Interview faite par mail par Gloomy

Hello Shawter ! La date de sortie du nouvel album de Dagoba, "Poseidon", approche à grands pas. A la veille de ce jour, quelles sont tes impressions ?
Shawter (chant) : Je me sens bien. J'ai apprécié chacune des étapes créatives de cet album, et je suis sûr que la sortie va bien se passer. Tout s'est déroulé sans véritable soucis, bien au contraire, on s'est vraiment éclaté à faire "Poseidon", et je suis vraiment pressé que le 30 Août arrive !

Votre précédent album, "Face The Colossus", avait quelque peu décontenancé le public, de par ses prises de risque, qui montraient un visage du groupe parfois complètement inattendu. Avec le recul, restes-tu entièrement satisfait de cet opus, ou y apporterais-tu quelques changements si l’occasion t’était permise ?
Ma vision de la musique de DAGOBA est claire : elle doit être le reflet le plus sincère qu'il puisse être de l'état d'esprit du groupe au moment de la créer. Et comme nous n'avons pas pour habitude de faire les choses à moitié, mais plutôt de donner le meilleur de nous mêmes tout le temps, oui, je suis entièrement satisfait de "Face the Colossus". Je suis fier de chacune des chansons qui le compose. Et si ta question concerne la production pure, je ne changerais rien non plus. Certains de mes albums favoris ont une production décriée, mais cela leur donne un supplément d'âme. Ca me fait absolument chier quand j'entends tous ces groupes de metal-core qui ont tous strictement la même prod'...

Vous avez récemment quitté l’écurie Season Of Mist, et rejoint le label XIII Bis Records. Comment tout cela s’est-il passé ?
Nous sommes très heureux de collaborer aujourd'hui avec XIII Bis. Leur équipe au grand complet nous soutient, et vraiment nous sommes ravis de sortir "Poseidon" chez eux. Ils s'occupent de plein de choses qui auparavant devaient être gérées par nos soins, et leur entente avec notre management fait que le groupe est délesté de pas mal de soucis extra-musicaux. C'est très appréciable. Notre nouveau label nous surprend de jour en jour, il pousse le groupe vers quelque chose de bien.

Entrons à présent dans le vif du sujet, je veux bien sûr parler de "Poseidon". Première remarque : l’album tourne autour d’un même concept. Pourrais-tu nous présenter son histoire dans les grandes lignes ?
Il s'agit dans les grandes lignes d'un tour du monde en navire, le Poseidon. Chaque escale est représentée par une chanson, ainsi les ambiances peuvent être variées selon les points cardinaux, et les métaphores sont nombreuses au niveau des paroles. Je ne sais pas si on peut vraiment parler de concept, mais un fil conducteur est suivi, c'est certain. On a toujours fait très attention au côté graphique du groupe, et il est vrai que tout se tient très bien ici. Une fois de plus, Cecil Kim s'est chargé de la pochette, mais également de l'intérieur du livret.

L’exercice de ce que l’on appelle "concept-album" est loin d’être évident, et nombreux sont les groupes à s’être "plantés" en s’y essayant. Quelle a été votre approche par rapport à votre propre disque ? Et y a-t-il des albums conceptuels que tu apprécies particulièrement, voire que tu as en tête comme "modèle" ?
Comme je viens de le dire, je ne parlerais pas vraiment de concept-album... Il ne s'agit pas non plus de percer un mystère ou de lire le livret dans un miroir pour comprendre le pourquoi du comment... Il y a juste une trame, un voyage qui se déroule, et nous avons fait très attention de respecter chaques détails musicaux afin que tout cela se tienne. Je n'ai pas vraiment de concept-album en tête, et aucun ne m'a foncièrement servi de modèle, mais toutefois certains vieux albums ont une identité très forte, même s'il ne sont pas forcément concept. Comme par exemple "...And Justice For All" (Metallica), ou "The Great Southern Trendkill" (Pantera)... Les ambiances de ces albums sont vraiment très cohérentes. Nous essayons d'être cohérents quand nous composons nos albums. Ce n'est jamais une suite de 12 titres, mais un tout qui doit être pris comme tel.



L’enregistrement de "Poseidon" s’est fait "à la maison", à Marseille, en compagnie de votre ingé-son. S’agissait-il d’une simple question de confort et/ou de liberté ?
Question financière également.

Après avoir travaillé avec Tue Madsen sur "What Hell Is About" et "Face The Colossus", le mix de "Poseidon" a été confié à Dave Chang, dont le travail ne vous était pas inconnu étant donné que vous aviez déjà collaboré ensemble pour l’album éponyme, sorti en 2003. Je suppose que le fait de connaître son mode de travail a contribuée au fait de le privilégier par rapport à d’autres producteurs, non ? Pourquoi ce choix de revenir à lui ? Besoin d’un retour aux sources ?
Il ne s'agit pas vraiment d'un retour aux sources. Nous n'avons pas spécialement pensé à Dave au départ, mais finalement quand une décision a dû être prise, son nom nous est apparu comme une évidence. A cela il faut évidemment rajouter la motivation que nous a montré Dave Chang lorsque nous lui avons présenté le projet. Le retour aux sources, c'est plus un constat qu'une volonté.

La musique de Dagoba est particulièrement visuelle : les images viennent d’elles-mêmes à l’écoute des différents titres. Est-ce que ce point t’est important ? Lorsque tu écoutes un groupe, qu’est-ce que tu recherches dans leur art ? Autrement dit, qu’est-ce qui va te faire préférer un groupe à un autre ?
Je ne me pose pas la question lorsque je compose, mais il est vrai que je suis très visuel. Je regarde énormément de films, je joue pas mal aux jeux vidéos, et je me rends compte que lorsque j'écoute de la musique c'est pour me relaxer, donc je prend la facilité de bons vieux albums que je connais déjà par cœur depuis 1990... Donc c'est vrai que je suis sûrement plus inspiré par toutes ces images, ces ambiances, voire mêmes par mes propres rêves et cauchemars, que par d'autres groupes... J'aime bien illustrer en musique des tableaux ou des scènes que j'ai en tête. Quant à ce qui me fait préférer un groupe plutôt qu'un autre, je pense que c'est une globalité. Je n'aime pas les trucs violents gratuitement, ça n'a rien d'impressionnant. Il faut que la musique me touche profondément plus qu'en surface... Et je dois avouer un faible évident pour tout ce qui mixe des orchestrations avec des groupes électriques.

Tu es Marseillais. Le fait de te voir traiter un sujet qui se rapporte à la mer n’est au final pas si surprenant. Quel est ton rapport avec cet élément ?
Je suis absolument fasciné par la mer et les océans. Tout ce qui s'y passe m'intrigue : la vie à l'intérieur, les fonds, les poissons, les histoires de navigations, de pirates... Aujourd'hui je n'ai pas vraiment autant de temps qu'auparavant pour m'y rendre, mais je plonge très régulièrement, été comme hiver. La mer c'est l'ouverture vers l'horizon, la liberté, les levés et couchés de soleil, mais aussi vers l'inquiétude et les abysses, les tempêtes... C'est un élément vivace et extrême. Tout ce qui me plaît.



Pour terminer le sujet du nouvel album et pour parler concrètement, une question très courte : quelle est ta plus grosse fierté avec "Poseidon" ?
Sa fureur.

Dagoba est réputé pour ses performances scéniques. Quels souvenirs gardes-tu de la tournée précédente ? Y a-t-il l’une ou l’autre date qui te soit particulièrement restée en mémoire ?
Ce qui se passe sur la route doit rester sur la route, non ? The March of the Colossus s'est très bien passée ! Nous avons récolté les fruits de la tournée InFlames / Sepultura, et ainsi nous avons pu jouer un peu partout en Europe en tête d'affiche, ce qui n'était pas le cas durant la tournée de What Hell… C'est un grand pas en avant, et je pense que nous sommes du coup un peu plus attendus dans pas mal de pays étrangers, ce qui est très excitant !

A quoi doit-on s’attendre pour la tournée future, "The Death Cruise" ?
A beaucoup de sueur, de bière, et, je l'espère, pas trop de sang, même s'il y en aura !

A propos de concerts, vous avez l’habitude de fonctionner sur base d’une set-list "idéale", dont les titres ne changent par conséquent que très peu. Avec quatre albums au compteur, pensez-vous que votre set-list risque d’être plus variée ? Et avez-vous peut-être l’intention de ressortir des titres plus anciens que vous n’avez plus joué depuis un moment ?
Nous sommes en train d'y réfléchir. Je crois en effet qu'il y aura quelques surprises !!

Cela fait à présent déjà une dizaine d’années que Dagoba évolue au sein de la scène metal. Quel regard portes-tu sur ce temps passé ?
Je suis très fier du chemin que nous avons parcouru, coudes serrés, souvent contre vents et marées. Nous passons ENORMEMENT de temps sur la route, et ça, personne ne le fait à notre place. Nous sommes aussi vraiment fiers d'avoir des fans aussi solides. Il s'agit quasiment d'une communauté à présent ; ils nous voient évoluer et nous les voyons grandir. Nous n'oublions pas que sans eux, rien de possible.

Je vais maintenant conclure et te laisser à tes occupations, mais seulement après t’avoir cédé le mot de la fin traditionnel ! Merci de m’avoir accordé cette interview, et à bientôt sur la route !
Merci pour votre inconditionnel soutien !!


Le site officiel : www.dagobaonline.com