperçu… Lui il n’a pas le choix, il n’a pas le droit à la fausse note.
Matt : Je l’ai choisi, donc c’est à moi de me montrer responsable et d’assumer cette responsabilité comme un adulte, mais c’est normal. D’ailleurs tu constateras que je n’ai pas de bière dans la main… ni de clope.
Julien : Aucune drogue ! C’est pas bien, à consommer avec modération !
Matt : Ouais, doucement avec la coke…
Julien : Ça fait péter ! (rires)

On ne trouvera pas mieux comme conclusion donc je crois qu’on va s’arrêter là. Merci à vous d’avoir accepté cette interview et de m’avoir accordé du temps. Je vous souhaite un bon concert dans quelques minutes et bon vent pour la suite.


Le site officiel : www.madonagun.com