Interview faite par mail par Julien

Peux-tu nous présenter le groupe dans sa globalité ?
Difficile de se lancer dans un résumé des 25 dernières années, mais je me lance. DESDEMONIA a été créé en 1994 avec Marc Dosser à la guitare et Tom Michels à la batterie. Plus tard, le groupe a été renforcé par Stephano de Angelis (guitare et chant) et Tom Dosser (basse). Depuis le début, le style s’inscrit dans le death metal. Bien que tous les membres aient leurs influences musicales, on ne s’est jamais trop occupés des tendances et des modes du moment – avec une vingtaine d’années de recul, on en a vu apparaître et disparaître. DESDEMONIA a produit 1 démo, 4 albums et 1 DVD, et recherche une vive présence sur scène.

D'où tirez-vous votre nom de groupe "Desdemonia" ?
Rien de très intellectuel, bien que certains pensent pouvoir découvrir une référence à Shakespeare, il n’en est rien. Il faut savoir que dans les débuts du groupe, tous les membres étaient lycéens. A l’époque, il existait une police sur MsWorks (ah oui, Papi raconte Verdun) nommée "Desdemona". Lors d’un cours d’info, Marc et Stephano ont trouvé opportun d’y ajouter un "i" et voilà le travail.

Vous venez du Luxembourg, comment se porte la scène luxembourgeaoise ? Peux-tu nous parler des groupes que vous aimez au Luxembourg ? En effet, ce pays est trop peu connu dans le milieu du metal.
La scène metal au Luxembourg est riche et très vivante. Au pays même, on trouve plein de concerts avec des line-ups internationaux qui sont organisés par des personnes très engagées, qui vivent le metal. Beaucoup de groupes luxembourgeois se produisent sur les scènes internationales. Ayant commencé en 1994 à une époque où on était pratiquement les seuls, je dois dire que je suis époustouflé par l'évolution des groupes de metal au Luxembourg. Le pays regorge de bons musiciens. Il est beau de voir que chaque groupe a son style et que chaque courant du metal est représenté. Le site Encyclopaedia Metallum dénombre 83 groupes, dont 40 marqués actifs sur notre territoire exigu de 600.000 habitants. Tout le monde connaît tout le monde, on s’entraide et il existe un respect mutuel. Beaucoup de groupes jouent un peu partout en Europe; ceci est la seule possibilité pour progresser et accéder à un public plus grand. Il faut dire qu'il n'y a jamais eu une vraie industrie de la musique ni de maison de disques pour le metal au Grand-Duché.

Est-ce que le groupe a dû changer son line-up plusieurs fois ?
Nous avons eu deux changements au niveau de la guitare. Stephano a quitté le groupe en 1998 pour être remplacé par Olivier Scheek. Ce dernier a été remplacé par David Wagner en 2013.

Comment se sont passées les sessions d'enregistrement de votre dernier album en date "Anguish" ?
Pour “Anguish”, nous avons opté pour une nouvelle façon de travailler. En fait, on a fait les enregistrements à Luxembourg aux Holtzstudios avec Charel Stoltz ainsi que dans nos propres studios. Cela nous a donné une certaine flexibilité tout en nous épargnant le travail parfois un peu laborieux de l’enregistrement de la batterie. Pour le le mixing / mastering, on est partis en Suède à Göteborg aux Fremann Studios pour travailler avec le producteur légendaire Fredrik Nordstöm, connu notamment pour son travail avec In Flames, At The Gates, Arch Enemy, Opeth, Dimmu Borgir et Dark Tranquillity.



Est-ce que cet album marque un tournant majeur dans votre carrière ?
Oui, ce nouveau départ a commencé avec l'enregistrement de "Anguish". On savait qu'on avait des bonnes chansons. On avait décidé de voir jusqu'où on pouvait aller avec ce nouveau disque. Après sa finition aux Fredman Studios à Göteborg, on s'est lancés dans la quête pour une maison de disques. Pour ceci, on s'est donné quelques mois afin de se donner les moyens de prendre une bonne décision. Et puis, on a reçu plusieurs propositions d'un peu partout : Allemagne, Grèce, Danmark... Après concertation et analyse, on a signé avec la maison de disques danoise  Mighty Music. Nous aimons le son de leurs groupes avec entre autres Blitzkrieg, Tygers Of Pan Tang ou No Return, et leur philosophie va bien avec nos besoins. Il faut dire que jusqu'à maintenant, il font du très bon boulot.

Quel est le concept de "Anguish" ? De quoi traite-il globalement ?
Toutes les paroles de l'album sont en rapport avec l'angoisse, d'où le titre de l'album "Anguish". Cette angoisse est omniprésente dans la vie de tous les jours. Elle s'amplifie pour beaucoup de gens parce qu'il devient de plus en plus difficile de se fier à quelque chose de palpable. Les structures avérées sont en train de disparaître à grande vitesse. Ces angoisses étouffent les gens et les mettent au pied du mur. La mort est omniprésente dans les medias et dans notre environnement. Mais nous vivons dans une ère où on en parle pratiquement pas puisqu'on a peur d'elle. Mais on n'a peut-être pas vraiment peur d'elle, mais on a peur de manquer tout ce qui pourrait passer à côté de nous, qu'on n'aurait pas la chance de vivre. Il y a aussi l'angoisse de devoir vivre avec la mort à laquelle on est confronté dans l'entourage au quotidien. L'incertitude de ne pas savoir si ce sera la vie ou la mort qui prédominera. Et de savoir que cette décision ne nous incombe pas.

Quand j'ai écouté "Anguish", j'ai tout de suite remarqué que vous aviez pris de la notoriété, peux-tu nous expliquer votre évolution depuis l'album "Same" jusqu'à "Anguish" ?
Dans les 25 ans de notre existence, on a traversé plusieurs phases personnelles et musicales, des hauts et des bas. Ceci a certainement forgé le caractère du groupe. Pendant tout ce temps, on est restés fidèles à nos convictions musicales et on s’est développés musicalement d’après notre propre façon. Chaque membre a évolué individuellement et ceci s’est traduit naturellement dans nos compos. On ne s’est jamais adaptés à des tendances et je crois que c’est cela qui a sauvé le groupe tandis que beaucoup d’autres ont disparu. Nous avons créé nos propres tendances musicales.

Peux-tu nous en dire plus sur la distribution de "Anguish" en Asie ?
“Anguish” est aussi distribué par la maison de disques japonaise Bickee Music qui le distribue dans toute cette partie asiatique. Il serait d’ailleurs génial de faire une tournée là-bas. Nous verrons bien.



Quels sont les retours que vous recevez avec votre dernier album ?
Pour la plupart, les réactions sont très positives et nous encouragent de continuer. Ce qui nous fait vraiment plaisir, c’est qu’on a beaucoup de concerts dans des territoires où on jouait moins à l’époque. Donc un nouveau public qui nous procure une nouvelle énergie.

Parle-nous de votre collaboration avec le label Mighty Music.
Mighty Music fait du très bon boulot. Ils ont fait la promo selon les règles de l’art. On était présents dans tous les grands magazine metal. En outre, notre album peut être acheté dans toutes les grandes distributions en Europe de Nuclear Blast à Season Of Mist en passant par Plastic Head. Ils nous ont donné la possibilité d’accéder à un autre notoriété.

Que penses-tu de la scène metal actuelle ?
Le metal profite actuellement d’une certaine notoriété. Il y a un très grand nombre de groupes qui assurent à tous les niveaux. Ce qui manque, c’est l’aspect innovateur. On a tendance à se servir des éléments musicaux qui ont fonctionné dans le passé (et qui fonctionnent toujours) plutôt que de rechercher sa propre expression.

Quelle sont vos prochaines dates et où pourrons-nous vous voir sur scène ?
Voici une sélection :
21/06 Rock om Gau – Teufelsburg (Allemagne)
06/07 Castle on Fire – Bourschied (Luxembourg)
12/07 Rock um Knuedler – Luxembourg (Luxembourg)
19/07 Mahlstrom Festival – Herthasee (Allemagne)
27/07 Metaldays 2019 – Tolmin (Slovénie)
06/09 Metal Embrace Fest – Barleben (Allemagne)
28/09 Memoriam support – Bochum (Allemagne)
Des dates en Belgique et en France sont en préparation.

Pour terminer cette interview, je te laisse le mot de la fin et peut-être as-tu un message à faire passer ?
Je voudrais remercier toute l’équipe de French Metal et tout un chacun qui nous a soutenu au long de notre carrière ! Je voudrais aussi saluer tous les groupes avec qui on a joué pendant ce temps. Stay brutal & keep on rocking !


Le site officiel : www.desdemonia.net