Interview faite par mail par Liz

Bonjour Eilera, la première chose typique que je demande au groupe en premier lieu c’est de vous présenter en quelques mots, le groupe et les musiciens qui le composent. Comment est né Eilera ?
Eilera (chant) : Bonjour Liz ! C’est bien que tu me poses ces questions. Il y a eu beaucoup de confusion ces dernières années alors pour dire les choses clairement : EILERA n’est pas un groupe mais un projet solo. EILERA est mon nom d’artiste. J’ai démarré EILERA peu après avoir arrêté de fonctionner en groupe avec mon projet Chrysalis. J’étais fatiguée du fonctionnement de groupe justement, qui me prenait tellement d’énergie en écriture et en composition d’un côté, et en justifications auprès des membres de l’autre. Lorsque j’ai décidé de me consacrer à un nouveau projet j’en ai parlé à Loïc Tézénas, un guitariste avec qui j’avais joué à plusieurs reprises. Notre musicalité fonctionnait bien et nous étions amis. L’idée lui a plu et depuis le début j’ai travaillé de façon rapprochée avec Loïc. J’ai aussi travaillé avec de nombreux musiciens de studio et de live et avec certains d’entre eux je me suis réellement sentie proche. C’est le cas avec Jan Sormo par exemple ; le bassiste sur "Darker Chapter… And Stars" avec qui je tourne aussi. Loïc et Jan ont été ce qui se rapproche le plus de ‘bandmates’ pour moi depuis mes débuts dans la musique… Tous les musiciens qui participent à ce projet sont importants pour moi au final. Le caractère humain est déterminant lorsqu’on crée, enregistre ou joue de la musique. Je me sentirais seule si je travaillais uniquement enfermée avec moi-même dans un home-studio ! Et je pense que je passerais à côté de beaucoup de belles choses.

La deuxième question que je me suis posée pendant ma chronique, c’est pourquoi (si mes sources ne sont pas fausses) sortir la première partie de l’album en 2009, la deuxième partie de l’album en 2010 et finalement regrouper les deux parties en un seul et même album en 2011 ?
Ecrire, composer, arranger et mixer soi-même un album est une montagne de travail qui demande beaucoup de temps. Toutes les complications emmenées par Spinefarm et Universal pendant la période "Fusion" m’avaient éloignée de la musique. Je ne voulais pas m’enfermer à nouveau un an sur le nouvel album sans tourner. Alors j’ai réfléchi à une nouvelle idée, qui combinerait l’exploitation du digital, du site d’EILERA et du live, sur une période plus courte. J’ai exposé mes idées à ceux qui allaient être mes deux collaborateurs les plus rapprochés sur l’album, Loïc et Jan. Nous avons décidé ensemble de donner corps à cette idée. Entre les deux parties donc, et après la sortie de –Part2, nous avons pu tourner. Ces deux parties sont au final un seul et même album. C’était la suite logique de rassembler les deux sœurs sur CD.

Bien sûr, je vais m’en tenir au nouvel album sorti en 2011. Comment s’est passé l’enregistrement ? Les hauts, les bas, les difficultés… ?
EPIC ! Olala, quand j’y repense ! Je ne pensais même pas avoir autant d’énergie dans mon corps pour autant de travail. Mais grâce à Loïc surtout, Jan et les autres personnes qui ont contribué de leur talent, comme Max Lilja au violoncelle ou bien Hiili Hiilesmaa et Svante Forsbäck qui ont pris en charge le mix et mastering de –Part2, suffisamment d’énergie a pu être rassemblée pour accoucher d’un tel projet. Il faut un peu d’inconscience pour s’attaquer à ce genre d’album en home-studio. C’est comme se retrouver en bas de l’Everest et se dire "Pffff, bien sûr que je peux monter au sommet, je suis en forme aujourd’hui !". Et puis se rendre compte à mi-chemin que c’est loin d’être gagné. Qu’il va falloir progresser, travailler très dur, faire face aux inattendus techniques et humains, à ces propres lacunes, les combler… Et ne jamais baisser les bras. Pour moi personnellement le challenge était autant artistique que technique. J’avais décidé d’essayer autre chose avec cet album. D’écrire différemment, d’exploiter ma voix d’une autre manière, de laisser la part belle aux guitares. Je voulais un album qui se rapprocherait davantage de la tradition pure du rock et du metal. Je voulais que cet album sonne plus classique en sorte. Je voulais arriver à mélanger au mieux la testostérone et l’œstrogène et trouver dans ce mélange une force primale et moderne à la fois. Et je voulais rendre hommage à de belles personnes : celles qui ont visité le côté obscur de la vie sans jamais sombrer…. Les hauts dans tout ça ? Chaque petite avancée a été un haut. Finalement nous avons touché le sommet de l’Everest… Il m’a fallu du temps et du recul pour le réaliser… Trop peu d’oxygène là-haut j’imagine. Il m’a d’abord fallu redescendre.

Ce n’est pas votre première expérience en studio, quel épanouissement en retirez- à vous à chaque fois ? Est ce que les enregistrements se passent de mieux en mieux avec le temps et l’expérience ?
Chaque enregistrement a été différent. Il n’y en a pas eu de meilleur ou de pire. Plus j’apprends et plus je souhaite apprendre. Chaque futur enregistrement aura donc ses propres hauts et ses propres bas… Tant mieux. Il faut des épices pour relever un plat.



Etes-vous fiers de vous et de votre album ? Avez-vous atteint les objectifs que vous vous étiez fixés ?
Je pense que chaque personne qui y a contribué peut être fière d’elle. Nous avons finalement travaillé avec très peu de moyens. La force de cet album ne vient donc pas d’un travail de studio à 200 000e plein de gadgets ni de trucs de producteurs. Sa force vient des chansons elles-mêmes, de leur message et du coeur qu’a mis chaque individu pour leur donner vie. Je pense que "Darker Chapter… And Stars" occupera une place à part dans la discographie d’EILERA. Peut-être parce qu’il sonne justement davantage comme un album de groupe.

En rapport avec vos précédents albums, le petit dernier est-il plus mûr ?
Nous y avons appris beaucoup de choses. Les sujets des chansons sont engagés. Mais bon, je ne sais pas trop ce que veut dire "mûr" pour décrire un album. Il est prêt à être croqué, ça c’est certain.

Quelle est votre recette pour la composition des chansons ? Qui compose ? Qui écrit les textes, les arrangements… ?
En règle générale, j’écris et compose, puis arrange avec Loïc. Certaines musiques peuvent être proposées par Loïc, comme ça a été le cas par exemple avec la majorité de "Rob My Soul" et l’Intro de l’album. Les touches finales sont apportées par chaque spécialiste dans son domaine respectif.

Quels sont vos secrets de fabrication ? À votre avis quels sont les ingrédients pour qu’un groupe fonctionne ?
Je cherche à trouver le noyau pur de chaque chanson. Qu’il y ait une seule guitare avec ma voix ou des dizaines de pistes, mon objectif reste le même. C’est l’émotion primaire et centrale du morceau qui m’importe.
Pour qu’un groupe fonctionne, il faut de la complicité, de l’honnêteté, de l’amitié, de l’humilité et de la patience, un grand sens des responsabilités ; que toutes les choses plus pratiques fonctionnent elles aussi. Et lorsque les sexes sont mélangés, alors il vaut mieux que chacun ait une vie privée épanouie. Afin que le privé et le professionnel restent clairement séparés.

Vos influences et sources d’inspiration ?
La Nature, les gens et les évènements qui m’entourent. La vie.

Est-ce que la scène vous plaît ?
Beaucoup ! Je souhaite en faire beaucoup plus.

Que vous apporte le public ? L’attention que vos fans vous porte fait-elle partie de votre épanouissement personnel ?
Le public m’apporte de l’énergie. Un boulanger met du cœur à l’ouvrage. Un client revient dans son magasin et lui raconte qu’il s’est régalé avec sa baguette ou avec sa tarte au citron. Le boulanger en sera heureux et satisfait, il continuera de faire du bon pain pour son client. C’est la même chose pour moi. Lorsqu’un fan est heureux de ce que je lui ai apporté et qu’il me soutient, qu’il investit de son argent et de son énergie, alors je suis à même de lui apporter plus, en y mettant tout mon cœur. Je pourrai financer des concerts parce que mon public a acheté mon album. Je pourrai réaliser un nouvel album, parce que mon public sera venu aux concerts, et au-delà de tout ça me réaliser moi-même en offrant ce que je suis aux autres.

Que préférez-vous entre la scène et les studios d’enregistrement ?
J’aime les deux. C’est un travail différent, complémentaire et également riche.

Où préférez-vous jouer ? En France ? À L’étranger ?
Jusqu’à présent j’ai apprécié chaque expérience. J’ai ressenti quelque chose plus fort en France parce que c’est mon pays. Lorsque des personnes du public en France me disent être fières d’avoir un tel projet dans leur pays, ça me rend très heureuse.

Des concerts, dates et tournées sont prévus ?
A partir de Janvier, si tout va bien.



Je vais vous poser des questions plus personnelles. Etes-vous un groupe soudé ? Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Il est plus question d’artiste solo que de groupe comme je l’ai expliqué. Mais il y a eu des liens forts sur chacun des albums et en particulier sur "Darker Chapter… And Stars" avec Loïc et Jan. Soudés ? Oui. Après tellement d’années à collaborer avec Loïc et des expériences fortes avec Jan. J’ai rencontré Loïc en 1998 et nous avons commencé à jouer de la guitare ensemble à cette époque. Je sortais de l’école classique et j’avais demandé à Loïc de m’enseigner les rudiments de la technique metal. On a séché pas mal de cours à la Fac pour jouer ensemble ! Et puis je lui demandé de remplacer le guitariste de Chrysalis lorsqu’il était absent. Nos premiers enregistrements home-studio ensemble datent de cette époque. 15 pistes de guitares par morceaux enregistrés sur les premiers logiciels de studio ! Haha… Quant à Jan je l’ai rencontré à Helsinki lorsque j’y résidais. Il était l’élève d’un ami à moi à l’école de musique Sibelius. Il me l’a recommandé, nous nous sommes rencontrés autour d’un café, puis je l’ai auditionné pour des dates en Finlande. Après avoir joué les dates, nous avions créé des liens qui allaient au-delà du travail. Jan m’a demandé s’il pouvait poursuivre l’aventure avec moi et j’ai été heureuse d’accepter.

Quel style de musique vous avez pour habitude d’écouter ? Le style varie beaucoup entre vous ?
Loïc et moi aimons Avril Lavigne en secret. Haha ! Jan a probablement ses secrets aussi… Hum… Il faudra que j’enquête ! Sinon oui, des basiques et des moins basiques : de Iron Maiden à In Flames, en passant par HIM, Apocaliptica ou Tori Amos, Björk ou The Gathering, PJHarvey, Metallica, Devin Tounsend pour Loïc, les classiques du rock… De mon côté le folk Irlandais, Dire Straits, ou n’importe quel artiste qui m’accrochera à vrai dire. Dans la rue, dans un pub… Je dois quand même souligner aussi que Jan et moi-même sommes le meilleur chœur du monde lorsqu’il s’agit de chanter "Two Minutes To Midnight". Surtout en fin de soirée !

Jusqu’où voulez-vous aller avec votre groupe ? Est ce un projet professionnel ou juste une simple passion ?
Une passion professionnelle.

Que représente la musique pour vous ?
Mon oxygène, ma folie et ma stabilité.

Quels sont les futurs projets pour Eilera ?
Passer de nouvelles alliances afin de pouvoir donner davantage au public : plus de concerts et de nouveaux albums. Mon projet principal, c’est de poursuivre l’exploration.

Qu’avez-vous envie de dire à tous les fans qui vous écoutent ?
Donnez-moi la main. Le voyage ne fait que commencer… Et attachez vos ceintures !

Que pouvons-nous vous souhaiter pour la suite ?
De la chance !

Des choses à rajouter ?
On a fait le tour, n’est-ce pas ? Et mon poisson est cuit. Alors à bientôt !

Merci Eilera de m’avoir accordé cette interview pour French Metal. Je vous souhaite une bonne continuation dans votre musique et à bientôt sur les routes.
Merci Liz. Une interview aussi dynamique est bien agréable. Eilera.


Le site officiel : www.eilera.com