Interview faite par mail par Matthieu

Max, guitariste soliste du groupe de thrash / speed metal belge Evil Invaders a répondu à quelques questions juste avant la sortie de "Shattering Reflection", leur troisième album.

Bonjour, et merci beaucoup pour le temps que tu m'accordes ! Peux-tu te présenter ainsi que le groupe Evil Invaders sans utiliser les habituelles étiquettes “metal” ?

Max (guitare lead) : Salut ! Je m’appelle Max, je joue de la guitare. Il y a Joe à la guitare et au chant, Senne à la batterie et Joeri à la basse. On joue de la musique rapide, parfois plus lente qui semble bizarre pour tes parents et voisins, particulièrement si tu la joues fort sur ton enceinte après minuit. En concert nous sommes quatre gars un peu fous, comme sortis de l'hôpital psychiatrique et l’apparence de la scène est carrément cool mais assez intimidante pour le commun des mortels.

D’où vient le nom du groupe ? Et quel est son lien avec votre musique ?
Le nom du groupe vient d’un album de 1985 et de la musique "Evil Invaders" par le groupe de speed metal canadien Razor.

Après cinq ans, votre nouvel album "Shattering Reflection" a été dévoilé. Comment te sens-tu par rapport à ça ? As-tu déjà eu des retours ?
Oh, c’est vraiment génial ! Ca nous a pris un moment de finir d’écrire tous les titres, mais nous sommes très contents du résultat. Quelques titres avaient juste besoin de reposer un peu, donc après un moment on les a repris avec une écoute nouvelle et de nouvelles idées ont germé, tu sais. C’est rare d’écrire la musique parfaite du premier coup, juste comme ça. Rome ne s’est pas construite en un jour non plus (rires). Evidemment les deux ans de pandémie ont eu un impact sur l’avancée de l’écriture de l’album et nous n’avons pas pu répéter pendant un long moment et l’arrêt de la scène musicale / culturelle a un peu tué la motivation, mais on s’est bougé le cul et on a fini ce qu’on avait commencé. ça fait du bien d’enfin avoir du nouveau contenu à présenter à nos fans ! Pour le moment seuls nos amis proches et les magazines ont eu la chance d’écouter le nouvel album, mais les retours sont positifs !

Comment décrirais-tu "Shattering Reflection" en trois mots ?
Froid, sombre, lourd.

Comment s’est déroulé le processus de composition ? Était-il différent de vos albums précédents ? D’où est venue l’inspiration pour ce style old school ?
En général l’un de nous suggère une idée ou une démo et nous y prenons notre temps en ajoutant nos idées au puzzle. Cette fois, nous avons pris un peu plus de temps pour travailler là-dessus et pour l'affiner, particulièrement les petits détails qui peuvent améliorer l’expérience d’écoute. Les musiques ont aussi été plus ouvertes aux influences d’autres styles, ce qui a fait que le processus de composition de l’album était plus intéressant selon moi. On s’est permis plus de nouvelles expérimentations. Je ne dirais pas qu’on tend vers un style old school mais le fait que la majorité de ce qu’on écoute date des années 70 / 80 / 90 a clairement une influence sur l’approche qu’on a de notre propre musique, donc nous finissons forcément avec beaucoup d’influences old school dans nos titres.

Que peux-tu me dire sur l’artwork ? En quoi est-il lié avec votre musique ?
L’artwork de "Shattering Reflection" est basé sur deux idées. Il y a quelques années j’ai pensé que ça serait plutôt cool que notre logo s’explose contre un miroir comme une boule de destruction (un peu comme la cover de "Power Of The Night" de Savatage) et que dans les éclats qui volent on puisse voir des images relatives à ce dont parlent des paroles. Comme un reflet. Joe a eu l’idée de la vieille usine. Comme si tu te tenais devant cette immense porte en métal, ouverte juste suffisamment pour avoir un aperçu de l’intérieur. L’intérieur en lui-même représenterait comme une usine de souffrance, où tout le mal prend forme avant d’être libéré. Comme on n’arrivait pas à décider ce qui était le plus cool, on a décidé de réunir les deux idées et le résultat est l’artwork que nous avons maintenant. Le son de l’album en lui même est assez sombre et froid, donc je pense que l’artwork le reflète bien. Tu sais à quoi t’attendre quand tu le vois.



Mon titre préféré est "The Circle", le dernier, dans lequel je ressens des tons sombres et occultes. Quelle est son histoire ?
"The Circle" a été un titre très dur à réaliser. C’est l’idée de Joe. C’était un titre long rempli de différents éléments qui étaient très cool individuellement mais qui n’allaient pas du tout ensemble. On a tourné autour du pot pendant un looooong moment pour essayer d’en tirer quelque chose mais on a fini bloqués dessus. Sur" Shattering Reflection" nous avons travaillé avec Francesco Paoli (Fleshgod Apocalypse) comme producteur, au bout d’un moment nous étions coincés et n’arrivions plus à avancer, heureusement il a pu nous aider. Il a pris l’enregistrement et l’a tourné dans tous les sens. On était bloqués sur le fait qu’on ne mixerait jamais les riffs différemment. On était coincés dans cette boucle et comme il n’était pas inclus dans le processus depuis le début, il avait les idées claires et a vu les possibilités que nous ne pouvions plus voir et a sauvé ce titre. Et "The Circle" était bouclé et je suis vraiment très content du résultat final. C’est également un de mes titres préférés sur l’album.

Depuis 2020, la crise du Covid-19 a un peu tout chamboulé, comment avez-vous géré la situation en tant que groupe ? Est-ce que ça a eu un impact sur l’album ?
On a fait comme on a pu. Il n’y avait pas grand-chose à faire de toute façon. C’était une période vraiment déprimante musicalement parlant, généralement aussi évidemment, selon moi tu peux clairement l’entendre sur l’album. Ces montagnes russes émotionnelles sont retransmises dans les chansons, c’est pour ça que l’album est plus dur et sombre. Les temps sombres créent de la musique sombre.

Avez-vous déjà des plans pour le futur, après la sortie de l’album ?
Jouer autant que possible, évidemment ! Nous sommes très motivés pour jouer nos nouveaux titres. On a de nouveaux concerts à venir et les festivals de cet été ne sont pas en reste. Une tournée pour l’année prochaine est également au programme, mais peu importe l’opportunité de jouer, si elle se présente nous la saisirons ! Nous voulons sortir à nouveau et retourner la scène !

En 2022 le groupe fête ses 15 ans, avez-vous des idées pour célébrer ça ?
Pas vraiment. En vrai personne n’y a pensé (rires). Maintenant que tu en parles, oui, c’est le 15ème anniversaire, c’est dingue ! Nous avons parlé de l’idée de faire un EP live l’année prochaine, vu que l’EP "Evil Invaders" va avoir 10 ans. Mais rien de concret pour le moment. Mais ça serait sympa de faire quelque chose de spécial !

Que peux-tu me dire de la scène metal qui t’entoure ?
La scène Metal est très très fidèle ! Quand il y a un concert en ville, les gens y vont et apportent leur soutien. S' ils ne connaissent pas le groupe ils vont quand même aller jeter un oeil et c’est génial ! Ce qui est génial à voir c’est qu' au fil des années tu vois de plus en plus de jeunes aux concerts également. C’est super de voir qu’ils s’intéressent à ce genre de musique et creusent davantage pour en apprendre plus sur d’autres groupes. La scène et la musique sont maintenues vivantes pour les années à venir et c’est vraiment génial à voir !

Tu penses que tu t’améliores toujours en tant que musicien ?
Oui, totalement! Je m’en suis vraiment rendu compte quand on répétait les nouveaux titres. On jouait quelques trucs de "Feed Me Violence" pour s’échauffer et je me suis rendu compte que des titres que je pensais durs à jouer étaient en fait assez faciles comparés à "Shattering Reflection". Il y a toujours possibilité de s’améliorer si tu veux tout savoir. La musique a vraiment un large spectre de styles et de capacités, c’est impossible de tout apprendre, mais tu peux toujours élargir tes horizons et t’améliorer. Tu ne seras jamais un parfait musicien et c’est cool parce que du coup tu ne t’ennuies jamais vu qu’il y a toujours de nouvelles choses à apprendre.

Quelles sont tes meilleures et pires expériences en tant que musicien ?
Je ne sais pas trop comment répondre à ça. Pour moi, être musicien est constamment génial ! Évidemment parfois il y a de mauvais moments, comme la pandémie, mais ces moments ne durent pas et tout va revenir à la normale ! Des hauts et des bas (rires). Je suis vraiment content de pouvoir vivre la vie que je vis.

J’ai eu la chance de vous voir deux fois, au Motocultor en 2017 et à Paris en 2019. Comment vous sentez-vous avant de monter sur scène ? Vous préférez les petites salles, ou les grosses scènes de festivals ?
Hell yeah (rires) ! Les deux sont géniaux. Évidemment se tenir sur de grandes scènes est incroyable, d’entendre le son passer à travers des immenses enceintes, mais dans les petites salles tu es plus proche du public et l’échange est plus intense. Donc oui, les deux sont de super expériences !



Qu’est-ce qui t’a mené au milieu du metal à l’époque ? Quel est le tout premier album que tu aies acheté ?
Ma mère a toujours aimé le rock et le metal et mon père est musicien de rock, donc l’influence était là dès le début. Je me souviens de fouiller dans les vinyls étant enfant et être mort de peur en trouvant "Bark At The Moon" de Ozzy. Le voir habillé en loup-garou m’a fait forte impression. Donc quand j’ai eu une dizaine d’années j’ai commencé à m’intéresser de plus en plus à la musique. Comme je faisais du skate à l’époque, la musique collait avec ça donc quand je sortais faire du skate, j’achetais des albums en promo avec l’argent de mon déjeuner. Qui a besoin de nourriture quand tu peux avoir Motörhead ? Donc le tout premier CD que je me suis acheté était "Best Of The Epic Years" qui est une compilation des titres des années 90 de Motörhead.

Que connais-tu de la scène metal française ? Quels groupes français connais-tu et apprécies-tu ?
La France a beaucoup de bons groupes. Je suis un grand fan de Sortilège et ADX. Mais il y en a plein d’autres comme Agressor, Hexecutor, H-Bomb, Skelethal, Attentat Rock, Furies, Mercyless, Blockheads, Iron Bastards, Loudblast, Massacra… Pour ne nommer qu’eux, mais je n’en ai pas d’autres qui me viennent en tête pour le moment.

Si je te demande de comparer la musique de Evil Invaders avec un plat, lequel choisirais-tu et pourquoi ?
Une pizza Pepperoni épicée ! C’est de la nourriture rapide et pleine de bons ingrédients qui te brûlent deux fois plus (rires) !

Y-a-t’il des artistes / groupes avec qui tu aimerais collaborer ?
Beaucoup trop pour tous les citer (rires). J’aimerais beaucoup travailler avec King Diamond, Lemmy (R.I.P), Gary Holt, Slash, Jon Oliva et Dave Lombardo par exemple. Ça serait vraiment génial et je pourrai en citer davantage. Il y a tellement de bons musiciens, ça serait super de pouvoir travailler avec tout le monde. Comme faire de la musique comme ils faisaient dans les années 80 avec le Hear’n Aid où tu avais tellement de bons musiciens de metal et rock ensemble sur un même titre. Ce serait mon rêve !

Dernière question : avec quels groupes aimerais-tu tourner ? Je te laisse créer une tournée avec Evil Invaders en ouverture et trois autres groupes.
Exodus et Obituary, pour sûr ! Je pense que ça serait un bon mix ! Mais ma tournée de rêve serait : Motörhead, Iron Maiden, King Diamond et nous (rires).

C’était la dernière question, merci beaucoup pour votre temps et votre musique, je vous laisse le mot de la fin !
C’était un plaisir ! Stay true, stay safe, mange tes légumes et fuck Poutine et sa guerre ! A plus !


Le site officiel : www.facebook.com/evilinvaders