Interview faite par Jenna Williams et traduite par Marion

Vous venez de sortir votre dernier album, "Sounds Of A Playground Fading"... Ca sonne un peu différemment de vos albums précédents...
Björn Gelotte (guitare) : Il y aura toujours des éléments qu'on aura un peu changés. C'est principalement pour qu'on continue à (rires) être intéressés et c'est un peu un défi, aussi. On ne veut pas refaire le même disque. C'est notre dixième album. Donc on a fait beaucoup de choses sur notre album. On essaie un peu d'explorer un nouveau terrain, mais la plupart des trucs viennent assez naturellement... Je veux dire, les riffs et les mélodies, on les crée exactement de la même manière qu'il y'a quinze ans. Mais c'est plus une question d'arrangements et le fait qu'on soit parti en tournée – wahou, on a commencé à partir en tournée ici (Etats-Unis) en 1998, et on avait fait des tournée cinq ans auparavant en Europe...

Donc vous faites des tournées depuis 1993 ?
Ouais, 93-94... Et c'est... tu vois, t'apprends beaucoup quand tu pars en tournée. Donc ça aussi ça entre dans l'écriture des chansons, parce que tu comprends ce qu'il est possible de faire en live, et comment tu peux devenir vraiment bon, et ce que tu peux améliorer. Donc bien sûr, ça changera un peu. Y'a aussi le fait que l'autre guitariste (Jesper Strömblad), celui à qui je transmettais mes idées, et il me transmettait ses idées, eh bien il est parti. Ouais donc Jesper est parti. Ça a évidemment changé la composition, que je mélange un peu. Mais j'écris depuis que j'ai rejoint le groupe, en 95, quelque chose du genre. Donc c'est pas nouveau pour moi. Mais je travaille de façon très proche avec les autres mecs, particulièrement avec Anders (Friden), notre chanteur, histoire qu'on puisse bosser beaucoup plus le chant, et je pense que ça a rendu l'album entier plus solide, c'est pas juste une base de riffs sur laquelle tu ajoutes le chant. Cette fois-ci on a pu vraiment mettre le chant là où c'était logique et obtenir une énergie aux bons endroits et tout.

Je vous ai vus en 2008 au Fillmore ici (à Denver) et vous dégagiez une telle énergie, la foule était littéralement vidée à la fin du concert ! Donc ça m'amène à cette question : quand vous écrivez un album, ou un disque, comment essayez-vous vraiment d'incorporer un peu de cette énergie que vous avez en faisant des concerts, au sein de l'album ?
Je pense que ce qui est important c'est de trouver la bonne dynamique de la chanson parce qu'on peut pas garder l'ensemble de cette énergie. Je veux dire, dans la musique ; c'est pas comme si on courrait partout à faire des back flips et des trucs du genre. Mais c'est à l'intérieur de la musique et ça vient au travers de bons arrangements, je pense, ou c'est vraiment très bien pensé au travers des arrangements et de la dynamique de la chanson, et bien sûr on ajoute quelques trucs accrocheurs là-dedans, des mélodies dont les gens se souviennent, ça aide aussi.

Comme "The Quiet Place"...
Ouais, exactement ! Et on essaie d'inviter le public sur scène, en gros... Je veux dire, mentalement, tu vois ? Je pense que ça c'est important, c'est notre plus grand plaisir si on arrive à faire ça de manière correcte parce que ça nous donne tellement en retour.

Comme tu l'as dit, vous essayez d'inviter le public sur scène, comment faites-vous ça exactement, ou comment est-ce que ça se produit ?
On adore ce que l'on fait, vraiment, on adore ça. Et c'est pourquoi il y a toujours d'énormes sourires sur nos visages quand on joue. Pour nous, la musique, c'est ultra sérieux. Mais on devrait être capable d'avoir des (inaudible) dans les yeux ou du genre. On devrait être capable de rire, de s'amuser. Je pense que ça se voit et c'est une manière d'inviter les gens. Et aussi, le fait de ne pas essayer d'être derrière, comme je le suis maintenant, des lunettes de soleil ou une image immense ou autre. On n'a jamais eu ça. Et on se préoccupe plus de la musique que ce dont on a l'air, tu vois ?

Encore une fois, comme tu viens de le dire, quand vous écrivez, vous vous concentrez sur la dynamique de la musique. Comment écrivez-vous votre musique pour qu'elle contienne une dynamique ? Ou alors, c'est quoi vraiment qui rend la musique vivante ?
Je pense qu'au final, c'est les arrangements et la manière dont on essaie de travailler autour... (pause) J'aime vraiment quand ça va droit au but dans une chansons. J'aime pas attendre huit minutes avant le premier refrain, tu vois ? Et ça c'est une manière d'inviter les gens assez rapidement (sur scène) ; commencer par un thème de la chanson, et après ça en arrive très rapidement au premier refrain. Ça a pas besoin d'être un refrain entier... Mais c'est une manière d'entrevoir tout le potentiel de la chanson, assez tôt. Je sais pas, j'y ai jamais pensé... Je compose juste les chansons de la manière dont moi-même j'aimerais les entendre et en arrive aux trucs biens, aux trucs fun, tu vois, comme ça on a pas à attendre.



Avec tout ce que tu viens de dire, on vois ta passion pour la musique, comment décrirais-tu ce qui s'est passé quand cette passion s'est déclenchée, au début, pour toi ?
Pour ma part, j'ai grandi avec... Mon père est un métalleux. J'ai grandi sur du Black Sabbath, bien sûr, Deep Purple, Rainbow, Dio, Mountains, tous ces groupes et donc quand j'ai eu ma période rebelle, comme tout le monde, rien ne s'est vraiment passé. (rires) Je me suis mis à écouter (Iron) Maiden et Metallica, mais mon père aimait ça aussi, donc c'était pas vraiment une vraie rébellion de ce côté-là, non plus. Donc j'ai toujours baigné dans la musique. J'étais dans le ventre de ma mère quand mon père l'a emmené à un concert de Black Sabbath à Göteborg (Suède). C'était probablement la première chose que j'ai entendue. Donc pour moi ça n'a jamais été... je suis probablement né avec, avec l'étincelle ou le goût du metal. C'est la seule chose que je connaisse.

Comment décrirais-tu le voyage dans lequel tu as embarqué depuis que tu as rejoint In Flames ?
Eh bien en gros j'ai rejoint... j'avais genre 18/19 ans, un truc du genre quand j'ai rejoint le groupe, et puis ce jour-là, on a directement décidé qu'on aurait nous-même le contrôle de tout, d'un point de vue musical en particulier. On peut bosser avec des gens et se faire aider par des gens, mais personnes ne peut décider à notre place. Il faut qu'on soit tous d'accord quand on prend une décision. Et une fois qu'on fait ça, tout est plus simple. Quand les labels nous disent "Non les mecs vous devriez essayer ça ; ce groupe a beaucoup de succès, vous devriez avoir le même son qu'eux." On leur répond "Allez vous faire foutre." Parce que c'est nous qui décidons, tu vois ? C'est la même chose avec le management, c'est la même chose en gros avec tous les gens autour de nous, et ça inclue aussi les fans puisqu'on peut pas satisfaire tout le monde, c'est pas possible. Ce qu'on peut faire c'est se fier à ce qu'on aime et essayer de faire le mieux, ça on peut le faire. Donc une fois décidé qu'on ferait les choses de cette manière, les choses sont devenues faciles tu vois ? Au moins, on a plus ces problèmes et on peut se concentrer sur les problèmes pratiques tels que faire des tournées et des albums, ça on aime bien parce que ça prend du temps ! Et le voyage depuis a été fabuleux. On a fait beaucoup de tournée, on a rencontré tellement de groupes géniaux, des gens, des fans, des amis qu'on a toujours 15 ans plus tard et qui viennent toujours aux concerts dans le monde entier. C'est vraiment génial.

Vous avez un rapport très fort avec vos fans, qu'est-ce qui le rend fort, selon toi ?
Je sais pas, c'est... on aime vraiment, véritablement les gens qui viennent à nos concerts, parce qu'ils sont là pour une raison, ils adore la musique de la même façon que nous. Et t'as pas besoin de tout aimer chez le groupe, ça c'est pas possible. Ou alors c'est très dur de tout aimer chez le groupe ; je ressens la même chose. Mais si tu vas à un concert et que tu t'éclates vraiment, alors c'est facile d'y retourner, c'est vraiment très facile d'y retourner. Et l'interactivité avec les gens, on essaie vraiment de faire ça via Internet, via Facebook et tous ces trucs, et on essaie aussi de rencontrer des gens. On organise beaucoup de rencontres, de dédicaces parce que c'est... moi, quand j'étais gamin, les rencontres avec mes idoles, c'était parmi les moments les plus importants de ma vie. Donc si tout ce que ça nous coûte c'est de serrer quelques mains et d'apprécier les gens qui viennent à nos concerts, c'est super facile.

Au fil des années, qu'est-ce qui a été le plus instructif parmi ce que tu as traversé, que ce soit un truc bien ou mauvais ?
Je pense qu'une des choses les plus importantes qui me soit arrivées, ça a été de jouer au Japon. Et on y a joué à tellement de festivals géniaux, c'est vraiment vraiment très dur de n'en nommer qu'un mais on a joué à celui-ci, il me semble qu'il s'appelait (inaudible) ou du genre, au Japon il y a quelques années... Et on avait une réunion à un bar à notre hôtel et quelqu'un me tape l'épaule et je me retourne et c'est ce mec que je connais du Canada, je l'ai rencontré au Canada et on avait bu des bières ensemble et on s'était éclaté et (sic) "Wahou, qu'est-ce que tu fais ici ?!" "Oh, je bosse avec un mec que tu devrais rencontrer..." donc je lui réponds "Ouais, carrément". Et donc les mecs (de IN FLAMES) m'ont dit "vas-y, on s'occupe de la réunion." Je me retourne et je vois que c'était Ronnie James Dio !! Donc en fait il (le mec du bar) était son assistant. Donc j'ai passé genre 2 heures assis à juste papoter à propos de ses opinions musicales, son histoire, et j'étais halluciné ! Ce jour-là était génial.

Wahou ! C'était quand ?
Laisse moi réfléchir... Ah ! C'était quand... il y a 5 ans ? Un truc du genre, il y a 4-5 ans.

Ca doit être un souvenir vraiment particulier !
Ouais, ça l'était !

Quand tu es sur scène, comment est-ce que ton rapport...
Ça dépend complètement parce que certains jours, ça peut être très dur, donc ce que tu fais dans ce cas-là c'est que tu te fies à ce que tu sais et tu essaies de montrer aux gens que tu t'éclates, que tu t'amuses vraiment, que tu apprécies vraiment les gens au premier rang qui chantent. Y'a des jours ou y'a des hauts et des bas ; c'est juste comme ça que marche... Même eux (les fans) peuvent avoir de mauvais jours, aussi.

Ouais, beaucoup d'artistes ont ce sentiment, quand ils sont sûr scène il sont ''chaud bouillants'' comme on me l'a déjà dit, ou alors ils ressentent quelque chose... C'est quoi exactement que tu ressens ?
Je pense que... ce dont on a parlé avant c'est que plus on donne et reçoit, plus les gens répondent directement à ce qu'on fait, et ils aiment ça... C'est un sentiment d'être ''chaud bouillant'' parce que tu vois, quand tout marche très fort, le son déchire dans tes oreilles, le public est heureux, tout le groupe joue super bien, et puis tu vois, c'est génial ! Mais ces jours-ci, ils ne sont pas rares, mais les jours sont plus durs, et toujours, vers la fin du concert, ils ressentent toujours ça, et c'est un sentiment extra. Ça nous prend juste quelques chansons de plus avant qu'on soit vraiment dedans, mais en général ; c'est un set super court que l'on joue (au Mayhem Festival 2011), 35 minutes et c'est tout pour nous, ayant fait 10 albums, c'est pas facile...



Ouais, la setlist a pas dû être facile.
Ouais, en gros, on doit trouver les chansons qu'on aime vraiment jouer, qu'on a vraiment envie de jouer, et on essaie de (rires) de mesurer en fonction du temps vu qu'on a seulement 35 minutes, c'est 35 minutes... Je veux dire, on change un peu, on ajoute une chanson de plus, puis on en enlève une autre et on sait que ça peut pas faire plus de 35 minutes. Avec un peu de chance, on reviendra l'année prochaine pour une vraie tournée en tête d'affiche.

Je serais présente ! Je me souviens de la dernière fois où je vous ai vus, c'était complet... Ça vous fait quoi, quand ça arrive ?
C'est génial, bien sûr, parce que tout le monde est là pour te voir et ils sont là pour sortir et passer un super moment, donc bien sûr, c'est extra. On a fait quelques têtes d'affiches de festivals, le Wacken (Open Air) par exemple, en Allemagne, je sais pas s'il y' avait 70 000 personnes, ou quelque chose comme 50 – 60 – 70 000 personnes et ils étaient tous là à nous regarder et c'est dur d'expliquer ce sentiment à ceux qui n'ont pas connu ça, mais c'est... Tout est possible, plus ou moins, quand t'es sur scène devant tous ces gens. C'est quelque chose dont tu as besoin de te souvenir, pas dans le mauvais sens, tu peux toujours te souvenir de ça dans un moment difficile.

Comme tu disais à propos des moments difficiles... Par quoi es-tu passé qui t'as rendu plus fort en tant que personne et en tant qu'artiste ?
Je pense qu'en gros c'est toutes les tournées, toutes les épreuves qu'on rencontre en tournée... Je veux dire, c'est pas dur d'être sur scène, c'est juste génial. Mais le reste, par exemple là on fait 35 minutes, ça nous laisse 23 heures et 25 minutes pour faire autre chose... Et c'est vraiment un soulagement, tu vois, de faire des interviews, et on a comme j'ai dit des rencontres, des dédicaces et tout. Ça ne prend que quelques heures donc on passe beaucoup de temps ensemble, avec le groupe. On apprend vraiment à se connaître. Et j'espère que ça peut nous rendre plus fort. On a perdu un mec avant, comme j'ai dit, il n'arrivait pas à gérer les tournée, mais ça nous a simplement rendu plus fort. On passe vraiment de supers moments, en tournée. On sait quelles erreurs éviter, maintenant...

Ouais j'allais teposer la question... Dirais-tu que In Flames est devenu plus fort en tant que groupe au fil des années où vous avez été ensemble ?
Ouais. C'est au travers des tournées, je veux dire, on est pas d'accord sur tout. C'est pas possible... On est d'accord sur la musique, tu vois ? Et c'est tout ce qu'il faut. Et on se connait très bien, comme j'ai dit. Donc on essaie de ne pas créer de crise, on en a eu par le passé, de nombreuses fois. Mais c'est simplement naturel... C'est comme une famille, on en devient une. C'est une famille de tournée.

Qu'est-ce qui est si spécial dans le heavy metal, pour toi ?
Je pense que c'est le dévouement que les gens mettent dans la musique, c'est plus que simplement de la musique de fond ou quoi. C'est un style de vie. Tu choisis – si tu aimes vraiment ça, tu choisis d'être un métalleux, et tu es un métalleux, et tu resteras un métalleux, tu vois ? Je connais pas beaucoup de gens qui sont (genre) ''Oh, j'ai arrêté le métal.'' Je ne pense pas avoir déjà entendu ça. Si c'est le cas c'est que t'as jamais vraiment aimé ça, c'est que c'est pas de ton propre gré... C'est pas important, après tout, c'est un monde plutôt libre. Mais donc j'ai jamais entendu quelqu'un dire ''Oh, j'ai arrêté le métal. Je suis à fond dans l'électronique, la musique pop, maintenant.'' C'est une des choses que j'aime vraiment avec le metal, la communauté metal, y'a un grand soutien pour le boulot des groupes, et t'as pas besoin d'être super célèbre. On obtient encore du respect et de la passion des gens et des groupes d'importances différentes peuvent encore partir en tournée ensemble. C'est pas pareil avec la musique pop, ou autre.

Comment exprimez-vous votre passion à travers la musique et comment cela représente qui vous êtes ?
Je pense que ça commence avec ça (la passion), mais après ça devient plus quelque chose de pratique, il faut que ça déclenche une étincelle chez toi quand tu trouves une mélodie ou un riff. C'est de là que ça vient. Et à partir de ce point-là, c'est plus, je sais pas comment ça se dit... C'est plus du travail, c'est plus de boulot après ça. Donc c'est comme ça... il faut que ça commence de cette manière. Et on essaie d'éloigner tout ça lorsqu'on enregistre, et en général j'ai réussi à obtenir – parfois y'en a un peu qui se perd mais la plupart du temps, ça reste.

J'ai plus de questions... Vu qu'apparemment il ne nous reste plus de temps ! Quelque chose à ajouter ?
Ouais, on reviendra, faites en sorte d'être là ! On reviendra très prochainement.

Interview publiée avec l'aimable autorisation de thescreamqueen.com.


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