Interview faite par mail par Gloomy et Petebull

(Gloomy) Hello ! Pour commencer, merci d’accepter de me consacrer un peu de temps afin de répondre à cette interview ! Mes excuses pour cette première question très classique, mais néanmoins nécessaire en temps que jeune groupe : pourriez-vous décrire Diary Of Destruction et sa musique en quelques mots.
Audrey Ebrotié (chant) : Mais merci à vous pour cette interview ! Pas de souci. Alors on est un groupe lillois, né fin 2007 et aujourd'hui composé de Johan Debacq à la batterie, Nicolas Sallerin à la basse, Max Delassus à la guitare, Gabriel Misiurny dernier arrivé à la guitare aussi et moi-même au chant. Pour retracer rapidement notre parcours, on a effectué plus de 50 dates à travers la France et la Belgique, on a sorti une première démo 3 titres en Janvier 2009, puis un EP en Novembre 2011, et notre premier album a vu le jour le 19 Avril 2013 sous le label Savage Prod / Season Of Mist.

(Petebull) Le groupe en est à sa version 3.0 il me semble, pourriez-vous nous présenter les derniers membres arrivés ? Comment ont-il été recrutés et dans quelles circonstances ?
A.E : Haha ! Oui, c'est joliment dit ! On est en fait arrivés à une certaine stabilité au sein du groupe, et à une cohésion parfaite.
Johan Debacq (batterie) : Donc je vous présente Nicolas Sallerin à la basse, 26 ans, il a fait aussi partie du groupe de rock / metal lillois Six Days After. Nous avons Max Delassus à la guitare, 28 ans, il a divers projets annexes comme And The Weakest Fall, diplômé du CMA de Valenciennes, il est aussi professeur de guitare. Et le dernier arrivé, Gabriel Misiurny, 25 ans, aussi diplômé du CMA de Valenciennes, de bons bagages aussi derrière lui dans divers projets metal, rock, etc... Ils ont été recrutés tout simplement via les annonces que nous avons posté sur Internet, puis ont eu droit à une petite audition pour confirmer leurs compétences, et voir si le côté humain passait bien. Et au final, on est plutôt satisfaits du résultat ! Comme le disait Audrey, il y a une excellente cohésion musicale et humaine entre nous, on sent enfin qu'on va tous dans le même sens, et ça avance tout de suite plus vite !

(Petebull) Le changement musical est assez radical entre l'EP et l'album, à quoi est-il dû ? Une envie d'explorer une nouvelle voie ou tout simplement l'évolution de vos goûts musicaux respectifs ?
A.E : Radical ? Je ne sais pas ... le changement est évident en tous cas, c'est sûr ! Je pense que c'est principalement dût au fait que le projet ainsi que les membres qui le composent ont gagné en maturité et en expérience. Il y avait aussi la crainte de tomber dans le fameux cliché du "groupe à chanteuse", celui où quand tu écoute, tu te dis : "Ouaip, baaah c'est un groupe à chanteuse quoi !" (rires) On ne voulait pas que la présence d'une voix féminine génère un frein ou une gêne pour le côté instrumental. Du coup, le chant saturé s'est présenté à moi tout naturellement. Nos goûts musicaux en effet ont évolué vers quelque chose de plus brutal, tout en recherchant toujours cette dualité entre puissance et mélodie. Le metalcore du coup est parfait pour ça !

(Petebull) Ce changement est aussi perceptible au niveau du chant, notamment avec le "grunt". Est ce que cela a déstabilisé vos fans de la première heure ? Et quels groupes (ou vocalistes) vous ont confortés dans ce choix ?
A.E : En fait, non, je n'ai pas l'impression qu'ils aient été déstabilisés. Après ceux à qui cela n'a pas plus ont certainement arrêté de nous suivre, il doit forcément y en avoir, mais à côté de ça on a gagné de nouveaux fans et d'horizons différents de part la diversité de notre musique et de nos influences.
Personnellement je suis fan d'Alexis Brown de Straight Line Stitch, un excellent groupe que j'ai découvert récemment grâce à un ami. (sourire) il y a Alyssa de The Agonist, Angela d'Arch Enemy... bref, en règle générale, les grunteuses couillues qui prouvent qu'une fille peut tout à fait vocalement apporter douceur et brutalité à la fois, forcément elles m'inspirent et me donnent envie de suivre le même chemin. Et puis notre recherche a toujours été d'allier brutalité et mélodie, l'apprentissage de chant saturé était donc indispensable. Je prends d'ailleurs des cours avec Jennifer Diehl (Furykane) autant pour perfectionner mon chant clair sur sa puissance et son assurance, que le chant saturé, et nous travaillons tous énormément pour que les prochains morceaux soient encore plus bourrins, plus techniques, et en même temps plus travaillés dans la mélodie.

(Gloomy) Après un EP et une démo, datant respectivement de 2009 et de 2010, votre premier album, "Dark Road To Recovery", est sorti. Comment s’est passée sa conception ? Avez-vous ressenti une pression supplémentaire ou fait face à une situation d’enregistrement complètement différente de celle que vous connaissiez parce qu’il s’agissait ici d’un album ?
A.E : C'était différent pour qu'il fallait rester concentré, c'était forcément plus long que pour l'enregistrement d'un EP et pourtant il faut savoir donner la même énergie du premier jusqu'au dernier morceau. Mais pour une première, ça s'est très bien passé. On s'y était psychologiquement préparés, on veillait à se coucher très tôt le soir pour ne pas être fracassés le lendemain ! Il y avait en effet une petite pression supplémentaire mais je dirais qu'elle était plus liée au fait de savoir qu'on allait travailler avec Jim Fogarty de Zing Recording Studios (Killswitch Engage, All That Remains, Unearth...) ! Il ne fallait pas qu'on ait l'air d'amateurs quoi ! C'est un mec qui a l'habitude de bosser pour des "grands noms" du milieu !



(Gloomy) J’aimerais également connaître votre avis personnel sur le résultat final. Étant donné que ce disque est terminé depuis maintenant quelques mois, vous avez certainement pu prendre un peu de recul par rapport à sa conception. Selon vous, quelles sont ses forces principales ? Et, au contraire, y a-t-il un ou plusieurs éléments que vous désireriez changer ou améliorer si vous en aviez l’occasion ?
A.E : Forcément, on est plutôt fiers et contents du résultat final. Mais on est aussi très perfectionnistes, et du coup il y a pas mal de choses qu'on aimerait améliorer pour la suite : muscler un peu plus le jeu, varier un peu plus les ambiances, les sonorités, les styles. Pour ma part, vocalement je sais que je peux faire encore mieux que ça, aller encore plus loin, différencier les styles de chants que ce soit au clair ou au saturé et j'écris d'ailleurs les nouveaux morceaux en ce sens. Pour ce premier album, les avis qu'on a pu entendre sont très positifs.
J.D : De mon côté, c'est pareil, le jeu de batterie sera bien plus technique et le niveau bien plus elevé puisque je prends des cours à l'EF2M de Tourcoing avec l'excellent Camille Greneron. Les forces de l'album ? Peut-être le fait qu'on ne puisse pas toujours coller la même étiquette sur chaque morceau. La production qui est excellente de part cette magnifique collaboration avec Jim, mais aussi DJP du studio No Way Out Records pour les prises de son.

(Gloomy) Voilà une question courte que je prends toujours du plaisir à poser : si vous ne deviez conseiller qu’un seul titre pour encourager les futurs auditeurs potentiels à écouter "Dark Road To Recovery", lequel serait-il et pourquoi ?
Max Delassus (guitare) : Je pense à "That's It !", le premier extrait de l'album. Ce morceau est plutôt complet, il y a de la puissance, de la mélodie, une ligne de chant qui se retient facilement, un rythme qui fait bouger la tête ! Ce morceau annonce assez bien l'ambiance de l'album.

(Gloomy) Bien que votre metal soit brutal et direct, vous appréciez visiblement mélanger les voix hurlées avec le chant clair. A votre avis, quel est l’apport de cette caractéristique dans votre musique ?
J.D : Oui, c'est vrai ! Disons que cela apporte des nuances dans les compos.
A.E : Ouais, et puis j'aime bien me lancer des défis ! C'est une performance assez compliquée physiquement, mais je m'éclate à le faire et à essayer de m'améliorer de jour en jour. Et puis sur scène, c'est l'éclate totale aussi !

(Gloomy) Et puisque je parle de chant clair, j’en viens à la ballade finale, "I Shine". Il est vrai que malgré la relative popularité de cet exercice dans le metal, ce n’est a priori pas ce qu’un non-familier avec ce style musical imaginerait écouter. Tout d’abord, accepteriez-vous de nous parler un peu plus en détail de ce morceau ? Ensuite, que pensez-vous de la place des ballades dans le metal ? Y a-t-il, pour vous, des groupes particulièrement doués pour en composer, qui vous inspirent particulièrement ?
A.E : Oui bien sûr. C'est un morceau qui me tient particulièrement à cœur puisque très personnel. Ceux qui ont eu l'occasion de prendre connaissance des paroles le trouvent tristes, d'autres y voient quelque chose de beau et apaisant. Sans trop vouloir rentrer dans les détails, c'est un morceau que j'ai écris pour ma mère que j'ai perdu il y a maintenant 15 ans et je lui parle directement dans cette chanson. J'explique que ça n'a pas été facile d'avancer sans elle dans la vie mais qu'elle peut maintenant reposer en paix parce-que je vais mieux et que j'ai beaucoup de soutien autour de moi. Je ne suis pourtant pas croyante (sans pour autant être totalement fermée d'esprit) donc ce n'est pas comme si j'avais écrite cette chanson dans le but de lui passer un message, je crois que c'était aussi et surtout pour moi, c'était comme passer à l'étape suivante, oublier la colère et la haine que je ressentais encore après tout ce temps, ce sentiment d'injustice alors que j'ai pourtant une belle vie par rapport à d'autres qui ont connu bien plus de malheurs que moi... bref, cette chanson a eu un effet d'apaisement pour moi. Elle permet aussi aux fans de mieux me connaître, ainsi qu'à mes camarades de jeu finalement étant donné que c'est un sujet que je n'aborde jamais avec eux.
Les ballades ont leur place dans tous les styles musicaux je pense. Après, il faut que cela apporte réellement quelque chose dans un album. Certains groupes de metal n'en verront pas du tout l'utilité d'un projet à un autre. Moi je pense que c'est encore un moyen d'apporter de la diversité, puis d'essayer d'autres choses de temps en temps, parce-que mine de rien, ce n'est pas un exercice simple de composer une ballade efficace. Je ne sais pas si c'est le cas d'"I Shine", mais en tous cas, je prends beaucoup de plaisir à l’interpréter.

(Petebull) Existe-il des groupes qui sont clairement des exemples à suivre pour vous, aussi bien au niveau musical, que de leur carrière, que ce qu'ils dégagent etc ?
J.D : Pour le côté musical et pour la carrière exemplaire je dirais Killswitch Engage, Trivium, Gojira, Pantera, Lamb Of God, Children Of Bodom, All That Remains, As I Lay Dying, In Flames etc... (il y en a beaucoup d'autres évidemment)
Musicalement, on aime aussi beaucoup de plus "jeunes" groupes comme August Burns Red, For Today, This Or The Apocalypse, Memphis May Fire, A Day To Remenber, Straight Line Stitch, Miss May I...
Pour leur ascension fulgurante, on pensait à Skip The Use, un très jeune groupe de rock régional ! Eux aussi voués à une carrière exemplaire.

(Gloomy) Pourriez-vous s’il-vous-plaît nous en dire davantage sur les thèmes abordés par les paroles ?
A.E : Rien de très original ou de hors du commun je le crains (rires) : la vie, la mort, l'amour, la haine, les combats que l'on mène, ceux que l'on gagne et ceux que l'on perd, la façon dont on s'en relève ou pas, l'importance de l'amitié, la famille... Les paroles mêlent souvent le réel et le "surnaturel" aussi, c'est à dire qu'on va tantôt expliquer certains faits par le destin, tantôt par nos choix et nos actes. "Surnaturel" n'est peut-être pas le bon mot, pour certains le destin est quelque chose de bien réel, ou lié à la religion, pour d'autres à l’ésotérisme... chacun a une vision différente de la chose, en tous cas j'aime mélanger tout ça sans prendre partie, sans qu'il y ait forcément une leçon de valeurs ou autres par exemple.

(Petebull) D'ailleurs les paroles sont-elles écrites une fois les morceaux composés ou inversement ? Autrement dit, comment composez-vous dans le groupe ?
A.E : J’écris les paroles une fois la partie instrumentale composée, selon ce que le morceau m'inspire, selon l'ambiance générale, la structure, etc...
M.D : En général, on travaille d'abord en home studio puis on peaufine les idées en répètes, on établi la structure, etc... Après ça peut varier, parfois il peut y avoir un bon riff qui sort en répète, et tout doucement un morceau se crée avec l'apport de chaque membre.



(Petebull) Quelques mots sur la pochette... Qui en est l'auteur ? Et pourquoi avoir travaillé avec cette personne plutôt qu'une autre ?
A.E : La pochette de l'album a été réalisée par Mike D'Antonio (bassiste de Killswitch Engage). Pourquoi lui ? Parce-qu'il est très certainement l'un des meilleurs, et que pouvoir travailler avec lui et figurer dans sa galerie est un honneur ! Bien sûr, nous avons fait appel à lui parce-que nous sommes particulièrement fans du style graphique de son travail, mais aussi fan du musicien, et du groupe.

(Petebull) On sait qu'il est de plus en plus facile de concevoir soi-même un album avec les nouvelles technologies, en revanche il est de plus en plus compliqué de distribuer et de promouvoir un album, d'une part à cause de la disparition progressive des labels et d'autre part à cause du nombre incalculable de groupes sur le marché. Comment vous situez-vous, quel est votre plan pour défendre votre album au mieux, et avec qui collaborez-vous ?
M.D : On a la chance d'être distribué par Season of Mist, via le label Savage Prod. Maintenant, je pense que le meilleur moyen de défendre un album est de faire un max de concerts pour le promouvoir et le vendre. Après, faire connaître son album via les plate-formes de téléchargement est aussi un avantage ! Du coup, DOD est connu dans le monde entier ! Ça fait plaisir de voir des commandes d'un peu partout, de nouveaux fans qui nous ont découverts via Spotify, ou iTunes. L'important c'est d'être partout ! Et de faire une bonne promo en amont de la sortie de l’album comme nous l'avons fait en apparaissant dans les magazines My Rock, Metal Obs, Metallian, Elegy, ou encore Rock Hard, et il faut montrer qu'on est là, tout le temps ! Et qu'on en veut !

(Gloomy) Pouvons-nous espérer voir prochainement votre groupe sur scène ? Qu’en est-il de vos projets futurs ?
J.D : Oui, bien sûr ! Comme toujours, on recherche un max de dates, festivals, etc... et actuellement, nous sommes d'ailleurs à la recherche d'une agence de booking dans l'optique de faire une tournée européenne. Quelques projets sont déjà en bonne voie de côté là pour début 2014. Pour les prochaines dates confirmées, vous pourrez nous voir le 7 Sseptembre 2013 au Lambusart's Savage Music Festival à Lambusart (Be) avec Black Bomb Ä, Rise Of The Northstar... et le 2 Novembre 2013 au Kraken Music Festival à Soignie (Be) avec Max Pie, Whyzdom, Azylya...

(Petebull) Un premier clip est sorti il y a quelques mois, en avez-vous prévu un autre (ou d'autres) avec les nouveaux membres cette fois ?
A.E : Rien de prévu de côté pour le moment, en tout cas pas sur un morceau de cet album. Il faudra donc venir nous voir en concert pour découvrir les nouveaux membres, et patienter pour le prochain opus !

(Petebull) Travaillez-vous déjà sur votre prochain album en marge de vos concerts actuels ? A quoi doit-on s'attendre ?
M.D : Oui, nous avons déjà débuté la composition pour le deuxième album. Il faut s'attendre à des morceaux de la qualité du premier mais en encore mieux ! Des morceaux plus travaillés, plus techniques, un jeu plus musclé tout comme le chant, et une belle évolution de notre style avec l'apport d'une deuxième gratte et une basse rythmique plus solide. Bref, du lourd quoi ! (rires)

(Gloomy) Merci beaucoup pour votre disponibilité. Bonne continuation, et, comme le veut la tradition, le mot de la fin est à vous !
A.E : Je vais laisser l'originalité aux autres et pour ma part je dirai donc : Un grand merci pour cette interview, merci du soutien que nous témoigne French Metal depuis maintenant plusieurs années ! Merci à nos fans pour leur soutien et on espère vous voir très bientôt en concert ! Merci à ceux qui nous ont fait confiance, nous font confiance encore aujourd'hui et nous aide dans notre parcours (label, asso de booking, photographes, bref toutes les personnes avec lesquelles nous avons collaboré).
J.D : Bisous ! (rires)
M.D : Merci beaucoup !


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