(Question de Cassie) D'ailleurs j'ai une question par rapport à la setlist actuelle, comment se fait-il que vous jouiez si peu de titres du nouvel album, il n'y en a que quatre il me semble. Parce que ça fait un peu tournée best-of quand même.
Oui il y a un petit peu de ça mais au début on en jouait plus de nouveaux mais moi je me suis dis que… on l'a senti d'en enlever un ou deux parce qu'on trouvait que ça se mangeait les uns les autres. C'est très sensible les setlists, c'est dur à dire. Après on est vachement embarqué sur la route et tout, des fois on est dans une routine et on a du mal à se sortir le nez du guidon. C'est-à-dire que là on a une setlist qui marche et comme on est crevé toute la journée, on a du mal à dormir, tout… Le soir on va sur scène bon on fait la même setlist tu vois… Mais des fois on manque un peu d'énergie je trouve pour se dire "Putain allez vas-y on en joue 8". On voulait vraiment faire un truc où tout le monde s'y retrouve, les fans de la première heure. Et il y a aussi qu'il faut qu'on peaufine les nouveaux, on a besoin de plus les répéter dans notre local de répèt'. On déteste répéter sur scène, ça on est un groupe très perfectionniste, tu vois y'a des morceaux on aurait envie de les jouer mais on se dit "Putain le tenter sur une date ça fait chier" et donc je pense qu'on va attendre de retourner chez nous là, bien rebosser peut-être un ou deux de plus et revenir sur scène mais oui tu as raison, y'en a pas beaucoup mais par contre les nouveaux, on les a un petit peu adaptés, tu verras, c'est bien quoi. On les a un peu plus ouverts que sur l'album.

J'avais une autre question par rapport aux places (le package), des fans avaient peur de ne pas pouvoir vous voir après les concerts, mais ça ne change rien, vous êtes toujours là !?
Oui oui bien sûr ! Après ça dépend, y a des soirs, tu vois comme ici, faut prendre l'ascenseur et nous après le concert on a besoin de faire du stretch, de se doucher, de faire nos trucs quoi. Du coup des fois ça arrive qu'on arrive au bus, c'est deux heures après le concert. C'est aléatoire, c'est pas évident tout le temps de ce qu'il faut faire tu vois quand on sort de scène "Bon allez, je cours dehors aller voir les mecs", c'est un coup à choper froid, et des fois on est crevé quoi, quand c'est ta trente deuxième date, que t'es pas rentré chez toi depuis un mois et demi que t'es sur la route… tu vois le bassiste là il est un peu malade, il a chopé froid hier comme un con et là il prend plein de médocs, il va peut-être aller chez le toubib. Lui par exemple il ira pas dehors dans le froid. Mais par contre dès qu'on croise des fans et tout, moi l'autre jour j'y suis allé les voir, je savais que des mecs attendaient, je suis sorti et on les regarde chacun, c'est tellement important, c'est quand même eux qui viennent aux concerts. On leur doit beaucoup, beaucoup, beaucoup. Donc on reste accessible un max.

Tout à l'heure tu parlais de la liberté que vous avez avec Roadrunner. C'est quand même une chance d'avoir ça. Vous avez vraiment un regard sur tout ?
Oui ça a été travaillé dans le contrat avec notre manager. On a travaillé pendant 3 mois sur ce contrat pour qu'il soit solide, et la close n°1 c'était que le groupe choisi tout. Au niveau artistique on a une liberté à 100%. Et des fois ils peuvent se permettre de dire "Tiens ce morceau là…" mais comme n'importe quel petit label le ferait. Même avec Listenable Records j'ai un souvenir, notre label français qui était indé quoi. Il ne voulait pas que notre pochette "From Mars To Sirius" soit blanche. Il nous disait "Ouais c'est pas metal le blanc" et on a dû se battre, on a dû dire "Non on la veut blanche !", "Mais les gars vous allez droit au mur, vous allez droit au mur putain, merde c'est metal et tout" et on a dit que non on trouvait ça original le blanc et on a dû se battre. Avec Roadrunner on leur a montré la pochette (de "L'Enfant Sauvage") et ils ont dit ok. Enfin tu vois on s'est moins battu avec Roadrunner qu'avec Listenable, même si Listenable on l'adore Laurent, on est hyper proche avec ce mec. Je lui jette pas la pierre, il a finir par dire "Oui bon allez-y". Non mais Roadrunner ils sont très souples, tu vois quand on leur a dit on veut l'appeler "L'Enfant Sauvage", "What ?", la pochette elle est plutôt claire ils nous on dit oui. C'est nickel quoi c'est cool.

Désolé mais je vais devoir aborder le sujet, l'EP Sea Sheperd… Tu as pu finir les derniers détails qu'il restait au printemps dernier ?
Ouais alors le problème c'est qu'un disque dur est aux États-Unis, l'autre je sais plus où. Là faut qu'on soit plus en tournée pour s'en occuper et le problème c'est que là on a une semaine, on part en Inde, on revient on repart aux US pour un mois et demi de tournée après on repart en Mars pour une autre tournée européenne et après on fait une grosse tournée américaine cet été donc en gros je sais pas quand on va pouvoir s'en occuper, c'est ça le problème. Mais c'est en bonne voie, on veut vraiment le finaliser. Il nous manque un ou deux guests, un ou deux chanteurs qui fassent des voix et ça sera bon. Donc oui il sortira mais c'est con je l'ai dans mon ordi, des fois je l'écoute, y'a des morceaux qui sont finis, mais on a besoin de la plateforme pour le sortir, je crois qu'on a besoin d'aide là. Mais ça va venir.

(Question de Cassie) Mais du coup tu acceptes de participer à des projets ? D'autres musiciens ?
Bah ça dépend, il faut que j'aime le projet, que j'ai le coup de cœur. Après je sais que beaucoup de gens nous demandent pour se servir de notre image, "Ouais vous pouvez faire un guest ?" mais je trouve qu'attention il ne faut pas tout mélanger, c'est pas parce que n'importe qui me propose un guest que je vais dire oui, tu vois ce que je veux dire. Il faut que je m'y retrouve artistiquement, il faut que je me retrouve dans les textes, dans tout ça. J'ai pas envie d'associer juste mon nom. Parce que certains abusent un peu, tu imagines ? Une fois il y a un mec "Bon j'aime pas trop votre musique mais bon on est un groupe de metal, on a un côté technique, vous aussi et puis on aimerait bien utiliser votre nom parce que bon voilà GOJIRAojira c'est connu, vous pouvez venir chanter ?", quand le mec t'écrit ça tu as envie de lui dire "Mais va te faire foutre quoi !", tu vois ce que je veux dire ? Après c'est vrai que je suis très très très pris par GOJIRA, et que je suis tellement associé à "GOJIRA" que pour moi c'est délicat, parfois maintenant je dois même en parler au management, on est dans une autre réalité aujourd'hui. On a un autre statut qu'avant, je dois même en parler à la maison de disques, ça c'est dans le contrat par contre. Si je veux jouer avec quelqu'un il faut que j'en parle à la maison de disques. Donc voilà c'est pas aussi simple qu'avant, normal quoi. Et puis il faut que j'ai le coup de cœur. Je ne veux pas jouer dans n'importe quoi. Il y en a qui disent "Ouais c'est bon ils sont snobes". Mais bon il faut pas tout mélanger, déjà ça nous prend 100% de notre temps GOJIRA, après déjà j'aimerais faire des trucs perso pour moi, pourquoi pas m'investir dans d'autres projets même electro, j'en sais rien et j'ai pas le temps pour ça donc c'est vrai que c'est délicat.

Le public américain semble justement très réceptif à votre musique comme en témoigne le clip pour "Explosia" qui a été tourné à New-York. Comment est le public là-bas ?
La différence, je pense que tous les publics sont les mêmes partout, sauf que les cultures sont différentes. La culture américaine c'est juste que les gens sont plus désinhibés peut-être, c'est-à-dire comme c'est une terre où tu as de tout, c'est multiethnique, multi tout ce que tu veux, du coup il y a une diversité qui est fascinante et les gens sont désinhibés, les gens gueulent vachement plus facilement, bon après c'est le côté superficiel américain des fois où on pourrait dire les ricains c'est too much, ils te font des hugs (Ndlr : ils les prennent dans leurs bras), et tout, te tapent dans les mains, n'empêche que ça a du bon des fois que tu fais un concert. Non je sais pas, là-bas ça marche bien pour nous. Mais bon après l'accueil en Scandinavie est très bien, en France pareil, donc je n'ai pas de préférence mais c'est vrai que les gens là-bas sont plus désinhibés.

Une question un peu à part, un des navires de Sea Sheperd portait le nom "Gojira" mais apparemment suite à des problèmes juridiques, il a dû être renommé "Brigitte Bardot". Pas trop déçu de ce changement de nom ?
Non, non pas déçu, on ne s'attendait pas à ce qu'ils appellent le bateau "Gojira". Donc non si ça a déjà été pendant un laps de temps appelé "Gojira" c'est cool.

Pendant vos day-off (quand vous en avez), vous en profitez pour visiter un peu ou c'est plutôt chacun ses occupations et repos ?
Ça dépend où on est. Des fois le bus est garé dans des parkings ou des trucs comme ça donc on reste dans le bus, je bosse sur des photos, sur Photoshop un peu. On se repose, on reste au calme. Mais des fois on sort ensemble, on va voir une cathédrale, en mode très simple. On est des gens très simples, on se met pas la gueule pendant les day-off, on ne fait rien d'exceptionnel, c'est pas très fun mais voilà.

Le fait d'avoir intégré Roadrunner a amené une plus grande promotion du groupe. Donc ça veut dire plus d'interviews aussi. C'est quelque chose qui t'ennuie ?
Non, les interviews, ça fait partie intégrante du truc. On ne va pas se plaindre que les gens parlent de nous. Dans cette interview tu vois je sais que ça va être diffusé, c'est de la promo pour le groupe, ça le fait connaître, passer un message. Donc non on le prend très au sérieux. Ce serait débile de dire "Oh fait chier y'a des interviews", ce serait incohérent. On n'est plus des gamins, on a la trentaine, on essaye de vivre de notre art.

Parce que justement, si tu n'avais pas d'interview, tu pourrais te reposer, te balader etc… C'est par rapport à ça que je posais cette question.
Ah oui, oui, mais bon on a mis une croix dessus, quand on est en tournée on a bien compris qu'on allait rien voir. De cette tournée je n'ai absolument rien vu ! On a été à Londres dans Camden Town, un super quartier, la salle dans laquelle on jouait était à 500m du marché, j'ai même pas pu y aller, on a fait des interviews, je n'ai rien vu de cette tournée, rien. A part les salles et le bus, mais c'est comme ça, il faut l'accepter.

Des groupes qui étaient importants chez Roadrunner comme DevilDriver, Machine Head ou Hatebreed quittent le navire. Pour vous tout se passe toujours très bien ? Tu n'as rien pu ressentir à ce niveau-là ?
Non, pour l'instant non, le risque c'est qu'ils estiment qu'on ne colle plus parce que maintenant ça a été racheté. Mais on restera les mêmes, et on verra ce qui se passera. Si on doit dégager on dégagera. Mais alors là pas du tout inquiet. On a été un peu surpris, parce qu'on a travaillé avec Monte Conner, le directeur artistique américain, qui était là depuis 25 ans, le mec qui a fait grossir Sepultura, et lui il est parti donc on était là "Quoi ?" mais on verra, on ne s'inquiète pas. On prend au moment présent et on n'a aucune peur. Même si on n'est plus chez Roadrunner demain… on a eu beaucoup de propositions avant Roadrunner, mais bon pour l'instant il reste des partenaires partout, France, Angleterre et US et on s'entend avec tout le monde.

Un groupe avec qui vous rêveriez de partager la scène ? Metallica c'est déjà fait mais il n'y a pas qu'eux ! Tout à l'heure tu parlais de Devin, et là ça va se faire !
Oui Devin ! On aimerait beaucoup faire une tournée avec Meshuggah, Tool, mais là je parle de rêve. On devait peut-être les rejoindre sur cette tournée de Novembre-Décembre (Ndlr : Meshuggah) mais justement pour cette histoire de cachets et de headliner on allait se bouffer. Mais on est hyper potes avec les gars du groupe, on va se la faire cette tournée ! Mais sinon oui, Meshuggah… Tool… Metallica c'est fait ! Là c'est vraiment les deux groupes en ce moment, Meshuggah et Tool et Decapitated j'adore, on a joué au Danemark avec eux, c'était super !

L'inspiration te vient toujours de la nature ? De ce que tu perçois ?
Ça vient de tout, vraiment de tout. Ça peut être la nature, ça peut être la ville. Non c'est quelque chose de subjectif, de palpable, ça vient de tout tu vois, même cette chaise en plastique elle peut m'inspirer quelque chose. Non non ça vient de tout mais ce que je préfère c'est aller voir la mer, me jeter dedans, j'aime beaucoup l'océan. (Ndlr : le manager nous fait signe) Ça, ça veut dire la dernière

Ok, du coup on va partir sur le même esprit, où rêveriez-vous de tourner ?
Hum… Japon, Amérique du Sud, ce serait super ! L'Amérique du Sud ce serait super, il y a Slash qui nous a proposé d'ouvrir pour lui en Amérique du Sud mais c'était là pendant ces dates là, en Novembre. Et comme on avait cette tournée de calée on a dû dire non mais ça aurait été la classe ! Slash est fan de GOJIRA, c'est fou ! On est hyper honoré, il nous a carrément dit "Je veux Gojira avec moi en Amérique du Sud !", on a dit non pour cette tournée.

Donc pour une prochaine tournée ce n'est pas à exclure alors…
Oui voilà. Et Japon évidemment on aimerait beaucoup. Mais ça se fera l'année prochaine, ça c'est sûr. Quand on ira au Japon après on ira en Australie, après c'est des histoires de vols mais Amérique du Sud c'est prévu aussi.

Un grand merci à Mario pour le temps accordé et sa simplicité, même si c'est vrai que j'ai été relativement impressionné de discuter avec un des meilleurs batteurs de metal au monde ! Et aussi à Karine Sancho qui nous a donné le feu vert.

Le site officiel : www.gojira-music.com