Interview faite par Pascal Beaumont à Paris.

Funny Ugly Cute Karma, voilà un nom pas banal pour un combo crée par Adeline "Chaos Heidi" Bellart, l'ancienne chanteuse d'Asylum Pyre, accompagnée du guitariste Dorian Gilbeau. La belle déboule avec un EP "Before It Was Cool" qui, musicalement, est à des années-lumière de ce qu'elle proposait avec son ancien gang, fortement influencé par des formations comme System Of A Down. Une véritable révélation dans un registre où le chant saturé est roi ! Une surprise de taille qui, sur trois titres, s'avère très concluante notamment grâce aux prouesses vocales de Adeline "Chaos Heidi" Bellart qui est aussi à l'aise en voix growlée que claire, alliant les passages pop, mélodiques à un chant hurlé très impressionnant. A cela s'ajoute une excellente reprise de "Radio / Video" de System Of A Down et vous avez là un parfait cocktail pour vous faire passer un agréable moment. Ici on est dans la légèreté et le fun, le mot d'ordre semble être la dérision et l'humour pimenté par un second degré redoutable. Il suffit de regarder le clip de "On The Run" pour immédiatement capté l'esprit de Funny Ugly Cute Karma dont la seule envie est de s'amuser tout en proposant un metal de qualité bourré de groove. Un projet où Adeline semble s'épanouir totalement et dont attend avec impatience l'album ! Impossible pour votre serviteur de ne pas en savoir un peu plus sur ce combo barré et original qui nous apporte un vent de fraîcheur. Un entretien avec la charmante Adeline placé sous le signe de l'humour, du fun, d'un bon karma ! De toute évidence, elle prend un énorme plaisir à défendre sa nouvelle progéniture et n'a qu'une hâte : se retrouver sur scène. Magnéto Adeline, c'est à toi !

Bonjour Adeline, lorsque tu chantais au sein d'Asylum Pyre, on t’appelait "Chaos Heidi", maintenant c'est Adeline !

Adeline "Chaos Heidi" Bellart (chant) : Oui, Chaos existe toujours mais j'ai décidé de laisser apparaître mon véritable nom ! (rires)

Dans quelles circonstances est né Funny Ugly Cute Karma ?
En fait à la base c'était un projet qui est devenu un groupe car aujourd'hui on se retrouve à cinq. Au tout départ, l'idée remonte à l'époque où j'ai quitté Asylum Pyre. Il y avait un groupe qui recherchait une voix pour ses compositions. Moi je ne savais pas trop, je n'avais rien de particulier de prévu après Asylum Pyre. J'y suis allé en me disant que ça pouvait toujours être intéressant. Ça a duré comme ça quelques mois mais ça l’a pas fait, ce sont des choses qui arrivent parfois. J'ai travaillé sur des lignes de chant et des textes. J'aimais bien ce que j'avais fait et je trouvais que c'était dommage que tout ça finisse à la poubelle. Je me suis mis à retravailler sur ce projet en partant de mes idées de base. Je connaissais Dorian Gilbeau depuis à peu près trois ans et j'avais l'intention de lui proposer de travailler avec moi sur ces titres car je pensais qu'au niveau de sa personnalité et mes goûts, ça pouvaient coller. Il a eu la même idée, il avait très envie de se lancer dans l'aventure, ça tombait bien. Il s'est donc mis à travailler à partir de mes idées, celles que j'avais eu sur le chant, les textes et il s'est mis à composer les instrumentaux. On ne savait pas trop où cela allait nous mener au départ vu qu'il n'y avait rien de fait. On a constaté que ça fonctionnais bien, on a écrit un titre puis deux. On tenait quelque chose, on a poussé un peu le truc et on s'est dit qu'on allait créer un groupe. Pour la conception de l'EP, on a tout fait à deux, on a bossé sur les compositions, on les a finalisées et on les a enregistrées à deux. Une fois enregistrées, on s'est dit qu'on avait envie d'aller plus loin et de défendre ces morceaux sur scène. On a donc décidé de recruter d'autres musiciens parce qu'il faut une formation au complet pour l'énergie et jouer sur scène. La naissance du projet a eu lieu en Septembre 2017 et an après on a recruté les trois autres musiciens pour le live.

Pourquoi avoir choisi ce nom étrange "Funny Ugly Cute Karma" ?
Si tu remarques bien, tu prends la première lettre de chaque mot ça donne un acronyme : FUCK. On est parti de là lorsqu’on a concrétisé le projet. On s'est dit "Maintenant il faut qu'on trouve un nom", c'est toujours une phase un peu épineuse pour les groupes en général. On voulait quelque chose qui soit un peu percutant, qui interpelle les gens et qu’ils s’en rappellent. On a sorti plein de conneries et puis on a trouvé FUCK. Tout seul c'est un peu vain et facile. Lorsque nous avons eu l'idée de l'acronyme on s'est dit que là c'était plus sympa. On va s'appeler FUCK mais on va trouver des mots qui vont avec le F, le U, le C et le K. On ne va rien dire et l'acronyme du combo sera FUCK. On a trouvé des mots qui nous correspondaient bien. Funny, Ugly, Cute et Karma, c'est un peu les opposés. Karma c'est la où la route te mène, le destin, les choix que tu dois faire. Il y avait plein de choses qui nous plaisaient bien là-dedans C'est ainsi que l'on a construit le nom du combo.

Est-ce que vous avez composé uniquement trois morceaux ou bien plus parmi lesquels vous avez fait un choix ?
On a choisi dans un premier temps de sortir un EP. On a finalisé les quatre titres qu'on a choisi de mettre sur l'EP mais on avait d'autres choses en brouillon. Une fois que l'EP a été terminé, on a repris la composition et on a déjà trois morceaux qui sont finalisés que l'on pourra jouer sur scène. Avec l'EP seul c'est un peu court. On ne peut pas faire de dates avec simplement quatre titres. On en a d'autres sur lesquels on continue de travailler. L'idée c'est d'enchaîner plus tard avec un album.

Vous n'avez donné aucun concert à ce jour ?
Non, on préfère attendre pour nous c'est trop tôt. Il y a des formations qui font ce choix-là mais nous on préfère tout d'abord sortir l'EP et donner des concerts après. On a notre release party le 19 Octobre 2018 au Klub, ça sera notre premier show. Après, j'espère que ce sera le premier d'une longue série. L'objectif pour l'année qui vient c'est de faire un maximum de dates. On souhaite installer un peu le groupe pour faire découvrir notre univers à un maximum de gens tout en continuant à travailler sur les compos qui seront sur notre premier album.

"Before It Was Cool" a été enregistré au Tower Studio par Brett Caldas-Lima, l'ambiance avait l'air très détendue quand on regarde les vidéos de l'enregistrement.
Oui, c'était super cool tout en étant très sérieux et rigoureux. Je ne sais pas si tu connais un peu le Tower Studio, Brett est un professionnel qui a déjà travaillé avec beaucoup de formations, y compris des combos importants. Il a une grande rigueur et une grande exigence. Il y a eu un très bon travail sur le son, l'équilibre aussi. J'étais sûr qu'on allait sortir quelque chose de bien en travaillant avec lui. L'idée de départ, c'était d'avoir dès le premier EP quelque chose qui sonne. Je ne voulais pas une production qui risquait de ne pas nous mettre en valeur. Là, avec lui, j'étais sûr que l'on obtiendrait ce dont nous avions envie.



Pourquoi avoir choisi Brett Caldas-Lima spécialement ?
J'ai une réponse très rigolote : je couche avec l'ingé-son donc c'est plus pratique. (rires) Après, plus sérieusement, ce n'était pas forcément une évidence au départ. Déjà, au tout début du projet, on n'était pas du tout ensemble, on ne se connaissait pas. Je ne savais pas trop encore où est-ce que j'irai enregistrer. Ça c'est fait un peu comme ça, on pourrait parler de Karma, ça c'est rigolo. Entre temps, on s'est rencontré et on s'est mis ensemble du coup la question s'est posée. J'aurais pu faire le choix de ne pas tout mélanger, de ne pas forcément enregistrer le disque avec une personne dont je suis très proche. Mais finalement il avait envie de le faire et moi aussi. J'avais confiance dans son travail, c'est comme cela qu'on sait décider à le faire et on est super contents du résultat.

"On The Run" est le premier single, on découvre un univers musical très éloigné d'Asylum Pyre, tu chantes en growl, est-ce toi qui assures toutes les parties vocales ?
Oui, c'est moi qui fais tout. (rires) il n'y a que moi qui chante sur cet EP. Personne ne le savait mais ça fait longtemps que je fais du chant saturé, avec Asylum Pyre il y en avait même un petit peu. Ce qui est un peu drôle et triste à la fois c'est que tout le monde pensait que c'était Johann Cadot (rires) ! Il en faisait aussi mais ceci dit il n'y en avait pas beaucoup, ce type de chant est très anecdotique chez Asylum Pyre. Moi, c'est quelque chose que j'avais envie de développer un peu plus et que ça prenne un peu plus de place dans la musique du combo. Là, j'ai vraiment pu m'en donner à cœur joie et en faire beaucoup plus.

C'est un style qui t'attirait depuis longtemps ?
Oui, j'en faisais très peu avec Asylum Pyre, c'était très anecdotique, un petit passage à droite, à gauche parce que ça collait bien. Mais ce n’était globalement pas trop l'ambiance des morceaux de ce type de chant. Effectivementn j'avais assez peu l'occasion d'en faire. Mais c'est quelque chose que je pratiquais et que je travaillais depuis déjà longtemps, j'avais envie de développer un peu plus cette façon de chanter.

"Nuage De Maux" est le seul titre dont le chant est en français, tu penses développer le chant en français sur d'autres compositions à l’avenir ?
En fait, on l'a fait à l'instinct. Lorsque j'ai travaillé sur ce morceau, j'ai entendu du français. Je travaille beaucoup au ressenti, à ce que ça m'évoque. Je me suis dit "Ce titre-là je l’entends avec du chant en français, je vais tester". Ça sera bien ou pas on verra. Je me suis lancé en français et on a été contents du résultat donc on l'a gardé comme ça. Pour la suite, ça va dépendre effectivement si l'occasion se présente en fonction des chansons. Ça dépendra si la langue française colle bien avec l'ambiance, dans ce cas on testera. C'est vrai que je suis majoritairement anglophone. Je pense beaucoup en anglais, rarement en français. Mais là, j'étais vraiment contente d'avoir eu l'opportunité de tester le chant français et je suis assez contente du résultat. Si ça se reproduit on le refera. Mais au départ ce n'est pas calculé.

Pourquoi avoir choisi ce titre "Before It Was Cool" ? Par nostalgie ?
Ça veut dire avant que cela soit cool en fait. C'est une expression qui se dit souvent et qui signifie : ce groupe-là je l'ai connu avant que tout le monde les connaisse, c'était cool. Il y a un côté dérision, pied de nez de sortir un EP avant que FUCK soit connu par tout le monde ! (rires)

Ça va devenir un collector dans deux ou trois ans. (rires)
Si ça pouvait être prophétique ! (rires)

Tu as aussi conçu la pochette ?
Oui, c'est moi qui aie pris la photo. Je fais pas mal de macro-photographie, c'est un truc que j'aime bien. L'araignée peut être perçue comme un symbole. Le fait de les avoir photographiées, ça m'a guéri de mon acrophobie. Je trouvais intéressant de mettre sur la pochette une bestiole qui, majoritairement, suscite la répulsion, essayer au contraire de changer l'instinct des gens et faire en sorte qu'on la trouve plutôt cool, mignonne.... Du coup, aller un peu secouer les instincts et les premières réactions que l'on peut avoir face à une araignée et la montrer sous un jour différent. C'est un message plutôt sympa.

Pourquoi avoir choisi "On The Run" comme single et vidéo ?
C'est un choix un peu stratégique. On s'est dit que c'était ce morceau-là qui regroupait le plus ce qui nous décrit le mieux. On y retrouve un peu tous les éléments qui nous composent, les alternances de chant, le côté lourd et léger, le rythme, les mélodies. Il y a un peu tout ce qui compose notre univers musical, plus que pour "Shelter" ou "Nuage De Maux" qui sont majoritairement un peu plus lourds et pesants, tu retrouves moins l'aspect joyeux entre guillemets. C'est un peu pour ça que notre choix s'est porté sur "On The Run". Après tout, nos morceaux nous représentent d'une manière ou d'une autre, il fallait bien en choisir un à mettre en avant. On a pensé que celui-ci était très porteur.

Le clip est très drôle, voire hilarant, plein de dérision et d'humour, on t'y voit apparaître avec des looks très clichés. Quelle idée avez-vous voulu développer à travers ce petit scénario ?
Tous les looks que j'ai utilisés dans le clip sont des looks fabriqués et qui font tous références à des images très très particulières voire clichées que l'on peut trouver dans le monde du metal. Lorsque je suis en chanteuse gothique ou habillée un peu à la Arch Enemy, à chaque fois c'était fait exprès avec l'idée de le mettre en avant dans le clip. Après, je ne pense pas qu'il y ait un look qui soit complètement ce que j'aurais choisi. Le clip a été réalisé par une amie réalisatrice, Cécile Delpoio. Cela fait plusieurs fois que l'on travaille ensemble, l'avantage c'est que l'on se connaît bien.

Est-ce une manière de te moquer des formations de metal qui se prennent un peu trop au sérieux ?
Oui, bien sûr, mais ça reste gentil. Mais effectivement la petite moquerie vise des gens qui se prennent parfois un peu trop au sérieux. C'est aussi par rapport à des choses qui sont très clichées que l'on a vues et revues 100 000 fois. Parfois, tu te demandes s'il ne serait pas possible d'aller chercher l'inspiration ailleurs. Tu as l'impression que tout le monde fait la même chose. Effectivement, c'est tout à fait cela, on est allé chercher tout ce qui faisait très metal, voire cliché, et on l'a mis dans ce clip.

En 2016 lorsque tu as quitté Asylum Pyre, tu as déclaré : "Il y a des projets qui vous font bien vous sentir, vous épanouisse et d'autres qui vous vampirisent et finissent par vous rendre malheureux". Tu n'étais plus heureuse avec cette formation ?
Tu as bien noté la phrase. Oui, c'est vrai j'ai dit ça. Il y avait un moment que ce n'était plus très bien à l'intérieur de ce combo, pour plein de raisons différentes, l'évolution personnelle, l'ambiance qui n'a jamais été le fort d'Asylum Pyre. C'était arrivé à un point où il n'y avait plus beaucoup de plaisir tellement il y avait de problèmes. Lorsque tu es dans des choses où rien n'est jamais facile ou tout est toujours un peu lourd, où tu ne t'amuses pas spécialement où tu n’es plus sûr d'être à ta place. La meilleure chose à faire c'est de laisser tomber. Cela n'a pas été une décision facile à prendre car effectivement c'est un investissement de cinq ans, deux albums ce n'est pas rien. C'est un groupe dans lequel j'ai mis énormément de moi, de mon énergie, je me suis beaucoup investi. Et prendre la décision d'arrêter, c'est dire "Bon voilà, je vais tout laisser tomber et repartir à zéro". Ce n'est pas facile de se décider. On en sort un peu dépité. Quand j'ai quitté Asylum Pyre, je me sentais vidée, j'avais l'impression d'avoir été au bout de ce que je pouvais donner et que je n’allais pas pouvoir aller plus loin. C'est un peu ça ce que cette phrase voulait dire.

Quand tu as déclaré "le gouffre est sans fond", tu avais l'impression de te perdre et te débattre pour rien ?
Oui, c'est un projet où il y avait énormément de travail pour pas grand-chose en retour en face. Au bout d'un moment, cela devient épuisant. Lorsque tu t’investis à tous les niveaux, y compris financier car il y avait aussi ce côté-là, ce n'est pas raisonnable.

Est-ce que tu n'as pas l'impression que c'est un peu le mal français au niveau du metal ?
Oui, bien sûr. Du coup ça rend les choses difficiles parce que lorsque tu te lanced dans un projet comme ça et que tu t’investis à tous les niveaux, tu as des attentes en retour. Avoir le bon niveau d'attente et le bon niveau d'investissement l'un en face de l'autre, ce n'est pas quelque chose de facile. Et puis il faut faire les bons choix, c'est un questionnement de tous les jours. Là, je lance un nouveau projet mais je sais que je ne ferai pas la même chose que dans Asylum Pyre. Je ne ferai pas ça pendant 20 ans, j'aurai arrêté bien avant. Ça coutera moins cher et ça me nuira moins. Si je me lance dans quelque chose, j’attends bien évidemment qu'il se passe quelque chose en retour. C'est aussi un peu l'objectif de l'EP, tâter un peu le terrain, voir comment les gens réagissent, voir si on a les moyens de faire vivre le projet et de le rendre vivable. Si c'est le cas, alors là on peut y aller, continuer après advienne ce qui pourra. La réussite, c'est quelque chose de très subjectif. Tu peux avoir un grand projet vivable et le rendre un minimum rentable, ça serait déjà une bonne chose, il ne faut pas se le cacher. Ça te permet de ne pas effectivement te vider de ton sang jusqu'à la dernière goutte pour un truc qui ne va pas du tout arriver à la hauteur de tes attentes à tous les niveaux. Je ne te parle pas que d'argent, je te parle aussi de satisfaction. C'est toujours quelque chose que tu as en tête lorsque tu te lances dans un projet comme celui-ci. Effectivement, si c'est pour cloisonner, il faut donner sinon tu ne reçois rien. Après il faut trouver un bon équilibre.



En 2017, tu as assuré un special guest sur “A Dance Of Death”, un titre extrait du troisième album de Lecks Inc..
Oui, c'est beaucoup plus anecdotique. C'est Alexandre Delagrange qui a créé son projet. Il compose énormément et son trip c'est de faire venir de nombreux invités sur ses morceaux, beaucoup de chanteurs dans un style différent. A un moment donné, il me l'a proposé, ce que j'ai trouvé plutôt sympa, ça me branchait bien. Il y a plein d'autres invités qui ont participé au projet. C'est quelque chose dans lequel je me suis investi à la folie, j'ai fait ce que j'avais à faire sur le titre, je trouvais ça super sympa. C'est une chouette d'aventure, on s'est rencontrés et on se suit un peu, ce genre d'expérience c'est toujours très cool. Après, c'est une petite étape, une parenthèse pas plus que ça.

Est-ce tu as envie de participer à d'autres projets ou simplement te concentrer sur Funny Ugly Cute Karma ?
Oui, au stade ou j'en suis et vu que c'est mon projet, j'en suis un petit peu le gouvernail. Si je commence à me disperser un peu partout, je risque de perdre de l'énergie dont je vais avoir besoin pour amener ce projet à un certain point. J'ai envie de naviguer correctement. C'est important de me concentrer et de bien rester focalisé dessus, je ne vais pas multiplier les projets. Mais si j'ai du temps et des occasions assez sympas, je ne suis pas contre. Pourquoi pas ? Je ne suis jamais fermé à ce genre de choses, c'est plutôt sympa. Mais je ne vais pas forcément les rechercher ou les multiplier. Là, j'ai déjà pas mal de travail.

Quel souvenir gardes-tu de ta tournée européenne de 17 dates en ouverture de Rhapsody ?
Sur l'aspect musical et humain, c'était super cool. Lorsque tu pars en tournée, tu es tous les jours sur la route et tu chantes tous les soirs au côté de musiciens que tu apprécies. En plus, on a eu de la chance parce que c'est un combo super cool. Il y avait une super bonne ambiance, c'est la vie que tu aimerais avoir en permanence. C'est cool, je veux bien faire ça toute l'année. Après, ce qui est un peu moins positif, c'est qu'on était en première partie, c'est une place très difficile. Le public, il s'en fout, il ne vient pas pour te voir et on n’a pas eu une promotion assez importante sur la formation à l'étranger pour que ça suscite un gros intérêt. En fait, tu rencontres des gens sur le lot de la salle qui est à moitié vide lorsque toi tu joues car le public n'est pas encore arrivé. Il y en a les trois quarts qui admirent ce que tu fais et qui viennent te voir et acheter le disque mais ça ne remboursera jamais les 15000 euros que tu as investi pour partir en tournée. Ça fait partie des choses qui sont épuisantes et qui font que ce n'est pas assez rentable, qui te font douter. Est-ce que cela a un sens de faire une tournée européenne avec un combo qui n'est pas réellement travaillé et supporté par un label ? Le groupe se fait plaisir, ça fait joli à dire, on est parti en tournée, c'est la classe mais c'est un gouffre financier.

Vous attendiez plus de retombées à l'étranger ?
Non, pas tellement. C'est aussi les labels, Asylum Pyre était chez Massacre Records, c'était leur travail d'aller préparer le terrain et accentuer la promo dans les pays où nous allions jouer. C'est comme ça que ça se passe. Les labels signent à la pelle tout un tas de groupes pour faire du chiffre sur le catalogue mais ils ne travaillent réellement personne. Mon dernier concert avec Asylum Pyre, je l'ai donné sur la tournée Rhapsody. On a jamais rejoué après, ça fait partie des raisons qui m'ont fait un peu jeté l'éponge. On a fait une tournée européenne avec soi-disant la promesse que ça va t'ouvrir tout un tas de portes et au final on a joué nulle part ailleurs après (rires) ! Il ne s'est rien passé de plus.

Comment envisages-tu la release party du 19 Octobre au Klub ?
On va jouer tout l'EP dont la reprise et trois autres titres qui sont des inédits et qui sont destinés à l'album. La soirée n'est pas que dédiée au concert, c'est aussi une fête, c'est un rassemblement de gens que l'on peut rencontrer. On travaille effectivement beaucoup sur la partie concert en répétant en résidence. On fait au mieux pour présenter le meilleur show au public. On veut préparer la suite, il devrait y avoir d'autres concerts derrière.

Pourquoi avoir choisi "Radio / Video" de System Of A Down comme reprise ?
On a fait un choix stratégique, il nous fallait une reprise pour le lancement de FUCK. C'est aussi quelque chose qui permet dans la tête des gens de rapprocher le groupe à une certaine mouvance ou à une identité musicale. Comme on aime beaucoup System Of A Down , ils font partie de nos influences, c'est pour ça qu'on les a choisis. On s'est dit que parmi le public, ceux qui n'arriveraient pas directement vers nous par les morceaux étaient peut-être susceptibles de le faire par le biais d'une reprise. Puis arriver à ce que l'on fait. C'est un peu comme ça que l'on a fait notre choix. On a choisi parmi les nombreux titres de System Of A Down celui qui nous inspirait le plus. Il fallait aussi qu'il soit adaptable à un chant féminin saturé. C'est ainsi que l'on a trouvé ce titre.

Est-ce que tu te sens plus libre et épanouie au sein de Funny Ugly Cute Karma ?
Oui, bien sûr, c'est une évolution, je ne regrette rien du tout. C'est mon chemin, je suis passé par là, j'avais ça à faire et ça m'a apporté plein de bonne choses. Il a fallu que cela se termine car ce n'était plus ce qui me convenait mais ça m'a apporté là où je suis aujourd'hui et je suis très contente de ce qui m'arrive. Donc c'est cool !

Pour conclure, qu’as-tu envie de rajouter qui te paraît important ?
Ce qui est important, c'est la sincérité, être vrai dans ce que l'on fait. C'est un truc qui est hyper important pour nous. C'est aussi cela que l'on a envie de transmettre aux gens. On a hâte de le faire en les rencontrant sur scène. On souhaite leur faire passer un peu de nous, de ce que l'on est en restant toujours vrais par rapport à ce que l'on aime et ce que l'on a envie de faire.

Merci beaucoup, Adeline.
Merci à toi, super, merci beaucoup.


Le site officiel : www.facebook.com/funnyuglycutekarma