Interview faite par mail par Kévin

Salut les gars, déjà merci à vous de m’accorder cette interview. Pour faire simple j’ai adoré votre dernier album "No More Conqueror". Qu’est-ce qu’on pourrait dire aux bipèdes qui ne vous connaissent pas encore pour leur donner envie d’aller vous écouter, là, tout de suite ?
Samuel Vaney (guitare) : Que CORTEZ est le genre de groupe qu’on se doit de connaître si on se considère comme un connaisseur du genre. Ceux qui l’ont fait se reconnaissent, ils sentent qu’ils ont accédé à un niveau de conscience que la plupart des gens ignorent. Ils savent que des vierges les attendent après leur mort. Ils n’ont plus peur de la mort, d’ailleurs.

Je fais une allusion à Hernan Cortez - le fameux conquistador pour ceux qui auraient arrêté après le CM2 - dans la chronique de cet album nommé "No More Conqueror" mais ça reste un peu flou. Vous pouvez nous en dire un peu plus ?
Cortez, c’est un conquistador qui a conquis une partie de l’Amérique du Sud, et une sorte de brigand assoiffé d’or. Il a tué ou fait tuer des milliers d’indiens. Il a essayé de se faire passer pour un dieu, avec succès, ce qui lui a permis de piller l’or de l’empereur Moctezuma, puis de le faire tuer, avant de tenter de s’enfuir avec tout ce qu’il pouvait, et d’en réchapper de justesse. C’est une personne qui a eu un destin hors norme, un aventurier, un traitre, un séducteur, un malin, un commandant militaire. Je n’ai pas vraiment d’affection pour le personnage, mais disons que le nom évoque des choses aventurières, de la grandeur, de la puissance, du mystère. C’est un peu ce que je pourrais faire comme parallèle avec le groupe.

Qu’est-ce qui a pu changer dans votre manière de travailler sur ce nouvel opus par rapport aux précédents ?
Pour le premier disque, on répétait 3 fois par semaine, et on écoutait beaucoup de musique ensemble également. On s’est forgé dans ces années, comme groupe, et comme entité musicale. Pour "Phoebus", son successeur, on a travaillé plus avec l’idée d’écouter ce qu’on composait (au lieu de seulement le jouer), avec l’idée de faire des morceaux qui nous plaisent, comme si on était des auditeurs de nous-mêmes. "No More Conqueror" a été composé en 3 semaines, dans un travail très intense. C’est plus un instantané, sans préméditation, de ce qu’on a composé dans ce laps de temps. On n’avait pas d’idée de ce qu’on voulait faire, et c’est venu tout seul. Il y a eu une session d’une semaine en Suisse, dans un local avec instruments normaux, et 2 semaines à Singapour, avec une batterie électronique sur laquelle je jouais, et une guitare branchée direct sur un ordi. On avait direct un son super, et avec du midi à la batterie, on peut autant jouer que composer très facilement, et ca a donné une autre approche pour les morceaux du disque. On se rend compte que l’environnement et la technique utilisée à un grand rapport avec ce qui est produit au final. C’est assez fascinant de voir comme ça influe sur les compos.



Ces longues pauses entre deux sorties, est-ce un choix ou est-ce à cause de certaines contraintes ?
Oui et non. Le disque a été composé début 2015. On tournait encore, puis on a fait une pause. Ensuite on a dû changer de chanteur et de guitariste live, et ça a pris du temps pour trouver les bonnes personnes. Puis il a fallu terminer le disque, répéter, et voilà, tout ça prend du temps. On prend aussi le temps, parce que comme on ne vit pas de la musique, on peut se permettre de le prendre et de fignoler tous les aspects, tester des choses, échouer, recommencer, etc. C’était aussi pas facile de mener de front la finition du disque et le travail sur la musique pour les lives. Puis on a eu du retard avec les labels, puis il est enfin sorti en Novembre dernier. Voilà pour l’histoire. Mais peut-être qu’on va produire plus vite la suite… ou peut-être pas… Comme l’important pour nous est de faire de la qualité et d’explorer notre monde musical, si ça doit prendre du temps, on le prendra. Si ça va vite, tant mieux.

L’album est sorti fin 2018, le dernier datant de 2013 ce fut forcément une année riche pour Cortez. Quel est le programme pour 2019 ?
Jouer ! On va aller en Russie cet été, et au Canada cet automne. Là on est plutôt en France / Belgique. On attend que la Suisse se réveille, mais pour le moment c’est lent. Des Suisses, ou bien. Et par contre cette fois on va préparer la suite dans les moments creux, histoire de sortir le prochain avant qu’il n’y ait plus de pétrole pour presser des disques.

J’ai entendu dire que vous étiez réputés pour vos lives. Est-ce qu’on peut s’attendre à vous voir mettre du coeur à l’ouvrage sur les planches (ou les planchers de rades) sur les semaines et mois à venir ?
Oui c’est bien les lives. C’est pour ça qu’on fait des disques d’ailleurs. On va jouer le 12 Mars à Dunkerque, au 4Ecluses, puis à Liège et Bruxelles. D’autres dates vont venir ensuite, on travaille dessus. Puis des autres tours en Russie et Canada. Possiblement la Chine, mais faut voir. En même temps, on se pose pas mal de questions sur le sujet des tours, à cause du changement climatique. Je pense qu’après ce disque on va voir les choses différemment.

Quels sont les disques qui passent entre les deux oreilles de Cortez en ce moment ?
En ce moment je me refais la disco complète de Cranes. Sinon j’écoute pas mal Never Were the Way She Was de Colin Stetson et Sarah Neufeld, User Error de Sewingneedle, le Double Negative de Low, et en heavy rotation le Nothing 2 Loose de DJ Healer. Et aussi, malheureusement de circonstance, je me suis remis le Mark Hollis...

Après tant d’années d’existence et une mise en perspective de tout ce chemin parcouru, qu’est-ce qui a changé dans votre manière de vivre le groupe entre aujourd’hui et vos débuts ?
Oui ce qui a changé, c’est notre âge, et donc notre perception de la vie. On atteint une certaine maturité, et on ne voit plus le monde de la musique de la même manière. Avant on était plus conquérant, et aujourd’hui, on laisse venir. Sam et moi on est papa à la maison, et on a d’autres activités, on travaille sur d’autres musiques chacun de son coté, et on a des vies pleines et heureuses. CORTEZ est organisé de manière assez professionnelle. Chacun travaille de son côté, et on se voit pour mettre en place les choses. On ne se perd jamais, et même au contraire, quand on se voit, on a toujours de nouvelles choses à s’échanger sur nos cursus respectifs, dans le but de voir ce qu’on peut en faire dans le cadre de CORTEZ.



Est-ce qu’il y a des choses que vous auriez voulu faire avec Cortez que vous n’avez pas encore pu accomplir ?
Avoir un de nos titres dans un épisode de Dragon Ball.

Cortez dans 10 ans ?
On sera presque prêt pour sortir le disque qui va suivre "No More Conqueror", si ça se trouve !

Cortez avec full budget ?
On prend l’argent, et on le file aux gilets jaunes.

Votre actrice porno préférée ?
Tina Hot. Tu vois on a rien à cacher, vraiment, hahaha.

Un truc que vous n’avez jamais raconté parce qu’il est inavouable ?
Quand on met nos masques, on est Slipknot.

Je vous laisse le mot de la fin…
N’ayez pas peur.


Le site officiel : www.cortez.bandcamp.com