Interview faite par mail par Lisa

Deux ans après la sortie de "Dementia", les lyonnais de DeadlySins sont revenus fin 2014 avec un deuxième album intitulé "Anticlockwise", très bien accueilli par la critique. Et c’est Laurent (guitare) qui s’est attelé au jeu des questions-réponses, histoire de détailler un peu cet opus et d’en savoir plus sur le groupe en général.

Votre line-up a été sujet à quelques modifications en 2013, pouvez-vous nous présenter les nouveaux membres ? Comment s’est passé leur intégration au sein de la formation ?

Laurent (guitare) : Kevin (batterie) et Lambert (basse) sont arrivés à l’été 2012 dans le groupe, suite aux départs de Fab et Adrien. Nos anciens membres sont des amis, de la famille, et sont partis par choix, on est donc toujours en super terme (Fab est même venu poser le solo de guitare sur "Bleeding Moon"). Donc en les perdant, on ne savait pas trop qui on allait trouver et surtout le temps que ça allait prendre. On a fait quelques essais et on est tombés rapidement sur Lambert (basse) et Kevin (batterie). Et cela ne faisait aucun doute ! On a eu de la chance de tomber sur des musiciens super bons avec qui on s’entend très bien. Kevin, c’est une machine ! Et un gros bosseur. Il n’y a qu’à voir ses multiples participations pour s’en convaincre (il joue également dans The Arisen, Mithridatic et DeathLab, Svart Crown mais fait aussi beaucoup de sessions : Benighted, Seth, Agressor, Melechesh...). Lambert est chanteur dans Lugh et cela faisait un petit moment qu’il avait envie de jouer de la basse dans un groupe de thrash. Il a un super jeu au doigt et apporte également beaucoup au niveau vocal.

Votre nouvel album, "Anticlockwise", est sorti fin 2014. Vous vous êtes chargés vous-mêmes de la production de cet album, si je ne me trompe ? Pourquoi avoir choisi de travailler en autoproduction pour l'enregistrement de ce disque ?
Attention, je risque de briser quelques tabous… Quand on parle de production d’un disque, il faut y voir deux aspects. L’aspect artistique : qui décide de la direction artistique de l’album (son, design, etc). Et l’aspect financier : on te donne des sous pour faire un disque ou tu paies pour sortir ton album. Là il faut être réaliste : 95% des groupes font de l’autoprod'. Le marché du disque est en chute libre, le piratage va bon train. Peu de groupes gagnent réellement de l’argent. Tu investis des sommes pour pouvoir sortir ton album. Si tu as de la chance, qu’il ne t’a pas trop coûté et que tu le vends bien, là tu peux espérer rentrer dans tes frais, mais c’est très rare. En France, seuls quelques gros groupent reconnus sont payés pour enregistrer. Pour les autres, l’autoprod', ce n’est pas un choix mais la réalité du terrain. Quelques-uns, aujourd’hui, s’essaient au crowdfunding afin de pouvoir boucler leur budget (qu’ils financent souvent en partie eux-mêmes). C’est une idée.
Donc pour répondre à ta question, on n’a pas réellement choisi de travailler en autoproduction. Aujourd’hui quand tu es passé de partout, un album te coûte environ 5000 euros. Tu as l’enregistrement proprement dit, le mixage, le mastering. Ensuite tu as l’artwork, les photos, le pressage. Puis si tu veux que ton album est une bonne visu, il faut faire de la promo, envoyer aux médias, faire un clip, se payer une tournée, etc. Si tu veux que cela te coûte moins, il faut faire un maximum de choses toi-même. Donc apprendre à t’enregistrer, à faire de l’infographie, du dessin, de la vidéo, de la photo, passer des heures sur Facebook à promouvoir ta page, chercher des contacts, envoyer des mails, etc… Mais si tu as un job et une famille c’est dur de trouver le temps de faire tout ça. Donc soit tu as la chance d’avoir des amis talentueux et généreux soit tu trouves plein de gens pour t’aider dans ces tâches… moyennant finances. Attention, c’est normal aussi : photographe c’est un métier, infographiste aussi, etc, etc… Je ne me plains pas, car je fais ça pour mon plaisir. J’ai la chance de pouvoir vivre de super expériences ! Et je continuerai tant que je pourrais le faire. Mais il faut être réaliste, la musique (comme la plupart des métiers artistiques) ça coûte des sous, ça n’en rapporte pas ou peu !



L’autoprod', c’est du temps et de l’argent, est-ce que votre objectif avec cet album n’est-il pas aussi de trouver un label qui puisse vous prendre en charge ne serait-ce que financièrement ?
Pour continuer sur la lancée de la question précédente, oui le top serait de trouver un label qui paierait enregistrement et tournée, mais aujourd’hui qui mise de l’argent sur des groupes de metal ? Surtout en France ! On connaît pas mal de groupes. La plupart sont comme nous des amateurs qui se font plaisir et réalisent leurs rêves en jouant de la musique. Et qui retournent bosser le lundi matin afin d’économiser pour payer leur prochain album. Aujourd’hui tu trouveras plus facilement une maison de disques pour te faire de la distrib'. Mais les conditions ne sont pas non plus optimales : ils vendent et distribuent ton album partout dans le monde et empochent la quasi-totalité des ventes. C’est un bon moyen pour se faire connaitre ailleurs et vendre. Mais encore une fois, pas pour gagner de l’argent ! (rires)

Cet album a été mixé par Fred Duquesne (Empyr, Bukowski, ex-Watcha), comment avez-vous été amenés à collaborer ensemble ?
C’est un choix. On avait apprécié une vidéo explicative sur le mix qu’il avait fait pour Avid et le son des albums de metal qu’il a produit. On l’a donc contacté. On a réalisé nous-mêmes les prises de son qu’on lui a ensuite envoyé dans son studio à Paris. Il a fait du bon boulot, le son de l’album est puissant, notamment au niveau de la batterie. Quand on écoute l’album et qu’on écoute ensuite un album d’un groupe pro, on n’a vraiment pas à rougir du volume sonore de notre disque ! Ca claque ! Par contre, même si on est très satisfaits du résultat, on manquait de connaissances au moment de la prise de son des guitares et de la basse. On peut encore faire mieux !

Quels sont les sujets de vos textes dans "Anticlockwise" ?
Ca c’est une bonne question ! Ils sont l’œuvre de Mat notre chanteur et même nous on ignore ce qu’il peut bien raconter !!! Plus sérieusement, les textes de Mat parlent de sujets "sérieux" (un peu) voire personnels ("Stabbed In Black") et aussi surtout de la scène metal et de son évolution, des pogos, de potes, de bières ("WBS", "Thrashing Metal Anticlockwise")... On est plus dans le divertissement et la déconne que dans la critique sociale !

Parlez-nous un peu de l’artwork de la pochette. Qui en est l’auteur ? Le fait d’avoir opté pour une illustration humoristique et auto-dérisoire est-il représentatif de l’esprit de DeadlySins ?
Comme pour l’album "Dementia", on a opté pour une pochette à l’ancienne, avec un dessin "traditionnel" et non un montage infographique. Et c’est une nouvelle fois l’œuvre d’Alexis Bert (Orthanc, Dux, etc) qui est un sacré artiste et un grand fan du travail de Derek Riggs. Pour le côté fun du dessin, oui cela représente bien le groupe. On voulait proposer un produit sympa, c’est pourquoi on a opté pour un livret qui s’ouvre en poster. Le poster est une vue élargie de la pochette, qui représente une boîte de nuit disco, avec tout plein de surprises, de clins d’œil, de conneries et de gens à reconnaître.

Quels ont été les premiers retours sur ce dernier album, du public, des chroniques ?
Les chroniques sont pour l’instant très très positives. Après, je vais être honnête avec toi, on peut tout de suite sentir si le chroniqueur s’est investi dans l’écoute ou pas. Certaines chroniques sont fournies, détaillées, recherchées. D’autres (bonnes ou mauvaises d’ailleurs) se contentent de dire que c’est bien ou mal. Tu sais une chronique négative, ça fait toujours chier (rires) quand tu connais le temps et l’argent investis dans un album. Mais si elle est réaliste et constructive, tu remballes tes dents et tu essaies d’en tirer une leçon. Alors qu’une chronique écrite à la va vite sans s’être investi dans ce que tu écoutes… ça sert juste à avoir une ligne à écrire sur le Facebook du groupe. Après, on connaît bien le problème pour l’avoir vécu de l’intérieur, les webzines croulent sous les albums à chroniquer et pour tenir des délais raisonnables, les chroniqueurs n’ont pas toujours le temps de le prendre. Pour ce qui est du public, le retour est excellent. Nos prestations live ne laissent jamais indifférentes et les gens viennent toujours nous dire des trucs du style "Putain ça envoie la purée" ! L’album, avec sa bonne prod', son artwork délire, et tout ça a vraiment fait mouche auprès du public.
"Anticlockwise" est aussi parti aux quatre coins du monde, et là les retours sont encore meilleurs ! Etats-Unis, Chine, Finlande, Pologne, Pays bas, Grèce… Il y a même des personnes qui nous ont dit ne pas comprendre que l’on ne soit pas plus connu que ça ! Ca fait bien plaisir ! La page Facebook "Thrashmania" nous a même mis en lice pour le titre de meilleur album thrash de 2014 aux côtés de certaines de nos idoles. Bref, on est vraiment contents des retours !



Comment jugez-vous "Anticlockwise" par rapport à votre premier album, "Dementia" ? Le disque marque-t-il plus une continuation, une évolution pour le groupe ?
Bien qu’il reste dans la même veine thrash qui nous anime depuis une dizaine d’années, "Anticlockwise" marque une certaine évolution. Premièrement, l’arrivée de nouveaux membres a forcement apporté une nouvelle touche à notre thrash. Kevin (batterie) vient plus du death technique, il a un jeu très physique et très fourni et cela nous apporte une nouvelle couleur. Lambert (basse) est également très présent et étant chanteur dans un autre groupe (Lugh), il a apporté des backing vocals puissants et a même composé deux titres de l’album ("Beauty Slept In…" et "Left For Dead"). Deuxièmement, c’est album a été composé d’une manière différente que pour Dementia. Jusqu’à présent, on écrivait des titres, qu’on jouait ensuite en live et s’ils étaient efficaces, ils finissaient ensuite sur un CD quand on en avait écrit suffisamment (cela a été le cas pour l’EP "Old School", comme pour l’album "Dementia"). Pour "Anticlocikwise", cela s’est passé différemment. On a réellement écrit ces 10 titres d’un bloc, dans le but de faire un album. On a arrêté de tourner pendant un petit moment pour se laisser le temps de la composition. En cela, je dirais que c’est un album plus concis, plus dense. Ces titres n’ont jamais passé l’épreuve du feu (le live) avant d’être enregistrés, mais on a bénéficié de plus de travail et de minutie sur l’écriture.

A quoi doit-on s’attendre lorsqu’on assiste à un concert de DeadlySins ?
La guerre dans le pit ! Mais en rigolant. DEADLYSINS en live, c’est une grosse dose de couille, du bourrinage mais avec la bonne humeur. Venez nous voir, vous ne serez pas déçus !

Imaginons que vous ayez la possibilité de sélectionner n’importe quels groupes pour réaliser une tournée avec eux à travers l’Europe, lesquels choisiriez-vous ?
Pour des raisons de dispo, on ne pourra pas tourner avec Pantera… Sinon sans hésitation, je citerais Tankard ! Histoire de jouer du thrash, de boire de la bière avec eux et de bien se marrer. Mais on ne ferait pas les fines bouches et ce serait un honneur de jouer avec nos "héros" Sodom, Kreator, Destruction, Testament, Exodus, Slayer…. Les autres membres du groupe te rajouteraient sans doute une petite centaine de nom !

Que pensez-vous de la scène française qui fait du thrash ? Des favoris ?
Cela va te paraître bizarre, mais je ne connais pas trop la scène thrash française. Il y a beaucoup de groupes de tous styles en France : death, deathcore, hardcore, death prog, black, stoner, thrash death, thrash black… Mais je ne connais pas énormément de groupes français qui font du thrash juste thrash. Les seuls groupent qui me viennent à l’esprit sont Thrashback, Furyens, Korrosiah, Skox et même s’ils n’existent plus Blackness. Ce serait sympa de se faire un festival 100% thrash français !

Quel est le futur du groupe ? Quelques dates de concerts sont-elles déjà prévues pour promouvoir votre disque ?
Le futur immédiat est la promotion de notre album. Pour ça on recherche les bonnes personnes pour nous entourer sur les côtés que l’on maîtrise moins : distribution, promo, communication… Nous sommes également en train de préparer le tournage de notre premier clip. Ensuite viendra le temps béni du live, où on se fera un plaisir de défendre "Anticlockwise". Pour cela on est à la recherche de plans, voire de mini tournées. Nous avons une date de mise en jambes prévue à la fin du mois (28 Février) à l’Hôtel de la musique à Villeurbanne. Donc si tes lecteurs sont de la région, venez nombreux, on risque de bien se marrer. Et quand on aura assez tourné et bien usé les compos du nouvel album, on repartira dans une phase de composition pour un futur album, avec l’objectif de faire toujours mieux !

Merci d’avoir pris le temps de répondre à cette interview, le traditionnel mot de la fin est à vous !
Merci à oxolaterFrench Metal pour cette interview et cette chronique. Venez découvrir DEADLYSINS. Sur YouTube, Deezer, Itunes, Facebook, Youporn… mais surtout venez voir DEADLYSINS en live. Un seul live suffira à vous convaincre ! Et après le concert, n’hésitez pas à venir discuter avec nous et… Offrez nous des bières ! Et écoutez du thrash, c’est bon pour le moral !


Le site officiel : www.facebook.com/deadlysins.official