Interview faite par mail par Phenix

Salut les Jenx. Pouvez-vous dans un premier temps vous présenter pour nos lecteurs qui ne vous connaitraient pas encore ?
Xav (chant / basse) : JENX est un groupe de metal indus originaire de Bordeaux. Nous avons sorti un premier maxi "Unusual" dans les bacs via Mono Emotional Records / Overcome Records puis un premier album "Fuseless" tout d’abord chez SLWorks / Season Of Mist pour la France puis en international chez Massacre Records. Cette année nous avons sorti notre deuxième album "Enuma Elish" sur Klonosphere / Season Of Mist.

Pourquoi "Jenx" ?
Xav : Nous voulions un nom court et simple, et nous étions 2 au départ Jessy et Moi donc une sorte de contraction de nos prénoms respectifs.

Pouvez-vous nous présenter votre album "Enuma Elish" ?
Xav : Notre premier album était un recueil de ressentis et réflexions sur des tranches de vies, assez personnel somme toute. "Enuma Elish" est le fruit d’un long travail de recherche sur les origines de l’homme, mêlant théorie du complot et exogénese. La trame principale des textes s’est appuyée sur l’œuvre d’un auteur français : Anton Parks. Il décrit dans sa trilogie une histoire alternative de la création de l’homme basé sur les premiers écrits de l’homme (cunéiforme sumérien) que l’on a retrouvé sur des tablettes d’argile au sein d’un texte nommé "Enuma Elish".

Question somme toute assez classique mais qu’est ce qui a inspiré l’artwork et qui a réalisé ce travail sur le visuel d’"Enuma Elish" ?
Xav : Nous avons travaillé avec EDP (Erik D Panavières) qui a fait nos 2 précédents CDs et tout notre visuel depuis le début de JENX mais également avec un photographe (Max Dubois MxBx). Nous voulions que la pochette représente aussi bien ces écrits si caractéristique et dans cette langue "matrice" mais également un côté intriguant et technologique représenté par cette sphère. L’extérieur comme tu as pu le constater est dans les tons gris bleus très froid tandis que l’intérieur et plus dans les tons chauds.

Vous avez un background assez complet chacun et très diversifié je trouve, d’où ces quatre questions...
Tiko, tu es batteur chez Jenx mais également chez Pastors Of Muppets si je ne m’abuse, n’est ce pas difficile de gérer deux groupes si l’on parle de concerts, compos, promotion etc ?

Tiko (batterie) : Effectivement, j’évolue également au sein de Pastors Of Muppets, avec qui je tourne beaucoup. Il est évident que ce n’est pas simple de mener 2 formations de front surtout que nous sortons notre premier album éponyme avec Pastors. En ce qui concerne les concerts chaque groupe doit avoir une visibilité sur mes disponibilités, je n’ai pas droit à l’erreur… mais pour l’instant aucun chevauchement de dates n’est à signaler, sinon je me ferais taper sur les doigts ! Pour les compos j’ose espérer que je ne t’apprends rien en te disant que Pastors ne s’atèle qu’à des arrangements de classiques du metal, donc même si j’interprète les morceaux de façon personnelle je n’ai pas un réel travail de création, ce qui me permet de consacrer l’essentiel de mes idées rythmiques à JENX. Même si je ne fais pas partie des leaders de ces groupes j’essaie d’équilibrer l’investissement dans chacun d’entre eux , pour que personne ne se sente lésé.

Lyynk, tu possède ton propre studio d’enregistrement et a donc enregistré cette nouvelle galette de Jenx. Cela ne t’est pas difficile d’enregistrer ton propre groupe avec le regard extérieur que normalement un studio peut apporter à un album ?
Lyynk (claviers) : En fin de compte, pas tant que cela car j'arrange des prods dans des styles électroniques-indus-rock-metal-expérimental depuis + de 15 ans dans mon studio et j'ai intégré le groupe en début d'année 2008 soit 6 ans après la création de JENX donc pour la production exécutive d'"Enuma Elish", j'avais une méthodologie et une vision du son pour cet album assez personnel suite à toute l'expérience acquise avant d'intégrer JENX, je pense que si j'avais intégré le groupe dès sa création, je n'aurais pas eu ce recul nécessaire. J'ai donc essayé de combiner le regard extérieur que j'avais du groupe par rapport à leurs productions antérieurs à 2008 c'est à dire leurs points forts et les points  qui pouvaient être encore améliorés et les souhaits qu'avaient chaque membre de JENX pour la création d'"Enuma Elish". Pour cela, il a fallu pas mal changé la manière de composer, arranger, mixer... Repenser aussi toute l'organisation en matière de production en s'appuyant aussi sur du nouveau matériel hardware et software.

Max et Jessy, il y a une très belle complémentarité dans vos riffs de guitares, d’où ma question, comment se passe votre processus de composition pour les guitares ?
Max (guitare) : En fait, on passe pas mal de temps ensemble car en plus d'être un pote, Jess est aussi un collègue de boulot alors c'est bien plus facile pour échanger sur JENX et précisément lors de la composition. On joue délibérément la carte de la complémentarité car c'est ce qui définit aussi je crois notre son. Les morceaux ne sont pas écrits pour sonner avec une seule gratte. Lorsqu'on compose, chacun propose ses idées à l'autre, et il y a un vrai partage qui s'installe. Bien souvent, l'un fait évoluer l'idée première de l'autre, que ce soit un riff ou la façon de l'interpréter. La base rythmique est déterminante pour l'écriture mais les samples jouent aussi un rôle prépondérant sur les choix que l'on fait à garder tel ou tel riff. On présente ensuite nos essais aux autres avant de discuter de la structure des morceaux car on valide absolument tout à 5. On nourrit la musique de JENX de nos expériences passées dans des styles bien différents mais tout ça donne un bon mélange au final.



Xav, Pandemonium, Psalm, Asgard, Oversoul, Nihil... je pense que ces noms de groupes te parlent ! Toi qui aujourd’hui jouis d’une certaine expérience, qui assure la basse et le chant de Jenx, et après avoir côtoyé ces différentes formations, peux-tu me dire ton ressenti au sein de l’équipe Jenx au jour d’aujourd’hui ?
Xav : Effectivement cela représente les formations que j’ai montées ou auxquelles j’ai participé. C’est toute une histoire avec différents styles allant du death au rock en passant par le power, le death indus. Tu résumes plus de 15 ans de metal. Maintenant, JENX correspond à la formation que j’ai toujours souhaité. On se connaît par cœur et on a tous notre complémentarité dans la création, certains plus que d’autres mais le résultat est toujours en progression. On essaie de faire évoluer constamment le groupe et passer des paliers sans revenir en arrière et c’est ce qui à mes yeux est important lorsqu’on fait de la musique.

Season Of Mist, Klonosphere, j’en aligne des groupes de chez eux en ce moment. C’est le genre de noms qui habituellement parle pour les groupes, inversons la tendance, que diriez-vous de Klonosphere et Season Of Mist ?
Season Of Mist avait déjà travaillé sur la distribution de notre premier album en France et avait fait du bon boulot. Guillaume de Klonosphere nous a contacté pour savoir où nous en étions de l’album et au vu du sérieux dans son travail et le fait qu’il ne sélectionne que des groupes qu’il affectionne nous a convaincu de travailler avec lui. L’"Ecurie" Klonosphere représente maintenant une grande partie du paysage metal en France.

"Inspiré par Anton Parks Trilogy "Les Chroniques de Giriku"", c’est ce que l’on peut lire dans le livret, tout le monde n’a peut être pas connaissance du sujet je pense. Pouvez-vous nous parler un peu de cette inspiration ?
Xav : Comme je le disais, Anton Parks est un auteur français, il a écrit la trilogie "Les Chroniques de Girku" qui est un ouvrage remarquable. Au début de l’écriture des textes, j’étais focalisé sur la théorie du complot, la manière dont on est manipulé au quotidien et comment les gens se sont "endormis" en laissant de côté leur individualité et faculté à prendre du recul sur ce qui les entoure. Au bout d’un certain temps je me suis orienté vers les origines de l’humanité car certaines "corporations" font référence a des notions et cultures les plus anciennes dans le visuel, les noms et la symbolique. J’ai complété avec des lectures sur l’exogénese qui décrit une "création de l’homme" et non une évolution, notamment avec les écrits de Zecharia Sitchin La lecture de la trilogie d’Anton Parks a été pour moi une révélation qui a fait le pont entre toutes mes recherches et je ne peux qu’encourager les gens a lire ces livres et faire leurs propres conclusions.

Diverses marques sont citées également, s’agit-il là d’endorsement ?
Oui, certaines marques nous avaient déjà fait confiance pour le premier album comme Mapex, Jackson, Gibson, Roland et d’autres se sont ajoutées pour cet album. C’est agréable de voir que les gens nous soutiennent et s’investissent dans le projet car ils y croient.

Le clip d’"Enuma Elish" est actuellement à 31.000 vues sur YouTube. Un clip très propre, très recherché, très... torturé. Parlez-nous de la conception de ce clip, des premiers ersatz d’idées à l’aboutissement qui nous donne ce très beau visuel.
Xav : Nous voulions faire un clip abouti et non un énième tournage dans un hangar sans scénario ni décor spécifique. Le réalisateur Julien Rodrigues d’Invert Prod nous a contacté et proposé de faire un clip. Sachant qu’il venait d’un univers très différent du notre (Divers films réalisé pour Oxbow dans le snow et ski). C’était un pari mais au vu de ce qu’il avait déjà fait, il n’y avait aucun doute que cette personne était très douée dans ce qu’il faisait. Nos 2 premiers trailers pour la sortie d’album avait déjà généré entre 11 et 16000 vues ce qui était pas mal mais on ne s’attendait pas à dépasser les 30000 vues aussi rapidement.
Pour la genèse du storyboard, on s’est rencontré plusieurs fois et on a d’abord choisi un titre et essayé de développer un univers qui correspondait aux paroles. Il s’agit de la création d’un clone qui est le personnage principal des Chroniques de Girku. Difficile de recréer un visuel de clones et de laboratoire sans tomber dans le kitsch mais on a collecté bon nombre d’instruments et de décors permettant cela. Ensuite il a fallu trouver un lieu et une équipe (éclairage, son, maquillage etc…). Beaucoup de gens nous ont aidé pour la réalisation et pour arriver au grain " cinéma" que l’on souhaitait. Le matériel et l’œil du réalisateur y sont pour beaucoup. Pas mal d’anecdotes sur le tournage dans un lieu avec 200% de taux d’humidité et une chaleur des lights assez éprouvante ainsi que la scène dans le caisson qui a failli tourner à l’électrocution. Mais autrement, on a pas vu la lumière du soleil pendant les 4 jours du tournage. expérience à renouveler sur un autre titre.



Une question pour toi Lyynk, toi qui t’occupes des claviers et diverses sonorités de Jenx, j’ai cru voir sur le clip d’"Enuma Elish" qu’il y avait une Maschine (Native Instrument ? Me trompe-je ?). Pourrais-tu nous dire avec quel type de matériel tu bosses et comment tu procèdes à la composition des tes parties chez Jenx.
Lyynk : En effet, il s'agit bien de Maschine de Native Instruments, c'est une solution logiciel-hardware que j'apprécie beaucoup pour son ergonomie et sa puissance. Je m'en sert beaucoup  pour créer des rythmiques ou d'autres choses en complément parfois de Battery 3 toujours de Native Instruments. Dernièrement , dans le même style de matériel, j'ai bien accroché sur le spark d'Arturia qui combine de la modélisation analogique et physique en plus de la lecture de samples.
Sinon, en ce qui concerne mes parties, sur une grande majorité des morceaux de l'album, au départ, j'ai créé des préprods dans mon studio qui contenaient de nombreux éléments de samples, de riffs de synthés, de sound design avec divers instruments. A partir de ces éléments, je commençais à  structurer un morceau avec une rythmique d'appoint pour mieux me rendre compte du rendu qu'il pourrait avoir et je proposais mon idée au groupe après. Vis à vis de JENX, le plus dur était de ne surtout pas aller trop loin tout seul surtout lorsque l'on a déjà son propre studio qui permet de finaliser beaucoup de choses, de garder ces preprods au stade de brouillon pour qu'ensuite, tout le groupe amène de façon équilibré sa part de création. Donc on passait ensuite beaucoup de temps ensemble à développer les morceaux avec les riffs de guitare, les mise en place rythmique, les ligne de chants qu'amenaient les différents membres du groupe. Ce qui est vraiment intéressant dans notre formation c'est que tout le monde donnait son avis souvent en temps réel et nous validions les parties des différents instruments tous ensemble. Ensuite, lorsque l'on avait bien finalisé un morceau de cette manière, je le récupérais pour enrichir encore un peu plus dans mon studio les arrangements surtout au niveau de son aspect indus.
Pour le matériel avec lequel je bosse, j'exploite beaucoup de matériels différents. En informatique, toute la prod' d'"Enuma Elish" a été géré avec le séquenceur audionumérique Cubase. Comme je le disais un peu plus haut, j'utilise pas mal au sein de ce séquenceur les instruments virtuels Native instruments avec Maschine, Battery3 , Reaktor5, FM8, Kore2, Guitar Rig... Mais aussi Motu Ethno, Arturia, Xils-Lab, G-force (M-Tron, String Machine et Imposcar). Pour les logiciels de traitements de son, j'ai un système Universal Audio UAD-2 Quad sur carte PCI Express dans mon mac où les plugs de compresseurs-Limiters, d'EQ et de reverbs à plaque (EMT140) ont été fortement sollicité pour la production de l'album. J'ai beaucoup travaillé aussi avec les logiciels Izotope (Spectron, Trash), Ohmforce (en particulier Melohman), Audioease (Altiverb, Speakerphone).
En matériel hardware, beaucoup de synthés analogiques et à modélisations analogiques que j'ai accumulé depuis de nombreuses années. Parmi ceux les plus utilisés pour l'album, on peut citer le Sequential circuits Prophet VS (excellent pour les sons dissonants avec ses oscillateurs à table d'ondes), Clavia (Nord Modular G2 et Nord Wave), Moog Minimoog Voyager, Roland MKS-80, Korg MS20, Yamaha Motif XF7, ARP 2600, Modulaire Doepfer Monster Case et MacBeth M3X. Et enfin pour les traitements Hardware, du Sherman Filterbank 2, de l'Eventide, de la série MF en pédales Moog, du préampli Ruppert Neve  Design et un Culture Vulture de chez Thermionic Culture.

R.F.I.D est un sacré morceau que j’apprécie particulièrement, juste après "Enuma Elish". Pouvez-vous nous parler de ce morceau ?
Xav : Effectivement c’est un titre assez spécial, de par sa durée (moins de 2 min) et l’énergie qu’il dégage. Lyynk avait amené toutes les bases et on a juste eu à se coller dessus, les instruments comme le chant. De plus en live, il dégage une puissance qui ne laisse pas indifférent. Ce titre traite des puces RFID qui se développent un peu partout dans notre quotidien et la plupart du temps à notre insu.

"Sycamore" Part I et Part II. Que représentent ces morceaux ? Que laissent-ils présager ?
Xav : "Sycamore" est en fin d’album il correspond à la mort du personnage principal, la réception de sa dépouille par sa compagne qui parle dans ce titre et le rituel d’embaumement. Plusieurs types de voix et de guitares se superposent pour tenter d’exprimer les sentiments éprouvés. La deuxième partie est instrumentale et nous elle aborde sur une autre facette de JENX que nous avons précédemment ouverte avec la bande son du film "The Call Of Cthulhu". Ce titre est assez significatif pour nous car il pose les bases des choses à venir chez JENX dans un futur proche.

Quoi de prévu prochainement en dates, lieux, groupes avec lesquels vous allez partager l’affiche ?
Xav : Nous préparons les concerts de fin d’année, avec des groupes comme Gorod, Outcast, Eryn Non Dae, également ciné-concert en Novembre et des dates à l’étranger en Décembre.

Comment ça se passe pour vos dates ? Vous vous occupez vous mêmes de l’aspect booking ?
Xav : Nous nous chargeons de tout au sein de JENX, y compris le booking, les gens nous contactent directement et nous calons tout nous mêmes.

Y a-t-il un groupe particulier ou une scène, un festival que vous rêveriez de faire ?
L’expérience nous a montré que toutes les rencontres amènent leur lot de surprises et moments spéciaux, peu importe le style et le lieu, c’est l’échange avec les gens (groupe comme public) qui compte. Comme festival, le Hellfest serait une superbe expérience mais aussi le Barge To Hell ou tout autre. Où nous pourrons distiller du JENX sur scène.

Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Le metal français a un énorme vivier de groupes qui méritent d’être soutenus, continuez à aller aux concerts et supportez la scène. Merci à toi pour cette interview et à très bientôt j’espère.


Le site officiel : www.jenxnoise.com