Interview faite par mail par Matthieu
Fernanda Lira, fondatrice et bassiste / chanteuse du groupe de death metal Crypta, a
répondu à mes questions concernant la création de la formation et la sortie d’"Echoes Of The
Soul", leur premier album.
Bonjour et tout d’abord, merci de m’accorder de ton temps ! Pourrais-tu nous présenter le
groupe Crypta sans utiliser le terme "death metal" s’il te plaît ? D’où vient le nom du groupe ?
Fernanda Lira (basse / chant) : CRYPTA est un groupe entièrement féminin de quatre
personnes entre Brésil et Pays-Bas qui joue du metal extrême, un mix d’agressivité brute,
parallèlement à des mélodies épiques ici et là ! Pour le nom, nous souhaitions avoir un nom
en un mot, qui pourrait être facilement compris et retenu. On en a essayé pas mal, mais ils
étaient déjà utilisés par d’autres groupes. Puis, un jour notre batteuse Luana et moi, alors
qu’on était encore en tournée avec Nervosa, avons eu la chance d’avoir une journée off
dans la ville de Brno, en République Tchèque, et nous avons passé la journée à visiter
ossuaires et cryptes souterraines, donc nous avons pensé que “Crypt” serait un bon nom, vu
qu’il collait à nos exigences en termes de nom, et c’était aussi très axé death metal, mais le
nom était déjà utilisé, donc on l’a juste adapté, on en a fait un mix de comment ça s’écrit en
anglais et en portugais, et voilà !
Peux-tu nous parler de la manière dont tu as réuni le line-up de Crypta, malgré la distance et
la crise du Covid ?
Trois des quatre membres étaient déjà dans le groupe même avant la pandémie,
vu que le groupe a été créé aux alentours de mai/juin 2019, en tant que side-project alors
que Luana et moi étions toujours dans Nervosa. Luana a pensé que ce serait bien d’avoir
un truc à côté, où elle pourrait jouer du death metal, qui est son style préféré, et j’ai pensé
que ce serait une bonne chose d’avoir un environnement de groupe différent, ainsi qu’un
débouché créatif différent, pour peut-être me remotiver pour mon groupe principal à l’époque.
Nous savions que nous voulions deux guitaristes dès le début, et quand nous avons pensé à
qui serait le premier, nous avons tout de suite pensé à Sonia, car nous pensions qu’elle
collerait très bien au groupe, et nous sommes admiratives de sa technique de jeu. Ensuite,
nous avons passé près d’un an à écrire en tant que trio, vu que c’était difficile de trouver une
autre guitariste qui voudrait également jouer avec nous, mais qui collerait également à ce
dont nous avions besoin dans le groupe. Mais ensuite, vers Avril 2020, Tainá m’a écrit un
message sur Instagram, disant qu’elle avait remarqué que Luana et moi avions un side
projet en cours, et qu’elle adorerait nous rejoindre si nous avions pas de guitariste prêt. Je lui
ai demandé de m’envoyer des choses, et la première vidéo qu’elle a envoyé c’était elle qui
jouait "Empty Words" de Death et elle a totalement assuré, même les solos. Depuis lors, on a
su qu'elle serait la bonne. Ensuite on a eu quelques appels de groupe pour apprendre à la
connaître, et elle nous a rejoints. Le line-up complet n’a pu se réunir en personne que pour
l’enregistrement de l’album en Janvier de cette année !
Votre premier album "Echoes Of The Soul" vient de sortir, que peux-tu nous dire à son sujet ?
En termes de création, d’influences musicales, du nom…
Il est sorti il y a environ deux mois maintenant, et les retours sont tout
simplement bons, ça dépasse nos attentes. Selon moi, c’est un album très diversifié, tu peux
trouver tellement d’éléments de death metal différents ici, grâce au large panel de goûts que
les membres ont individuellement, donc tu peux entendre du death metal brut à la
floridienne, puis des vibes old school suédoises, puis des mélodies épiques et des parties
techniques, le tout dans un seul titre, car il y a des idées de nous tous dans chaque
morceau. Donc je dirais que notre album est un grand chaudron de tout ce qui se fait en
death metal.
L’agressivité semble être le mot-clé de cet album, mais qu’est-ce qui vous a inspirées pour
écrire "Echoes Of The Soul" ? Concernant la musique et les paroles.
Au niveau des paroles, c’est un album très dense et sombre. J’ai
personnellement voulu prendre de la distance avec les sujets habituels dans le death metal
comme le gore, le satanisme, et j’ai voulu explorer des aspects plus sombres,
psychologiques et philosophiques de notre aventure de vie. Ca parle de fin de cycles, de
faire face à vos propres démons, votre égo, mais il y a également des morceaux de
protestation ici et là, écrits d’une façon plus poétique. Toutes les paroles me sont très
personnelles et sont strictement connectées à des choses profondément enfouies en moi, ou
a des choses que j’ai dû affronter ou laisser derrière, et c’est pour celà que le nom de l’album
a une signification très spéciale : chaque titre de l’album est une sorte d’écho de ce qui est
profondément en moi, dans mon âme.
Je sais que ça fait partie du passé maintenant, mais comment Luana et toi êtes vous
passées du thrash metal au death metal ? Est-ce que c’est simple de jouer du death metal
après tout ce temps au sein du thrash ?
C’est en réalité assez simple et plaisant, puisque pour Luana et moi prenons ça
comme un retour à la maison. Elle est batteuse de death metal, elle jouait du thrash depuis
un moment, elle a joué dans Nervosa mais au fond d’elle, elle reste batteuse de death
metal, donc elle est assez à l’aise. Me concernant, mes deux genres préférés dans le metal
sont le thrash et le death, à hauteur égale. Ce sont des styles que j’écoute depuis des
années maintenant et je les aimes tous les deux, donc j’ai en réalité été très honorée d’avoir
la chance, après avoir joué pendant dix ans dans un genre qui me passionne, de jouer dans
l’autre genre qui me passionne (rires), je suis juste vraiment chanceuse, donc oui c’est très
facile et en même temps très passionnant. De plus, Luana et moi jouions toujours du thrash
quand nous avons décidé d’avoir CRYPTA, donc pour nous ça n’aurait pas de sens d’avoir un
side project de thrash metal pendant que nous jouons du thrash avec notre groupe
principal. On a pensé que ce serait cool d’explorer quelque chose de différent que ce que
nous faisions. Les seules choses qui m’arrivent toujours, c’est que j’ai toujours BEAUCOUP
de riffs thrash qui me viennent quand j’écris pour CRYPTA, c’est juste naturel. J’ai un dossier
où je stocke toutes ces idées thrash aléatoires, un jour je pourrais à nouveau écrire un
album de thrash uniquement avec ces idées aléatoires qui me viennent à l’esprit, mais que
je ne considère pas adaptées à CRYPTA.
Tu as probablement déjà répondu à cette question un million de fois également, mais est-ce
que c’est simple d’être une femme dans l’univers du metal ? Et être dans un groupe de
femmes ?
Je pense que les gens ont ce malentendu commun qui dit que c’est “beaucoup
plus facile d’être dans un groupe composé uniquement de femmes parce que ça attire plus
d’attention de manière générale”, mais c’est loin d’être vrai. Bien qu’il y a beaucoup de
progrès et de changements positifs au sein de la scène metal, ça peut parfois être un
véritable challenge. Les gens sont toujours prêts à juger les femmes, comparer les femmes
et en parler plus facilement, et ça arrive dans le metal également. Bien évidemment la
majorité des gens nous soutiennent beaucoup, mais il y aura toujours cette minorité
irrespectueuse. Par exemple il y aura toujours ce mec qui essayera de te toucher les seins
ou le cul en prenant une photo avec toi après le concert, il est arrivé (plusieurs fois en fait)
aussi qu’un mec veuille “m’apprendre” à régler mes boutons sur mes amplis sur scène, on
m’a également empêchée de rentrer dans ma loge tellement de fois parce que les gens
pensent que les femmes sont toujours des groupies et non des musiciens, et j’ai même été
accusée d’avoir uniquement des concerts pour mes groupes parce que j’ai couché ou
envoyé des nudes aux promoteurs. On doit faire face à une grande variété de challenges
chaque jour, mais ça en vaut quand même la peine. Toutes ces petites choses difficiles m’ont
toujours servi de carburant pour continuer à suivre mes rêves mais également de continuer
de faire mon travail en inspirant plus de femmes à devenir musicien ou tout ce qu’elles
voudraient être. Je pense que c’est bien mieux que lorsque j’ai commencé, mais il y a
toujours un long chemin à parcourir lorsque l’on parle d’égalité et de respect dans la scène.
Musique mise à part, quels sont tes passions dans la vie ? Quel serait ton travail de rêve si
ce n’était pas musicien ?
J’ai des goûts trèèèèèèèès larges dans tous les domaines, passions comprises.
Je dirais que les principales sont voyager, la randonnée et tout ce qui touche à la nature,
regarder des films, bronzer au soleil et méditer dans des parcs. Je m’intéresse également au
yoga, j’étudie des choses relatives à la psychologie et à l’holistique. Si je n’étais pas
musicienne, j’aimerais probablement travailler avec des choses holistiques et “surnaturelles”
- je suis également tarologue, j’étudie l’astrologie, le reiki et la guérison grâce aux cristaux, et
j’aimerais m’y plonger plus profondément si j’avais plus de temps.
Quel a été le tout premier morceau de metal que tu aies écouté ? Quel a été le groupe qui t’a
fait penser “Je veux créer un groupe et jouer sur scène” ?
Je ne me souviens pas du tout premier titre que j’aie entendu parce que j’écoute
du metal depuis que je suis bébé, vu que mon père est metalhead aussi (rires). Mais je me
souviens vraiment des premiers groupes de rock / metal que j’écoutais, et c’était sans aucun
doute Kiss et Iron Maiden, Kiss est le premier qui m’a fait m’intéresser au tock en général.
Leur album "Unplugged" venait juste de sortir quand j’avais environ 7 ans, et je suis
instantanément tombée amoureuse de ces morceaux. Après ça, vu que je m’y intéressais,
mon père a commencé à me faire des cassettes best of avec mes titres préférés de ce qu’il
écoutait, et Kiss et Iron Maiden y étaient, mais il y avait aussi Warlock, Axel Rudi Pell,
Suicidal Tendencies, un peu de tout (rires). Je me suis intéressée au fait d’avoir un groupe
quand j’ai commencé à écouter du power metal et que j’ai été dans mes premiers groupes
qui jouaient de ce genre, mais je pense que le premier album qui m’a sérieusement fait y
penser, c’était Nuclear Assault, avec cette version CD de "Game Over/The Plague". Je me
souviens que quand je l’ai écouté, je me suis instantanément dit “C’EST CA QUE JE VEUX
VRAIMENT FAIRE DE MA VIE”, jouer du metal extrême (rires).
Dernière question : avec quels groupes groupes rêverais-tu de tourner ? Je te laisse créer
une tournée avec Crypta et trois autres groupes !
Il y en a tellement avec qui j’aimerais tourner (rires) ! Je dois admettre que j’ai
déjà une tournée de rêve qui arrive, et qui est celle que nous allons faire avec Deicide et
Krisiun en Europe en Avril / Mai 2022, ce qui est super puisque ce sont deux de mes groupes
préférés. Mais ma tournée de rêve, je pourrais citer aussi Arch Enemy, Carcass, Cannibal
Corpse et CRYPTA, je serais une Fernanda heureuse si ça arrivait un jour !
C’était ma dernière question, un grand merci pour ta disponibilité ! Nous vous attendons déjà
en France, et je te laisse les mots de la fin !
J’ai vraiment hâte de revenir en France lorsque ce cauchemar sera terminé.
Chaque concert que j’y ai joué était super, et le public est toujours très chaud et passionné,
j’ai hâte de tous vous rencontrer l’an prochain ! Mon dernier mot pour tous est, premièrement
et assurément, merci pour le soutien inconditionnel que vous donnez à CRYPTA, ça nous
touche beaucoup ! De plus, continuez de chérir l’art, parce que pendant cette pandémie,
nous avons appris que nous pouvions vivre sans beaucoup de choses, mais pas sans l’art -
chacun d’entre nous n’a pas passé une journée sans écouter de musique, regarder un film
ou une série, ou même lire un livre. Nous avons appris que l’art peut apaiser un peu des
choses terribles, alors continuons de lui donner sa valeur et de soutenir l’art !
Site Officiel : www.facebook.com/cryptadeath
|