Interview faite par Byclown à Paris.

Bonjour, c’est votre première interview pour ce webzine, alors vous vous doutez bien que j’ai pas mal de questions à vous poser. Nous sommes ici pour parler de la sortie de votre prochain opus "Beyond" qui va sortir courant Février. Avant toute chose, merci de vous présenter et de présenter votre groupe.
Chris Bay (chant / guitare) : Salut je suis Chris Bay, chanteur, guitariste, compositeur, interprète, claviériste (rires)… Non je déconne, je fais pas mal de choses dans le groupe mais je ne suis pas un homme-orchestre. En revanche je suis le créateur du groupe, je suis le patron, le boss (rires) ! On fait du happy metal, tu peux appeler ça aussi du power metal, du heavy metal, du speed metal… en fait appelle-le comme tu veux. Quoi qu’il en soit, nous prenons énormément de plaisir à faire ce travail, à faire de la musique, des concerts partout en Europe et peut-être, cette année pour la première fois, dans le Monde. Bon bien sûr on ne va pas jouer partout, par exemple on ne va pas jouer au Tibet, mais je sais que pour le moment on va jouer à Mexico par exemple, surtout pour des festivals d’ailleurs, mais c’est un bon début ! Pour 2014 Freedom Call répond "Yes, on est prêt !".

Parlons un peu de vous, quels sont vos goûts musicaux ?
Je suis quelqu’un de très libre et de non limité en ce qui concerne mes goûts musicaux. En premier lieu, je dirais que je suis plus "rock", ce qui inclut bien évidemment le rock 'n' roll, le metal, la pop / rock. J’ai plus 25 ans depuis fort longtemps donc il est vrai que je suis principalement attiré par tout ce qui provient des années 80, c’est vraiment mon influence majeure. Je reste toujours très ouvert à tout, c’est le meilleur moyen de ne pas passer à côté de quelque chose de bien. Par exemple, je peux écouter du RnB et y trouver des choses formidables qui vont peut-être m’inspirer et, a contrario, je vais écouter un groupe de metal qui ne va pas du tout me parler. J’adore les mélodies catchy et puissantes à la Helloween, HammerFall ou encore Blind Guardian. J’aime aussi des trucs un peu moins connus comme Grip Incorporated ou, à l’inverse, Machine Head, groupe que j’adore pour leur groove et leur puissance mais je ne pourrais pas écouter leur musique plus d’une heure d’affilée.

Pensez-vous que vos goûts ont évolué depuis que vous jouez dans ce groupe et avez-vous découvert et aimé des groups assez récents ?
Oui bien sûr. Après, je te dirais que cette évolution musicale ne se ressent pas dans FREEDOM CALL, mais par contre ça compte énormément dans mon développement personnel. Par exemple, lorsque j’étais beaucoup plus jeune, je me concentrais énormément sur les mélodies, il n’y avait que ça qui comptait pour moi et je délaissais vraiment le côté rythmique. A présent, ça a vraiment changé car je suis capable d’écrire des chansons qui n’ont pas forcément une super mélodie mais qui ont un vrai rythme et qui groovent. Je pense que c’est le résultat de la maturité.

En tant qu’amoureux du hard 'n' heavy des années 80, que pensez-vous de toute cette nouvelle génération d’artistes qui font de la musique à la gloire de ce style musical, un peu à la Battle Beast par exemple ?
Oui je connais bien Battle Beast ! Je pense que ce qui est en train de se passer est fabuleux car, tu vois, c’est un cycle qui se répète. Il y a un début à tout, comme Bach ou Beethoven par exemple, et la musique qui se produit à l’heure actuelle est une redécouverte et une nouvelle transcription de ce qui se faisait avant, mais avec une nouvelle oreille, plus actuelle. Toutes les musiques sont bonnes, mais il faut juste attendre que ce soit le bon moment pour la sortir, que ce soit dans l’air du temps. A mon sens, la plus grosse avancée en matière de musique s’est faite dans les années 80 en ce qui concerne le rock. De nos jours, tu ne peux presque plus rien inventer car tout a déjà été fait, tu peux juste rajouter un masque dessus. Je te prends l’exemple de Battle Beast justement. Ce qu’ils font n’a rien de spectaculaire au niveau de l’écriture, en revanchent ils ont une chanteuse, ce qui est significatif, qui en plus à la même voix que Udo. Il y a fort à parier que, s’ils avaient eu un chanteur à la place d’une chanteuse, ils n’auraient peut-être pas connu le succès qu’ils ont à l’heure actuelle. Mais après tout, on s’en fout, c’est une fille à l’heure actuelle, et c’est parfait comme ça ! C’est primordial que cette musique vive et survive car c’est une musique qui se vit (le rock), qui se ressent et encore plus en concert. Honnêtement, tu vas à un concert de Justin Bieber, tu te fais chier ! Ok, il y a beaucoup d’argent, de la pyrotechnie, des super danseurs, des super éclairages, mais tu t’ennuies ! Si tu vas à un concert d’AC/DC, il n’en est rien, ça a un vrai côté humain et fédérateur.

Peut-être aussi que la musique de Justin Bieber ne donne pas envie de headbanguer, contrairement à AC/DC…
Oui, tu as raison, j’ai peut-être pris un mauvais exemple (rires).

Qu’est-ce qui vous inspire le plus pour écrire ?
Honnêtement, la musique des autres ne m’inspire pas vraiment. J’essaye de ne pas trop en écouter de peur que ça m’influence trop. Lorsque je rentre en studio pour composer, il arrive parfois que je n’ai rien en tête lorsque je prends mon instrument. Je ne me réveille pas en disant "I had a dream", non, ce n’est pas ma manière de faire. "Apprendre en faisant" c’est totalement ma manière de faire. Je joue deux ou trois trucs à la guitare, au piano et l’inspiration me vient. Ca peut me venir d’un accord, même d’un son de cloche, n’importe quoi. C’est comme ça que je travaille. Je commence souvent avec un riff de guitare sur lequel j’ajoute de la batterie via mon ordinateur et ça prend forme, petit à petit… Pour les idées de texte c’est un peu pareil, ça peut parler de dragons ou de… dragons… (rires)



Cela vous arrive-t-il d’être inspiré par une lecture ou un film ?
Oui mais de manière inconsciente je pense. Parfois je vais en studio, je compose un truc, je le fais écouter aux autres et ils me disent "Hey Chris, mais ça existe déjà ce truc-là !!". Il n’y a rien de conscient car parfois cela ressemble a quelque chose que j’ai écouté une ou deux fois, dans un film que j’ai vu des mois avant.

Combien de temps avez-vous mis pour composer cet album ?
Pour une fois, c’est allé relativement vite. J’ai découvert que je travaillais bien mieux et bien plus vite lorsque je me mettais sous pression, voilà pourquoi j’ai appelé ma maison de disques pour leur dire que je voulais que l’album se fasse pour Février 2014. Ils m'ont alors demandé si j’avais déjà écrit quelque chose, ce qui n’était pas le cas, et ils m’ont rappelé que je tournais beaucoup et que ça prenait du temps, ce à quoi j’ai répondu que je savais bien, mais j’avais pas mal d’idées donc je me suis dit que ça pouvait marcher. Je travaille mieux avec une deadline serrée, ça m’oblige à me concentrer sur mon travail. Sans cela je me dis "Ok on verra demain, je vais d'abord aller prendre un verre, partir en voyage, aller au cinéma, etc.".

Vous avez dit que vous alliez composer des chansons qui ressembleraient plus à ce que vous composiez au début de l’histoire du groupe car c’est ce que vous aimez jouer et en live et, je le suppose, c’est ce que les fans aiment entendre. Est-ce plus facile pour vous d’écrire ce genre de chose ou, au contraire, plus dur car vous avez peur de vous répéter ?
Les deux (rires) ! Lorsque j’ai composé les chansons, je ne l’ai pas fait du tout de manière planifiée et synthétique. Je ne me suis pas dit "Ok là je vais partir sur les vieilles chansons, ou alors sur une direction musicale totalement différente". Tu sais, composer dépend beaucoup de ton état d’esprit. Si tu es super en colère tu ne pourras pas composer une belle chanson d’amour car, de toute façon, tu n’en auras pas vraiment envie. Même dans ce cas-là, je ne suis pas forcément toujours d’accord avec ce que je peux composer car, même si la chanson est bonne, cela ne correspond peut-être pas à l’univers de FREEDOM CALL. Parfois il faut faire de la m…, c’est important, mais il est encore plus important d’appuyer sur la chasse d’eau et de passer à autre chose.

Cela vous arrive-t-il d’avoir envie de composer et de garder des choses à l’opposé de l’univers de Freedom Call ?
Pas vraiment. Comme je te l’ai dit, ma composition dépend de mon état d’esprit. FREEDOM CALL est un groupe positif car je suis quelqu’un de positif, c’est ce qui sort naturellement de moi. Je ne me vois pas composer du death ou du doom, même si je n’ai rien contre cette musique, mais mes sentiments profonds en termes de composition ne vont pas dans ce sens.

Cet album est marqué par deux faits importants dont l’un est le retour à la basse de votre ami, et membre original du groupe, Ilker. Que pouvez-vous me dire à ce propos ?
Première chose, je suis ravi qu’il soit revenu ! Il a quitté le groupe en 2005 et j’étais vraiment très triste de cela. A l’époque il ne prenait pas vraiment part dans la composition des chansons, ni même dans le management. Il était le bassiste, il faisait son travail à la perfection et tout e passait humainement pour le mieux mais il voulait vraiment avoir son propre projet, un projet dans lequel il pourrait prendre les décisions. Apres 7 ans de séparation, où il a pu expérimenter toutes ses choses, il a eu envie de revenir dans le groupe et j’étais tout à fait disposé à le reprendre car c’est un ami, je me réjouis de son retour. Il a toujours ses projets parallèles mais son projet principal est FREEDOM CALL. Je pense qu’il a vécu ce que vivent les ados : ils ont besoin d’expérimenter des choses, et une fois que cela est fait, ils peuvent tourner une page et se concentrer sur une seule et même chose mûrement réfléchie.

La seconde chose importante de ce disque est le morceau "Beyond" qui fait presque 8 minutes, ce qui est plutôt rare dans votre musique. Ma question est la suivante : vu que ce son est vraiment cool, pourquoi ne pas en avoir fait plus souvent alors ? Et d’ailleurs pensez-vous refaire ce type de chanson dans le futur ?
C’est assez compliqué car on ne s’est pas concerté pour écrire ce morceau de 8 minutes, c’est arrivé comme ça. Dans l’absolu je pourrais écrire un morceau de 8 minutes par jour, car il y a tant de manières différentes d’écrire. L’une d’elle consiste assembler des parties bien différentes les unes des autres pour lesquelles tu n’as pas réussi à trouver les ponts corrects, et tu appelles ça de la musique "progressive" (petit sourire en coin). Je m’attache tout particulièrement a ce que les parties collent vraiment ensemble, le plus possible, ce qui a été un vrai challenge pour le titre "Beyond", car j’avais des parties vraiment cool mais je n’avais pas de ponts assez bons pour les unir. J’ai bossé pendant 3 semaines uniquement sur les ponts pour cette chanson. Ca en devient mathématique et émotionnel, émotionnellement mathématique ! Après tout ce temps j’ai enfin trouvé les clés et ça donne le résultat que tu connais. Le plus intéressant dans ce morceau de presque 8 minutes, c’est qu’il s’écoute d’une traite et qu’on n’a pas l’impression qu’il fait tout ce temps.



C’est le moment de parler de la tournée ! Je sais que vous allez jouer à Paris, dans une salle un peu plus petite que précédemment (La Boule Noire. L’année dernière, le groupe a joué au Divan du monde). Pour le moment, vous avez à peu près 24 shows de prévus en Europe. En attendez-vous plus, que ce soit en tête d’affiche ou en tant que première partie ? 
Ce que j’attends principalement c’est que de plus en plus de filles viennent aux concerts pour me montrer leurs seins (rires).

Vous vous êtes trompé, vous auriez dû faire un groupe à la Steel Panther…
Ouais je sais mais là c’est un peu tard, ça existe déjà. J’ai raté le créneau. Plus sérieusement, je suis ravi que, sur la dernière tournée, les gens se soient déplacés et aient aimé notre show. Nous avons la réputation d’être un groupe de live et je vais totalement dans ce sens, car nous aimons vraiment ça, être sur la route et jouer tous les soirs pour des gens qui aiment notre musique, qui connaissent nos chansons. Là c’est une nouvelle tournée qui s’annonce, un nouveau challenge, une nouvelle chance de bien faire, et on va se préparer au mieux pour ça. On n’attend qu’une chose, c’est de commencer la tournée pour procurer de la joie aux gens, qu’ils rentrent chez eux avec le sourire aux lèvres.

A quel point l’imagerie par les clips vidéo est importante dans l’univers de Freedom Call ?
Ce n’est pas important pour moi-même car si je veux me voir, j’ai qu’à me regarder dans un miroir. A notre époque, avec les outils de communication actuels, tels YouTube ou Facebook, les gens veulent être au courant de tout, tout de suite, vivre les choses en direct et être informés de qui fait quoi, qui a mangé qui, etc… En tout cas, on a pris du plaisir à faire ce clip, c’était vraiment cool.

Par goût personnel, préférez-vous les clips scénarisés ou les clips où l’on vous voit en train de jouer sur scène ?
Je préfère les vidéos de scène clairement. Faire une vidéo scénarisée implique que je sois un acteur, ce que je ne suis pas. Je me vois comme ce que je suis, c’est-à-dire un guitariste, un performeur. C’est à mon sens la version la plus honnête pour le spectateur que de voir directement ce que donne le groupe en live, pour lui donner envie de nous voir. Pour le clip qui vient de sortir, "Union Of The Strong", nous avons invité une cinquantaine de personne pour faire la foule, du coup nous on a pris plaisir à jouer devant eux, et eux ont pris du plaisir à avoir en avant-première la chanson de l’album. Il y avait des torches, c’était assez drôle et épique.

Pour qui aimeriez-vous faire la première partie ?
Je pense que, en tant que groupe de metal, de power metal, ouvrir pour Iron Maiden serait un rêve. Tout est énorme dans leurs shows ! On a déjà fait Saxon, ce qui était vraiment énorme ! Biff est plus qu’une star, c’est une légende ! Et il est tellement gentil !!

Avez-vous une dernière chose à dire pour conclure cette interview ?
Venez nous voir en concert quand on passera, et procurez-vous l’album, que vous puissiez chanter sur nos chansons, que ce soit les nouvelles et les anciennes, et je vous promets qu’il y aura pas mal de surprises.


Le site officiel : www.freedom-call.net