Interview faite par mail par Rm.RCZ

Tout d’abord, Dr. Living Dead! a vu le jour en 2007. “Dr. Vampire” ou “Dr. Dead Nurse” comme nom ça aurait été trop mainstream ?
DRxRAD (basse / chant) : Il y a de cela en effet ! L’idée première à l’époque était de faire quelque chose qui sortait du lot donc cela supposait quelque part d’avoir un nom assez étrange. De toute façon, ne le cachons pas, chaque nom de groupe hyper cool ou presque est déjà pris ! De là, difficile d’avoir autre chose qu’un pseudo étrange (rires). Ce qui me force à penser qu’en entendant “Dr. Living Dead!”, certains doivent se dire “Mais putain c’est qui ces guignols ?! C’est vraiment n’importe quoi”. Mais une fois qu’ils nous auront écouté et compris ce personnage qu’est le Docteur, cela prendra sens dans leur petite cervelle et “Dr. Living Dead!” ne paraîtra plus aussi absurde que cela… Et objectivement, comme le personnage du Doc est partout dans notre univers, qu’il est omniprésent sur les artworks de nos albums, dans nos paroles etc. finalement cela fait un peu comme Maiden avec Eddie. Alors là-dessus, on ne peut pas trop critiquer nos choix... D’ailleurs, en parlant mascotte, le personnage du Docteur vu le jour bien avant que nous trouvions le nom du groupe. Alors “Dr. Living Dead!” parce que c’est absolument pas mainstream, que cela nous ressemble et que ça sonne stupide dans les oreilles des gens ! (rires)

Plus sérieusement, dix ans après, Dr. Living Dead! est toujours là. Quelle fut l’étape la plus compliquée à franchir pour le groupe en cette décennie de carrière ?
Je pense que le plus grand défi de l’histoire de DR. LIVING DEAD! fut celui le plus compliqué qui puisse exister dans le parcours de n’importe quel groupe : un changement de line-up. C’est une étape très compliquée à gérer : il faut intégrer de nouveaux membres, continuer d’avancer malgré tout, trouver l’inspiration pour de nouvelles compositions, donner de bonnes prestations en live etc. Un groupe, en quelque sorte, est un combat permanent dans lequel tu t’investis corps et âme mais dans lequel tu investis également beaucoup d’argent et de temps. Mais au final, ce groupe, c’est comme une partie de toi, quelque chose que non seulement tu veux faire mais aussi que tu dois faire. Faire vivre son groupe est un défi à chaque seconde, et quand j’y pense c’est assez dingue que nous ayons déjà tracé dix ans ensemble. Quand tu pense à tous ces groupes qui se forment partout dans le monde à chaque instant, probablement que seulement 1% de ceux enregistrant actuellement un album en enregistreront encore trois autres derrière. En cela, nous avons beaucoup de chance de mener notre carrière comme nous le faisons. Bien que certaines choses ne furent pas faciles évidemment...

Un peu dans le même genre d’idées, et pour finir notre panorama de présentation, Dr. Living Dead ! a sorti quatre albums et quelques autres jets. Pour toi quelle fut la plus marquante ou la plus importante de ces sorties ?
C’est une question très compliquée… Chaque album est le fruit d’une époque, il représente une mentalité, un esprit qui était celui de la période de sa composition. Et si chaque album est unique il est également aussi important qu’un autre. Chaque album de DR. LIVING DEAD! a été le plus important au moment de sa création, de sa sortie et bien évidemment dans les mois qui ont suivi celle-ci. Mais si vraiment il fallait désigner une sortie studio du DR. LIVING DEAD!! comme la plus marquante de l’histoire du Doc, je dirais qu’il s’agit de la première démo. Aussi étonnant que cela puisse paraitre et aussi crade que puisse sonner cette démo, je pense que c’est la chose la plus importante que nous ayons fait avec DR. LIVING DEAD!. Elle restera toujours chère à mon cœur, ne serait-ce car pas mal de titres la composant sont toujours ceux qui restent le plus facilement dans la tête des gens. De vraies petites saloperies ! (rires) Plus sérieusement, la première réalisation studio est toujours la plus spéciale car c’est "nouveau", le groupe sort du silence. Mais je ne dirais pas pour autant qu’il s’agisse de notre meilleure production bien que celle-ci ait un certain charme dont je ne me lasse pas.



Quoi qu’il en soit, tu n’en as pas marre que, dans la plupart des esprits, Dr Living Dead! soit synonyme de paroles influencées par les films des années 80 ou louant un culte au thrash metal ?
C’est clair que c’est une présentation des choses assez simplifiée ! Bien que je ne peux clairement pas contredire les gens pensant ainsi, je vais juste préciser un peu plus nos paroles (rires). Sur le premier album, pas mal de titres abordaient des univers de films, pas seulement horrifiques, mais surtout des nanars d’actions bodybuildés ou des trucs du genre. Sur les deux albums suivants, “Radioactive Intervention” et “Crush The Sublime Gods”, seule une chanson faisait directement référence à un film (“They Live !” et “Scanners”). A partir de ces albums, la majorité des paroles est liée directement au personnage du Docteur et plus précisément aux situations merdiques dans lesquelles il peut se retrouver ! (rires) Sur le nouvel album, “Cosmic Conqueror”, les lyrics sont basées autour du concept selon lequel le Doc a été transformé en intelligence artificielle, en cette espèce d’ordinateur surpuissant qui peut infiltrer le “cyberspace” et nous contrôler tous. Du coup, avec tout ce délire SF, l’album est très cyberpunk dans l’âme. Quoi qu’il en soit, je ne pense pas vraiment que les textes de DR. LIVING DEAD! soient vraiment humoristiques ou l’aient un jour été. C’est une erreur commune, simplement car un jour nous avons eu l’idée de faire une chanson totale débile et qui ne voulait absolument rien dire avec “ Kindergarten Cop”. Alors quelque part, je comprends qu’on ne nous prenne pas trop au sérieux, mais nous sommes un groupe sérieux avec de "vraies" lyrics. Enfin, y a vraiment un message quoi ! (rires)

Il y a deux ans, Dr. Living Dead! sortait “Crush The Sublime Gods”. Que retiens-tu de cet album ?
Pas mal de titres présents sur cet album furent instantanément des gros coups de cœurs pour nos fans et surtout pour chacun d’entre nous. D’ailleurs, je ne nous vois pas les supprimer des setlists live, cela n’aurait aucun sens face à l’accueil qui leur est fait. Plus personnellement cette fois, tout était en quelque sorte nouveau pour nous avec cet album. Nous venions d’intégrer deux nouveaux membres, nous travaillions avec un nouveau producteur, un nouvel album et tout le bazar. C’était une expérience assez unique mais qui, quelque part, a forgé davantage DR. LIVING DEAD!. Je retiens donc de “Crush The Sublime Gods” ce que je retiens de chaque album : que nous pouvions apprendre à chaque instant et que peu importe la préparation, il peut toujours y avoir un moment où tu dois improviser dans l’urgence ! (rires) A ce sujet, pour être tout à fait franc, j’aurais, bien évidemment, aimé avoir un ou deux mois en plus pour travailler sur cet album. Un peu de temps en plus afin de tester d’autres idées, mais “Crush The Sublime Gods” est ce qu’il est aujourd’hui. A l’époque, nous avions tout donné et fait du mieux que nous le pouvions avec les moyens et le temps que nous avions. A l’heure actuelle, tu ne peux pas savoir à quel point c’est compliqué de réunir ces deux facteurs. Alors oui, j’aurais certainement changé quelques détails à cet album. Mais sans ces détails “Crush The Sublime Gods” ne serait pas “Crush The Sublime Gods”.

Pour en venir à l’actualité du Doc, “Cosmic Conqueror” votre quatrième album vient de sortir. Que dire de celui-ci ?
“Cosmic Conqueror” est un album plus qu’énervé, nous y avons mis toute notre énergie pour que celui-ci soit le plus dynamique et agressif possible. Nous avons essayer de garder cette idée brute de notre musique dans notre façon de composer afin que tout cela découle de l’album puis nous avons simplement enregistrer celui-ci le plus "directement" possible donc pas mal de prises ont été réalisées alors que nous jouions tous ensemble et non par de la post-production. “Cosmic Conqueror” devait sonner comme un groupe qui joue, avec toute la hargne qui peut accompagner cette prestation "live" en quelque sorte. Nous ne voulions pas user de ces processus avec des ordinateurs, comme une batterie digitalisée, qui bien souvent viennent totalement bousiller le son et l’énergie qui ressort de ton morceau. Alors “Cosmic Conqueror” est brut et agressif dans son rendu. Ce qui colle plutôt bien au concept qui peut être vu comme une dystopie à travers laquelle il y aurait une critique de l’époque numérique que nous traversons. Mais “Cosmic Conqueror” est un concept de SF à part entière, DR. LIVING DEAD! ne se contente pas de dire “Internet is bad, motherfucker !” sans raisons, nous développons notre univers pour nourrir cette critique.

Musicalement cette fois, comment appréhender “Cosmic Conqueror” ?
Comme je le disais il y a quelques secondes, “Cosmic Conqueror” est un album très agressif et "rentre-dedans". Tout comme DR. LIVING DEAD!, “Cosmic Conqueror” sonne donc résolument thrash mais est très hardcore dans l’attitude. Toutefois, avec “Cosmic Conqueror” nous avons également tenté des expérimentations, notamment en ce que nous avons essayé de composer dans différents tempos afin que l’album ne se soit pas répétitif. A ce propos, je dois t’avouer que, personnellement, j’ai beaucoup de mal à réécouter notre premier album car il est beaucoup trop rapide. Quoi qu’il en soit, je pense que le crossover est la meilleure définition à poser sur le groupe comme sur ce nouvel album. Mais soyons honnête, peu importe comment les gens nous définissent, dans quelle(s) case(s) ils nous mettent, cela reste du DRxLDx. Et c’est tout ce qui importe !

Tu parles d’expérimentations, je présume que l’interlude “Into The Eye” en fait partie ?
Oui et non. Non car nous avions fait quelque chose de semblable sur “Crush The Sublime Gods” et qu’à l’époque, les retours étaient positifs et que les fans semblaient avoir aimé ce genre d’interludes. Mais oui car l’interlude de “Cosmic Conqueror” va bien plus loin que celle de “Crush The Sublime Gods”. En ce sens, nous avons ajouté de la batterie et de la basse dans l’interlude. Je pense que cela apporte un petit changement d’humeur face au reste du disque et c’est tout à fait différent de ce que les autres titres de l’album proposent, je te l’accorde ! (rires)



Toute à l’heure, nous évoquions rapidement le concept de “Cosmic Conqueror”. Le titre de cet album est-il directement en rapport avec celui-ci ?
En fait, j’avais une très longue liste de titres d’albums, mais finalement nous avons décidé d’utiliser le titre d’une des chansons comme titre d’album. Et je pense que “Cosmic Conqueror” illustrait le mieux l’esprit et le concept de “Cosmic Conqueror” justement. La chanson “Cosmic Conqueror” retrace l’épopée du Docteur en tant que bactérie alien infectant chaque individu entrant en contact avec lui. Pour prendre un exemple historique, c’est un peu comme lorsque les natifs latino-americains entrèrent en contact avec Cortes et les autres conquistadors et qu’ils tombèrent tous malades. Sauf, que cette fois, la maladie et la contagion viennent de l’espace ! Quoi qu’il en soit, “Cosmic Conqueror” est le début de l’aventure retracée par ce nouvel album, quelque part il était donc assez logique que l’opus tire son nom de ce titre en particulier.

Qu’en est-il de l’artwork mais également de tout le côté enregistrement-mastering de ce “Cosmic Conqueror” ?
L’artwork de "Cosmic Conqueror" a été dessiné par Sebastien Ecosse. Nous lui avons fait part du concept autour duquel gravite l’album puis il a eu carte blanche. De ce fait, l’artwork représente le Doc comme cette intelligence artificielle surpuissante contrôlant les chaînes d’informations mondiales. Pour l’anecdote, cet artwork est le premier à ne pas être dessiné par notre ancien chanteur DRxAPE. Maintenant, s’agissant de l’enregistrement et du mastering : nous avons laissé notre batteur, DRxSLAM, s’occuper de coucher sur bandes les parties batterie pour économiser du temps et de l’argent. Nous avons enregistré tout le reste aux Studios Rovljud à Örebro (Suède) avec Martin Jacobson. Pourquoi Martin Jacobson ? Car nous avons fait appel à lui pour “Crush The Sublime Gods” et qu’il avait fait un taf incroyable. L’enregistrement et le mastering se sont donc passés exactement comme pour cet album, à l’exception près que cette fois nous étions dans son propre studio. Mais l’expérience n’en a été que plus intéressante et enrichissante. Avec le temps nous sommes devenus de bons amis et travailler avec lui est toujours un plaisir !

Pour doucement appréhender la fin de nos questions-réponses, il y a peu sortait le clip “Terror Vision”. Pourquoi ce titre et non l’éponyme par exemple ?
Nous avons choisi “Terror Vision” justement car ce titre sonnait très différemment de la piste éponyme qui, elle, a servie, très logiquement, de single pour ce nouvel album. Nous avons également pris en compte le fait que les deux derniers clips que nous avions réalisé étaient vraiment très speed et puaient le thrash à des kilomètres à la ronde. Nous voulions donc montrer une autre facette du DR. LIVING DEAD!, ce qui explique le choix de faire de “Terror Vision” un clip. En plus, “Terror Vision” est assez facile à mémoriser, elle contient pas mal de refrains et de trucs assez accrocheurs. A tel point que “Terror Vision” aurait largement pu servir de single. Si quelqu’un crache sur cette chanson parce qu’elle n’est pas tarée ou rapide à en crever, j’en ai strictement rien à faire. Ca me fait même marrer... D’ailleurs, ce serait assez drôle de voir la tête d’un gars qui me sortirait ça quand je lui répondrais “Et alors ?! Va écouter autre chose connard. (rires) Après, je peux sortir les mêmes vacheries quand on nous compare à Suicidal Tendencies. Si on m’avait filé un dollar à chaque fois qu’un trouduc nous a comparé à Suicidal Tendencies, je serais riche depuis bien longtemps. Nous avons toujours été influencés par Suicidal Tendencies et nous en sommes plutôt fiers, mais nous ne sommes pas Suicidal Tendencies. Nous sommes DR. LIVING DEAD!. Mais pour en revenir à “Terror Vision”, le clip a été filmé par notre ami Jimmy Johansson. Toutes les prises ont été faites en une seule journée sous des conditions, disons-le, assez stressantes. Mais finalement le résultat est pile celui que nous voulions. Jimmy aime beaucoup travailler à l’ancienne, ce qui tombe plutôt bien car que ce soit autant musicalement que visuellement, DR. LIVING DEAD! aime également travailler à l’ancienne...

Le dernier mot est le tien…
Prenez le temps d’écouter le nouvel album de DR. LIVING DEAD! en espérant qu’il vous plaise. Et si jamais ce n’est pas le cas, venez-vous en plaindre sur nos réseaux sociaux, c’est plutôt marrant ! (rires)


Le site officiel : www.facebook.com/drlivingdeadofficial