Interview faite par mail par Petebull

Salut Arnaud, une petite présentation de Drifting Breed s'impose !
Arnaud (guitare) : La question tant redoutée! (rires) DRIFTING BREED se compose de Nico (chant), Mikaël (guitare), Jérémie (basse), Jonathan (batterie) et Arnaud (guitare). Le groupe s’est formé en 1999 sous le nom de No Way Out, sans réel but ni style très défini… En 2001 nous avons adopté le nom DRIFTING BREED, recruté Nico au chant et opéré un virage dans notre manière de composer pour nous orienter vers la musique que nous pratiquons maintenant. En 2003, Jérémie et John ont renforcé nos rangs et depuis le line-up n’a pas bougé. Musicalement nous jouons une musique inspirée par tout le metal qui nous a fait kiffer, principalement dans les années 90 et 80 : du thrash, du hardcore, du death etc. En tout cas, on aime ce qui est violent, groovy et mélodique. Textuellement, c’est très personnel, parfois introspectif. Toujours biographique ou autobiographique et surtout et avant tout : honnête.

Pourquoi "Drifting Breed" ?
Mot pour pour mot, DRIFTING BREED signifie "espèce à la dérive". J’ai trouvé ce nom tard un soir alors que j’attendais mon train dans une gare glauque entouré de S.D.F., de lascars et de crevards en tous genres. "DRIFTING BREED" c’est ma vision de l’évolution de l’espèce humaine, à savoir qu’elle se barre en couille. Mais ça peut aussi s’appliquer au monde du metal en général ou à nous 5 en particulier. Disons que je suis pessimiste de nature (rires). Nous sommes 5 types normaux qui aimons rire, faire la fête, nous amuser, faire de la zic mais nous avons tous nos squelettes planqués dans un placard et le jour où ça ressort sous la forme d’une chanson ou d’un texte ça fait mal. C’est parfois presque à la limite du déviant. Et c’est mieux comme ça, on peut tuer ses démons ou une personne plus facilement avec des mots et une chanson qu’avec un calibre.

Votre style a pour influences majeures le hardcore et le metal, avez-vous tous grandi au son de ces groupes-là ?
Tout a fait. Nico a commencé le metal au début des années 80 avec les premiers Slayer et Metallica, ainsi que d’autres trucs moins avouables (rires). Nous autres sommes plus marqués par les années fin 80 – début 90 : Slayer, Pantera, Sepultura, Machine Head. Du death aussi : Cannibal Corpse, At The Gates, Death, Morbid Angel. Pour ce qui est du hardcore on en écoute aussi mais on n’a pas vraiment grandi avec ce son. Quoique Biohazard, Pro-Pain, Crowbar, Madball et Life Of Agony ont très fortement marqué certains d’entre nous (et encore ce sont des groupes assez metal que j’ai cités)… Quant aux groupes plus récents… on en aime certains mais la plupart sont insipides et même ceux qu’on aime ne sont en aucun cas des influences, surtout pas Hatebreed (faut arrêter les comparaisons à deux balles juste parce qu’on partage une partie du patronyme…). Plutôt qu’écouter Arkangel ou Heaven Shall Burn, je préfère mille fois un bon vieux HxC old school du style Crow Mags ou MinorTheat ! Mikaël ne serait pas d’accord mais bon… (rires).

Comment nous décrirais-tu votre maxi "Hope Hereafter" ?
"Hope Hereafter" est un recueil de titres composés entre 2002 et 2004. Il représente les fondations de ce qu’on espère être un futur édifice (rires). Vous y trouverez 4 titres et une intro. Musicalement, c’est violent et groovy comme je te l’ai dit plus haut mais nous n’avons pas négligé la mélodie pour autant. Ainsi, nous avons incorporé pas mal d’ambiances aux compos en utilisant des instruments éxotiques comme le duduk ou des petits plus au niveau de la guitare comme le e-bow qui permet de créer des sons très intéressants, comme un larsen angélique, au sustain infini. Si vous êtes amateurs de gros riffs, vous aimerez probablement ce CD, si en plus vous appréciez la diversité avec des soli de guitare et des ambiances, vous risquez de vraiment accrocher… Je pense que la production est puissante également, ce qui est indispensable pour un groupe qui évolue dans un style violent. Dernière chose, si vous êtes sensibles aux textes (en anglais pour le coup), n’oubliez pas de les lire… J’y ai mis tout mon cœur et j’aimerais savoir ce que les gens perçoivent en les lisant. Jusqu’à maintenant, seul un chroniqueur a compris l’état d’esprit des lyrics.

Comment et avec qui s'est déroulée la production ?
C’était aux studios Z-Factory de L’Hay-les-Roses (94) avec Ben et c’était génial ! On s’est vraiment éclatés et cette étape décisive a vraiment resserré les liens qui nous unissaient déjà. Nous avons passé environ 4 journées et demi a enregistrer et presque 3 à mixer. Ce que j’apprécie particulièrement, c’est le fait que nous n’ayons utilisé aucun ordi, aucun logiciel, aucun artifice moderne qui fait que beaucoup de groupes actuels sonnent pareil, avec une batterie qui mitraille comme une M60 et des guitares qui ont un son de calculette (rires). Nous sommes de fervents défenseurs du son naturel et analogique. Sinon, concernant le processus, c’était assez classique : batterie puis basse. Ensuite les guitares (chacun son tour, pas toutes les rythmiques puis tous les leads.), après le duduk et le djembé sur l’intro et enfin le chant et les chœurs. Nous avons enregistré sur notre matériel à savoir Mapex Saturn Pro pour la batterie, la basse custom artisan sur un pod, les guitares Lag et Gibson respectivement sur une Mesa Boogie Dual Rectifier et une Engl Fireball.

Peux-tu nous en dire plus au niveau des thèmes et des textes ?
Avec Plaisir, "Hope Hereafter", le titre éponyme parle des sacrifices qu’engendrent le fait de s’investir à 100% dans un groupe. Ca prend énormément de temps, on y perd beaucoup d’argent et d’amis aussi. Et ça a souvent d’énormes répercussions sur la vie privée. Il y a donc des choix très douloureux à faire. "Almost A Stranger" parle de la trahison et des personnes qui jouent double jeu en général. Je l’ai écrite en pensant à une personne en particulier qui mériterait d’être gavée de laxatifs avant d’être pendue par les pieds et de s’étouffer avec sa propre chiasse gniark gniark ! "Waste Game", le jeu du gâchis est l’exemple à ne pas suivre. A savoir gâcher des années de sa vie en gambergeant, en remettant tout au lendemain, en arrêtant stupidement ses études sans pour autant réellement s’impliquer dans le monde du travail puis finir scotché devant un écran de PC à rien foutre de 14h à 5h du mat tous les jours en se gavant d’hypnotiques, d’anxiolytiques, de myorelaxants, d’alcool et de stupéfiants en tous genres. "Some Reasons To Kill Me" a été écrit par Nico, c’est un délire mégalomaniaque, un mec qui choppe la grosse tête et qui se prend pour un leader révolutionnaire. La fin est plus ironique puisqu’il invite les gens à nous suivre. Il y a toujours de l’ironie voir de l’humour dans nos textes, en tout cas toujours une lueur d’espoir derrière l’apparent désespoir. Et comme je te le disais plus haut, les textes sont 100% honnêtes et basés sur du réel. Le but principal étant de faire passer des émotions, de faire vibrer celui qui les lira mais libre au lecteur de l’interpréter à sa guise. Après, en ce qui me concerne, j’écris car l’écriture possède des vertus cathartiques et pondre un texte coûte moins cher et se révèle probablement plus utile que d’aller chez le psy (rires).

Comment a été accueilli le maxi par la presse et par le public lors de vos quelques prestations ?
La presse nous accueille avec un énorme enthousiasme, à notre grande surprise. Nous croyons en ce que nous faisons mais on ne s’attendait pas à de tels retours. Sur une quarantaine de chroniques (et c’est pas fini), il y en a une négative et deux mitigées. Le reste varie de bon à ultra super méga bon (rires). Les quelques personnes qui ont acheté notre CD pour l’instant sont sur la même longueur d’onde que la presse. Ils adorent. Et merci à eux d’ailleurs. En live ça s’est toujours bien passé même si on n’a jamais eu l’occasion de jouer devant de grosses assistances, on a toujours eu des échos positifs sauf lors d’une date à Curial mais c’était mérité. On est passés complètement au travers de ce concert, pour différentes raisons qui nous sont directement imputables. Mais on s’est rattrapés depuis, notamment le 8 Juin à l’espace B où on s’est éclatés et où nous avons rectifié les erreurs de Curial.



Vous avez finalement fait assez peu de dates depuis vos débuts... une raison ? Allez-vous remédier à cela ?
La raison : les changements de line-up incessants entre 2001 et 2003 principalement. Puis nous avons été occupés à retravailler le set avec les nouveaux membres, à composer de nouvelles chansons et à enregistrer le CD. On a commencé à jouer un peu plus régulièrement depuis la fin 2004. Mais nous sommes en train de démarcher pour tourner un max à partir de la rentrée et ce jusqu’aux vacances d’été 2006 car on adore le live et on en a été sevrés pendant trop longtemps.

Un maxi sert souvent à "tâter le terrain" avant de sortir un album, est-ce votre cas ?
Tout a fait. Tâter le terrain et aussi acquérir de l’expérience. On va s’en servir pour se faire un petit nom et paver le chemin vers un premier album qui, je l’espère, verra le jour en 2006. Si tout ne se passe pas bien, nous sortirons peut-être plutôt un deuxième maxi. En tout cas, on ne se pressera pas pour signer sur le premier label venu. On ira là où on veut vraiment de nous et où on sera sûrs de la qualité du travail de l’équipe. En attendant, on restera en autoprod, même si ça doit durer dix ans ! (rires)

Penses-tu que la nouvelle vague "metalcore", comme il y a eu la vague "néo metal", peut être bénéfique ou pas pour Drifting Breed ?
Une mode, par définition, est condamnée à mourir. Donc j’espère que nous n’en fassions pas vraiment partie car je n’ai pas l’intention que le groupe disparaisse dans 6 mois (rires). Mais effectivement, comme cette vague metalcore comporte des grosses similitudes avec ce que nous faisons, je pense que ceux qui en sont fans peuvent s’intéresser à notre musique. Ceci dit, je ne trouve pas que nous sonnions comme tous ces groupes à la mode, surtout pas comme Hatebreed (que j’aime bien cependant), ni comme Caliban, Heaven Shall Burn and co. On sonne plus old-school je pense, plus thrash et moins orientés mosh à tout prix. Vous verrez bien sur les nouvelles compos…

D'ailleurs, n'y vois-tu que du bon dans cette nouvelle vague ?
Non justement, comme dans toutes les nouvelles vagues il y a des groupes qui initient le mouvement et qui sont percutants et d’autres qui sont plats et sans intérêt. Ceci dit, je pense que ce phénomène metalcore peut permettre à certains de (re)découvrir les origines de ce mouvement, à savoir le thrash, le hardcore et le death des années 80-90. Et puis il ne faut pas oublier que le metalcore existe depuis bien plus longtemps grâce a des groupes comme Spudmonsters, Life Of Agony, Biohazard ou encore S.O.D. Simplement, à l’époque on parlait de crossover…

Cette interview touche à sa fin, quels sont tes groupes du moment ?
Life Of Agony, le dernier album est une tuerie. End of Days : c’est ultra efficace a défaut de révolutionner quoi que ce soit. Raging Speedhorn a sorti une grosse tuerie bien rock ‘n’ roll aussi. Le nouveau Dew Scented est monstrueux. Sinon j’aime bien l’album de Bloc Party et je réécoute pas mal d’anciennetés death, thrash, stoner etc.

Un message à faire passer, je te laisse la parole !
Soyez curieux de toute nouveauté et soutenez la scène Française. Goûtez à Drifting Breed et faîtes vous votre propre opinion : www.driftingbreed.com. Si vous accrochez, n’hésitez pas à nous le faire savoir et si vous avez des problèmes pour vous procurer notre CD, contactez nous ! Nous serons en concert le 26 Août prochain au Club (Paris Châtelet). Enfin, merci à tous ceux qui nous soutiennent et aux personnes chères à nos cœurs…

Merci de m'avoir accordé cette interview et bonne chance pour la suite.
Merci à toi ! Bonne continuation à French Metal et à bientôt car on passera te donner de nos nouvelles de temps à autres ;) !


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