Interview faite par Phenix au Splendid à Lille.

Bonjour, dans un premier temps, pourrais-tu nous parler de ces 4 dernères années depuis "The Way Of All Flesh" ?
Jean-Michel (basse) : Alors ça a été quatre années assez intenses, il y a eu deux ans - deux ans et demi sur la route pour défendre l’album, donc ça a été encore pas mal de tournées en Europe, Etats-Unis, pas trop sur ce continent encore avec "The Way Of All Flesh" mais c’est déjà pas mal d’aller aux Etats-Unis et donc c’est vrai que sur ces tournées on a côtoyé des machines un peu plus grosses comme In Flames d’abord, qui nous a amené avec eux. Donc on a découvert encore d’autres approches de "comment évoluer dans le milieu professionnel de la musique", on apprend tout le temps, tous les jours des autres quoi. ça a été une super expérience , on rencontre un autre public, les gens qui venaient d’horizons différents dans le metal et qui nous connaissaient pas et qui ont rapproché le pas. On s’est ouvert un peu notre public. Donc voilà les deux premières années et demi à défendre l’album ça a été ça, des rencontres avec du nouveau public, de nouveaux groupes dont Metallica aussi bien sûr, incontournable, donc une grande rencontre et puis là cette dernière année et demie qu’on a passée on s’est mis un peu en stand by, on a fait quelques festivals l’été dernier mais on était déjà sur la composition du nouvel album, enfin composition et enregistrement, et ça prend beaucoup de temps aussi, on a voulu faire ça en prenant plus de temps qu’on l’a fait sur "The Way Of All Flesh" pour livrer quelque chose d’un peu plus costaud on va dire.

Pouvez-vous nous parler de votre travail avec Sea Shepherd ?
Alors Sea Sheperd, à la base c’est quand même Jo qui est très très impliqué avec Sea Shepherd. Il a découvert ça , il a vu un film un jour de Paul Watson de la défense de l’univers marins, les baleines en majorité, et ça l’a marqué, et il nous en a parlé, il nous a un petit peu exposé le truc et un jour il a dit "J’aimerais trop aider ces gars, vous, ça vous dit de m’aider les gars ?" puis nous on était ok, ça marche et tout et du coup bon il y a eu ce petit truc qu’on avait envie de faire un petit EP en fait où il y a eu quelques soucis. Il sortira (rires) mais il y a eu quelques soucis avec du crash de disque dur, pas évident de rassembler tous les invités à des moments, parce que chacun a son propre timing avec ses groupes donc c’est pas évident et puis nous ça nous tient à coeur ces causes comme ça où les gens se battent pour quelque chose de noble et de vrai quoi.

Avec vos thèmes récurrents sur la terre ("Terra Incognita", "The Link"), l’ocean ("From Mars To Sirius") etc, vous avez une image quelque peu "écolo" pour beaucoup, pouvez-vous nous parler plus concrètement de tout ça ?
Alors je sais pas si on peut parler vraiment d’écolo parce qu’on est pas l’exemple parfais de l’écolo, je veux dire c’est vrai qu’on utilise tous les jours des voitures, là des tour-bus pour tourner c’est pas ce qu’il y a de plus propre. Ensuite je pense que oui, on a conscience de tout ça donc on essaie de faire un maximum de choses dans la vie de tous les jours . Puis ça parle pas seulement d’écologie au niveau nature etc... c’est aussi comme une écologie humaine, c’est à dire un respect des valeurs humaines, essayer de se poser des questions sur nous, sur l’humanité, et essayer d’avancer là dedans, c’est tout un mélange de ça un petit peu GOJIRA, c’est des tranches de vie en essayant de raisonner le mieux possible pour avancer au mieux dans la vie.

Et pour "L’Enfant Sauvage" qui sort en Juin, il en sera de même au niveau des thèmes?
Le mieux placé serait Jo pour en parler étant donné qu’il écrit tous les textes donc en gros c’est un questionnement sur l’être humain, on continue toujours dans cette démarche et c’est un peu comme si on regardait un petit peu en arrière les choses comme elles ont évolué et comment on peut aller de l’avant au mieux, c’est quelque chose en gros comme ça quoi, c’est vraiment autour, comme je disais, d’humanité, c’est beaucoup d’interrogation sur soi-même, sur l’humain.

Suite au premier visuel que vous nous avez fourni, il y a cette tête avec un arbre incrusté à l’intérieur, C’est un mix de la pochette de "Terra Incognita" et "The Link" ou le message est ici tout autre ?
Comme je disais, ça suit quand même l’idée quoi, on va pas passer du coq à l’âne, on est dans un truc, on défend des choses qui nous tiennent à coeur et donc oui s’il y a une légère ressemblance c’est qu’on essaye de garder une logique.

Vous êtes passés de Listenable Records à Roadrunner Records, pouvez-vous nous parler de cette transition qui se traduit l’air de rien par un sacré bon en avant pour le groupe. Vous avez démarché de vous-mêmes, on est venusvous chercher... ?
On a bossé pendant dix ans avec Listenable, ça nous convenait super bien d’avoir cette démarche indépendante, d’être près du travail de ces gens qui allait nous aider et pouvoir avancer comme ça, de pouvoir s’affirmer et bon on arrivait aussi en fin de contrat. Donc bien sûr on a toujours des propositions bien autour. Et donc c’est des discussions, c’est beaucoup de débats pour savoir vers quoi on veut aller et donc Roadrunner, ça a été presque une évidence, voilà quelque part, ils ont un pouvoir pour rayonner et communiquer qui est énorme et nous au bout de quinze ans on avait quand même envie de passer encore un statut supérieur et pouvoir toucher encore plus de gens et ils peuvent nous le permettre donc voilà et donc ça a été une évidence, puis il y a des gens vraiment très passionnés à l’intérieur de Roadrunner et on a été très agréablement surpris de ça, de voir des gens passionnés, qui sont prêt a s’investir à fond pour faire avancer le groupe sans toucher à tout ce qui peut faire peur à l’artistique, l’image tout ça... ça arrive je pense avec euh... comment on appelle ça ? Les baby bands ou les suiveurs, qu’on veut leur donner quelque chose et les formater par rapport à un gros machin quoi et en faire des petits derrière, donc ceux là ont peut-être moins d’identité et donc comment dire ? ...Se pomment peut-être un peu et se décrédibilisent des fois aux yeux des vrais fans de metal, mais là pour nous je pense aussi que depuis quinze ans on a tellement affirmé ce qui était GOJIRA que quand ils ont voulu nous signer, ils savaient "OK on veut Gojira, on veut pas en faire autre chose quoi", quelque part c‘était le bon moment je pense de signer.



D’ailleurs à ce sujet, Roadrunner à annoncé la fermeture des bureaux à l’exception du siège principal à New York, et depuis le catalogue est intégré à celui de Warner Music, est ce que ça change quelque chose pour vous ?
A l’intérieur en fait finalement, les gens qui bossent pour Roadrunner restent là, certains vont bouger je pense mais en gros, on va dire tous les gens qui travaillent dans tout les bureaux, Europe etc de Roadrunner, ça restera les mêmes gens donc quelque part on aura toujours les même contacts.

Un ou des souvenirs particuliers, de choses qui vous ont marqués durant ce périple à New York ?
(soupire / rires) Déjà rien que d’aller à New York c’est assez magique comme endroit, on a peut-être pas spécialement de souvenir en fait parce que quelque part on est là pour travailler donc c’est être dans un studio, c’est enregistrer et c’est donner le meilleur de soi-même pour que les compositions qui ont été faites au préalable chez nous, elles ressortent le mieux possible sur une bande voilà donc des souvenirs, tous sont bons on va dire.

Vous êtes restés combien de temps là-bas ?
En fait Jo est parti pour toute la période là-bas et Mario l’a rejoint, j’y suis allé et c’était en fait de petites périodes juste pour nos parties à nous en fait .

Pour chaque album on a eu un clip, y en a-t-il un de prévu sur cet album ?
Oui tout à fait, c’est déjà en cours, ça va bientôt paraître, donc voilà c’est le clip bien sûr, sur le morceau "L’Enfant Sauvage", le clip là est en finalisation donc j’ai pas encore de date, je sais pas trop quand ça va sortir mais ça devrais pas tarder.

Dans quelques jours vous assurerez la première partie de Metallica au Stade de France à l’occasion du 20ème anniversaires du "Black Album", des appréhensions ?
Appréhensions non, être heureux ouais, excités ouais et voilà quoi, Stade de France , c’est presque la plus grande salle de France (rires). Appréhensions je pense pas, on verra sur le moment je pense, comment ça va être parce que jouer devant 80 000 personnes et ouvrir pour toujours ce monstre qu’est Metallica, même si on l’a fait quelque fois maintenant, mais on sait quand même que c’est un challenge c’est une pression c’est quelque chose d’énorme, donc ouais excités, et puis du metal au Stade de France c’est juste énorme.

Première partie de Metallica, de nombreuses dates, plusieurs fests parmi lesquels le Mayhem Fest, le Sonisphere, le Graspop, mais pas le Hellfest... pourquoi ? Est ce un choix ?
(sourire) Oui et non en fait, disons qu’il y avait beaucoup de dates qui se sont bookées quand même assez à l’avance , 6-7 mois à l’avance, il se trouvait qu’on avait un planning qui se mettait en place et sur le Hellfest on voyait que le planning commençait à se remplir et en même temps on s’est dit que si on jouait au Hellfest là, l’album sera pas encore sorti, on va proposer aux gens encore la même chose donc quelque part on s’est dit c’est peut-être mieux d’attendre 2013 et d’arriver vraiment avec l’album "L’Enfant Sauvage".

Peut-être aura-t-on droit l’année prochaine à Gojira au Hellfest alors ?
On peut l’imaginer (sourire). Il n’y a rien qui est fait mais il y a de fortes chances je pense que l’on soit là au Hellfest l’année prochaine.

Bientôt la sortie du DVD "Flesh Alive", avec de nombreux bonus d’ailleurs, est ce un coup double avec la sortie de "L’Enfant Sauvage" ou un simple concours de circonstances ?
Le DVD, s'il sort là et que c’est aussi serré, c’est aussi par rapport à des choses avec les contrats tout ça, ça n’a pas pu se faire avant, mais finalement bon, c’est pas plus mal, ça fera beaucoup de choses pour les gens qui nous suivent depuis longtemps. Tout va être serré mais c’est peut-être pas plus mal finalement, depuis le temps que les gens attendent plein de choses de nous, on a eu le problème de Sea Shepherd, donc là ça fera le DVD, le CD qui arrivera derrière, ça fera beaucoup de choses à se mettre sous la dent.

Une chose ou des choses qui t’ont le plus marqué depuis votre début de carrière ?
Moi ce qui me marque, c’est qu’on est toujours tout les quatre ensemble finalement, je veux dire ça se voit de moins en moins des line-ups qui restent dur et serré comme ça et même malgré les tensions on est quand même là, on s’entend comme des frères, donc quelque part c’est peut-être le premier truc qui me vient à l’esprit, c’est que je me dis, qu’il y a toujours Christian, Jo, Mario, Jean-Michel dans le groupe, toujours les mêmes, toujours aussi motivés, toujours à fond, on a envie de monter sur scène, on a envie de s’éclater avec les gens, on a envie de donner le meilleur de nous-mêmes, on a envie de créer tous ensemble et je pense que c’est ça que je retiens de ces 16 dernière années.

Même au niveau de l’équipe autour de Gojira, c’est un peu comme une grande famille non ?
C’est une grande famille qui a commencé à bouger un petit peu depuis deux trois ans, parce que bien sûr, on a des volontés d’aller toujours un peu plus haut et donc il y a des gens qui ne sont pas prêts à suivre et il y a techniquement des choses aussi qui évoluent donc on essaie de s’entourer, c’est vrai qu’on a perdu quelques membres importants de notre équipe mais qui restent de très bon amis donc ça pour nous c’est important ce côté amitié / équipe, mais bon là on est partis sur une nouvelle équipe donc on peut plus parler de grande famille, elle s’est rétrécit, on essaye de reformer une nouvelle famille autour de nous quatre, un bouclier, quelque chose qui nous fait avancer.

Lisez-vous les chroniques de vos albums, que ce soit presse ou webzine ?
Fatalement, les chroniques, on les lit oui, on est curieux de savoir que va penser la presse même si à la base quand on compose nos albums, nous c’est juste "on veut se faire du bien on veut se sentir en phase avec ce qu’on fait", après on pense aux gens après, on se dit "ouais ça en live etc" mais c’est pas le premier truc, mais c’est sûr que quand l’album sort, qu’on a pondu un truc, c’est quelque chose qui reste en gestation pendant un an, le processus composition / enregistrement, on est tellement la tête dans le guidon au bout d’un moment, on sait plus si c’est bien ou pas bien, et d’avoir des avis extérieurs surtout la presse, là vraiment pour nous, c’est un peu la jauge au bout d’un moment. Donc bien sûr qu’on lit les chroniques, puis voilà quoi, on veut voir si c’est bien retranscrit et aussi des fois quand on fait des interview (rires), parce que des fois c’est déformé, donc oui on est curieux, bien sûr qu’on a le temps et qu’on prend le temps de lire la presse.

A propos du concert de ce soir, j’ai vu que vous aviez joué dernièrement "L’Enfant Sauvage", on y aura droit ce soir ?
Bien sûr. (rires)

Voilà une question que je m’amuse à poser depuis peu... au vu de cette interview, si t’avais une question à me poser laquelle serait-ce ?
Spontanément comme ça ? Quel est ton groupe préféré ?
Gojira (rires)
Faux cul ! (rires) Non !! Je sais pas!
Des groupes préférés j’en ai à la pelle mais Gojira en fait partie... et je ne suis pas un faux cul !! (rires)
Y’en a des tonnes oui c’est sûr.
Non mais je ne suis pas fermé, j’écoute énormément de choses.
Tu vois c’est pas facile quand c’est nous qui posons les questions (rires)
C’est pour ça que j’aime poser cette question.
Quel est ton meilleur souvenir depuis 15 ans ? (rires)
D’où la question que j’aime bien poser, ça inverse un peu la tendance.
Et t’as plus de questions aussi. (rires)
Ouais, mais j’ai pas ta carrière. (rires)
Bof (rires)

Un dernier mot pour les lecteurs de French Metal ?
Continuez à écouter de la bonne musique, faites-vous plaisir, venez dans les concerts, allez sauter partout, jetez-vous n’importe où, voilà juste vivez, soyez heureux, tripez sur la musique et faites avancer le metal.

Merci beaucoup pour le temps que tu nous as accordé pour cette interview.


Le site officiel : www.gojira-music.com