Interview faite par mail par Boris

Les multiples changements de line-up de Desdinova depuis sa création n'a jamais découragé son créateur Laurent (guitare) qui doit faire face à présent au départ de Baston (chant), juste après la sortie de leur premier album de heavy / thrash : "Defying Gravity". A rude épreuve, les Strasbourgeois ne vont pas lâcher l'affaire pour autant ! Plus motivés que jamais, une tournée à la rentrée 2014 est en préparation, quelques dates sur des festivals, la sortie d'un EP prochainement, décidément Desdinova est un roc. Laurent nous en dit un peu plus sur la génèse de "Defying Gravity", des thèmes chers au groupe et la motivation qui l'habite.

Salut à toi et merci de répondre à mes questions pour French Metal. Depuis la parution de votre première démo, Desdinova a subi pas mal de changement de line-up, qu'en est il aujourd'hui ?

Laurent (guitare) : C'est vraiment le moins que l'on puisse dire, DESDINOVA est une entité musicale vivante qui évolue en permanence, les changements de line-up répondent à des besoins. Nous avons eu 4 guitaristes solistes différents, trois batteurs, trois bassistes, et aujourd'hui notre chanteur quitte le groupe. Ça peut paraître un peu excessif mais nos anciens membres étaient tous soit étudiants soit pris par leur travail et ne pouvaient pas se donner à fond dans le projet, aujourd'hui j'ai réuni des musiciens d'exception qui sauront s'impliquer dans le bon sens.

Tu confirmes donc que Baston (chant) a donc quitté le groupe ? Vous allez débuter les auditions ?
Laurent : Oui, Guillaume (Baston) était un membre fondateur et il a choisi d'abandonner le projet en route, refusant d'assurer les dernières dates qui étaient prévues. Nous avons déjà commencé à auditionner des chanteurs, nous sommes tombés sur des perles rares et d'autres moins rares, je ne me fais aucun souci quant à l'avenir du groupe, nous sommes aujourd'hui soudés comme jamais, je suis épaulé et soutenu à 100% par Marc (basse) et nous travaillons déjà à un EP qui sortira avant la fin de l'année pour marquer le tournant.

"Defying Gravity" est donc votre premier album autoproduit, dans quel état d'esprit avait vous abordé sa composition ?
Laurent : La composition de l'album s'est faite assez naturellement, nous travaillions en répétition ou nous expérimentions des idées et ou nous les mettions en place. Tout venait assez simplement on jouait ce qu'on aimait. Aujourd'hui nous avons complètement modifié cette approche nous travaillons en studio pour enregistrer systématiquement des maquettes avant de les proposer en version "bêta" au groupe qui va y apporter ses touches personnelles, et finalement ce n'est que quand la maquette est validée par tous que nous la jouons en répétition.

Musicalement, en quoi "Defying Gravity" marque une différence avec votre première démo "Dead Space" ? Ou au contraire, s'agit-il d'une progression logique ?
Laurent : Les deux mon général, "Defying Gravity" marque une énorme différence dans le sens où nous avons pu bénéficier d'un enregistrement pro, nous avons appris à travailler avec plusieurs studio et donc à nous professionnaliser. "Dead Space" était sorti dans l'urgence, nous l'avions enregistré "à l'arrache" chez notre très bon ami Benjamin Marchal (My Dark Project) mais à l'époque nous passions plus de temps à boire des bières et rigoler que d'écouter si la grosse caisse tombait sur le temps. Comprenons nous pour une démo nous étions très contents du résultat, mais aujourd'hui j'ai vraiment du mal à l'écouter. De l'autre côté pour revenir à la question, "Defying Gravity" marque une progression dans la musique du groupe car nous avons tout simplement évolué musicalement sans pour autant trahir nos goûts, nous sommes restés fidèles à notre thématique (l'espace, la SF, le fantastique en général) et nous nous sommes donnés les moyens de mieux l'exprimer.

Qui s'occupe des compositions ?
Laurent : En général je fais office de boîte à riffs, donc je donne la direction générale des futures chansons. Une fois les riffs composés nous allons en studio avec Marc pour mettre en place la structure, il a plus de recul que moi et voit donc comment les assembler pour en faire quelque chose de concret. Ensuite comme évoqué précédemment chacun rajoute sa touche. Mais pour la direction générale et la thématique je préfère avoir le mot de la fin.

Pourquoi avoir fait le choix de l'enregistrer dans 2 studios ?
Marc (basse) : Le studio du Green Valley n’a qu’une petite part dans la participation de l’album. Nous y sommes allés pour sous traiter les prises de son batterie. Mon propre studio (le studio Pangos), qui est en pleine phase d’expansion, n’avait pas encore les moyens logistiques pour cette prise de son. Il y a plusieurs raisons qui nous ont poussés dans cette direction. La principale est tout d’abord financière. En assumant la production nous-mêmes, nous nous enlevions une grosse épine du pied. Ensuite, le Green Valley est un studio orienté rock / stoner et leurs productions très typées ne correspondaient pas du tout à ce que l’on cherchait. Enfin, cela nous offrait une très grande souplesse dans l’enregistrement. Tout le monde en conviendra, accoucher d’un premier album n’est pas une chose aisée et met le groupe face à ses difficultés. On a ainsi pu avancer tout en gérant nos soucis de line-up.

Quels sont pour toi les moments fort de votre album ? Pourquoi ?
Laurent : Pour moi les meilleurs morceaux de l'album sont "Solanum", "The Valley" et surtout "Bloodstone", ce sont des morceaux très énergiques et variés. C'est assez dur de parler des meilleurs moments de son album, car tous les morceaux me plaisent.
Marc : Il ne faut pas oublier "Faster Than Light" qui a le refrain le plus accrocheur de l'album !



Y a-t-il des choses que tu aurais voulu modifier sur l'album ?
Marc : En termes de production, si c’était à refaire, j’aurais fait d’autres choix. Il n’était pas évident de trouver une identité sonore pour un groupe qui est à cheval entre deux styles différents. J’ai aussi été fortement pénalisé par la prise de son batterie, totalement inadaptée pour le metal, ce qui m’a forcé à prendre certaines directions pas toujours élégantes. Cela dit, je ne regrette pas du tout le travail accompli, car malgré ses défauts, l’album est soigné et précis et il reflète bien l’histoire du groupe et ce qu’il avait à offrir à ce moment : quelque chose de très personnel. Cette étape nous permet d’envisager l’avenir sereinement, fort de l'expérience et de la maturité acquise avec "Defying Gravity".

Dans ma chronique, je fais référence au contraste entre l'état d'esprit "déconne" affiché par le groupe et le contenu plutôt riche et progressif de la musique. Ce décalage ne risque t-il pas de vous faire défaut dans le temps ?
Laurent : Ce décalage est quelque chose qui nous tient énormément à cœur, nous sommes des déconneurs par essence. On imaginait vraiment mal faire un clip dans une forêt norvégienne en mode hyper concentré sur nos instruments ou en brandissant une boule de cristal dans les airs. Non plus sérieusement les propos abordés dans nos chansons ne volent pas haut dans les sphères littéraires, il est en général simplement question de séries qu'on aime ou de bouquins qu'on apprécié du coup pas la peine d'avoir une ligne de conduite très stricte. D'ailleurs je vois mal pourquoi un groupe de metal doit absolument être sérieux pour être pris au... Sérieux... Ouais bon autant pour moi. Plus prosaïquement regarde Red Fang, ils ont un côté fun indéniable dans leurs clips, mais si tu écoutes leurs albums au casque dans le noir, il y a quand même un côté oppressant qui s'en dégage. Notre musique est essentiellement heavy thrash, c'est un registre qui se prête en général mal à l'autodérision, nous on s'est dit "On fait ce qu'on aime, boire de la bière jouer à des jeux vidéo et parler de zombies". Pour le futur je ne pense pas que cela nous desserve, nous allons rester dans ce registre d'humour un peu potache et geek, on ne va pas retourner notre veste parce que nous avons choqué les gardiens du sacro-saint savoir-vivre du metal.

Pouvez-vous me parler justement du clip de "Solanum" ?
Laurent : C'est une des expériences les plus éprouvantes et en même temps la plus cool que j'ai pu vivre. Les conditions de tournage étaient abominables mais notre réalisateur Guillaume Beck a su donner vie à nos idées tout en gardant un style très personnel. Nous voulions un univers déjanté et nous l'avons eu, un partenariat avec l'équipe de développement du jeu vidéo Dead Pixel a été mis en place et nous avons pu utiliser leurs images, nous avons aussi fait des tonnes de références à l'imagerie geek en général. Les zombies bleus sont un choix, nous avons voulu faire un hommage aux films de Romero, de même nous utilisons des incrustations de Doom pour renforcer encore ce coté Nerd.

Lorsque l'on sait que vos paroles traitent de science-fiction et d'astronomie, on s'attend à entendre quelque chose avec des synthé, des effets spéciaux par exemple... une ambiance propre à ce genre, pourtant il n'en est rien. Peux-tu nous éclairer ?
Laurent : C'est une remarque qu'on a beaucoup entendue, nous avons choisi d'éviter ce cliché, au même titre que des groupes comme Vektor qui propose un sci-fi thrash metal mais qui pourtant dans leurs composition n'utilisent que les guitares, nous avons voulu rester "purs" et éviter de surcharger notre musique. Nous sommes des fans de SF mais franchement on se voyait mal ouvrir l'album sur le thème de Star Trek et ajouter des bruits de blaster et de sabres laser à chaque changement de riff. J'exagère un peu mais "Defying Gravity" reste un album de heavy thrash c'est la musique que j'aime et je ne voulais pas la dénaturer, si dans le futur on me propose des nappes de synthé qui collent à la musique, pourquoi pas...

Tout au long de l'album, le fantôme de Metallica est assez présent, on pense aussi à Volbeat ("The Valley" particulièrement). Cette remarque te semble justifiée ? Quelles sont vos influences ?
Laurent : Oui je pense que c'est une remarque pertinente, mais c'est la voix qui donne cette impression, Guillaume est quelqu'un de passionné par Metallica, et nous sommes tous assez fans de ce groupe, même si personnellement je préfère Megadeth. Nous n'avons pas essayé de sonner Metallica c'est venu très naturellement, mais si tu écoutes l'album sans la voix je pense que tu as une vision différente de notre musique. Nous n'avons pas vraiment d'influence qui guide notre façon de composer, je ne vais pas te la jouer "On sonne comme personne notre musique est complètement originale", ce serait un gros mensonge. Quand je compose d'une certaine façon c'est que j'ai beaucoup écouté un groupe à un moment donné, par exemple pour "Faster Than Light", c'était bien Metallica que j'écoutais à ce moment précis mais à aucun moment je me suis dit qu'on allait faire du copier-coller.



Comment l'album a été accueilli, tant par la presse que par le public ?
Laurent : Nous avons été très bien reçus en France en général et particulièrement bien dans les pays du Sud comme l'Italie et l'Espagne, par contre en Allemagne en Suède ou en Angleterre, le genre plaît beaucoup moins, sans être complètement descendus il n'a pas transcendé les chroniqueurs.

Quelle est la meilleure chose qu'on ait dite sur l'album ? Et la plus désagréable ?
Laurent : Toute critique est positive, ça nous permet de progresser, de voir nos erreurs ce qu'on aurait du faire et ne pas faire, je n'ai pas retenu particulièrement un mot ou un autre. D'un autre côté certaines personnes ont tenté de régler leurs comptes avec nous car ils avaient des griefs sur un plan personnel. Ainsi un petit webzine que je ne citerai pas ici a pondu un brûlot ou tout ce qu'ils disaient n'était que des attaques faites pour blesser et non pas pour critiquer l'album. Enfin cela dit ça nous est passé par dessus la tête mais pour moi c'est la chose la plus désagréable que j'ai pu lire sur l'album.

Desdinova sur scène, ça donne quoi ? Vous préparez une tournée ?
Laurent : Nous sommes des boules de nerfs, c'est sur scène que le côté thrash s'exprime le mieux, c'est quelque chose qui surprend les personnes ne nous connaissant que par CD, on pourrait imaginer quelque chose d'assez calme et posé mais ça headbangue dans tous les sens, Marc est monté sur ressorts, JM (guitare soliste) imite la tortue et Grégoire se morfond dès que je prends le micro pour parler aux gens. Bref sur scène nous sommes un concentré de bonne humeur et nous en sortons rarement sans un mal de cou qui va durer des semaines. Nous préparons une tournée pour la rentrée 2014, nous sommes déjà bookés au festival Rising fest avec entre autres Nightmare, Majesty et Savage Messiah et nous avons d'autres pistes pour la suite.

Quels sont vos disques de chevet en ce moment ? 
Laurent : Je suis un très grand amateur de thrash metal à l'ancienne, en ce moment j'écoute beaucoup Lost Society, Gama Bomb ou Darkane dans un registre plus moderne. Mais s'il ne fallait en garder un sur une île déserte ce serait l'album "Secret Treaties" de Blue Oyster Cult. Sinon je vous conseille de jeter une oreille à nos amis de Deficiency, Guilty Of Reason ou encore Ophidian Spell qui valent vraiment le détour.
Marc : Le dernier EP de Dead Season, l’autre projet de notre nouveau batteur Grégoire. C’est un groupe avec des musiciens très talentueux qui mérite vraiment une attention toute particulière. La discographie de Devin Townsend occupe également mon temps libre.
Grégoire (batterie) : Shining, Klagopslamer et Dead Season "Dusting The Rust".

Pour finir, je te remercie d'avoir répondu à mes questions. Un mot de fin ? 
Laurent : Merci pour l'interview c'est cool de voir des webzines encore concernés par les groupes émergents.
Marc : Merci à French Metal de nous avoir laissé l’opportunité de nous exprimer. On vous promet un retour très rapidement dans l’actualité, avec une direction artistique plus affirmée et qui je l’espère suscitera l’attention !


Le site officiel : www.desdinova.fr