Interview faite par Aurélie P. Lawless à Paris.

Hell Of A Ride, c'est ce groupe avec des petits gars bien de chez nous, qui prétendent importer en France le rouleau compresseur qu'est le rock'n'roll américain. Peu de groupes français se sont naguère avancés dans cette aventure et c'est bien dommage, puisque le résultat peut être très positif, pour peu qu'on le veuille. Si on reconnaît volontiers que trop d'américanisation tue sincèrement le côté sympa de la chose, le groupe ne semble pas se noyer dans la marmite et le dosage de cette recette explosive. Fort de son équilibre, il n'a désormais besoin que d'un coup de pouce et de patience afin de percer à jour les barrières restantes.

L'album s'intitule "Bête Noire" si je ne m'abuse. Pourquoi ne pas avoir choisi son homologue anglais "Black Beast" ?

Franck "The Gent" (basse) : Pour assumer le côté français déjà. Car à chaque fois que les gens viennent aux concerts ou écoutent l'album ils disent "Oh c'est ricain, tout est ricain", ce qu'on assume aussi car ce sont nos influences donc quelque part ça nous plaît de ressembler à ça. Mais en même temps on veut aussi dire qu'on n'a aucune honte ou réticences à être français. La seconde raison c'est que "Bête Noire" s'utilise aussi dans les pays anglophones, donc ça faisait un titre à double-tranchant.

"Bête Noire" est également une expression française, assumes-tu aussi cette signification ?
C'est vrai, et ça peut faire référence au personnage principal de notre groupe. Il y a une continuité dans l'histoire de ce personnage à travers les albums du groupe, c'est une sorte de carnet de route. Ce personnage se bat avec ses démons, et sa "bête noire", on en revient alors à cela.

Peut-on dire qu'il s'agit d'un concept album dans ce cas ?
Nous n'avons pas voulu le faire dans ce sens-là, mais il y a quand même une ligne directrice, un fil rouge.

Tu me parlais du personnage de l'album, comment avez-vous créé ce dernier ?
Alors c'est Pascal Henault en fait, qui a joué dans quelques films et dans des clips, moi je ne suis pas dans le groupe depuis le départ en fait mais ils l'ont rencontré via Djej il me semble. Ils avaient un truc en commun aux Etats-Unis, il lui a proposé le plan et puis ça a marché.

Quelle est votre priorité à l'heure actuelle avec cet album ?
Je dirais que c'est de passer à l'étape supérieure : trouver un tourneur, booker. C'est ce qu'il nous faut impérativement pour faire des dates internationales. Ou alors il faut qu'on le fasse nous-mêmes mais c'est assez limite quand tu n'es pas pro.

Si jamais tu peux t'exporter au-délà des frontières françaises, vises-tu dans un premier temps l'Europe ou bien pars-tu simplement à la conquête du monde ?
Le monde ! Autant faire simple ! (rires) On n'a pas encore découvert d'autres planètes à conquérir mais si jamais, je suis ouvert à toutes propositions !



Parlons de choses sérieuses : qui est à l'origine du tubesque "Afrodisiac Cadillac" ?
Ah oui, ce tube je crois que personne ne l'apprécie pas ! (rires) Il nous est arrivé de faire des concerts où nous avons été obligés de la faire deux fois en rappel. Les personnes à l'origine du morceau sont Low (guitariste, ndlr) et notre ancien batteur, ils étaient en train de jouer, puis un jour en répète on s'est tous greffés dessus relativement facilement et Djej est arrivé avec les paroles. Tout cela s'est construit très rapidement et simplement, avec une recette qu'on ne peut pas dévoiler mais qui est celle des tubes.

Comment s'est déroulée votre collaboration avec Charles (prod') ?
Très bien, moi c'est la première fois que je le voyais mais je n'apparaissais pas puisque j'ai rejoint le groupe en Juin 2012, j'ai rencontré Charles lors de l'enregistrement de l'album. Les gars du groupe voulaient bosser avec lui car ils avaient vu sa façon de faire et ils avaient confiance. Entre l'EP et l'album Charles a pris beaucoup d'expérience entre temps, et avait déjà commencé à se faire un nom donc quand il est arrivé en pré-prod il a commencé à élaguer énormément. On avait beau dire "Si, ça on aime bien", il nous disait "Non non, ça, ça ne marche pas en 2015" donc on a laissé faire. Il est arrivé avec toutes les idées des samples, car on n'en avait pas à la base. C'était extrêmement intelligent et il a su apporter un son très moderne tout en gardant notre identité rock'n'roll. On n'a pas fait ça en studio sauf pour la batterie, on a tout enregistré dans ses tables qu'il avait ramenées des Etats-Unis, en brut. Il est reparti là-bas, il ré-ampé, enregistré tous les sons de basse et de guitare, les parties de samples aussi, et ensuite il a mixé. Son studio est à Los Angeles.

"Hell Of A Ride" c'est pour le côté biker américain ? Ca m'évoque la route 66 pour être honnête !
Oui, il y a effectivement ce côté américain, toute cette culture un peu brassée. Mais je n'étais pas là non plus quand le nom a été choisi, mais bien sûr l'idée est là, ça peut faire référence à tout un tas de trucs.

Vous avez fait la première partie de Black Stone Cherry mais aussi de Wednesday 13 : quelles sont les différences notables entre ces deux expériences ?
Le public.

C'est sûr que pour W13 vous n'étiez absolument pas en terrain conquis, je me trompe ?
Carrément pas. Il y a eu quelques réticences, des personnes dans le public vraiment réticentes, mais comparé aux retours très bons et aux critiques qu'on a eus à la fin du concert, j'ai envie de dire qu'au final ça a très bien marché. Pour un public qui est assez fermé, on était assez content.



J'étais présente ce soir-là au concert, et je savais que j'allais faire une interview avec vous, mais je n'avais pas encore eu accès à l'album à ce moment-là. Je vous ai donc découverts en concert avant d'écouter la version studio de votre album. Penses-tu qu'il soit plus judicieux de procéder dans cet ordre-là ?
Oui absolument et je dirais même : quel que soit le groupe, j'en connais très peu qui soient meilleurs en studio qu'en concerts. Enfin ça existe mais nous on a bossé pour se rapprocher au maximum de la qualité qu'on visait. De toute façon la supercherie se voit vite une fois sur scène sinon.

Serais-tu du genre à faire des trucs totalement fous sur scène ?
Eh bien... Non, pas tellement (rires) ! Je pourrais me jeter dans le public ou encore me fracasser le crâne avec ma basse, mais bon... (rires)

Ca peut être risqué, s'il t'arrive la même chose que Shy'm lors de son concert... Tu dois être au courant de ça j'imagine ?
Oh oui, j'ai vu la vidéo ! (rires) Incroyable, cet énorme fail, je m'en suis remis finalement mais elle, je ne suis pas sûr. (rires)

On parle souvent des clichés concernant les guitaristes, comme quoi ils dorment avec leur guitare et autres. Mais c'est un peu cliché d'évoquer les clichés des guitaristes. Toi, tu es bassiste, dors-tu avec ta basse ?
Nnnnnan. Alors, prendre une douche avec un instrument en bois par exemple c'est quand même assez déconseillé et risqué. (rires) Non pour moi c'est vraiment un instrument, je sais faire la différence ! Par contre des fois j'aime bien la regarder ! Il suffit que je me plante devant, qu'il y ait un petit éclat particulier dessus et là je me dis "Putain... Je suis content !" (rires)


Le site officiel : www.hellofaride.fr