Interview faite par mail par Antoine

"The Cult Of Steel" est sorti depuis quelques jours, l'avez-vous abordé ou travaillé d'une façon différente des précédents disques ?
Jens Börner (chant / guitare) : Non, nous avons notre façon de travailler depuis quelques albums, et dans laquelle nous nous retrouvons parfaitement. Chacun travaille ses idées de son côté, et ensuite je me retrouve avec Alex (guitariste soliste), avec qui nous composons 85% des morceaux (ou 100% comme sur "The Cult Of Steel") et nous commençons à travailler sur toutes les idées, sans nous poser de questions s'il faut un album speed, épique, froid ou je ne sais quoi. Ça vient comme ça vient, à l'instinct, via notre cœur simplement. Il y a eu juste une petite différence cette fois-ci : depuis deux albums, il arrivait que nous laissions un riff de côté car il pouvait faire trop Running Wild ou je ne sais quoi, et nous voulions montrer que nous avons une identité propre. Et je pense que sur "Army Of The Damned" et "The Fourth And Final Horseman" nous avons notre identité, mâtinée de nos influences éternelles (Running Wild, Grave Digger et toute la vague allemande). Mais cette fois-ci pour "Cult Of Steel", nous avons décidé de tout garder, sans faire attention si ça faisait trop ci ou ça, et nous avons même ressorti des vieux riffs que nous avions mis de côté justement. Le riff principal du morceau "The Cult of Steel" par exemple dormait sur un vieux CD-R depuis "Army Of The Damned".

2. L'album a de nombreux atouts pour vous faire encore monter d'un cran sur la scène du heavy traditionnel. Penses-tu que c'est l'album qui va vous permettre de tourner en tête d'affiche aux quatre coins de l'Europe ?
Merci beaucoup pour le compliment ! Je ne vais pas être faux cul : bien sûr qu'à chaque nouvel album, on espère monter d'un nouveau cran. Mais de là à tourner aux coins du monde en tête d'affiche, je ne pense pas (rires) (NdA : évidemment j'entendais bien des têtes d'affiche modestes). Il faut rester lucide. J'aimerais bien sur continuer à tourner en Europe, et nous continuerons sûrement à ouvrir pour les "gros", et à côté de ça, faire des petites têtes d'affiche en Grèce par exemple, ou tenir la tête d'affiche sur des petits festivals plein air comme le Summernights en Allemagne. Mais il faut savoir rester à sa place et ne pas se voir plus grand que l'on est, et simplement savourer ce qui nous arrive déjà.

La version bonus de l'album contient des versions ré-enregistrées de "Made In Hell" et "Children Of The Unlight". Malgré ce nouvel enregistrement, les morceaux ne perdent rien de leur caractère bien au contraire, c'est une sacrée cure de jouvence ! Mais comment le choix de ces titres s'est fait ?
En fait, lors de la pré-prod pour "Cult Of Steel", nous bossions sur treize titres. A un moment est venue l'idée de ré-enregistrer ces deux titres, mais rajoutés au treize, on aurait eu quinze titres, ce qui pour un album, à mes yeux, fait beaucoup trop, et les autres sont d'accord avec moi sur ce point également. Nous avons donc décidé d'arrêter de bosser sur trois titres que nous avons enlevés démocratiquement, pour nous concentrer sur dix titres plus deux bonus, qui sont les ré-enregistrements. Nous voulions vraiment nous attaquer à ces deux ré-enregistrements car c'est avant tout un cadeau aux fans, ces deux titres faisant parti de leurs préférés. Un titre "connu", "Made In Hell", qui marche toujours en concert mais dont le support original est l'album de LONEWOLF le plus dur à trouver, étant le seul à n'avoir jamais été ré-edité. Et "Children Of The Unlight" car nous savons que c'est l'un des titres préférés de "anciens" fans, mais l'unique support disponible, à savoir en bonus track sur notre premier album "March Into The Arena", est horrible. J'ai toujours adoré ce titre, mais détesté son enregistrement. Cette nouvelle production lui rend enfin justice à mon sens, et je suis très fier de ce ré-enregistrement.

Peux-tu parler des thèmes / sujets évoqués à travers "The Cult Of Steel" ?
Nous sommes revenus à ce que certains appellent les "clichés pur heavy" sur les titres "The Cult Of Steel" et "Hordes Of The Night" , car nous revendiquons vraiment ces clichés cuir, clous, fraternité entre nous – ce metal qu'on a dans le sang, cette passion presque indescriptible par des mots. Bien sûr, cela fait sourire certains, mais on s'en fout comme de l'an 40 : Nous nous adressons à des gens pour qui les noms Stormwitch, Running Wild, Manilla Road ou Omen ne sont pas des inconnus, et ces personnes-là se retrouvent dans ces textes et comprennent. Dans "The Grey Wolves", je parle d'une chose qui me fascine car elle me terrifie : les sous-marins pendant la deuxième guerre mondiale. Il y a des titres appelant à dire non à l'ordre établi, à refuser de se mettre dans les rangs dans lequel on voudrait nous mettre comme "Werewolf Rebellion", "Funeral Pyre" ou "Hell's Legacy". "The Force to Fight" parle du fait qu'il faut continuer coûte que coûte à se battre dans la vie, que les cicatrices bouffent notre âme mais doivent également nourrir cette force pour se battre et avancer. Je suis un anti-religieux, thème souvent abordé dans LONEWOLF et qui revient ici dans "Blood Of The Heretic" ou "Mysterium Fidei". Voilà, nous parcourons sur cet album un panel relativement large, passant du "pur metal" à des faits de société ou donnant notre avis sur la religion ou le combat qu'est la vie.



Les clips sont un bon moyen pour diffuser plus largement sa musique, est-ce que vous allez en faire un ?
Nous aimerions bien et en avions reparlé. Cela reste un bon moyen de diffusion, et je pense que pour l'album suivant "Cult Of Steel", nous pourrions nous atteler à cela. Mais aujourd'hui, non nous n'en ferons pas dans l'immédiat.

Voilà déjà 20 ans qu'est sortie votre première démo "The Calling", vous êtes du genre à fêter ce type d'anniversaire ?
A la base, pas vraiment. Maintenant, j'avoue que si le son de la démo est absolument horrible et que nos talents de musiciens laissaient vraiment à désirer, j'aime beaucoup les morceaux eux-mêmes sur cette démo. "Into The Battle We Ride" ou "The Forgotten Valleys Of Hades" mériteraient vraiment un ravalement de façade, un coup de jeunesse avec nos moyens d'aujourd'hui. Donc qui sait ? Cette idée de ré-enregistrer cette démo me plaît, et si ce n'est pas pour tout de suite, c'est tout de même une idée que nous gardons dans un coin de la tête.

Cet été "Tonio" (batteur depuis 2009) a quitté le groupe, le choix de "Bubu" pour le remplacer était évident pour vous ?
Absolument, il nous avait déjà dépanné en Autriche, Allemagne et France à des festivals où Tonio, pour raisons professionnelles, ne pouvait pas être là. Nous savions donc que musicalement, ça collait parfaitement. Mais surtout, nous savions qu'humainement ça collait, c'est le point le plus important pour nous. Bubu est un type extraordinaire et d'une gentillesse rare, doublé d'un putain de bon batteur en plus. Il a donc été la première personne que j'ai appelé lorsque nous avons appris le départ de Tonio, et les choses se sont faites naturellement.

Votre cycle de sortie d'albums s'est raccourci depuis quelques années. Vous êtes de plus en plus à l'aise dans l'écriture, ou envie de battre le fer pendant qu'il est chaud ?
Les deux en fait. Nous aimons battre le fer tant qu'il est chaud, puisque nous en avons l'occasion et que nous nous éclatons ! Et nous sommes effectivement aujourd'hui très à l'aise dans l'écriture avec Alex, comme je l'expliquais précédemment, nous avons trouvé notre rythme de croisière, et nous avons surtout un plaisir fou à faire et vivre tout ça. Ceci dit, il y a eu auparavant des laps de temps plus long entre nos réalisations parfois aussi à cause de paramètres indépendants de notre volonté : recherche / changement de label, changement de line-up etc...

Où trouvez-vous justement cette inspiration pour sortir des albums à ce rythme ?
Dans notre cœur et dans notre passion, dans notre amour pour le vrai metal. Tout simplement. (sourire)

Pourquoi être passé de Napalm Records à Massacre Records ?
Niveau pur heavy, Napalm ont décidé de pas mal écrémer, et ne garder que les gros comme Grave Digger. Nous sommes donc passés, en même temps que d'autres groupes, à la trappe. Je ne voudrais pas que mes propos paraissent négatifs, car je suis conscients de ce que l'on doit à Napalm, ils nous ont beaucoup apportés et boostés. En tout cas Massacre était l'un des labels intéressés, et surtout un label avec lequel nous voulions vraiment bosser, étant fans de beaucoup de leur groupes actuels ou passés, comme Stormwarrior, Exciter, Wizard ou encore King Diamond. Et leur esprit "familial" nous sied tout à fait.

Le public s'est fidélisé à tel point que la Wolf Division a été créée. Comment t'expliques-tu cet engouement ? Retrouvez-vous d'ailleurs cette fidélité en Grèce, en Allemagne ou ailleurs ?
A la base, nous jouons justement surtout dans des pays comme la Grèce ou l'Allemagne, nous avons un following et du soutien là-bas. En France l'underground "true metal" grossit d'année en année, et nous avons l'honneur d'être soutenu par une grosse frange "true metal" de l'Hexagone.



Je trouve que le heavy traditionnel est en France dans une phase de reconnaissance et de plus grande visibilité dans le sens où on trouve davantage de dates et les groupes sont plus souvent mentionnés dans les médias. Partages-tu cet avis ou penses-tu que la France n'est pas encore en marche ?
Je pense que tu as entièrement raison. L'underground a beaucoup grossi ces dernières années, des jeunes loups comme Hürlement ou Elvenstorm partent à l'assaut de nos scènes, et les vétérans comme Nightmare enfoncent le clou et font rayonner notre scène à l'étranger. La France est en marche, mais depuis quelques années déjà. Et surtout, une chose qui a vraiment changée : la reconnaissance à l'étranger.

La seule fois où j'ai eu la chance de vous voir sur scène c'était avec Blaze Bayley en 2009, il a d'ailleurs posé sa voix sur "The One You Never See" sur "Army Of The Damned". Êtes-vous toujours en contact avec lui et peut-on espérer vous revoir sur le même plateau ?
Ça remonte à pas mal de temps, le line-up a pas mal changé depuis. Je crois qu'Alex est en contact sporadique avec sa femme, également sa manageuse. En tout cas, les concerts avec lui et sa venue sur Grenoble pour l'enregistrement de "The One You Never See" sont des souvenirs fantastiques, et j'espère bien qu'on se recroisera sur un plateau ! L'idée n'est pas du tout utopique en tout cas.

Est-ce qu'un autre invité pourrait apparaître à vos côtés, que ce soit sur scène ou sur disque ?
Tout à fait. Mais nous ne trouvons pas quelqu'un "pour avoir quelqu'un", ce sont toujours des musiciens que nous adorons. Par exemple, on nous a déjà proposé d'avoir un special guest très connu, mais n'étant pas fan de son groupe, on s'en foutait quoi, sans manquer de respect au mec. Il faut que ce soit un rêve d'avoir un invité, en tout cas à mon sens, il faut qu'il y ait quelque chose de "magique". Tu imagines ce que c'est pour moi d'avoir Majk Moti (ex-Running Wild) sur "The Dark Crusade". (sourire)

As-tu un "objectif ultime" avec Lonewolf, un rêve à atteindre ?
D'un côté, personnellement j'ai déjà tellement atteint avec LONEWOLF, vécu des rêves... Tourner en Europe, ouvrir pour des groupes comme Pretty Maids ou W.A.S.P. par exemple avec lesquels j'ai grandi, faire des albums... De l'autre côté, il y a bien sûr toujours des choses que j'aimerais faire : partager l'affiche avec Doro par exemple, ou, bien sûr, et ça c'est un grand rêve : Running Wild.

As-tu pris quelques claques auditives en découvrant des groupes récemment ou restes-tu sur des valeurs sûres ?
J'écoute autant de "valeurs sûres" que de l'underground, seule la musique compte. Mes dernières claques ont été Stormwarrior, Elvenstorm, Horacle ou encore le dernier Running Wild. Sans parler de claque ultime, j'aime beaucoup le dernier Judas Priest aussi, que je trouve bien meilleur que ce que beaucoup de chroniques disent-mais cela reste subjectif et n'est que mon avis bien sûr. Ca date un peu, mais le dernier Paragon, "Force Of Destruction", est absolument fantastique ! Et un petit groupe grenoblois qui monte, Silver Wind, vient de sortir un EP que vraiment je trouve géant.

Pour finir, quelles sont les prochaines étapes pour le groupe ?
Nous nous attelons actuellement aux répèt' pour les prochains concerts, se mettre en ordre de bataille avec Bubu. A côté de ça, en Décembre notre premier album, "March Into The Arena", sera édité en vinyle.

J'espère qu'on aura la chance de vous revoir jouer bientôt en France pour défendre cet excellent album ! Et merci d'avoir pris le temps de répondre à mes questions.
Merci beaucoup pour ces mots, et àa a été un vrai plaisir de prendre du temps, c'est moi qui te remercie !


Le site officiel : www.facebook.com/lonewolfdivision