Interview faite par Byclown à Paris.

Bonjour, c’est votre première interview pour ce webzine et nous sommes ici pour parler de votre troisième album "Asymmetry"sorti en Juin de cette année donc, avant de commencer l’interview, merci de vous présenter et de présenter votre groupe.
Ian Kenny (chant) : Bonjour, je suis Ian, le chanteur et membre créateur du groupe KARNIVOOL. KARNIVOOL est un groupe australien de metal / rock progressif. Ce groupe a été créé à Perth en 97 mais maintenant j’ai déménagé et j’habite à l’autre bout du pays.

En tant que groupe de rock progressif je suis sûr que vous êtes des gens très éclectiques. Pourriez-vous m’en dire davantage sur vos goûts musicaux ?
Il est très délicat de répondre à cette question car il est vrai que nous avons tous des goûts musicaux différents même si, évidemment, on se rejoint autour de certains artistes. On est définitivement très éclectiques ! J’aime beaucoup la musique des années 90 comme Soundgarden, j’écoute aussi pas mal de hip hop, de world music également. Il est vrai que mes goûts musicaux ont un peu changé avec le temps, ce qui est normal, à force de traîner avec des musiciens qui me font découvrir sans cesse de nouvelles choses, par contre je ne pourrais pas dire si cela affecte ou non ma manière d’écrire ou notre manière de composer en règle générale. Quoique, je pense que ce processus est fait de manière inconsciente. On en peut pas empêcher la musique de venir à nous, de nous faire vibrer, de nous ouvrir de nouvelles portes, donc oui, ça doit quand même jouer un peu dans la compo.

Connaissez-vous, aimez-vous, certains artistes français à part Gojira ?
J’adore le hip hop français, j’ai écouté pas mal de choses que j’ai vraiment apprécié ! Les beats, le flow français est très bon ! Bon évidemment, il suffit que j’en parle pour avoir oublié le nom des artistes… (rires)

Combien de temps avez-vous mis pour composer cet album ?
Je dirais 3 mois entre la pré-production et la fin du mastering mais cela nous a pris presque 3 ans pour l’écriture. C’est long mais d’un côté on a tourné, et de l’autre, on a une manière assez anarchique et unique de composer. On retransforme sans cesse les morceaux donc au final ça prend du temps.

D’ailleurs comment avez-vous l’habitude de travailler dans le groupe pour la composition ?
J’écris les paroles la plupart du temps, bien que je ne sois pas réfractaire aux idées que peuvent me donner les autres. D’ailleurs il arrive souvent qu’ils viennent me voir avec des idées de thèmes, que j’exploite après avoir écouté la musique car elle m’inspire beaucoup. Les idées de textes me viennent comme ça, je n’ai pas de méthode particulière pour trouver mes mots.

Du coup, préférez-vous jouer ensemble ou travailler seul à la maison pour trouver l’inspiration ?
Je dirais un peu des deux. D’un côté on joue ensemble, plus pour trouver des idées que pour tester des choses concrètes, ensuite on revient à la maison et on analyse ce qu’on a fait en jam pour en sortir des idées un peu plus claires, ensuite on retourne au studio pour essayer des choses un peu plus arrêtées.

La plupart de vos fans et des critiques ont encensé "Asymmetry", disant même parfois qu’il s’agissait là de votre meilleur album. Avez-vous travaillé en ce sens lors de la composition ou le résultat est-il venu naturellement sans calcul de votre part ?
Non pas du tout. On a fait un album, on voulait qu’il soit bon évidemment, mais on ne s’est pas dit qu’il fallait qu’il soit meilleur que le second ou le premier. On a de toute façon voulu qu’il soit différent et en ce sens je pense que nous avons vraiment réussi. C’est peut-être pour ça que les gens le préfèrent, je ne sais pas, mais en tout cas c’est cool qu’il plaise aux gens ! On a eu des réactions divisées, de gens qui adoraient ou qui au contraire n’aimaient pas, des gens qui ont été surpris et ça c’est cool. La sortie de cet album a vraiment été excitante pour nous.

Quels sont les thèmes que vous abordez dans les chansons de ce nouvel album ?
Les chansons ne sont pas reliées entre elles, il n’y a pas de fil rouge. Au niveau des thèmes, c’est relativement varié, déjà ça peut être raconté de manière narrative ou pas, ensuite il peut s’agir de thèmes de la société, ou de choses qui sont arrivées à certains membres dans le groupe. On essaye de faire en sorte que tout le monde dans le groupe soit satisfait des paroles. C’est toujours assez compliqué de poser des paroles sur nos musiques qui sont déjà complexe car il faut que les paroles collent au mieux avec les sonorités. Dans une chanson douce, avec un texte doux, il peut y avoir un passage très heavy, alors il faut faire avec, c’est vraiment un travail complexe et c’est aussi pour ça qu’on amis autant de temps à composer cet album.

Apres 15 ans de carrière et plusieurs albums, apprenez-vous toujours des choses lors de vos enregistrements ?
Absolument. A chaque nouvel album, à chaque fois qu’on travaille avec de nouvelles personnes, on apprend de nous-mêmes et de notre musique, on apprend de nos facultés à composer ensemble. Pour cet album nous avons travaillé avec un nouveau producteur, Nick. Il a vraiment été une bouffée d’air frais et sa manière de travailler, simple et directe, nous a fait beaucoup de bien. La musique de KARNIVOOL est relativement extrême, aussi a-t-il posé certaines bases pour que l’on puisse exploiter tous les cotés de la musique et donc d’offrir aux gens sur un même CD des choses très différentes.



Comme je l’ai dit, la date de ce soir à Paris est complète, en est-il de même avec les autres dates de la tournée ?
Pas toutes mais la plupart oui. Les grosses villes ont toutes répondues présent. D’année en année on essaye de jouer dans des salles de plus en plus grandes, surtout si le concert de l’année précédente à été complet, mais, comme pour la France par exemple, si la salle nous plaît et qu’on n’a pas d’alternative raisonnable pour monter en gamme, on reste dans la même salle.

Parlons un peu des clips. On peut voir actuellement sur Internet le clip de la chanson "We Are" issue de votre dernier album. Peut-on s’attendre à d’autres vidéo clips ?
Nous allons effectivement préparer un second clip mais je ne peux rien dire pour le moment quant au contenu car c’est toujours en discussion et rien n’est arrêté.

Avez-vous pris part aux idées qui ont servi à faire le clip pour "We Are" ?
Non pas vraiment. En réalité nous avons demandé à un réalisateur dont nous aimions le travail de nous proposer des idées. Tout s’est fait sur une relation de confiance. Avant même d’écouter la musique il nous a soumis pas mal d’idées intéressantes et dès qu’il l’a écouté, cela lui a permis de nous reproposer des choses bien différentes que ce qu’il nous avait proposé avant mais on a adoré et on a gardé sa proposition. Personnellement j’adore ce clip.

Pour qui aimeriez-vous faire la première partie ?
Il y a pas mal de groupes pour qui on aimerait ouvrir, comme Radiohead mais je ne sais pas si ça collerait vraiment, donc je dirais juste, n'importe quel groupe du moment que ça colle musicalement mais personnellement je n’ai pas de rêve précis.

Parlez-moi de votre pire moment "spinal tap" en tournée.
Pas plus tard qu’hier on a perdu le tourbus ! On est sorti du concert là, plus de tourbus, on en savait absolument pas où il était. Le conducteur avait dû bouger le bus mais il n’avait pas pu nous avertir car on jouait. En sortant on a du tourner pendant une heure autour de la salle de concert pour retrouver le tourbus, ça c’est du spinal tap !

Je sais qu’il est un peu tôt pour en parler mais savez vous déjà ce que donnera votre prochain album ? Sera-t-il dans la veine d’"Asymmetry" ou au contraire, allez vous une fois de plus essayer de faire quelque chose de différent ?
C’est tres dur à dire sachant qu’on n’a encore rien composé et qu’on en a, de fait, pas encore vraiment parlé. Tout est possible, on peut très bien rester dans la veine d'"Asymmetry", ou revenir sur des choses plus anciennes, ou encore donner peut-être un côté plus pop à notre travail… Attention, quand je parle de pop, je parle de certaines idées, je ne dis absolument pas qu’on va faire un album de pop. J’ai la chance d’être entouré de musiciens très talentueux et créatifs donc on va sûrement avoir comme ligne directrice de faire un truc qui sonne gros et lourd, après on verra ce qu’ils créeront.

La pop c’est "bankable".
La pop c’est faisable (Ndlr : "Doable" en anglais, d’où le jeu de mots)

Si Karnivool devait collaborer avec un autre artiste, lequel serait-il ?
Ouh là c’est dur à dire car nous aimons beaucoup d’artistes mais une chose est sûre. Si on doit collaborer un jour avec un autre artiste, ça sera pour faire quelque chose de radicalement différent de la musique originale de KARNIVOOL, sinon, il n’y a aucun intérêt à le faire.

A vouloir faire de la pop et à faire des choses différentes, vous allez vous retrouver à faire un truc avec Katy Perry !
Ouh là, Katy Perry (rires) ! Là oui c’est de la pop, un peu trop pop pour nous.

Avez-vous une dernière chose à dire pour conclure cette interview ?
On a eu pas mal de bons retours sur cet album, en témoignent les dates sold out qu’on faites, et je dois dire qu’on en est ravi car cet album a été vraiment compliqué à enregistrer et on est d’autant plus heureux que notre travail paye maintenant. Ca a été un vrai challenge pour nous qui se concrétise heureusement par l’engouement du public pour notre musique. Cette "nouvelle musique"» est très présente sur nos set, on joue énormément de morceaux du nouvel album et les gens adorent ça, cela nous a permis à la fois de contenter les fans des précédents albums et aussi d’accrocher de nouveaux fans. On n’aurait pas pu rêver mieux


Le site officiel : www.karnivool.com.au